vendredi 2 octobre 2015

Les représentations gravées sur les dolmens et les menhirs.

Les représentations gravées sur les dolmens et les  menhirs.
 


 L’âge des métaux et de la gravure.
Lorsque le dolmen en tant que maison d’initiation avait servi une fois, il était, soit détruit, soit recouvert de terre pour le dissimuler aux regards, -ou bien abandonné lorsque l’érosion l’avait décapé et il était devenu alors disponible, avec l’avènement de la crémation, pour servir  de lieu de rangement et d’exposition  à des  urnes pleines de cendres humaines lorsqu’il n’était pas enterré . On voir sur un mégalithe corse  un glaive métallique, mais c’est surtout sur les dolmens bretons que l’on découvre des motifs intéressants.
Le poulpe ou le calmar colossal et les argonautes et leurs proies, les anémones (voir sur mon blog La Déesse syrienne).
Un élève d’Aristote, Cléarque, au dire d’Athénée VII,  p. 307 A, nous rapporte qu’à Trézène et dans les environs il était interdit  de capturer et à fortiori de manger  le poulpe « sacré » ( tous les poulpes à l’exception du poulpe musqué ou Eledone moschata , en grec osmylos) et le poulpe rameur  [larve de poulpe appelée nautilos  par Aristote 4,1, 16, et  que nous  appelons argonaute avec une coquille ou mieux nacelle blanche transparente et fragile] et qu’on défendait de toucher à ces animaux, ainsi qu’à la tortue de mer. »
« Les figurations de ce que l’on appelle l’ « écusson- bouclier » (fig.17, p. 98,  dans F. Niel, op.  Cit ) sont assez nombreuses. On peut en observer sur les pierres des dolmens de l’île Longue (Baden), du Mané - Rutual (Locmariaquer), de Grah Niohl (Arzon), de Mané - Braz (Erdeven), de Mané -Kerioned (Plouharnel,), etc. Parfois, le motif « écusson- bouclier » se combine avec le motif « céphalopode » comme aux Pierres- Plates. » Ce pourrait être une nacelle d’argonaute habitée par la mère- poulpe,  avec les pointes proéminentes  de la nacelle, et avec les yeux (pas les oreilles) de la mère -poulpe, très gros et latéraux (pour la pointe médiane, voir ci-dessus). Les stries  fourchues ont pu inspirer les artistes préhistoriques

  


Je vous présente les trois petits Argonautes de ma
Ce sont , non pas des nautilus, mais des poulpes femelles avec leurs œufs, Argonauta Argo, en grec argo signifiant blanc et nautès , navigateur, les navigateurs blancs,  des  coquilles externes , des nacelles  fines comme du,papier   (ce ne sont pas des coquillages).C’est  à l’aide de leurs deux bras (les plus longs des 10 tentacules )munis d’une plaque tégumentaire sécrétant du calcaire que les  femelles poulpes les construisent dès leur plus jeune âge , afin d’ y abriter  leurs œufs : elles restent accrochées dans l’ouverture et lorsqu’elles arrivent  à maturité, y pondent leurs œufs..  Ces argonautes ressemblent  à des voiles flottant sur la mer,-  de là le nom de nautilos donné par Aristote,  ils  vivent en pleine mer et se laissent dériver par les courants.
Elien, IX, 54 : « L’argonaute fait partie des poulpes, mais  il possède une coque. Il monte à la surface en tournant sa coque vers le bas, pour éviter de prendre l’eau et d’être refoulé vers le fond/Une fois à la surface des flots, quand le temps est calme et les vents au repos,il renverse sa coquille sur le dos(elle flotte comme une barque), laisse pendre deux tentacules, un de chaque côté, et il rame et propulse son vaisseau naturel en se soulevant légèrement. Si, au contraire, il y a du vent,il étend et allonge ce qui lui servait jusque là de rames et les transforme en gouvernail, puis déplie ses autres tentacules entre lesquels se trouve une toile très fine qu’il déploie et dont il fait une voile. C’est de cette façon qu’il navigue lorsqu’il n’y a rien à craindre. Mais s’il est épouvanté par un poisson de grande envergure, il remplit sa coque en la submergeant, coule, emporté par le poids, et se soustrait à son adversaire en s’éclipsant. Plus tard, quand il est en sécurité, il remonte à la surface et  reprend sa navigation .  C’est de là [nautilia signifie en grec navigation] que l’argonaute tient son nom. »Jules Verne a tiré le nom de son sous-marin,  le Nautilus, de cette description de l’argonaute.
La barque solaire  aux voiles hissées, dominé par le soleil, reconnue  à tort  au dolmen de New Grange en Irlande, ainsi qu’à Kerveresse (Locmariaquer), à Butten-er- Hach (île de Groix), à Mané –Lud, au menhir de Kerloaz (Finistère), sont en réalité des argonautes voguant,  , comme le soleil est une anémone de mer dont se nourrit l’argonaute
Dans Dolmens et menhirs, de Fernand Niel (collection Que sais-je ?), p .97, on peut voir, p. 96, figure14, comme gravures du dolmen du Petit- Mont (à Arzon dans le Morbihan), au-dessous d’une ligne serpentiforme qui pourrait bien être un tentacule, deux pieds avec les dix orteils bien dessinés, le tout dans un carré parfait, avec le commentaire : « on suppose que la gravure figurait l’extrémité d’un corps allongé, peut-être celui d’un cadavre inhumé dans un tombeau » et on en rapproche une roche formant abri à Roch Priol, dans la presqu’île de Morbihan. Pour peu que, par la pensée, on ajoute une étiquette au pied,  on pourrait se croire dans une morgue d’une série policière américaine. Pour moi, le sens est limpide : il s’agit de la déesse ou dieu des dolmens, notre calmar géant, emblématisé par le nombre de ses tentacules et bras, savoir dix : c’est pour les artistes, un décapode !
A l’appui de mon hypothèse, on peut  lire chez F. Niel : « une représentation bien étrange est celle du céphalopode, poulpe ou seiche. Bien entendu, il s’agit d’une figure stylisée, ayant donné lieu à de nombreuses discussions au sujet de l’interprétation. Toutefois, la majorité des savants incline à voir dans cette figuration l’image d’un céphalopode, en particulier d’un poulpe. Deux arguments viennent à l’appui de cette hypothèse : la représentation du poulpe ne s’est trouvée jusqu’à présent que dans les allées coudées [imitant les tentacules du calmar], et celles-ci se rencontrent toujours au bord de la mer, ou en bordure de larges estuaires, par exemple les Pierres- Plates (Locmariaquer), Lufang (Crach) ou le Rocher (Plougoumélen), toutes dans le département du Morbihan…
  La représentation en labyrinthe sur le dolmen des Pierres- Plates à Locmariaquer interpelle.
 l y a aussi une gravure en forme de feuille de fougère : bien qu’elle ressemble aussi ce que les allemands appellent raisin de mer, meerstraube, savoir des œufs de seiche, -des capsules gélatineuses,- , car , selon moi, elle représente plutôt une ascidie, famille qui englobe le violet provençal, le Microcosme marin de Francesco Redi , ou Ascidie petit- monde selon Blainville : sur leur gangue coriace se fixent toutes sortes de buissons marins ; l’on peut aussi y voir des actinies , des medusozoan Cnidaria (ombrelles et cloches flottantes ) et anémones de mer comme  la figure 18 , p. 100 (op. Cit. ), sur la Table des Marchands., où l’on aperçoit  des anémones de mer et des sigles figurant sur les oeufs de seiche, y compris ce qu’on appelle des « crosses », selon moi icônes figurant sur les larves, ci-dessous, et comme les deux gravures n° 2 , soit d’anémones de mer , soit plutôt d’œufs d’Argonautae nodosae  sur le dolmen de Petit- Mont (figure 14 , p.96, dans F. Niel cité)
Figure de la Table des Marchands
Le petit a de la planche, en haut,  représente les œufs de l’Argonauta nodosae : on les a pris pour des soleils  .Ils ressemblent à des anémones de mer. La pointe médiane figurant sur  la planche  se retrouve dans  la pointe dirigée vers le haut de la représentation du motif bouclier de l’île Longue.
                               œufs de seiche
Les oeufs de seiche et leurs curieux dessins ont aussi  été  représentés sur les dolmens (la photo de droite  du buisson garni d’œufs  est à comparer avec  le pictogramme du milieu du support gravé de Gavrinis, sur le dessin de gauche, ressemblant à une tige de blé) et les os de seiche de grande taille y ont souvent été pris pour des haches gravées non emmanchées  comme  sur le menhir de , sur deux menhirs du cromlech d4er-Lanic, sur l’un de ceux de Kergouan (Ile –aux- Moines) Crucuny à Carnac et sur les dolmens du Mané- Lug et du Man-Rutual.
Les supports gravés de Gavrinis, œufs et os de seiche, fig. 15 dans Niel, op. cit.

 Le « poulpe » de Lufang me semble une masse d’œufs de seiche, avec la fente médiane  caractéristique.  L’origine de la vie a toujours passionné les hommes : ceci explique peut-être ce qu’on a pris pour des navires  ou pour des  barques solaires (Mané - Lud) et qui sont des coquilles d’argonautes.De même pour les tikis maoris qui, incontestablement, représentent des embryons.
Chaque fois que je m’occupe de dessins préhistoriques, je songe au dessin du Petit Prince,le boa qui a avalé un éléphant, pris pour un chapeau : « J’ai montré mon chef d’œuvre aux grandes personnes et je leur ai demandé si mon dessin leur  faisait peur. Elles m’ont répondu : « Pourquoi  un chapeau ferait-il peur ?...Les grandes personnes on toujours besoin d’explications. »  Le motif dit de  la « hache- charrue » , de la Table des marchands, » , par exemple , est en réalité   une femelle argonaute sans sa nacelle,  variété aujourd’hui rare (toutes ne sont pas dénombrées , officiellement seulement  quatre espèces sont connues ) d’Argonauta Argo Linnaeus 1758, avec des membranes entre certains tentacules, proche de l’Eledone par conséquent et d’une coloration rougeâtre  brillante, vue à Alger.(photo sur le net
FERCHOULI Adlane (22/07/2003)

Bord de l'eau, côte rocheuse, Alger (Algérie)


Coloration brillante, rougeâtre à reflets bleutés





















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  De surcroît, les dolmens étaient dédiés à l’initiation, à une nouvelle naissance (voir sur mon blog l’article intitulé les dolmens, à paraître).  Ed. Pottier (Op. cit.) ait écrit en 1907 : « Je ne crois pas plus qu'autrefois au rôle générateur de la vie que lui prête M. Houssay (Perrot- Chipiez, VI, p. 926; cf. Catalogue des Vases du Louvre,p. 190.).Je supposerais plutôt — par voie de pure hypothèse — que les yeux énormes de l'animal avaient conduit les Égéens à le ranger parmi les prophylactiques ; on sait que l'oeil a, dans ce genre de superstitions, un rôle tout spécial qui garda sa puissance durant toute l'antiquité et qui n'a pas encore disparu de nos jours ».Mais, pour moi, les deux origines de la fascination exercée par le  poulpe sont peut-être complémentaires.

 Le poulpe de Lufang, Crach,  ( fig. 16, p. 97), qui reflète une masse d’œufs de seiche , avec la fente médiane. 





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