lundi 6 avril 2015

Jack l'Eventreur et le "docteur "Thomas Neill


        Jack l’Eventreur et  le Docteur Thomas Neill Cream ne font-ils qu’un ? Ou que vaut l’alibi du Docteur Neill prétendant purger en 1888 sa peine au pénitencier de l’Illinois ?

 

Comme le Docteur Neill , condamné à la pendaison, se tenait debout, attaché, le visage couvert, un quart de seconde avant sa chute dans la trappe, « le bourreau, M. Billington, l’entendit dire derrière son masque :

« Je suis Jack l’… », rapporte Elisabeth Jenkins dans « Un gentleman empoisonneur », la meilleure biographie du mystérieux criminel (du moins en ce qui concerne la partie « empoisonneur », mais sans jonction avec les massacres de Jack l’Eventreur) publiée dans le tome  2 d’une sélection du Reader’s Digest, 1962,  «  Scotland mène l’enquête ».

  Il avait , de sa prison, réussi  à faire parvenir moyennant une belle somme la lettre suivante, bien dans son caractère , au juge , M. Braxton Hicks (les caractères gras sont de moi) :

«       Cher Monsieur,

L’homme que vous tenez, le Docteur Neill, est aussi innocent  que vous .Le connaissant de vue, je me suis déguisé pour lui ressembler et j’ai fait la connaissance des filles qu’on a empoisonnées. Je leur ai donné des pilules pour les guérir de toutes les misères du monde, et elles en sont mortes. Miss L. Harris  a plus de bon sens que je ne l’aurai cru, mais je l’aurai tout de même…Si j’étais vous, je relâcherais le docteur Neill, autrement vous pourriez avoir des ennuis. Son innocence sera proclamée tôt ou tard, et lorsqu’il sera libre, il vous poursuivra peut-être pour dommages et intérêts.

                                                                          Respectueusement vôtre, JUAN POLLEN,

                                                                            alias JACK L’EVENTREUR

Que chacun se le tienne pour dit, je ne préviens qu’une seule fois. »

Rappelons que la prostituée L. Harris avait jeté au sol les pilules de strychnine que lui avaient données le docteur Neill, sans qu’il s’en soit aperçu, et  avait ainsi  échappé à la mort. Le pseudonyme Juan Pollen est intéressant car c’est l’anagramme (J =i) qui nous livre le véritable nom de l’empoisonneur : Paul O’Neill. Un autre pseudonyme, Malone (anagramme de (P)A (UL) O’Nel), employé dans une lettre de chantage  expédiée le 28 novembre 1891 par Neill au docteur Broadbent ,  confirme cette identité. D’autre part, Jack the Ripper est l’anagramme de Tho (m) as  Crea(m) le second nom usurpé de Paul O’Neill :  ces  deux pseudonymes établissent la concordance entre l’empoisonneur Paul Neill et le docteur Thomas Cream, alias Jack l’Eventreur.

  Jack  est le surnom d’un certain nombre de criminels célèbres d’autrefois, Jack Shepphard, Spring- Heeled Jack, Sixteen -Stringed Jack, Three -Fingered Jack,  Slippery Jack et Cannibal Jack par exemple. De plus, les High Rips (de to rip, éventrer) étaient des bandes  qui détroussaient les prostituées ou « relevaient les compteurs  » et les rackettaient. D’autre part, Jack the Saucy (Jack le [maquereau] bien habillé), employé aussi par lui,  contient encore, mais plus prudemment, Thau (m) as C(r)ea(m) Autre anagramme :le 14 juin 1888, le Charing Cross Hotel a passé une annonce dans le Times pour retrouver les propriétaires d’objets oubliés dans ses murs par des clients distraits, dont un dénommé  Mebrac, anagramme de C(l)ear et allusion à (Florie) Maybrick.  Parmi ces objets figure un sac de cuir noir sur lequel nous reviendrons. Dernière anagramme : Alfred (ou Thomas) Brierley, l’amant de Florie Maybrick,   est l’anagramme de Thomas (C) ream.  Fred, qui renvoie à Alfred Brierley, est le nom qu’il se donne vis-à-vis de  prostituées qu’il empoisonnera.

Le signalement de Jack par un laitier.

L’homme  connu sous le nom de  Thomas Neill Cream était atteint de strabisme divergent, il louchait et portait des lunettes la plupart du temps : sans elles, il voyait très mal, étant hypermyope. Or, à 23 heures,  le samedi 1 er septembre 1888, dans Turner Street, non loin de l’endroit du meurtre de Mary Ann Nichols, un laitier  décrivit à la police un homme venu lui acheter pour un penny de lait qu’il but d’une traite. Il s’agissait d’un homme d’environ 28 ans, au teint rougeaud, avec une barbe de 3 jours, des cheveux bruns, de grands yeux écarquillés et ayant l’allure d’un « employé de bureau » ou d’un étudiant. Les grands yeux écarquillés paraissent naturels chez quelqu’un qui louche  et qui a retiré ses lunettes. Nous reverrons ce laitier observateur à propos du sac noir brillant que portait l’individu.
Le signalement de l’assassin d’une fillette de 8 ans, Caroline Winter.

Caroline avait parlé avec un homme aux cheveux noirs, avec une moustache noire et un costume gris miteux. Cela ressemble à la photographie du

«  Docteur » Neill.

L’état civil du Canadien  Paul O’Neill (1854 ? Québec-1891,Londres),  représentant en produits pharmaceutiques,  son usurpation d’identité et sa captation d’héritage à l’encontre du  docteur Thomas Cream , dont la riche famille était aussi installée au  Canada, et qui exerçait à   Chicago.

Scotland Yard nourrissait des doutes légitimes  sur le nom véritable  de Neill qui, voyant les implications possibles de la révélation de ses divers pseudonymes, n’avait pas voulu déclarer son identité quand il fut arrêté.  Scotland Yard s’arrêta à faux certificat de baptême au nom de Thomas Neill Cream que Jack l’Eventreur  avait fabriqué.  Il doit être précisé que le Canada est probablement le pays où les actes d’identité sont délivrés avec le moins de contrôles. Neill avait confié à sa crédule  fiancée, Laura Sabbatini,cette demi-vérité qu’il se faisait appeler Thomas Neill à cause d’un problème juridique compliqué concernant un héritage, mais que son « véritable » nom était Thomas Neill Cream.

 

La famille de Neill était une famille nombreuse : 8 enfants, -c’étaient  les propriétaires d’une scierie dans la ville de Québec. Mais deux frères refusèrent d’adopter la profession paternelle de scieur, l’aîné Thomas,  né le 27 mai 1850 à Québec, et son cadet Paul dont nous  n’avons pas  la date de naissance, peut-être 1854 : par admiration pour son aîné qui faisait de brillantes études médicales,  Paul usurpa le prénom et la profession de son frère aîné. Thomas s’était inscrit  à l’Université de Montréal, la Mac Gill  University,  à la faculté de médecine et de chirurgie, s’intéressant à la gynécologie et à l’obstétrique. Il avait soutenu  une thèse sur le chloroforme.  L’Université, le confondant avec Paul, lui retirera par la suite le droit d’exercer au Canada, mais il était déjà mort. .

 Son jeune frère Paul,  le futur empoisonneur, s’inscrivit à l’école de musique de la même Université. Au cours de ses aventures, il fit la connaissance à Chicago, Illinois, d’un Docteur Thomas Cream, né à Glasgow, qui avait fait des études de médecin et de chirurgien à l’Université d’Edimbourg et appartenait à une riche famille installée à Québec. En 1881, à Chicago, « la jeune et jolie épouse d’un épileptique d’un certain âge, Julia Scott, arriva au cabinet de Neill pour lui demander un remède qu’il recommandait contre l’épilepsie. Neil séduisit la jeune femme et donna à l’époux une drogue comportant une dose de strychnine telle que le malade mourut en vingt minutes. Le décès fut attribué à une crise d’épilepsie.  ».  Sous la signature de son très riche  ami, le Docteur Cream, il écrivit alors  à la police en accusant de négligence le pharmacien qui avait délivré l’ordonnance. On fit exhumer le corps et l’on trouva alors 2, 56 grammes dans l’estomac de la victime. .

 Le tour était joué : le malheureux docteur Cream, innocent pourtant, fut condamné à la réclusion perpétuelle incompressible au pénitencier de l’Etat de l’Illinois.et, lorsque, peu après,  le père du vrai Thomas Cream mourut au Canada, c’est le faux  docteur Neil baptisé Cream pour l’occasion qui postula pour l’important héritage, géré par des gens qui n’avaient jamais vu le vrai docteur Cream. Notre empoisonneur et massacreur sadique s’appellera désormais Thomas Neill Cream.

 La législation de l’Illinois  prévoyait, en cas de meurtre avec préméditation, -ce qui étai le cas,- une peine  de réclusion à perpétuité sans possibilité de réduction de peine  au-dessous de 25 années.

Quant à ceux qui demanderaient des nouvelles de Julia Scott, l’amie de Neill, comme elle était dangereuse pour Neill, il lui fit goûter d’une pilule qui l’en débarrassa pour toujours, les décès dus à la  strychnine  passant pour occasionnés par la tuberculose.

Lorsqu’il se retrouva à Londres, le docteur Thomas Neill Cream, comme il se faisait désormais appeler, peut vivre sans exercer , grâce aux rentes versées par les mandataires du vrai docteur Cream.  Pour expliquer à Scotland Yard comment, bien que condamné à la réclusion perpétuelle, il est en liberté à Londres, il forge l’histoire suivante : « une campagne en sa faveur (qui pouvait croire à son innocence ?) avait abouti à une réduction de peine de 17 ans de réclusion ( 17-25-=8 ans à purger effectivement ), laquelle peine de 8 ans  , ajoutée à une rémission de peine pour bonne conduite (afin  que cela tombe juste !), lui valut finalement d’être libéré  en juillet 1891 » et de débarquer  à Liverpool sur le Teutonic le 1er octobre 1891, en provenance du Canada,  à Liverpool. Mais la législation américaine de l’Illinois interdisait formellement ce genre d’accommodement avec le ciel et le véritable docteur Cream resta en prison jusqu’au bout, tandis que le coupable put continuer à assassiner en toute liberté.

  Voici donc  l’histoire qui a abusé Scotland Yard et presque tous les  chercheurs : Neill ne pouvait être l’Etrangleur en 1888 puisqu’il aurait été à cette date reclus à perpétuité au pénitencier de Chicago et qu’on ne constatait son arrivée en Angleterre, sous le nom de Thomas Neill Cream, que le 1er octobre 1891. De plus, il semble qu’en Angleterre Paul Neil n’ait jamais exercé le métier de médecin ou de chirurgien, dont il n’avait pas les diplômes, mais de représentant commercial en produits pharmaceutiques : arsenic, chloroforme, cocaïne, morphine, strychnine, cachou (médicament à l’époque), etc., en provenance notamment d’une firme  new- yorkaise., la Compagnie Harvey, de Saratoga Springs .

 La signature : le ricanement sardonique de ses lettres.

Les billets de Jack l’Eventreur incluent curieusement des éclats de rire sardoniques fréquents et incongrus. Or, sous l’effet de la drogue, haschich et datura notamment à en croire J. Jacques Moreau de Tours , dans Le haschich et l’aliénation mentale, 1845), un tel phénomène est fréquent.

La vie de Neill à ses débuts, de 1876 à 1887 (Canada, Angleterre, Etats-Unis).

Neill s’est fait faire plusieurs fois sa photographie à Londres : il porte  une paire de moustaches brunes qu’il n’hésite peut-être pas à teindre en roux, châtain ou blond, des lunettes. Nous savons qu’il souffrait de violents maux de tête dus à une hypertension oculaire contre lesquels il prenait de très fortes doses de drogue, soit un mélange de   morphine contre la douleur, de cocaïne et de strychnine. Sa taille est moyenne (1, 70 m environ, 5 pieds 7 pouces),  il est légèrement corpulent.

 C’est un esprit criminel qui commet des meurtres de jouissance : il faut qu’il voie sa victime souffrir, qu’il l’ait empoisonnée à la strychnine ou assassinée à l’arme blanche, c’est pourquoi il ne la tue pas du premier coup en la frappant au corps, si bien qu’on trouve presque toujours du sang sous ses  victimes .Peu lui importe le sexe, la profession, l’âge.  C’est un pur sadique, magnifique illustration de la désintrication des pulsions, sadique oral à travers son, cannibalisme certes, mais sans jamais se rendre coupable de viols.  Il aime dénoncer des innocents en leur faisant porter le poids de ses crimes,  faire du chantage sur eux. Pourquoi s’en prend-il le plus souvent  à des prostituées ? Simplement parce que cela lui est plus facile. Mais il propose son « aide » aux femmes enceintes désireuses d’avorter, ce qui est illégal à l’époque, et il leur fournit des capsules de strychnine qui les font souffrir, puis mourir.

  Ainsi le prétexte pour aborder une prostituée  est-il celui de la prémunir contre une

conception et contre des maladies vénériennes..

   En voici  un « indice » : près du cadavre dépecé de  Annie Chapman, la police mit la main sur deux  pilules à base de strychnine, abortives,  perdues  par le docteur Neill, alias Jack l’Eventreur

  De même, les cachous emballés dans du papier de soie comme les pastilles de strychnine (pas les cachous Lajaunie que nous connaissons, mais les cachous anglais ou kasu dits de Ceylan ou de  Colombo et provenant réellement de l’Areka katechu blanco), trouvés dans la main gauche de Elizabeth Stride, étaient à l’époque un médicament vendu en pharmacie contre les maladies vénériennes et  Jack l’Eventreur a dû les lui offrir. Il est amusant de noter que l’habile faussaire auteur du Journal de Jack l’Eventreur,  p.99, évoque le meurtre de cette prostituée en ces termes :

« J’ai essayé de détacher la tête

Le  cheval [du charretier qui découvre le corps] s’est cabré

Bon sang ai-je crié

Mais je sentais encore son haleine sucrée [par le cachou] ».

Pour ajouter une touche finale, l’auteur de ce Journal a laissé du charbon animal dans le bas du journal pour évoquer le cachou que l’Etrangleur était censé mâcher : le cachou Lajaunie doit, en effet, sa couleur noire au charbon de peuplier noir. Mais il est peu probable que le cachou Lajaunie, créé en 1880, ait été déjà connu à Londres en 1888, ce qui montre une faille dans la virtuosité de la faussaire.  

 

En 1876, au Canada, Neill séduit Flora Elisa Brooks, la rend enceinte et la fait avorter. Le père de la jeune fille l’obligea, arme au poing, à l’épouser. Mais Neill l’abandonne et lui envoie d’Angleterre des pilules qui la font trépasser,  ainsi que son père. En Angleterre il s’inscrit à l’école d’application du Royal London Hospital, situé près du West End, mais il fréquente les prostituées bon marché de ce quartier, plutôt que les cours, et il échoue à ses examens. Cela explique sa parfaite connaissance de ce quartier.

 De retour au Canada, il exerce dans l’Ontario à London , une ville du Canada, et se fait une spécialité de l’épilepsie et surtout de l’avortement. Mais ce faiseur d’anges fait mourir ses patientes désirant avorter Le décès de Kate Gardener à la suite d’ un avortement l’oblige à quitter le Canada pour les Etats-Unis.

En 1880, Neill s’installe à Chicago et Julia Faulkner décède encore par suite d’avortement ou plutôt d’empoisonnement. A partir de 1881, il prend le nom de Cream et ce sont les aventures dont nous avons parlé. Il se rend en Angleterre à nouveau, disparaît et reparaît à Londres en 1887.

 

 

 

Les 8 premières ( ?) assassinées, dont 4 du 31 août au 9 novembre 1888, ainsi qu’une fillette et 3  garçonnets

Leur nombre est sujet à controverse, les trois premières sont contestées, savoir le  25 décembre 1887,  Fairy Fay, qui est dépecée ; le 13 avril1888, Emma Smith,  puis Martha Tabram, qui souffre de 39 perforations à la pointe du poignard. Nous avons ensuite les 5 meurtres les plus célèbres :

4 a Mary Ann  Nichols, le 1er septembre 1888

4 b un énorme incendie criminel près des docks se déclara la nuit de l’assassinat de Mary Ann Nichols, le 1er septembre 1888, il était son oeuvre.

5 Ann Chapman, le 7 septembre 1888

6 Elisabeth Stride, le 29 septembre 1888

7 Catherine Eddoves, le 29 septembre 1888 ? On accuse parfois Kosminsk de ce meurtre..

8 Mary Jeanne Kelly, le 30 octobre 1888, - toutes prostituées.

Les mutilations sont affreuses : intestins autour du cou, etc.

                                                    Fin 1888

9 Le 26 novembre1888, un garçon de 8 ans, Percy Knight Searle,  est sauvagement assassiné  près de Portsmouth, la gorge tranchée à 4 endroits. Le 14 novembre 1888,   Jack L’Eventreur avait expédié une lettre où il écrivait : « Je vais commettre 3 autres assassinats, 2 filles [[ce sera Rose Mylett et une inconnue, cf. 15 ?], et un garçon d’environ  7 ans [Percy Knight Searle] cette fois. J’aime beaucoup éventrer, surtout les femmes, car elles ne font pas énormément de bruit. »

10 Le  20 décembre 1888 on trouve le cadavre d’une nouvelle prostituée, Rose Mylett ,  atrocement assassinée .

11 Le jeudi 27 décembre 1888,  le cadavre de John Gill, 8 ans,  assassiné à Bradford, est retrouvé entre le mur et la porte d’une écurie : les 2 oreilles ont été tranchées, les jambes sectionnées, le  ventre grand ouvert, le coeur arraché de la poitrine et coincé sous le menton, les organes  sexuels coupés  et posés sur le sol avec des mutilations des parties génitales « trop écoeurantes pour être décrites » On avait ôté ses chaussures pour les fourrer dans la cavité abdominale. Le 19 décembre 1888, Jack L’Eventreur  avait écrit de Liverpool : « « Je me suis rendu à Liverpool et vous entendrez bientôt parler de moi [le meurtre de John Gill] ». Le 26 novembre 1888: « je commettrai un autre meurtre sur une jeune personne, comme ces garçons qui travaillent dans les imprimeries à la City. Je vous ai déjà écrit une fois, mais je crois que vous n’avez pas compris. Je leur ferai pire qu’aux femmes, je leur prendrai le coeur et je les éventrerai de la même façon. Je les attaquerai quand ils rentrent chez eux. N’importe quel jeune que je vois, [ce sera dans les faits le malheureux John Gill],  je le tuerai mais vous ne m’attraperez jamais, mettez ça dans votre poche et votre mouchoir dessus. »Dans une lettre non datée, l’Eventreur écrivit à la police Métropolitaine : « J’ai éventré un petit garçon à Bradford », et, le 16 janvier 1889, il parle de son « voyage à Bradford ».

                                                         

 

                                                                   1889

12 et 13  Entre le 16 janvier 1889 et juin 1889,  l’Eventreur disparaît, peut-être séjourne-t-il en France, à Pont-à-Mousson, connue pour ses fabrications de couteaux et d’opinels (société rachetée par Saint-Gobain aujourd’hui) : selon Patricia Cornwell, une veuve,  Madame François,  est décapitée ; dans le même secteur, au même moment,  une autre femme est retrouvée, la tête quasiment séparée du corps. Neill, québécois, devait parler français.

 14  Ici intervient une affaire qui annonce  les empoisonnements à la strychnine.  En mai 1889, meurt à Liverpool  James Maybrick, négociant en coton, empoisonné par  la strychnine et l’arsenic  dont il faisait un fréquent usage. Sa femme Florie Chandler était d’origine américaine et elle le trompait. Il avait cherché un fournisseur pour sa strychnine et l’avait   trouvé dans Thomas Neill Cream alias  Alfred Thomas  Briarley (anagramme de [c] ream) qui  séduisit  son épouse et lui prodigua  des conseils pour empoisonner son mari. Curieusement,  elle réserve une chambre pour une semaine à l’hôtel Flatman  dans Henrietta Street à Londres, au nom de «  M. [son amant, Thomas Briarley] et Madame Thomas Maybrick, de Manchester ».  Elle écrit à son amant : « Chéri, N’aie aucune crainte d’être découvert, que ce soit maintenant ou dans le futur… Tu n’as donc pas besoin de partir à l’étranger [au Canada]  pour cette raison  ». La découverte porte sur la strychnine  et non sur l’adultère. Pour des raisons d’héritage, les frères de Maybrick fabriquent un faux testament qui déshérite son épouse  et surtout ils ourdissent une machination contre elle : lors d’un procès retentissant, celle-ci  fut condamnée à mort,  mais graciée.

 Le Journal de Jack l’Eventreur, « découvert » en 1991 par Mike Barrett, est censé avoir été rédigé en mai 1889 par James Maybrick sous l’influence de ses drogues : il nous raconte comment il devient Jack l’Eventreur et les assassinats qu’il commet à Whitechapel par haine de sa femme adultère . Quoi qu’il en soit, c’est une magnifique œuvre poétique évoquant Une saison en enfer de Rimbaud ou Misérable miracle (1956) de Michaux. , cette dernoière œuvre écrit sous la dépendance de la mescaline.  Cette habile mystification littéraire est sans doute l’œuvre d’une femme de Liverpool , nourrie de Lord Jim de Conrad (1900) en qui elle voit des traits qui lui rappellent  son mari,  un ancien de la marine comme Lord Jim : la mystificatrice pourrait-elle être Ann Barrett ?

15 En juin 1889 les restes d’une femme démembrée furent découverts à Londres.

16  Le 16 juillet 1889, le cadavre d’Alice Mac Kenzie, une prostituée,  fut découvert à Whitechapel, le ventre mutilé, la gorge tranchée. « Mon opinion, est que ce meurtre a été exécuté part la même personne qui a commis la précédente série des meurtres à Whitechapel », déclara le Docteur Thomas qui fut chargé de l’autopsie.

17 Le 6 août 1889, le cadavre d’une fillette de 8 ans, Caroline Winter est découvert près de Newcastle -upon- Tyner, le crâne fracassé, le corps portant « d’autres blessures épouvantables ».On l’avait jetée dans une mare à proximité d’un égout . Caroline avait parlé avec un homme aux cheveux noirs, avec une moustache noire et un costume gris miteux.  « Il avait offert un shilling à Caroline pour qu’elle l’accompagne et elle l’avait suivi. »

18 Le 10 septembre1889, un torse de femme atteste d’un  meurtre.  Le 20 juillet 1889, Jack annonçait : « J’ai l’intention de finir mon travail à la fin août, lorsque je mettrai les voiles pour l’étranger [Canada] ».Le . 2 septembre 1889, on trouve une bouteille à la mer près de Folkerstone : « Navire S. S. Northumbria Castle Left. Suis de nouveau en chasse. Jack l’Eventreur. « Un homme habillé en soldat (à savoir lui-même) avait  annoncé devant les locaux du Herald, ,  le 8 septembre 1888,  l’endroit où l’on trouverait le torse féminin, avant de s’enfuir.

19  Le 15 septembre 1889, on découvrit le corps en décomposition d’un garçon dans une maison abandonnée de Southport « Je commettrai le meurtre dans une maison vide » , avait écrit l’Eventreur .

20 Le 13 décembre 1889, des restes humains en décomposition sont découverts, parmi lesquels une main droite de femme au petit doigt de laquelle il manquait deux phalanges. Or, le 4 décembre 1889, Jack l’Eventreur avait écrit : « je m’exerce à couper les jointures, et si j’y parviens, je vous enverrai un doigt. » Est-ce son dernier meurtre sauvage ?

Les empoisonnements

Le FBI, dans son étude sur les tueurs en série, montre que le serial killer est un opportuniste et n’est pas fixé à un modus operandi déterminé : ainsi, le tueur cannibale Ottis Toole abattit ses victimes avec un fusil ou un révolver, mais aussi en les poignardant, en leur fracassant le crâne à coups de pierre, en les étranglant, voire en les pendant et même en les crucifiant. Cette réflexion est destinée à ceux qui trouveraient étonnant qu’un meurtrier sadique devienne un empoisonneur.

Il n’a jamais été gênant pour ses partisans qu’un autre criminel, le juif polonais Severin Klosovski, dit Chapman du nom d’une de ses épouses,  soit censé avoir le même  parcours criminel, passant des meurtres à l’empoisonnement : il  a été soupçonné par l’inspecteur Abberline d’être Jack l’Eventreur. Klosovski  était arrivé de Pologne où il avait  fait cinq ans d’études médicales, avant le début des meurtres qui s’arrêteront après son départ en Amérique.Il empoisonnera successivement trois de ses épouses et sera pendu en 1903.à Londres .L’inspecteur Abberline, chaud partisan de Klosovski comme suspect d’être Jack l’Eventreur, expliquera le changement de méthodes de Klosovski par « la différence de classe de ces nouvelles victimes qui exige, évidemment, une nouvelle façon de tuer ».

Neil disparaît ensuite au Canada, s’y fait oublier, puis revient à Londres où il sévit à nouveau  et passe à l’empoisonnement, en 1891, mais  toujours à la strychnine et sur des prostituées : 4 empoisonnements réussis  (il en rate un 5e) : 21 Ellen Donworth , 22 Alice March,  23 Emma Schirvel, 24 Mathilde Clover . Pris, il est pendu.

 

Les divers couteaux  de Jack l’Eventreur: un  Toronto afghan knife, puis un kukri , à nouveau un Toronto et enfin un dirk écossais.

Patricia Cornwell, dans  Jack l’Eventreur, affaire classée, portait d’un tueur, P. 53, écrit : « les Britanniques qui se rendaient en Asie rapportaient chez eux toutes sortes de souvenirs,  certains plus adaptés que d’autres pour poignarder ou découper. Ainsi, le pesh balz indien est l’exemple même d’une arme pouvant provoquer des blessures de plusieurs largeurs, en fonction de la profondeur. La solide lame en acier de ce « poignard », comme on l’appelait, pouvait infliger une variété de blessures capable de laisser perplexe n’importe quel légiste, aujourd’hui encore. La lame incurvée mesure presque 3 cm de large au niveau du manche en ivoire et, aux deux tiers, elle devient à double tranchant, à l’endroit où elle commence à s’affiner pour finir par ressembler à une aiguille. Celui que j’ai acheté chez un antiquaire a été fabriqué en 1830 et il tenait aisément (y compris sa gaine) dans la ceinture du pantalon, dans une botte, dans les grandes poches d’un manteau ou dans une manche.  La lame incurvée du poignard oriental baptisé jambya (vers 1840) laisse,  elle aussi, des plaies de largeur différente, même si toute la longueur est à double tranchant.  » Pour être plus précis, je pense que Neill a acheté un jambya, ou kyber, à Toronto,  savoir un Toronto afghan knife, à lame fabriquée aux Etats-Unis, mais de marque canadienne (marque « Toronto », aujourd’hui encore).  

 Le 19 octobre 1888, Jack l’Eventreur écrit qu’il se sent «  abattu, à cause de mon couteau que j’ai perdu en venant ici et il m’en faut un ce soir. ». Le 21 octobre, un agent de police découvre un kukri ensanglanté dans des fourrés. Or, le kukri est un couteau indien avec une lame incurvée, très robuste, utilisé pour égorger et pour trancher les membres. Mais, faute d’avoir retrouvé son kukri,le 30 octobre 1888,  l’Eventreur a dû se contenter d’un Toronto pour tuer Mary Kelly   « La peau et les chairs de l’abdomen ont été ôtées de manière importante en trois  endroits, la cuisse droite était dépecée jusqu’à l’os, la partie inférieure du poumon droit était endommagée et arrachée, le péricarde était ouvert au dessous et le cœur absent   ainsi que l’utérus  et des morceaux de ses parties génitales » (rapport d’autopsie de Mary Jane Kelly).

  Une de ses lettres, écrite de   Glasgow  témoigne de son amour pour ce kukri : « Je crois que je vais abandonner mon joli couteau  tranchant. Trop bon pour des putains. Suis venu ici pour acheter un  dirk (poignard) écossais. Ha ! Ha !ça leur chatouillera les ovaires », p. 193

 

 

 Le sac noir servant à transporter de quoi protéger ses vêtements et le paquet pour transporter ceux qui étaient ensanglantés.  

  Le 10 octobre 1888,  10 jours après les meurtres de Elizabeth Stride et de Catharine Eddowes, le Daily Post a rapporté que la police  avait pris possession d’un sac noir oublié  au Charing Cross Hotel avec « certains documents, articles d’habillements, carnets de chèques, gravures à caractère obscène ». Les documents suggèrent que le propriétaire du sac s’était souvent rendu en Amérique. Les gravures obscènes rappellent celles que Neill est si fier de  montrer, dans la ville, Québec à Mac Culloch et qui choquent ce dernier, comme les articles d’habillement rappellent les perruques montrées au même voyageur par Neill.  La police interrogea, dans le cadre de l’enquête sur Jack l’Eventreur,  le propriétaire du sac  qui fréquentait les bas quartiers de l’East End de Londres et se disait  résident à Liverpool. Scotland Yard a donc eu entre les mains notre meurtrier, qui, à ce moment, a dû avoir chaud. De là son impression d’invulnérabilité et son sentiment que tous les policiers  sont des imbéciles.

Le 30 octobre 1888, quelques heures avant le  meurtre de Mary Ann  Nichols, un laitier raconta à la police qu’un homme avec un sac noir brillant (que Jack l’Eventreur avait récupéré entre les mains de la police) lui avait demandé, -il était 23 heures, -l’autorisation de se changer dans sa remise. Le laitier surprit l’inconnu en train de protéger son pantalon avec « une cotte blanche comme celles que portent les mécaniciens ». L’inconnu se saisit ensuite d’une veste blanche, qu’il enfila rapidement par-dessus sa jaquette, et il dit : « Effroyable, ce meurtre, hein ? [le meurtre d’Ann Chapman]». Il  récupéra sa sacoche  et se précipita dans la rue en s’exclamant : « Je crois que j’ai un indice [les pilules ?]».

Le lendemain du double   assassinats d’Elizabeth Stride et de Catherine Eddows, le lundi 1er octobre 1888, à 9 heures, M. Chinn, propriétaire de Nelson Tavern à Kentish Town,  découvrit dans sa remise, enveloppé dans du papier journal, un paquet  analogue à celui que portait le meurtrier d’Elizabeth Stride une demi-heure avant sa mort (on l’a vu avec ce paquet) A l’intérieur du paquet,  la police  trouva un pantalon sombre imbibé de sang et des cheveux collés au sang coagulé sur le papier journal. Le meurtre d’Elisabeth Stride est donc à attribuer à Jack l’Eventreur, même si celui de Catherine Eddowe peut être imputé au juif polonais Kosminski.

 

Les déguisements

Neill aimait se déguiser : nous en avons la preuve dans le témoignage de Mc Culloch avec qui Neill se lia d’amitié à Québec. Il lui montra une cantine, en sortit une paire de faux favoris, longs et touffus : « Je m’en sers  pour éviter d’être reconnu quand j’opère », lui dit-il. Il n’hésitait pas à revêtir des uniformes militaires. Dans l’affaire du meurtre d’Annie Chapman, Scotland Yard trouva un bout d’enveloppe taché de sang qui était frappé de l’insigne d’un  régiment du Sussex et portait le cachet de la poste : « Londres, 20 août », ainsi qu’un début de suscription : « M[aster Thomas Neil Cream] », Master étant le titre des chirurgiens. Celui qui lui écrivait était peut-être son ancien complice dans le meurtre de Martha Tabram, ce caporal qui avait passé la nuit avec Pearly Poll, l’amie de la victime. On ne put identifier aucun de ces   deux militaires dont l’un était Neill, revêtu d’un uniforme qui le rendait méconnaissable.

 

Les lettres  de Jack l’Eventreur.

Le problème de la nombreuse correspondance avec la police (plus de 200 lettres et cartes) signée  Jack l’Eventreur est que de nombreux plaisantions  ont profité des publications dans la presse et se sont déchaînés, sans qu’il soit facile de discerner l’authentique du faux.  Voici quelques lettres qui semblent authentiques (avec ces américanismes qui rappellent les séjours de Neill aux USA). Voici la première, en date du 12 septembre 1888, écrite à l’encre rouge :

« Cher boss,

 Je n’arrête pas d’entendre dire que la police m’a pris, mais elle ne m’arrêtera pas de sitôt, ça me fait bien rire qu’ils aient l’air si malin et qu’ils racontent qu’ils sont sur ma piste. La farce de Tablier -de- Cuir m’a fait rire aux larmes.

J’en ai après  les putains et je n’arrêterai  de les découdre que quand je serai bouclé. Superbe, mon dernier boulot. Je n’ai pas  laissé à la dame le temps de couiner. Comment peuvent-ils me capturer maintenant ? J’aime mon travail et je veux recommencer. Vous entendrez bientôt parler de moi et de mes joyeux petits divertissements.

Après mon dernier boulot, j’avais mis de côté dans une bouteille de ginger beer [soda] le vrai liquide rouge pour écrire avec mais il est devenu épais comme de la colle et je ne peux m’en servir. J’espère que l’encre rouge suffira. Ha ! Ha !

Le prochain boulot que je ferai je couperai les oreilles de la dame et je les enverrai à la police pour rigoler, n’est-ce pas ? Conservez cette lettre jusqu’à ce que j’aie fait encore un peu de boulot et puis rendez-la publique aussitôt. Mon couteau est si joli et si tranchant que je veux me remettre au travail tout de suite si je trouve l’occasion. Bonne chance.

                                                                                             Sincèrement vôtre.

                                                                                        JACK L’EVENTREUR.

Pas d’inconvénient à donner ma marque de fabrique [mon pseudonyme de Jack l’Eventreur].Il faut que j’enlève toute cette encre rouge de mes mains avant de mettre cette lettre à la poste.

Malédiction ! Pas eu de chance encore. Maintenant ils disent que je suis un docteur. Ha ! Ha ! »

Voici d’autres exemples, comme  une carte postale avec l’empreinte d’un pouce sanglant (Scotland Yard n’utilisait pas encore les empreintes digitales) :  

« Je ne vous racontais pas de blagues, cher vieux Boss, quand je vous ai donné le tuyau. Vous entendrez parler demain du travail de Saucy Jack (Jack le gandin). Cette fois, coup double. Numéro Un a un peu couiné. Pas pu la finir d’un seul coup. N’ai pas eu le temps de récupérer les oreilles pour la police. Merci d’avoir gardé cette lettre en attente jusqu’à ce que je me remette au travail. Jack l’Eventreur. »

 

 « Cher M. Lusk [le Président du comité de vigilance de Whitechapel], je vous envoie le rein que j’ai prélevé sur une femme et que j’ai conservé pour vous ; l’autre morceau, je l’ai fait frire et je l’ai mangé ; c’était très bon. Je peux vous expédier le couteau ensanglanté qui l’a détaché si seulement vous attendez un peu. Attrapez-moi si vous pouvez, M. Lusk.»

« Old boss [le major Smith qui analysait aussi le rein], est-ce que vous avez vu le diable [le Docteur Openshaw, chef du service de pathologie du London Hospital, chargé d’analyser le rein] examinant avec son microscope et son scalpel un rein ?... Dites donc, Boss, vous avez l’air d’avoir rudement peur. J’aimerais bien vous donner  une crise, mais je ne peux pas attendre de  laisser les flics faire joujou avec ma boîte de jeux [le rein]. Mais j’espère vous voir quand je ne serai pas trop pressé. Au revoir, Boss. »

La correspondance apocryphe.

Un journaliste, une jeune ouvrière de 21 ans originaire de Bradford nommée Maria Coroner et surtout le peintre Sickert  en sont les principaux auteurs identifiés. Les lettres de Walter Sickert sont parfois signées discrètement de l’abréviation de son nom,  St, enrichies de dessins faits avec un mélange de diverses encres pour faire croire à du sang et écrites sur du papier filigrané.

 Nous faisons un sort spécial au peintre  Sickert parce que Patricia Cornwell a voulu voir l’Etrangleur dans Jack L’Eventreur, affaire classée, portait d’un tueur. Sickert avait  loué un studio au 6 Mornington Crescent,   et sa  logeuse lui avait raconté qu’il  avait été occupé par un jeune étudiant polonais qui était Jack L’Eventreur (p.81).  Un des tableaux de Sickert,  La chambre de Jack l’Eventreur, reproduit cette chambre :    Sickert était convaincu que Jack l’Eventreur était bien cet étudiant polonais,  mais il avait oublié son nom, Il s’agissait  d’Aaron Kominsky, juif polonais schizophrène qui fut interné à plusieurs reprises (aujourd’hui. Neill ou Kominski avaient saisi l’occasion du meurtre qu’ils venaient de commettre, celui de Catherine Eddowes, pour se faire l’écho de la rumeur incriminant un juif en inscrivant   sur le mur qui se trouvait près du cadavre de Catherine Eddowes : « Les juifs sont des  hommes qui ne seront pas accusés sans raison ». Est-ce un aveu de culpabilité émanant du juif Kosminkiet répondant à la rumeur antisémite ?  S’il faut en croire Russell Edwards (Naming Jack the ripper, 2014), le meurtre de Catherine Eddowes serait, en effet,  l’œuvre du coiffeur juif polonais Aaron Kosminski, qui a laissé son ADN sur un châle trouvé à côté du cadavre de Catherine Eddowes. Cependant, on a fait remarquer que le procès-verbal  ne mentionnait pas ce châle dans les effets trouvés à côté de Catherine Eddowes et que,  lors d’une Conférence en 2007, le châle avait été manipulé par des descendants de Kosminski et avait pu être contaminé, involontairement ou non, par eux.

Les adresses de Jack l’Eventreur à Liverpool et à Londres.

Liverepool était le port de débarquement et d’embarquement des passagers en provenance du Canada (6 jours en vapeur par New York). Sir Arthur Conan Doyle disait qu’il faudrait chercher le meurtrier du côté de l’Amérique, à cause des américanismes dont ses lettres étaient émaillées et il avait raison.  Jack l’Eventreur  nous livre une de ses adresses dans ce port de Liverpool lorsque, le  29 septembre 1888,  il  nous donne le lieu des Minories, à côté de Mitre Square et la date à un jour près de son prochain meurtre :

 « De Liverpool, Prince William Street  . Attention : je travaillerai le 1er septembre et le 2 aux Minories, à minuit. Je donne une chance sérieuse aux autorités, mais il n’y a jamais de policier près des lieux où je travaille. Jack l’Eventreur

 « Que les policiers sont idiots ! Je leur donne même le nom de la rue où j’habite [|à Liverpool, Prince William Street]. »

 

  Le major Smith poursuivit l’Etrangleur(mais ce peut êtreKosminki) après son meurtre de Mitre Square : quittant le théâtre de son crime, celui-ci avait coupé par Houndsditch et Middlesex street pour rejoindre Goulston Street où il avait abandonné  un chiffon ensanglanté qui fut identifié ensuite comme le tablier de Catherine Eddowes, lacéré à coups de couteau. « Puis il (il s’agit  peut-être cette fois de O’Neill, le vrai éventreur) obliqua vers le nord, se dirigeant vers Dorset Street où il se lava les mains à une fontaine publique invisible depuis la rue et qui se trouvait dans un renfoncement de 5 à 6 mètres. Quand le major Smith arriva, il restait encore de l’eau rougie de sang dans le bassin. » De là il continua sa route vers son hôtel londonien,  Charing Cross Hotel.

A Deptford, il éveilla les soupçons,  tellement il se montra avide d’avoir un  numéro du Evening Standard. Le marchand déclara à la police qu’il avait alertée : « (il m’a) arraché le journal des mains, m’a lancé un penny et s’est précipité hors de la boutique. Sans attendre d’être rentré chez lui, il lut avidement et fébrilement, à la lumière d’une vitrine, le compte rendu du drame… » Mais quand la police arriva, le particulier s’était « éclipsé ».

Free Encyclopédie du Canada nous apprend que Neill était aussi un incendiaire (l’incendie des docks près des quais) et un voleur.Ce tueur en série rapportait chez lui, en guise de trophées (qu’il mangeait parfois) les organes qu’il découpait sur ses victimes.

Une hypothèse absurde, celle de John Montague Druitt.

John Montague Druitt, au moment de son suicide dans la Tamise,  le 3 décembre 1888,  était un jeune homme de 28 ans, ébranlé par la folie de sa mère (elle sera internée quelque temps après le suicide de son fils) et surtout dépressif. Après avoir exercé comme  avocat , ce membre de la  bourgeoisie  était devenu l’un des trois maîtres résidents (maître d’internat) dans une boîte à bachot de Blackheath pour riches élèves, avec  42 pensionnaires. Il encourut la haine et la jalousie de ses collègues d’origine sociale inférieure et qui n’avaient pas son niveau d’études. Ceux-ci, menés par le directeur, un dénommé George Valentine, ourdirent contre lui un complot  qui s’appuyait sur l’attachement homosexuel, réel ou supposé, de l’ordre du fantasme ou des faits, qu’il ressentait pour l’un de ses jeunes  élèves mineurs dont on ignore le nom (l’un des 42 internes) , Scotland Yard n’ayant pas fait d’enquête. On peut supposer qu’un élève complice de M. Valentine lui fit des offres et qu’il se compromit plus ou moins avec lui: les comploteurs lui arrachèrent  sa démission et  cherchèrent   à  le faire chanter en prétendant que la famille du garçon voulait porter plainte devant les tribunaux contre lui pour détournement de mineur, mais que, par l’intermédiaire de ce bon  M. Valentine, le meneur du complot,  elle accepterait une transaction financière de  66 livres dont 16 en or. Druitt recueillit l’argent  (on trouva sur son  cadavre  un chèque de 50 livres et 16 livres en or).  Mais écrasé par un  sens du péché et par  une  culpabilité pathologiques, en proie à une intense dépression nerveuse, l’infortuné Druitt, alors qu’il avait pourtant réuni la somme exigée par le maître -chanteur, préféra se suicider dans la Tamise avec sur lui l’argent exigé  et  une  lettre à Valentine qu’on aimerait bien connaître. J’imagine qu’il devait y protester de son innocence, renvoyer Valentine à sa responsabilité criminelle et lui dire  qu’au moins il n’aurait pas l’argent qu’il convoitait   Un suicide n’est pas un aveu de culpabilité (de quoi d’ailleurs ? Certainement pas des meurtres sauvages de Jack l’Eventreur).Il s’était suicidé, aurait-il dit, parce qu’il ne voulait pas finir dément comme sa mère. Scotland Yard  qui chercha à faire peser sur lui le soupçon qu’il était Jack l’Eventreur  en personne ( !), se montra très peu curieux, ne demandant  ni à lire ni à publier la lettre adressée à M. Valentine, ni  à voir au nom de qui était établi le chèque de 50 livres et n’inquiétant aucunement le dénommé Valentine.   En  tout cas, amitiés particulières ou non,  l’innocent  Druitt, qui était victime d’une cabale d’enseignants jaloux, de sa propre naïveté, ainsi que de son côté névrotique, n’a rien à voir avec Jack l’Eventreur, mais on n’hésita pas à le qualifier  de « maniaque sexuel » ( !) et on fut trop heureux, à Scotland Yard,  de trouver en lui un bouc émissaire. Les meurtres continuèrent d’ailleurs bien après la découverte du cadavre du noyé le 31 décembre 1888. .

  Certains ont voulu voir dans le sadique que fut Jack l’Eventreur un génie indépendant qui a réussi une réforme sociale et urbanistique, celle du East End londonien. Ce qu’il y a de certain, c’est que , de son point de vue, Jack l’Eventreur a gagné en ce sens qu’il a déjoué les enquêtes de Scotland Yard et qu’il a créé une énigme et un mythe.

                                                             

 

                                                                         

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