vendredi 9 septembre 2016

Débarrassez-vous d'une idée fausse:Catulle, le poète de l'amour, n'est pas né à Vérone!

Débarrasez-vous d’une idée fausse : Catulle, le poète de l’amour, n’est pas né à Vérone !
Les homonymies sont trompeuses. Au XVIIe siècle, on attribua à Catulle le lac de Garde au nord de l’Italie (Gargano en italien) alors qu’il s’agissait des deux plus grands lacs de l’Italie du sud, dont l’un s’appelle pareillement  en français   le lac de Garde, Gargano en italien.
Dans le poème 4, Catulle donne la parole à l’épave d’une goêlette (phaseolus) échouée dans un lac, le lac de Garde ,Garde(Gargano) du nord , a-t-on supposé à tort. Mais ce yacht, nous dit le poète ou plutôt le bateau lui-même, « de la mer la plus éloignée, vint jusqu’à ce lac limpide ».Or, le lac de Garde, non plus qu’aucun lac du nord, acne communique avec la mer Adriatique. En revanche, dans l’Italie du sud, certains des plus grands lacs, communiquent avec cette mer. Dans le Parc National du Gargano (de Garde), existent deux lacs qui sont les plus grands d’Italie du sud, le lac de Lesino et le lac de Varano, qui sont en réalité des lagunes. Les deux lagons sont séparés de la mer par une langue de terre boisée communiquent par des chenaux avec la mer Adriatique. Les détritus et alluvions diverses ralentissent le cours du courant de ce chenal, un seul à date ancienne, qui se serait scindée en deux au Moyen Age avec les apports alluviaux. La colonie ancienne se nommait Unia (de Venia, la grâce) sur le lac de Lesino , près de la passe, et le cours d’eau s’appelait l’Uniello, dérivé de  Unia. Cela fait partie de la région des Abruzzes etdes Marrucini, avec des temples dédiés à Mars et à l’agriculture, Rodi Garganico, Rignano Garganico et San Giovanni Rotundo, le nom du Mars ancien étant Rudianus (qui donne Rodi, Rignano et même Rotundo).Exit Brixia, Mella, Cycnus.  
Penchons-nous maintenant squr un passage très obscur de 67, vers 32 et suivants , qu’on a voulu à toute force rattacher à Vérone et au lac de Garde du Nord, donc à Brixia que le  fleuve (flumen) Mella (masculin !) traverserait selon le poète, alors que dans la réalité c’est le Garcia qui  traverse Brixia et que ce n’est qu’un ruisseau ; On a inventé  que la colonie Brescia aurait fondé Vérone, la ville natale supposée du poète et l’observatoire de Cycnus, inconnu par ailleurs. Le responsable de toutes ces inventions est  l’éditeur Vossius. Voici les3 vers de l’édition Budé restitués par Vossius :
Brixia, Cycneae supposita speculae
Flavus quam molli percurrit flumine  Mella,
Brixia Veronae mater amata meae,
que l’on traduit ainsi : « Brescia, assise au pied de l’observatoire de Cycnus, la ville que le jaune Mella parcourt de ses eaux indolentes, Brescia, mère bien aimée de ma Vérone. »
 Je restitue :
Unia , Lecineae (manuscrit chinea)  supposita lagunae (manuscrit specula)
Flavus quam molli percurrit lumine Uniello (lumine au sens de chenal, ouverture, molli au sens d’encombré par les alluvions, donc peu rapide)
Unia , Varanae  mater amata meae.
Je traduis ainsi : Ville d’Unia,  au fond du lagon de Lesino, ville d’Unia,  toi  que l’Uniello doré parcourt grâce à son indolent chenal, Unia, mère de ma bien aimée Vérone (de mon bien aimé Varano).
                              Autres remarques sur le texte.
La religion de Catulle : le poème 62.
Il s’agit peut-être d’un poème isiaque qui fut adopté dans les cérémonies officielles de la religion. Faut-il en rapprocher le poème 61  sur le mariage ?
Le poème 63,  lui, oppose la cruauté des rites de Cybèle.

La discontinuité apparente  de certains poèmes : l’hommage de Catulle à  César  en 44 av . J. –C.
Même si Catulle s’inspire aussi d’un poème alexandrin de Callimaque, La boucle volée, la chevelure de Bérénice dans le poème 64 est une allusion à la comète qui apparut à la mort de César.  Suétone, 88: «  aux jeux que, pour la première fois,  célébrait après l’apothéose de César en son honneur son héritier Auguste, une comète brilla pendant sept jours de suite » .En avril - 44,  7 étoiles brillent pendant 7 jours sous le nom de Berenices Caesaries, la chevelure de Bérénice. Pour le peuple, c’était la preuve de sa divinité, nous dit encore Suétone. Catulle nous dit que l’assassinat de César a fait que les dieux ne daignent plus visiter nos assemblées et qu’ils ne se laissent plus apercevoir en plein jour, lumine claro, vers 408, entendons qu’ils apparaissent seulement de nuit sous la forme de la comète.
L’épithalame de Thétis permet à Catulle d’opposer Ariane à Bérénice.
Notes  sur les manuscrits  de Catulle.
Le manuscrit et l’édition de Corradino.
 Dans le passé il y eut ce qu’on doit appeler des  dénis  de manuscrits de Catulle : d’abord celui du manuscrit trouvé à Venise, puis arrivé à Rome et dont le texte  fut publié en 1738 par le Vénitien Corradino  sous le titre C. Valerius Catullus in integrum restitutus, ex manuscripto nuper Romae reperto, Venise,  petit in- folio et republié par Coustelier dans son Catulle, Leyde (Paris en réalité) en 1743, in- 12, Catullus , Tibullus et Propertius pristino nitori restituti: accedunt fragmenta Corn. Gall. (Cura et studio Nicolaï Lenglet Dufresnoy), 3 tomes en un vol., puis en 1747 à Leyde (Paris), en 1749 (Londres) , en 1754 chez Barbou dit Lenormand, Paris, in-12, en 1779 (Birmingham), en 1794 (Parme).Toute une polémique éclata : le malheureux Corradino fut traité de faussaire et d’imposteur pour avoir publié des leçons différaient  de la vulgate et qui venaient de son très ancien manuscrit,  transporté de Venise à Rome . On en a rejeté, avec beaucoup de hargne,  l’authenticité, car Jean- François Corradino dell‘Aglio était fort mal vu des érudits presque tous catholiques de son temps. Au surplus, le poète de l’amour, le chantre de Lesbie qu’était Catulle avait fort mauvaise presse aux yeux des catholiques qui ne voyaient pas en Lesbie  une référence à la poétesse Sapphô,  auteur comme elle de vers, Grâce à Google Books et à la Bodléïenne d‘Oxford, j’ai pu consulter une édition de 1754 qui donne les leçons  contestées de Corradino. Son apparat critique est intéressant et j’ai pu récupérer au moins 3 vers et 3 beaux poèmes absents de l’édition Budé, et je  fais remarquer qu’il y a à récupérer des leçons intéressantes dans cette édition décriée malhonnêtement, voire de nombreux vers absents chez Budé et remplacés par des points, par exemple dans le poème 61, le chant de noces.
L’édition Thomson.
  L’édition qui fait autorité aujourd’hui est, comme toujours, une édition anglaise, celle donnée en 2003 par D. F.S. Thomson, Catullus, 578 p.  Il a consulté 129 manuscrits, mais pas l’édition publiée par Corradino et ses épigones, fondée sur un manuscrit vénitien devenu  romain dès l’époque de Corradino . A noter une variante Nonacrios, mont d’Arcadie,  64, 288, donnée par Corradino et indiquée par Thomson comme « R², manu recentiore » (il a collationné  les éditions de 1472 à Venise [édition de Spira] à 1535).
Le fameux manuscrit  Corradino est donc identique au non moins célèbre manuscrit romain datant de 1390 (et non du XV e siècle comme indiqué dans Budé) découvert  au Vatican par un Américain en 1896, W. G. Hale, puis étudié par  R. L. Ullman . Ce dernier  a montré que ce manuscrit avait été connu de Achille Statius [ le codex Maffeianus ] et utilisé pour son édition de 1566 dont Scaliger s‘est inspiré.  Ce manuscrit a toujours curieusement créé polémique, que ce soit au temps de Corradino ou au temps de Hale, provoquant un déni de manuscrit remarquable .A noter l’efficacité des méthodes paléographiques puisque Thomson, ignorant pourtant  l’origine vénitienne de son manuscrit romain puisqu’il négligeait  Corradino,  déduit cependant de certaines graphies qu’il a été rédigé par un Vénitien…
3 poèmes absents de l’édition Budé.
Lafaye a supprimé les poèmes 18, 19 et 20 de son  édition. Or, il déclare,  p.99,  le 18 authentique avec une correction de Bücheler (lege) car il est cité par Terentius Maurus qui en évoque d’autres du même style priapéïen, comme le fait aussi Nonnius Marcellus. J’ai pu récupérer ce poème et deux autres dans l’édition du Codex Corradino et dans l’édition Nisard, rangés chez Nisard à leur place traditionnelle.
Remarques sur quelques autres  passages des poèmes 63, 64 et 65-66.
  Poème 63 :
Dans le poème d’Athis (63) ,
-vers 14, le manuscrit Corradino porte:
Alienaque, exules, ite pede loca celeri,
Aliena que se retrouvant dans , que étant à corriger en quae ;
Ce qui est mieux que la vulgate:
Aliena quae petentes, velut exules loca,
où le velut est gênant. Dans l’apparat de Lafaye, on a comme chez Corradino et comme dans V celeri  après loca. Allez, exilés, d’un pîed léger sur des terres étrangères !
-vers 70, la traduction Lafaye est illogique:  « Moi, habiter sur l’Ida verdoyant des lieux glacés, recouverts de neige? » Certes, en été, l’Ida est verdoyant (63, 30 : Viridem Idam), mais non en hiver, même si l’on a supposé que l’enneigement était partiel. Viridis me semble  un nominatif appliqué à Athis plutôt qu‘un génitif se rapportant à Idae et une des épithètes rituelles  indiquées par James George Frazer, Le rameau d’or, Atys et Osiris, coll. Bouquins, p.390 appliquées au dieu, «  le très fécond »   « l‘ épi vert des blés moissonnés », celui dont tout doit renaître, appliquée au néophyte sous la forme abrégée viridis. Il s‘agit d‘un oxymore : « Moi, alors que je suis l‘épi vert des blés moissonnés ( on pourrait utiliser le souvenir superstitieux d’Osiris persistant aujourd’hui et risquer) :Moi qui suis l’atys aux doigts verts , habiter ces lieux glacés recouverts d’un manteau de neige? » Cf. Isis,  « Créatrice de la verdure », « Verte déesse, dont la couleur verte est semblable à la verdure de la terre », p. 472, les deux religions étant proches, voire confondues avec le christianisme également comme le montre (p. 416) l’épiclèse d’Osiris Ounnefer, l’être bon traduit par  Comme Hepding dans son Attis, p.140, Frazer pense à juste titre (op. cit., p.659) que le Atys du poème n’est pas le héros légendaire, mais l’un de ses prêtres ordinaires de Rome qui portait le nom du dieu Atys et imitait ses souffrances. « Ainsi interprété, ajoute Frazer, le poème gagne beaucoup en force et en pathétique. Les souffrances réelles de nos semblables (le prêtre et l’amoureux) nous touchent de plus près que les douleurs imaginaires des dieux. » Le néophyte quitte Rome dans les transes avec ses compagnons pour le temple de Cybèle en Mysie dans la chaîne de l’Ida pour s’y livrer au sacerdoce, à ses mutilations et à ses jeûnes solennels (sine Cerere, v.36), car il leur était alors défendu de manger du grain de blé et des racines de légumes. « Le tumulte et l’émotion une fois calmées et l’homme revenu à lui, le sacrifice irrévocable était sans doute souvent suivi de plaintes amères et de regrets, nous dit Frazer, p.388.Catulle  a décrit dans un poème célèbre ce retour des sentiments humains si naturels après les accès effrénés d’une religion fanatique. » Mais ce sont les trois derniers vers qui donnent peut-être le sens du poème, sa morale: l’amour-passion est pareil à la transe religieuse; puisse Cybèle épargner au poète ses fureurs, ses regrets et ses souffrances! Le poème , en reprenant un thème religieux et amoureux à la mode (Cf.95, le poème de C. Cinna Helvius sur la Vénus de Paphos Isis et la mère d’Adonis Zmyrna) , lui donne une valeur allégorique personnelle ,  évoquant une possibilité que redoute” le fou de Lesbia”  : il risque de ressentir , par suite de sa haine contre Lesbia, une haine extrême contre Vénus, v. 17 Veneris nimio odio et ses conséquences : l’esclavage de Cybèle. Toutefois cette interprétation peut être mauvaise car Cybèle et Isis sont identiques et le poète se réclame d‘une obéissance à Cybèle qui devrait lui épargner la punition infligée à Athys par la Grande Déesse..

Poème 64 :
V. 35 : lire Cieros, comme Thomson,  et non Scyros qui est ridicule. Cieros est le nom d’une ville près de Pharsale.
V. 23b : compléter comme Thomson :iterum, salvete, bonarum : « salut (à ses contemporains qui vivent à  l’âge d’or sous César) , une nouvelle fois, ,brave descendance de braves mères! »
2) Le vers donné par le seul Codex Corradinio (poème 64, après 235) :
Lucidaque splendent summi carchesia  mali
était placé en un passage où Muret et Bergk (ce dernier cité par Lafaye mais au vers 253 ) avaient déjà soupçonné une lacune. Or, Lafaye classe apocryphe (p. 100) ce vers pourtant cité par Nonnius Marcellus. Isidore de Séville, Origines, 19, 2, 1 et Lucain, Scolies, 5, 418, attribuent par erreur à Cinna des vers très semblables. Je traduis : (Pélée évoque la voile blanche que son fils devra arborer à son retour) je veux que des drisses solides hissent des voiles blanches
 et que resplendissent , éclatantes, au sommet du mât,  les hunes.
Ce très beau vers claque au vent.
V.  227. Dans Budé, p. 100, classé apocryphe, on trouve une remarque d‘une scolie véronaise sur l‘Enéide à propos du genre masculin ou féminin du mot carbasus employé par Catulle. En l‘occurrence, Catulle dans le poème des noces de Thétis et de Pélée emploie le mot au féminin (64, 227).
V. 287 (Tempe …) Haemonisin (datif grec poétique de Haemonia ) linquens claris celebranda choreis
A corriger : Naiasin est une correction de Haupt au lieu de mimosim, donné par V, claris  une correction de  Ald. au lieu de doris, donné par V et de coreis donné par m.
Non vacuos (nominatif pour vacuus comme  chez Corradino), au lieu de
nonacrios donné par R²m’ ou nonacrias donné par G² et l’édition romaine. .
(Pénée) abandonnant les verdoyants vallons de  Tempé  aux chœurs sonores de l’Hémonie (la Thessalie et n’arrivant pas  les mains vides.
V.390-391: à supprimer ici (Bacchus n’a rien à voir avec Apollon)  et à replacer après 253 où il y avait précisément une lacune signalée qui rendait le texte illogique. De plus, le manuscrit d’Oxford, datant de 1360, porte au vers 253 Thyiadas (au sens de Ménades) qui est le premier mot du vers 390 si on inverse les deux vers comme Thomson.
Deux autres vers cités par  Corradino (68, vers 47 et 48, mais à replacer selon moi en 64 après le vers  364 (le tombeau d’Achille):
Vivat in ore hominum plus uno clarior aevo
Omnibus inque locis celebretur fama sepulti
  Le premier vers est le seul à nouveau à être cité par le Codex Corradino ; le second était déjà connu de Scaliger : « Que ce tertre vive dans la bouche des hommes et continue à être illustre plus longtemps qu’une vie d’homme et que dans tous les lieux soit célébrée la renommée de celui qui a été enseveli (Achille) ».
390-391 : à supprimer car ces 2 vers se rapportent aux Thyades de Bacchus et n’ont rien à voir avec Apollon. Il faut les replacer après  le vers 254, ce qui comble la lacune.

Un passage obscur : le poème 66 et  les vers 52 sqq.
 ( Memnonis         aethiops (correction de aethiopi sUnigena impellens nutantibusaera pennis) Obtulit Arsinoe obeliscou s ales equos (nominatif)
(le jumeau éthiopien de Memmnon fendant l’air du battement de ses  ailes) s’offrit à ma vue, lui ,  l’ibis, le messager ailé du temple d’Alexandrie dédié à la déesse Arsinoé .
La vulgate donne elocridicos corrigé parfois en chloridos, le manuscrit Corradino locricos. Bentley a corrigé en Locridos, la Locrienne. Je corrige en obelisci, génitif de obelicos.   
Le jumeau est un oiseau qui fait partie du mythe solaire de Memnon. Voici ce qu’en rapporte Ovide (Métamorphoses, XIII, 600-628): (la déesse Aurore demande à Jupiter que le maître des dieux apaise son chagrin causé par la mort de son fils Memnon tué par Achille  en lui conférant l‘immortalité et celui-ci exauce son vœu  au moment où ) « le bûcher de Memnon, grandi par les hautes flammes, s’écroula, où des tourbillons de sombre fumée obscurcirent le jour, comme aux heures où, des fleuves, montent les brouillards formés par leurs eaux et que le soleil ne peut percer. Les cendres noires s’envolent, s’agglomèrent en une masse unique, qui prend consistance et forme, et tire du feu chaleur et vie; leur légèreté en fit un être ailé, tout d’abord semblable à un oiseau, bientôt oiseau véritable, aux plumes bruissantes, au bruit desquelles (allusion au son qui s’échappait du colosse de Memnon lorsque l’Aurore aux doigts de roses le touchait de ses rayons) répondit celui des ailes d’innombrables oiseaux, ses frères, nés comme lui et de même origine (unigena). Trois fois ils font le tour du bûcher , et dans les airs , à l’unisson, montent trois fois leurs cris; au quatrième vol, ils se divisent en deux camps; alors les deux groupes,  s’élançant chacun de son côté,  combattent avec acharnement; à coups de bec et,  de leurs ongles recourbés, ils assouvissent leur colère; leurs ailes se fatiguent au choc contre la poitrine de l’adversaire; leurs corps, apparentés à la cendre ensevelie, tombent, vraies victimes funéraires, et ils se rappellent (Mnemon en grec) qu’un héros valeureux leur avait donné naissance. On donna son nom à ces êtres ailés, soudainement apparus .Appelés, à cause de lui, Memnonides, lorsque le Soleil a achevé le cycle des douze signes du zodiaque, condamnés à mourir, avec les cris des jours de deuil, ils se livrent à cette lutte. » Memnon, à la demande de sa mère, a obtenu l’immortalité, mais sous la forme de cet Eternel Retour à date fixe. Cette fête des Parentalia , avec jeux funèbres de gladiateurs , se passait à l’équinoxe de printemps .  Elle était célébrée pour tous  les  morts  et avaient lieu en mars (On doit lire Marte, semble-t-il, dans le texte). Memnon est rapproché,. Callimaque semble l‘appuyer par l’emploi de gnotos , demi-frère , et qualifie ses ailes de balia, rapides, faisant allusion ainsi à Balios,  le cheval d‘Achille, offert par Poseidon en cadeau de noces au mariage de Thétis et de Pélée et qui était le fils de Zéphyr et d‘une Harpye.
Callimaque  avait osé comparer le mont Athos, croit-on par contresens,  à une broche d’Arsinoé, bouporos Arsines, servant à rattacher ses cheveux et à les orner, en réalité à l’obélisque du temple d’Alexandrie dédié à la déesse Arsinoè.  Cette prétendue  broche d’Arsinoé est élucidée aujourd’hui grâce à un scoliaste de Callimaque qui nous a appris que le mot bouporos de Callimaque, -étymologiquement une broche à transpercer complètement un bœuf,  une longue tige de fer, - désigne chez Callimaque  un obélisque égyptien ainsi nommé à cause de sa forme avec,  à son sommet,  le pyramidion doré sur lequel se réverbèrent les rayons du soleil naissant. Le mont Athos doré par le soleil naissant est comparé par Callimaque à l’obélisque  d’Alexandrie dédié à la déesse Arsinoé, la déesse et non les femmes portant ce nom en l’honneur de la déesse.  L’obélisque d’Alexandrie dédié à la déesse Arsinoé (veru arsineum) devant le temple d’Arsinoè resté inachevé a été signalé par Frazer, Ptolemaïc Alexandria, JHS, 2, 104, et  cité par Anthony W. Bulloch,dans Images and idéologies (dans le monde hellénistique), 1994, où l‘on peut  lire (sur le Net ) un excellent chapitre sur les fragments conservés  de Callimaque intéressant son poème La Boucle de Bérénice .
Le mot arsineum  cité par Pline l’Ancien, 36, 68, sous la forme  arsenoeum (Gaffiot), rectifiée aujourd‘hui en arsineum,  désigne  un temple élevé par Polémée Philadelphe à sa « sœur »   Arsinoé  avec, au devant, un obélisque,  dont le nom est (veru) arsineum. La boucle se lamente d‘avoir été coupée.  « Mais qui prétendrait pouvoir rivaliser avec le  fer? Elle a é&té abattue  aussi, cette montagne, la plus haute que franchisse sur terre la fille resplendissante de Thia [l’Aurore] , lorsque les Mèdes engendrèrent une mer nouvelle et qu’une jeunesse barbare vogua en plein milieu de l’Athos »,  qui est  comparé à l’obélisque d’ Arsinoé [illuminé à son sommet par les rayons de l’Aurore].
Vers 93 du poème 66. : au lieu de la correction corruerint  suivi de utinam de Budé, il faut reprendre la leçon iterent de Corradino et autres  :
 Sidera cur iterent? Iterum coma regia fiam!
 « Pourquoi les astres, eux, pourraient-ils  reprendre (potentiel) leur position (allusion à l’éternel retour : Apollon retourne tous les 19 ans chez les Hyperboréens, car c’est la période au bout de laquelle les astres ont accompli une révolution complète et sont revenus dans la même position) !Ah! si, moi, je pouvais reprendre ma place dans la chevelure de ma reine (optatif) !  Ah! Si Orion pouvait rebrousser chemin et briller à nouveau à côté du Verseau! (Regret, irréel du présent, vœu que le monde s‘engloutisse dans un cataclysme cosmique