mardi 9 février 2016

Lapérouse, découvreur en 1788 des Loyauté.

                 Lapérouse a-t-il découvert les Loyauté en 1788 ?


Bibliographie sommaire mais essentielle :
A)   Avertissement liminaire :
Tout article non orthodoxe, contraire aux dogmes  de Conan, de la Marine  et de la télévision gouvernementale sur le scénario du naufrage et sur les survivants est interdit de paraître, même dans les bulletins de  la Société d’études historiques de la Nouvelle-Calédonie qui était le fer de lance de la recherche sur Lapérouse du temps de feu  son président Bernard Brou. Cela donne, par exemple, sous la plume de Charles Merger pour l’Association Salomon présidée par A. Conan, dans le bulletin n°179,2e trimestre 1974,p.53 : « Il est acquis que la Boussole et l’Astrolabe ont probablement mouillé dans la baie de Gomen. En effet, le chevalier Robert de Lamanon, minéralogiste de l’expédition, était mort à Tutuila aux Samoa.  Ce furent donc le père Receveur et l’abbé Mongez qui, ayant des connaissances de la science des minéraux, prélevèrent des échantillons de dolérite, qui furent déposés à fond de cale dans la Boussole. » Dommage que le père Receveur fût déjà mort et enterré en Australie, à Botany Bay près de Sydney !! Comme me l’écrivait un professeur d’histoire, « il n’y a plus d’historien dans le conseil d’administration de la SEHNC », et le sérieux des articles s’en ressent .
B)   Mes articles :
« Le graphomètre de l’île des Pins », in Journal de bord des membres de l’association Lapérouse Albi-France n°66-Hiver 2015, p.6
« Des nouvelles de M.  de Lapérouse ? Une île pour l’Eurélien Simon Lavo  » , p.327-332 , in Cahiers de la société archéologique d’Eure-et-Loir, cahier 2015,1.Errata :p.328 :1er paragraphe : il avait noté dans, au lieu de il avait noté ans ; 3e paragraphe, du nom , au lieu de le nom ; faille du récif où il est bien invraisemblable que la boussole ait cherché d’elle-même à entrer, au lieu de faille du récif où coula la Boussole (c’est le bateau de secours qui a coulé là) ; p . 329, au lieu de à chapeau pointu (pinga), où jean Guillou, près duquel Jean Guillou ; avant-dernier paragraphe même page,supprimer original égaré , et au lieu de  Selon l’ouvrage signalé par Jean Guillou, lire En tout cas, l’existence d’un survivant était connue avant la publication ;
p. 331 : au lieu de par les indigènes et les trophées,  grâce aux indigènes et aux trophées ; avant- dernière ligne même page, supprimer Aimes après James ; p .332, au lieu de pidir, pidiri
C) Un article de Jean Guillou « Sur les pas de Simon Lavo, chirurgien de l’Astrolabe ? Etude et compte rendu d’exploration» p. 163-177 et compléments, p.497-506 dans Société archéologique d’Eure-et-Loir, Navigateurs d’Eure-et-Loir, 2006.
 D) Un livre de Jean Guillou : Lapérouse… et après .
E)mes blogs sur la biographie du capitaine Morrel  par  Fairhead , The Captain and « the cannibal » et sur Lapérouse , Coldcase à la française, coldcase28.blogspot.fr/sur WWW.blogger.com/fr

De Botany Bay aux Cook et aux  Tonga. 
Le retour de Lapérouse sur Tonga est surprenant, puisque Lapérouse , à l’aller, venait  d’y passer. Mais le séjour de Lapérouse dans l’archipel, n’ayant jamais fait l’objet d’études,  demeure obscur,  surtout que son  journal n’est guère  précis pur l’aller. . Ce nouveau passage s’explique, peut-être, par le massacre de Naouna dans l’archipel des Navigateurs (Samoa) qui avait occasionné la destruction des chaloupes capable de transporter les ancres de touée et par conséquent de faire des recherches  en toute sécurité sur l’île Saint-Bernard et sur l’île de la Belle- Nation de Quiros .Les Instructions royales prescrivaient de  rechercher l’île de Saint-Bernard, découverte par Quiros le 20 août 1596, savoir Puka-Puka aux îles Cook du Nord
 et l’île de la Belle-Nation  (Rakahanga aux îles Cook , découverte  le 2 mars 1606,  par Quiros).  Les Instructions enjoignent à Lapérouse ,  p 25, de faire « route dans le nord-ouest,  pour se mettre en latitude de l’île Saint-Bernard de Quiros, vers 11 degrés » , mais sans sortir de  certaines limites géographiques . «  Il prendra alors sa route dans le sud-ouest,  pour traverser, dans cette direction, la partie de la mer située au nord de l’archipel des îles des Amis….Il serait à désirer qu’il pût retrouver l’île de la Belle- Nation de Quiros …et successivement les îles des Navigateurs (Samoa) de Bougainville, d’où il passerait aux îles des Amis (Tonga) pour s’y procurer des rafraîchissements. » Or,  Lapérouse qui  , à l’aller, n’a pu trouver ni  les îles du Danger de Byron, correspondant aux quatre îles de Saint Berard, ni celle de  la Belle- Nation en raison des vents,  le déplore et il est tentant  de supposer que Lapérouse ait  désiré tenter à nouveau de les repérer.
  Lapérouse, à partir de Botany Bay, reprend ainsi la route en sens inverse, passant probablement à nouveau par Norfolk, où il n’avait pu mouiller à l’aller, à la différence de Cook,
Lapérouse a-t-il ensuite passé aux îles Cook du nord, à l’île de Saint-Bernard (Puka-Puka) et à l’île de la Belle Nation (Rakahanga) ? Nous n’en avons aucun témoignage, mais cela n’a pas été recherché auprès des insulaires. Il  fait voile ensuite  vers l’archipel des Amis (royaume de Tonga),  passant devant Tonga -Tapu, île à laquelle, dit-il dans son Journal, il a fait  une courte visite.  Il n ‘y  parle pas d’Anamouka.
Dumont d’Urville nous donne une  description qui  se rapporte  peut-être à ce premier passage devant Tonga- Tapu, mais avec confusion de Anamuka et de Tonga-Tapu :(trois   jours la première fois au lieu de dix au second passage grâce aux chaloupes reconstruites à Botany Bay, sans débarquer)  : « deux autres grands vaisseaux étaient arrivés devant l’île d’Anamouka ou Rotterdam [Tonga -Tapu en réalité, premier passage ?], mais n’avaient pas jeté l’ancre et étaient restés en panne, ayant à terre des canots pour trafiquer. Quand l’officier qui dirigeait les échanges débarqua [confusion avec le second passage aux Tonga ?], il traça comme démarcation un carré au milieu duquel il se tenait,  ayant de chaque côté de lui une sentinelle armée. Cet officier portait des lunettes, et les naturels lui donnèrent le nom de Louage (ou Laouage ,  du nom d’un enseigne de l’Astrolabe, [Freton de] Vaujuas déformé d’abord en laujeoua , puis loouaj, laouaj). Peu de temps après que les échanges avaient commencé, M. Laouage troqua avec un insulaire un couteau contre un oreiller de  bois ; mais après que le sauvage eut reçu le couteau, il s’empara de son oreiller de bois et prenait la fuite, quand M . Laouage saisit un pistolet qu’il avait à sa ceinture et étendit cet homme mort sur la place. C’était un jeune chef nommé Coremoyanga. En le voyant tuer de la sorte, les naturels prirent de l’épouvante et s’enfuirent dans les bois. M. Laouage et ses gens retournèrent à bord de leurs vaisseaux .Le lendemain, les insulaires se hasardèrent à pousser au large et les échanges recommencèrent. Ils reçurent divers présents des européens et tout se passa d’une manière amicale. Deux hommes de l’île voulurent partir sur les vaisseaux [Confusion avec le second passage]  Les Français  mirent à la voile le jour suivant et depuis on n’en entendit plus parler ».
  Nous avons une autre description se rapportant cette fois au second passage aux Tonga, à Namouka ou Anamouka cette fois (dix jours d’escale et débarquement) : « Deux grands navires …, avec des canons et beaucoup d’Européens, avaient mouillé à Namouka  où ils étaient restés dix jours. Leur pavillon était tout blanc, et non pas semblable à celui des Anglais. Les étrangers étaient fort bien avec les naturels ; on leur donna une maison à terre où se faisaient les échanges. Un naturel, qui avait vendu, moyennant un couteau, un coussinet en bois à un officier, fut tué par celui-ci d’un coup de fusil pour avoir voulu remporter sa marchandise après en avoir reçu le prix. Du reste, cela ne troubla point la paix, parce que le naturel avait tort en cette affaire ; les vaisseaux de Lapérouse furent désignés par les naturels sous le nom de Louadji ». Lapérouse embarqua, sur leur demande, deux naturels. On peut supposer qu’ils désiraient aller à Tonga- Tapu et que Lapérouse avait décidé de débarquer  dans cette île devant laquelle il était déjà passé en décembre 1787.
 « L’interprète…,  me dit aussi que Touitonga …,  avait eu en sa possession deux plaques d’étain avec des inscriptions provenant des vaisseaux de M. Laouage, mais que ces objets ayant été employés au service des dieux avaient été considérés comme sacrés et inhumés avec Touitonga…  » S’agit-il de deux pièces en bronze  avec l’inscription « Les frégates du roi de France, la Boussole et l’Astrolabe commandées par MM. de La Pérouse et de Langle, parties du port de Brest en juin 1785 », ? Il est intéressant de remarquer qu’elles ont été enterrées avec leur propriétaire, coutume  qui explique pourquoi on n’en  retrouve guère.
En résumé, Lapérouse passe à nouveau  (second passage) par Norfolk, les îles Cook,  et   Namuka et Tonga-Tapu aux Tonga.
La première femme blanche à débarquer en Nouvelle-Calédonie : Ann Smith
 Lapérouse avait deux personnes qui manquaient à bord de l’Astrolabe : le Père Receveur, mort à Botany Bay , et  un matelot qui s’était noyé au cours du voyage. Ils furent remplacés, non sans hésitation de la part du commandant, par deux  convicts d’origine politique, échappés du bagne de Port- Jackson à peine installé : ils avaient fait jouer auprès de Lapérouse   leur appartenance  au rite  maçonnique écossais   Il s’agit du Français  Pierre  Paris et de sa compagne Ann Smith, d’origine écossaise  nièce de Adam Smith, le célèbre fondateur du libéralisme. Tous deux avaient combattu contre l’Angleterre  pour l’indépendance de l’Amérique .Ils embarquent sur l’Astrolabe avec un uniforme anglais dont on retrouvera un bouton à Vanikoro : on repêchera aussi  l’os du bassin de l’infortunée Ann Smith à Vanikoro.  Chose très étonnante, un os de femme repêché à Vanikoro et qui ne peut être qu’un os d’Ann Smith a  été ainsi conservé, en Australie.  
 La côte ouest de la Nouvelle-Calédonie, l’île des Pins, la côte est et la découverte des Loyauté (Maré, puis Lifou) et Pouébo.
  Les Instructions  prescrivaient à Lapérouse : « En quittant les îles des Amis (Tonga), il viendra se mettre par la latitude de l’île des Pins, située à la pointe sud –est de la Nouvelle-Calédonie ; et après l’avoir reconnue, il longera la côte occidentale qui n’a point encore été visitée ; et il s’assurera si cette terre n’est qu’une seule île, ou si elle est formée de plusieurs. »   Lapérouse, peut-être à cause du vent,  longea d’abord   la côte ouest de la Nouvelle-Calédonie du nord au sud  en s’assurant ainsi qu’elle n’est qu’une seule île. Il arrive au sud de la Nouvelle-Calédonie,  mouille à l’îlot Amere, comme Cook, et reconnaît  l’île des Pins une première fois, puis  reconnaît le sud –ouest de la Nouvelle-Calédonie.
Les graves incidents au cours du second passage à l’île des Pins , le don d’une médaille en l’ honneur du premier des Bourbons et le vol d’un graphomètre.
Lapérouse  retourne ensuite à l’île des Pins, où se produit un  incident meurtrier avec les insulaires : nous le connaissons grâce à Bouquet de la Grye  qui, en 1856, avait déjà recueilli le témoignage  du fils du grand chef Ti Toorou, savoir Ti-ote (1858,  Bulletin de la Société de Géographie ) : « Aussitôt mouillés, plusieurs canots s’en détachèrent , chargés de monde,  et se dirigèrent vers la côte. Les naturels saisis de frayeur avaient fui sur le plateau supérieur : quelques-uns,  plus braves, accostèrent les étrangers qui avaient eu quelque peine à descendre à cause de la houle. Les témoignages d’amitié qu’ils en reçurent [une médaille en l’honneur du fondateur de a dynastie des Bourbon, Henri IV, gravée en argent par Duvivier et retrouvée dans le sud ,  à Prony] où encouragèrent leurs camarades qui, mêlés dès lors aux matelots, ne songèrent qu’à s’emparer d’eux et de leurs richesses (wandu, outils, armes et médailles). Le moment du réembarquement fut choisi comme signal de l’attaque ; mais, surpris par le bruit, nouveau pour eux, de la mousqueterie, ils s’enfuirent  dans les bois, abandonnant trois morts et plusieurs blessés. Les blancs, de leur côté, après une recherche d’eau douce infructueuse [et d’un  précieux graphomètre qui leur avait été volé], retournèrent à leurs vaisseaux qui, après « un coup de tonnerre », disparurent bientôt ».
 Jules Garnier (novembre 1869, Bulletin de la Société de Géographie).a lui aussi  interrogé un mélanésien de Gadgi (au nord de l’île des Pins) : ses ancêtre avaient aperçu, un matin,  pour la première fois, deux grands navires qui étaient mouillés à l’îlot Amere. Un peu plus tard, les deux grands vaisseaux vinrent à nouveau mouiller dans les mêmes parages.  Les rapports entre les indigènes enhardis et les marins se terminèrent mal, à la suite de vols d’armes et d’outils. Jusqu‘au départ régna la panique. «  Le tonnerre éclatait sur les côtes ».
 Le vol d’outils comprend  le vol d’un  graphomètre à boussole et à pinnule destiné à faire des relevés à terre (l’île des Pins n’avait pas été suffisamment relevée par Cook.)  C’était l’un des « quatre théodolites, ou graphomètres, à lunette et sans lunette, pour mesurer les angles à terre et lever les plans » indiqués par l’Etat des instruments.. Un communard déporté à l’île des Pins, puis amnistié le 20 octobre 1877  et rentré en France par le Navarin,Antoine  Bonnemaison, l’ a retrouvé avec son étui à fleur de lis dans la  case canaque d’une tribu  disparue . Le graphomètre a été trouvé par Bonnemaison , à  Ouameo, l’une des 5 «  communes », dont le nom, peu connu, fut altéré en Ouambo, puis Nimbo, lieu de déportation en enceinte fortifiée où il n’y eut ni case ni tribu canaques. Coïncidence qui n’en est pas une :Bonnemaison était né à Albi,ce qui l’a peut-être amené à accorder de l’intérêt à son compatriote Lapérouse,   né comme lui à Albi , et à un indice de son passage.
 A partir du sud, naviguant au large de  la côte est pour éviter les récifs,  Lapérouse est le véritable  découvreur   de ces  Loyauté qui n’ont pas encore de nom : d’abord, Maré,  puis Lifou.
La découverte de Maré (Nengoëné), par Lapérouse  en 1788, cinq ans  avant le britannique Raven en 1793.
 Lapérouse  découvre   Maré (Nengoëné). En 1887, le Maréen Louis Saiwene déclare que,  peu  avant un navire britannique  (le Britannia de Raven en 1793, navire britannique que les Maréens  appellent Betischo  par altération du mot anglais British),   Lapérouse et Collignon, son botaniste,  « laissa dans l’île une hache (fao, du français fer), des graines d’orangers   et quelques grains de maïs qu’il apprit aux indigènes à mettre en terre», ceci  vers Tadine. Le mot signifiant maïs en langue de Maré, kele ou kedre, le dr notant une cacuminale, vient  probablement du nom du botaniste de la Boussole, Collignon.  L’expédition avait, en effet, été pourvue de diverses variétés de maïs, selon Milet- Mureau .Les gens de Maré font remonter au don de Lapérouse  l’introduction de cette plante. . Lapérouse  a-t-il offert aussi aux Maréens une poule plus grosse que ces poules indigènes  qui venaient de l’île voisine de Tanna ?

La découverte de Lifou (Dréhu) en 1788 avant Hunter.
On peut supposer que Lapérouse, mis en garde par les incidents de l’île des Pins, décida de n’approcher qu’une frégate, la seconde restant au large ou faisant le tour de l’île. Une chaloupe de la Boussole  avait été endommagée par les naturels de l’île des Pins  et il fallait un espar pour la réparer. C’est la Boussole, commandée par Lapérouse,  qui mouilla à Chépénéhé, avec à bord Colignon, le botaniste de la Boussole, dont nous retrouvons encore  le nom, à peine altéré,  dans celui du village de Kedegne qui fut fondé à cette époque et nommé ainsi en son  honneur. Il avait  apporté  des graines d’orangers et de mandariniers.
 A Lifou existent des traditions sur le premier navire aperçu, traditions que le professeur australien  D. Shineberg  a   rapportées à Lapérouse., sur la base du  rapport du santalier Simpson. Le santalier, en 1844, fit escale à, Lifou et y recueillit le souvenir du premier navire européen passé à Lifou. Selon les gens de  Lifou, le navire  fut aperçu près de Chépénéhé ; il était très grand ; il avait deux ponts, de grands canots et beaucoup d’hommes, -des officiers français, -portant des chapeaux à cornes, avec  des vestes rouges et bleues (la langue lifoue n’avait pas de terme pour désigner le bleu). Ce ne peut donc pas être la gabarre britannique,  la Fancy,  qui passa devant Lifou en 1796. Ils avaient des boucles à leurs souliers et ils portaient des gants. Le navire était resté à l’ancre pendant 2 jours à environ un mille à l’intérieur de la pointe sud. L’équipage coupa un cocotier avec un instrument en fer (encore fao, qui désigne la hache dans beaucoup de  langues calédoniennes, du français fer), et les gens de Chépénéhé montrent aujourd’hui encore la base de ce cocotier qu’ils regardent comme étant le souvenir des premiers blancs qu’ils aient jamais vus.

Il  se dirige ensuite, depuis Lifou, vers le nord de la Nouvelle- Calédonie.  Il s’arrête à Pouébo et non à Balade comme Cook. Il y  fait escale  trois jours,  fait provision de bois de chauffage sur l’îlot Poudioué et se ravitaille en eau.  A Pouébo, Lapérouse  offre une médaille qui n’a pas été retrouvée  Lapérouse y laisse des pieds de pommiers malaques (Syzigium malaccense) appelés pommiers canaques par les Calédoniens, tandis que les autochtones de la côte est les appellent les pommiers des Européens, laissant supposer qu’ils les doivent au botaniste et jardinier Collignon
Les débris liés à Lapérouse en Calédonie.
A) L’origine des populations de Wallis (Ouvéa) et de Futuna et d’Ouvéa aux Loyauté : Ticopia.  
Des débris provenant d’un bâtiment de Lapérouse découverts à Balade en 1793 (un morceau de bois peint en rouge et une planche rabotée et vernissée ) nous renvoient à Vanikoro, puisqu’ils  viennent  de la partie polynésienne d’Ouvéa (Loyalty), où  on  savait que des Polynésiens  étaient arrivés vers la fin du XVIII e  siècle .On peut maintenant préciser le lieu d’origine de ces Polynésiens : Vanikoro,   d’où , selon la tradition, peu après le naufrage, une tribu de Palikori émigra à Utupua avec certaines reliques du naufrage .  Vanikoro, Ticopia et Utupua étaient exigus et souffraient d’une démographie galopante, si bien que des pirogues les  quittent une première fois,   font escale à  Santo  et Futuna au Vanuatu  et se fixent  à  Wallis- Ouvéa et à Futuna.
Plus tard, entre 1788, date du naufrage, et 1793,  une autre migration polynésienne quitte Ticopia pour   Ouvéa des Loyalty (et Balade) avec ces reliques européennes qui avaient  passé de Vanikoro à Ticopia. .
Ces migrants ticopiens  étaient originaires eux-mêmes de Tonga : dans son Voyage, Dumont d’Urville remarque à Ticopia un naturel, nommé Brini- Wapou,  né à Houvéa (Uiha aux Tonga, dans l’archipel Ha’apai.) : « il se trouvait avec trois de ses compatriotes dans une petite pirogue, quand la brise l’entraîna sous le vent de son île. Ces malheureux furent obligés de rester trente jours à la mer, n’ayant que dix cocos pour toute ressource. Ils étaient à l’extrémité quand ils abordèrent à Ticopia, où ils furent accueillis avec hospitalité et où ils s’établirent. »
B) Quant à l’épée de Lapérouse annoncée par F. Paladini comme découverte par lui à Païta, est-ce  la même que celle que décrivit  Jules Garnier ? Ce pourrait aussi bien être une épée anglaise ayant appartenu à l’officier britannique Stewart (qui a des descendants  en Nouvelle-Calédonie) qui, avec 10 autres convicts échappés (Hambilton, Williams, etc.),  volèrent  la chaloupe d’un navire appartenant au capitaine Walker et s’évadèrent du bagne tasmanien (voir mon article dans  le bulletin «  Les quatre squelettes de Walpole »).  L’épée aurait pu être  « perdue » à l’île des Pins avant d’arriver à Païta par le jeu de la conquête ou des échanges. F. Paladini a dû  en être informé, ce qui explique pourquoi il n’a pas donné suite à son annonce dans les journaux.
En route pour Vanikoro, ou Lapérouse à la recherche de son destin.
D’abord qu’allait  faire Lapérouse à Vanikoro ? Lapérouse s’était vu fournir, parmi les livres de voyages qui devaient l’accompagner, l’Histoire des navigations aux terres Australes  du Président Charles de Brosses .Or, au tome I, on trouve, p.339, dans la bouche du chef Tamai, originaire de Taumako, île voisine de Vanikoro, la mention d’une « grande région [habitée] qu’il appelait Manikolo », c’est-à-dire pour nous  Vanikoro. Le texte de  Quiros confirme les dires du Président de Brosses (  « une très grande terre qui s’appelle Manikolo »..). Telle est la première mention dans la littérature de l’île sinistre.  De la Nouvelle-Calédonie, les Instructions du roi  prescrivaient  à Lapérouse, de « gagner les îles de la  Reine-Charlotte », parmi lesquelles se trouvent  l’île de Sainte-Croix  que le Portugais Quiros,  naviguant pour l’Espagne et pour Mendana , a le premier , en 1595, visitées,  citant le nom des îles voisines :  Vanikoro , celle-ci  étant vue seulement de loin, et  Taumako. Taumako et Vanikoro  toutes deux jamais visitées depuis deux siècles, ont  dû intéresser Lapérouse : tel est le mobile qui a poussé Lapérouse vers Vanikoro. 

Du nouveau sur une relique de l’expédition Lapérouse : la cloche signée  «  Bazin m’a fait ».  
   Jules Verne, dans Vingt mille lieues sous les mers,  suit le récit de  Dumont d’Urville et  parle de la découverte d’ « une cloche en bronze portant cette inscription : « Bazin m’a fait », marque de la fonderie de l’Arsenal de Brest vers 1785. »  Bazin est bien le nom d’une famille de fondeurs de cloches et de canons, mais,  nantais et  non pas brestois.  . Citons Jean Bazin  père, et son fils  Jean qui,  de 1774 à 1778, est listé comme fondeur de la ville de Nantes et en 1779 fond une cloche pour une église de Vendée. Son père avait  inventé une pompe à double corps en bronze. Or, on a trouvé une autre  fois le nom de Jean  Bazin fils   sur un pierrier en bronze repêché  dans  la faille du récif de Vanikoro, avec «  Fc (fecit) J(ean) Bazin à Nantes 1779 Dragon »  Le Dragon est le nom d’une corvette construite à Nantes en 1779 , dont l’histoire est mouvementée.  La corvette était percée  pour 20 canons et 4  pierriers.  Quant à  la cloche signée Bazin, sans le  battant, elle pesait  18 kgs, soit  10 kgs de moins que le poids normal des  cloches. Aussi bien le pierrier que la cloche imparfaite finirent donc en lest du Dragon.Mais les Anglais le capturèrent et en firent un  bâtiment corsaire  qui fut  capturé dans la Manche en 1781 par la Marine royale. En 1782, le bâtiment se trouve à Brest, où il faut supposer que cloche et pierrier  ont été remisés. Le 11 décembre 1787, il quittera Brest pour Saint-Domingue où les Anglais l’attaqueront. Son épave sera  fouillée par le Musée de la Marine et par François Gendron.
  Le scénario qu’on peut imaginer est le suivant : en 1779,  à Nantes (et non à Brest),   Bazin fond le canon et  la cloche pour le Dragon. En 1782, le Dragon, redevenu français,  se trouve à Brest, où il faut supposer que cloche et pierrier  sont remisés. En 1785,  le Comte d’Hector les  fournit en lest  à  Lapérouse. C’est sur la faille du récif, que le pierrier a été trouvé. , tandis que la cloche fut rapportée par Dillon,   Elle a pu être mise dans  le reste du lest avec le pierrier,  à l’arrière d’un bâtiment.  

Les curieux  pourront consulter, pour  la fin du voyage,dans  le cahier  annuel 1  2015 de la SAEL , Société Archéologique  d’Eure-et-Loir,  un article de l’auteur de ces lignes,  reprenant un article  de son  blog  coldcase28.blogspot.fr.




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