mercredi 27 décembre 2017

LE PARATONNERRE DE LAPEROUSE

LE PARATONNERRE DE LAPEROUSE
Dans le Journal de bord d'Albi , hiver2017, n°74, je lis un article de Colombié sur le le paratonnerre de la Boussole , qui cite Le Roy, lequel note en 1784 qu’il serait nécessaire  de disposer de plusieurs paratonnerres par bâtiment: un sur le grand mât , l’autre sur le mât de misaine . Il proposait de lui faire suivre l’un des galhaubans du mât, -le galhauban étant une longue corde qui, partant du haut d’un mât, descend jusqu’au côté du bateau. Il s’agit de faire arriver à la mer une chaîne métallique composée de chaînons de cuivre rouge reliés par un anneau. Or, au  chapitre Ier de son  Journal , Lapérouse précise e que « l’Astrolabe n’avait pas de paratonnerre, mais eut comme la Boussole , qui en portait un, le feu de Saint-Elme sur la pointe de son mât. »Colombié ne s’étend pas malheureusement s sur le sens de la phrase de Lapérouse: l'Astrolabe avait-elle un ou plusieurs  chaînes de paratonnerre en cale ,mais sans l'avoir installée .
 Conan indique que 23 éléments de chaîne de paratonnerre ont été repêchés à Vanikoro, tant sur le site de la faille , réputé par lui être celui de la Boussole, pour moi celui du bateau de secours ,que sur celui de la Fausse Passe , que tout le monde  s’accorde pour être celui de l’Astrolabe.Or, de deux choses l’une : si l’expédition n’avait qu’un paratonnerre sur la Boussole, on ne devrait  en retrouver logiquement de restes que sur l’épave de la Boussole, donc pour Conan , sur le seul site de la faille du récif, -pour moi  au tombant du récif au sud-est de Vanikoro , à Makalumu, où personne n’a encore été y voir. Comment se fait-il donc que l’on trouve aussi des éléments de  paratonnerre sur le site de la Fausse passe, donc sur le site de l’Astrolabe pour Conan comme pour la Marine?

Il est vrai  qu’au musée de la Marine on pouvait voir, dans une vitrine,  l’inscription : « Fragments du paratonnerre de l’Astrolabe.  » 
 Je pense que l’Astrolabe devait avoir aussi un paratonnerre, mais qu’elle ne le portait pas à son mât,parce que de Langle le tenait pour inutile, ayant vu près de Sainte-Catherine le mât de la Boussole avec son paratonnerre paré d'autant de feux que son propre bâtiment.. Par conséquent, il est impossible (comme pour les meules à grain qui,existaient, bien entendu , à bord de chaque bâtiment) d’y voir sérieusement un indice en faveur de la présence de l'épave de la Boussole
  Sur le bateau de secours,fabriqué à partir des éléments de l’Astrolabe,et échoué , selon moi,  sur le site de la fausse passe , la présence d’éléments de paratonnerre s’explique très bien par la récupération d’éléments sur l’Astrolabe

mardi 19 décembre 2017

JEANNE D’ARC ET LE SANG DES MALOISEL, nom de grand-mère maternelle.

                 JEANNE D’ARC ET LE SANG DES MALOISEL
Quel fut le nom de famille de Jeanne la Lorraine ? Dans Jeanne, dite Jeanne d’Arc, de Henri Guillemin, on peut lire que Jeanne, en son procès, dit qu’ »en son pays on l’appelait Jeannette et que, « venue en France, on l’appela  Jeanne. » Quand Cauchon lui demande son nom de famille, elle répond qu’ « elle n’en sait rien ».Jeanne, interrogée, précisera  qu’au village  on appelait  parfois son père Tarc, ou Darc(q) ou Dare ; « Son père était nommé Jacques Tarc. »La pièce connue  sous le nom de « manuscrit d’Orléans » porte ceci : Jeanne, « fille d’un laboureur (au sens de propriétaire rural] nommé Jacques Tart » .Les secrétaires royaux, dans les lettres d’anoblissement, opteront pour Day (à prononcer dailli). Le nom de son oncle Durand comme celui de l’épée Durandal, est l’altération de Thuringe.
  Les frères de Jeanne : Pierre  avait obtenu, en 1453, du duc d’Orléans un modeste cadeau, l’exploitation (fourrages) de l’île -aux- Bœufs, près d’Orléans ; Jean, anobli comme Jeanne,  et qui a le droit de s’appeler désormais Du Lys, se désignera  lui-même plus tard comme Dalie, -ses descendants signeront de Dallye, -qui avait pu  décrocher d’abord le poste enviable de bailli du Vermandois, avait été rétrogradé, devenant prévot de Vaucouleurs. Jeanne d’Arc, appellation fictive, conclut  P. Guillemin.
Est-elle la « bonne lorraine »dont parlera Villon ? A strictement parler, non, Jeanne n’est pas une fille fde lorraine ; au XVe siècle, la lorraine relève du saint Empire romain germanique, dont la Meuse trace ici  la frontière. Jeanne st née sur l’autre rive, pas en lorraine, mais en Barrois. Et ni son  père, champenois, semble-t-il, ni sa mère, -Zabillet, -qui est de Vouthon, en pays de Bar, ne sont lorrains.. » « Lorsque Jeanne dit « la France », il ne s’agit pas de l’hexagone actuel. Non seulement, quittant Vaucouleurs, c’est vers »la France » qu’elle se dirige (elle ne s’estime en France, ni à Vaucouleurs, ni à Domrémy), mais lorsque le roi, à l’automne 1429, l’enverra attaquer la Charité-sur-Loire, elle dira clairement qu’elle  eût préféré « venir en France ». Pour elle, Saint-Pierre-le-Moûtier  et la Charité –sur-- Loire [Nièvre]ne sont pas non plus en France. La France, pour Jeanne, c’est l’Ile –de- France., autrement dit cette province qui a paris  pour capitale et qui  englobe les territoires formant aujourd’hui, outre la périphérie parisienne, les départements de l’Aisne, de l’Oise,de Seine-et-Marne et une partie de la Somme . Consultons une carte  où sont indiquées les limites du « royaume de France » au XVe siècle. En font partie l’Artois au nord, la Normandie au nord-ouest, la Bretagne, le Maine, l’Anjou, le Poitou et la Saintonge à l’ouest, la Guyenne au sud-ouest, le Berry et l’Auvergne au centre,le Languedoc au sud, la Champagne, la Bourgogne et le Dauphiné. N’en font pas partie la Lorraine, la Franche-Comté, la Bresse, pas plus que la Savoie et la Provence. Ni Cambrai, ni Metz, ni Besançon, ni Marseille ne relèvent de la couronne française. Toutes ces régions –là appartiennent à l’Empire romain- germanique ;Maon est une ville- frontière. »
Toutefois, le nom de la Lorraine vient de lotharingie, le royaume de Lothaire et divers noms comme Darche, Darc,  , Dalie , Darclais ou par métathèse lisdark , darklis viennent de listhariki, de Lotsatingie.En somme,d’Arc est une apocope de Darclais et  les Darclais de Normandie  sont alliés aux Maloisel,-le nom de ma grand-mère maternelle ; aussi est-ce que je cite ci-après, d’après la brochure de mon lointain cousin décédé A.  F. P. Maloisel les textes qui illustrent cette parenté, le sang de la Sainte coulant aussi dans les veines des Maloisel. On peut tenter de remonter au frère de Jeanne d’Arc, Jean,  venu en Normandie vers 1460.
Généalogie de la maison d’Arclais, par le Cdt d’Audeteau, Vannes, 1912, in-4°, 502 p.
Au pays virois, mars-avril1927 : biographie du Commandant Louis d’Audeteau par M .  Marsille, président de la société polymatique de Vannes. . né en 1854, à Fontenay-le-Comte, militaire de carrière, e Commandant a effectué  des recherches sur sa famille et possédait de nombreux documents.
Archives départementales du Calvados, série E ; don Le Court, 1922 : lettre  adressée  vraisemblablement au commandant Le Court par le commandant d’Audeteau et concernant la recherche du sang de Jeanne d’arc en Normandie, extraits :17 avril 19+13, Vannes,
« Monsieur,
J’ai mis à jour une étude que je crois assez complète sur la maison d’Arclais, dont je possède ce que la révolution a  laissé subsister du considérable chartrier de Montamy (près de Vire, Calvados). Je suis bien moins surpris , par contre, qu’il y ait un lien rattachant les d’Arclais à la Pucelle et , si les Maloisel sont bien du sang de la sainte, il est clair que ce lien existe puisque, en effet,Françoise Guillard, femme de Jean –Joseph d’Arclais qu’elle a épousé le 21 décembre 1701 dans l’église Saint-Pierre de Caën, est fille d’une Maloisel ,Afemme de Didier Guillard.  »
Signé d’Audeteau



vendredi 15 décembre 2017

lLes noms de Tjibaou (tribu de Tiendanit) et de Thiéou (tribu de Oué Hava) ?

  D’où viennent les  noms  de Tjibaou  (tribu de Tiendanit) et de Thiéou (tribu de Oué Hava) ?
 La tribu isolée de Tiendanit
 Ma mère étant née à Tipindjé et connaissant Ty Venceslas, chef de Tiendanit et   père de Tjibaou, il était naturel que je m’intéresse à cette tribu  voisine. Remarquons d’abord que ceux qui parlent pamale comme les gens de Tiendanit sont indépendants de toute chefferie : faute de le savoir, le conseil coutumier et Gabriel Païta, son président, se sont attirés de sérieux ennuis, cf. Le livre  G. Païta témoignage kanak, de Cazaumayou et Decker . Ce sont les premiers et plus anciens  habitants de la Calédonie, débarqués sur un îlot du Nord, Yandé, puis émigrés jusqu’à l’embouchure de la Ti -Ouandé et enfin repoussés dans la chaîne à Tiendanit.
Leurs voisins, les  Pinjés,  ont d’abord été refoulés par les mêmes  migrants Hawekes de Pouébo (le nom de Pidjo , à la Conception, rappelle leur  victoire sur les Pinjés)  comme en témoigne le nom de Oué Hava (de oué, rivière, et de  Haweke ou Kawéke,  nom de la tribu de Papouasie d’où ils viennent,  cf. le nom du chef Kahavéke-at  avec suffixe –at de provenance )  . Oué Hava, la rivière des Haweke,   détrône l’ancien nom Tipindjé, de ti, rivière, et de Pidjé, la rivière des Pinjé.  
Les langues des  tribus catholiques  de Ouélis parlant le  pwamei et de   Tiendanit parlant  le   pwamalé et  de la tribu protestante  de Ouanache, chef Nea Galet ,  parlant  le   pwamalé  , sont des variétés dialectales du  pwamale  . Cette langue   fait partie du groupe Na-Ndene en Amérique du nord, voir une carte de la répartition linguistique américaine dans  Rivet, L’origine de l’homme.  Migrants les plus anciens d’Amérique, ils se sont installés, une fois franchi le détroit de Behring, fort haut dans le nord de l’Amérique. Le nom du  groupe linguistique Na-Ndene qui est à rapprocher du nom indigène de l’île de Santa Cruz,aux Salomon,  Ndeni, et de Ti –N’danit en Calédonie  , peuplés tous deux originellement  de cousins  proto- polynésiens originaires du littoral de l’Asie (l’homme de Kenwick datant d’environ 13000 hommes  a été rapproché des Aïnouset des Polynésiens). C’est le plus vaste des groupes linguistiques nord-américains, qui s’étend depuis la côte arctique où il est contigu des Eskimos dont il est parent jusqu’au sud du Mexique et qui comprend aussi les Tonguiens.  Tonguiens et gens de Tiendanit sont des protopolynésiens qui, d’Asie, ont passé par N’deni aux Salomons.

Quant au  pindjé,  que mon oncle parlait parfaitement, c’est une langue mourante parlée dans la haute et la basse Tipindjé, qui est à rapprocher du tipintjara en Australie (tipitjara ou mindi ou dragon, nom à rapprocher de ligura, le serpent enroulé) et du nindé parlé à Malekula au Vanuatu. Les Siningone , premiers habitants de Maré, leur sont apparentés. Le nom de  Biganda  ou Puyganda, venant de liguri, le serpent divin enroulé,  à Hienghène,  désigne également  ce redoutable dragon.  A noter que les noms de pays africains Ouganda et  Ruanda et les sites mégalithiques d’Afrique noire, par exemple, au Zimbabwé, le site de Tambacounda (anaconda, serpent), qui comprend   un monument   circulaire, ou ceux  du Niger, du Togo, du Tchad, de  Sénégambie, de Mauritanie, du Mali, de République Centrafricaine pourraient bien être apparentés.
En Australie existe la légende du mindi, python- diamant, originellement confiné sur la région côtière.  Avant le python -diamant ou plus tard le serpent arc-en-ciel, le mot mindi (de li guri) devait désigner le calmar monstrueux.
Les Pinjés ont  été refoulés par leurs cousins plus récemment arrivés, les  Hawekes papous.

Venons-en maintenant à la signification du nom de Tjibaou à Tiendanit ou de Tiéou à Oué Hava. Tjibaou  avait raison dans sa polémique avec G. Païta sur l’étymologie de son nom, voir le livre  G. Païta témoignage kanak, de Cazaumayou et Decker, p. 21,  où Gabriel Païta interprète à tort  le nom de Tjibaou comme se décomposant en ti ou tibawe =ethnonyme  peuple arrivé de la mer+ ba=peuple et we, la mer , donc Tjibaou comme l’appel lancé au peuple Ti, « ou » étant une onomatopée qui exprime l’idée du son émis en soufflant dans la conque. Après que G.  Païta, au cours d’une émission télévisée, eut rendu publique cette interprétation, Tjibaou la contesta, mais Gabriel Païta maintint ses  explications.
 En réalité, le  nom Tjibaou ou  Tjubaou , comme le nom de Tibawé, est à rapprocher du  nom tonguien désignant un chef militaire   héréditaire , dont le sens a évolué ensuite en chef religieux,comme l’atteste le nom de   Thubaou, « l’un des premiers chefs de cette île [Pangimodou près de Vavao, aux Tonga ] et que les naturels croient être parents de leurs dieux » selon Dillon, voir La malédiction Lapérouse, Journal de Dillon, p .785 , 796 et 807 et Rienzi, Océanie, tome 3 ,  sous les orthographes toubo-ou, toubou, toubo (+ hou, roi . Thubaou , tjibaou , le chef militaire -roi,  se décompose en touba , sorcier, noble, +hou, roi,  cf toubib, de l’arabe d’Algérie  thib, sorcier,  toubab,  blanc en Afrique noire.
Dans Rienri, op. cit. , p.117, le tableau des principaux chefs de Tongatabou  nous donne les noms de  Touboou pour le district de Nougalofa, et Toubou- Néafou pour le  district de Olong- Ha .  Les noms génériques de chefs ont été pris pour leur patronyme, comme toui- tonga.
Le navigateur espagnol Morillo nomme Toubou un homme âgé de Vavao, chef de la famille des Toubo, le même que celui de Cook (Journal de Dillon, op . cit. , p. 81 et 108)  . La hiérarchie était la suivante en1781 : 1 le touitonga, 2 les parents du touitonga comme Finau, son cousin ; 3  le toubou, nommé alors Mari- Wagni, beau-frère de Poulaho et oncle du  Finau, dont parle Cook, mort peu après son 3è voyage, ,Rienzi, op . cit. , , p. 81. Citons encore  les noms de Toubo- toa et de  Toubo  –tatai.  La famille des Toubo à Niokou-Lafa (Nougalofa) fut chassée par Finau  de Vavao.
Pour compléter cette constellation sémantique tonguienne, il faut rapprocher :
a)  le nom de l’île d’Opao , cher à Gabriel Païta , pour la Grande Terre, conservé à Ouvéa et datant de la première migration des Aveke en provenance de Papouasie (voir mes blogs), où le coup de glotte initial s’est amuï, de Topao, l’île indiquée aux migrants par le chef- prophète, la Calédonie, l’île du prophète ;
b) les Toupap haou terrifiants de Gauguin et de  mes amis polynésiens et les haou  de Canala en Calédonie chers à Mariotti   sont les témoins d’une évolution sémantique liée au culte des morts  et des ancêtres : toubab , chef religieux , joint à haou, roi , donc le chef -sorcier -roi des morts,  a pris le sens de fantôme persécuteur menaçant ;   
c) le mot polynésien tabou. Le nom de Tongatabou est étonnant, voir Rienzi, op.  cit. , p. 45, « Le toui -tonga ou  souverain pontife, chef suprême, est issu des dieux qui visitèrent jadis l’île de Tonga (mot qui signifierait l’est, le levant), mais on ignore s’il eut pour mère une déesse ou une femme du pays. Son titre  toui- tonga signifie chef, noble, seigneur de Tonga  [toui, cf .  ti dans le nom même de Ti-endanit , qui signifie les nobles Ndanit ou dans le nom de Tye Venceslas, le père de Tjibaou )] . Tonga a toujours été regardée comme la plus noble de ces îles et celle où,  de temps immémorial, les plus grands chefs ont tenu leur cour et où ils ont été enterrés après leur mort .  On qualifie  aussi  Tonga  d’île noble ,  mais  c’est par erreur  que,  sur plusieurs cartes,  on l’indique sous le nom de Tonga- tabou, ce dernier mot n’étant qu’une épithète qu’on y joint quelquefois. »
d) Tein-arhou en Calédonie  ou polynésien Te-ariki , au sens de chef religieux ;
d) Rienzi a justement comparé le régime tonguien à celui du shogun, maire du palais japonais près de l’empereur ou daïri , lequel shogun était  appelé anciennement koubo, équivalent phonologique de toubo, chef militaire.
Le nom du chef de Oué Hava : Tiéou, variante dialectale de Tjibaou.

Tiéou  vient de Tiébo -hou ;  le b entre deux voyelles disparaît comme dans Touho, de tubo. Ce nom seul  désigne d‘abord le chef militaire héréditaire, puis,  accompagné de hou  qui signifie roi, le chef religieux –roi  toubo (+ hou, roi) et donne  Tjibaou  , aussi bien que   Thiéou . 

vendredi 6 octobre 2017

UN COUSIN DU BUIS EUTOPEEN A VANIKORO SELON ALAIN CONAN

UN COUSIN DU BUIS EUTOPEEN A VANIKORO SELON A. CONAN
Dans une émission Thalassa (octobre 2017) en hommage à A. Conan, celui-ci a  présenté comme une trouvaille confirmant l’implantation des hommes de Lapérouse à Vanikoro le fait qu’il ait trouvé deux pieds d’une sorte de buis (il ne donne pas le nom latin), l’un à l’intérieur, dans une forêt en altitude, près d’un grand banyan entouré de roche ,appelé en bichhamar woodrose (palissandre, bois de rose) l’autre au nord-ouest à Lalé et appelé par les insulaires filomoè mara , où il identifie mara comme signifiant français, le filomoè du blanc . Selon lui, cette plante, étrangère à Vanikoro,  aurait été introduite par les hommes de Lapérouse pour soigner une maladie de peau appelée tokelau, du nom d’une île polynésienne appartenant à la Nouvelle-Zélande, e n un temps où les antibiotiques n,’existaient pas(avec les verts,nous voilà bientôt revenus à ce temps béni des écologistes). Conan avait fait cette découverte en 2010 et il y revient dans plusieurs émissions.
Selon moi, il s’agit de Sarcococca philippinensis Stapf ex Sealy, originaire des Philippines d’ où les Polynésiens l’ont importée à Vanikoro en ce qui nous concerne pour soigner le rtokelau.
 1  Le tokelau polynésien identique au chimbéré du Brésil, encore appelé cacapash shishiyoti, gogo, roña  griyé, indice  des migrations .  
Le mode de transmission de cette maladie  n’est pas complètement compris. Un contact rapproché prolongé est important mais néanmoins il n’est pas suffisant et des facteurs génétiques interviennent : il s’agit d’une hérédité principalement autosomique récessive (transmission entre individus de « pure race ») avec quelques cas de transmission autosomique dominante. Il est donc  important pour nous de remonter à l’origine. Or, l’affection est endémique en Inde (Sud) et Ceylan (Sri Lanka ) , d’où les Australiens   sont originaires. On peut suivre leur migration grâce à la maladie : en Chine du sud, en Thaïlande, aux Philippines , dans l’archipel de Malaisie et en Indonésie  (Bornéo…), en Papouasie et en Nouvelle Guinée ,: en Amérique centrale : pays de Guatémala  et ville de Guatemala , Mexique , Panama ; en Amérique  du sud :Brésil (chez les Indiens Purú- Borá) , Colombie ;  dans certaines  îles polynésiennes (à un moment  de leur histoire comme Vanikoro),   de l’océan Pacifique (ce qui prouve un métissage des Polynésiens avec les Australiens ): les  Iles Fiji (Tamana, le groupe des Lav) , les Samoa, Tokelau , la Nouvelle-Zélande (cf . les traces de boomerang et les noix de cocos fossiles qu’on y a trouvées ).
  La plante est donc liée aux Polynésiens de l’île,en particulier celle que Conan a trouvée près d’un maraé (autel de roches) abandonné, situé dans une forêt , près d’un vieux banyan ;. Mais deux rescapés de la Boussole  , l’officier Jérôme Laprise –Mouton (Mouton a été altéré en Mattew par les insulaires , de là le nom de chef Matthew qu’ils lui ont donné) et Alain Marin (dont le nom a été lu à tort Mazrin) semblent s’en être occupés,  aux yeux des Mélanésiens de l’île,  et la seconde plante trouvée à Lalié leur  est peut-être associée ainsi qu’aux Polynésiens qui étaient leurs protecteurs, comme l’indique son nom local :filimoè mara , peut-être le filimoè de Marin  .
Quatre rescapés de la Boussole.
Ecoutons  le chef de Temua à Vanikoro en 1826 : «  Quatre hommes échappèrent (au naufrage de la Boussole devant Temua) et prirent terre près d’ici en face du récif des Esprits (des Ngambé, c’est-à-dire des Blancs) : nous allions les tuer quand ils firent présent de quelque chose (une grande hache)  à notre chef qui leur sauva la vie. Ils résidèrent parmi nous (à  Temua) pendant un peu de temps, après quoi ils allèrent rejoindre leurs compagnons à Béu’u (Paukori).»
 Les rescapés du massacre du bateau de secours, le « Laborouse ». .
  Trois rescapés de la Boussole, Colignon, Laprise- Mouton et Marin  étaient sur le Laborouse, comme l’appelle le guerrier, tandis que le 4e rescapé, Roux d’Arbaud, faisait partie de ceux qui étaient préposés à la garde de  la chaloupe de secours (je l’ai  étudié avec Lavo.).  .
Les deux protégés du chef polynésien de Paiou-Paukori : le premier pilote Jérôme Laprise- Mouton et  Alain Marin
Les démêlés avec les insulaires mélanésiens  de nos deux survivants,-de rudes gaillards tous les deux, -  accompagnés du chef polynésien de Paukori et de ses hommes, sont complexes. Le nom du chef blanc,  Mouton, a été altéré par les insulaires  en Matthew  prononcé matau. Il apporte à son protecteur et  ami,  le chef polynésien de Paucori,  l’inappréciable secours des armes à feu européennes à plusieurs reprises. 
 « Allain Mazrin » ou plus exactement (erreur de lecture, la boucle finale du ayant été prise pour un z) Alain Marin, de Quimper.
Jean Guillou nous précise que l’un des deux survivant (Marin) « était mort à Paiou  et  que son corps  avait été  jeté à la mer, tandis que l’autre était parti dans une île  avec le chef qui jusque –là l’avait protégé », on devrait dire : les avait protégés.  Jean Guillou  précise  que «  ce renseignement est douteux, car, à Vanikoro, il était de coutume d’enterrer les morts et non de les livrer à la mer ». Mais la vieille tradition « océanienne » utilisait la technique du pourrissement des chairs  par immersion dans l’eau de mer. Le capitaine Dillon  nous rapporte cet usage en ces termes, p. 394 : «  quand un ennemi tombe entre les mains (des Vanikoriens),  il est tué immédiatement ; son corps est déposé dans de l’eau de mer et y est conservé jusqu’à ce que les os soient complètement dépouillés.  Le squelette est alors retiré : on gratte les os que l’on coupe de diverses manières pour former les extrémités aiguës des flèches et des lames. » L’eau boueuse et habitée des mangroves fait très bien l’affaire. Les bras et les jambes sont seuls mangés. Les autres ossements servent, une fois polis, à faire des pointes de flèches, etc.
On a montré à l’expédition Salomon, à Lalé  un morceau d’humérus de 16 cm aux deux extrémités cassées, mais non fendu dans le sens de la longueur (p. 27, bulletin de la SEHNC n°90) : appartenait-il à Marin ?  
Ce rescapé de la Boussole avec ses amis polynésiens et avec Laprise -Mouton a vécu à Lalié, de là le nom donné à la plante dont il s’occupait pour le chef polynésien : le filimoè de Marin .De là aussi la confusion dans l’esprit des insulaires sur les blancs de Vanou qui sont exclusivement Marin et Laprise- Mouton.
Le  matelot Alain  Marin, était originaire de Quimper : son  nom, se retrouve sous la forme Mara dans le nom de la tombe [entendons  le pourrissoir, le lieu de décharnement]  de Mara, de Marin,  redécouverte dans les palétuviers en 1990 par l’Association Salomon et située  sur le territoire de Tanema. Lorsque Dillon, puis Dumont d’Urville interrogèrent les indigènes polynésiens  sur le  nom mara, ils répondirent : « il a été impossible à Valiko de me donner l’origine du nom mara qu’ils assignèrent aux Français ; seulement, il dit que quand on demandait à ceux-ci d’où ils venaient, ils répondaient : Mara [France]… Avant ces deux navires, ils n’avaient jamais entendu parler des papalagui, mot qu’ils ont adopté de la race polynésienne pour désigner tous les blancs. »  Mara vient, non de marin, mais de France, Françai Le nom propre  Marin est un  paronyme de Mara (n), Français, cf le tahitien Farani.


La «  tombe » de Marin.
B. Brou raconte   qu’un  crâne et une dent, -ceux de l’in fortuné Marin, - y ont été retrouvés près d’un polissoir de basalte. Les  vainqueurs ont emporté à Lalé  certains os, l’humérus notamment,   pour les manger.

  La vie mouvementée de Laprise-Mouton et de Marin et la mort de ce dernier devant Tanema.
La tradition est très confuse dans la chronomogie.
1) «  Les marins  rescapés (du massacre du bateau de secours à Bé’eu par Makataï, savoir Mouton- Laprise et  Marin) construisirent une chaloupe   dans la baie de Saboë
2) Le bâtiment une fois  construit, Dillon rapporte que Laprise- Mouton vint dans sa chaloupe jusqu’au récif près de Dannemah et y tua le chef de ce village qui s’appelait Naourey  près de Murivai (de l’autre côté de la baie de Saboè),  alors que le chef était en train de pêcher bien tranquillement.  Matthew mit un instrument dans sa bouche (le fusil de Mouton est pris pour une sarbacane) et l’on entendit un grand bruit. Le chef Naourey  fut tué et  tomba en dehors de la pirogue et la magie du blanc empêcha qu’on ne pût retrouver son corps, emporté par des diables ou esprits.
3) Ils   s’installent  ensuite, croyant se mettre à l’abri des Mélanésiens, à Ignama.  Legoarant de Tromelin a noté : « Ces Blancs [de la Boussole, Laprise -Mouton et Marin]  s’établirent au village d’Ignama, à environ quatre milles au nord de Paiou » (environ 7 kilomètres), plus exactement à Lambé, altération de Gnambé, les deux Esprits, les deux Blancs.
4) Puis ils migrent à Lalé, altération peut-être de lambé, les blancs.  Selon une   tradition rapportée par Dumont,  ils tuèrent,  grâce à leurs armes à feu,  3 chefs et 20 hommes  en train de piller leur bateau échoué à Vanou, près de Lalé. Dumont rapporte  encore que,  selon le chef de Teanu,  un  Français  venant de Paiou avait abordé au village de  Vanou, en face du lieu où la chaloupe de Laprise- Mouton et de Marin  s’était échouée et avait tiré sur les naturels à coups de sarbacane (fusil) : il en avait tué une vingtaine.  Selon Galipaud, 5 chefs et des hommes furent tués, savoir les cinq chefs de Vanou, près de Lalé,   savoir Valeco, Oley, Amea, Feto et Tabinga, ainsi que presque tous leurs gens, une quinzaine. D’après une autre tradition, ils tuèrent  5 naturels de Vanou, dont 3 chefs et un  homme de Dennemah.  C’est une autre version du  même fait d’armes.

 5) Selon Gallipaud,  depuis Paucori,  à Béu’u (Paukouri), près de l’embouchure de la rivière des Esprits, Mouton aurait lancé des «  pierres chauffées» (boulets) et détruit l’îlot Filimoè en face d’Ignama,  où s’était réfugié le chef rival de l’allié polynésien de Mouton,  parce qu’il aurait volé à  l’ami de Matthew la femme que celui-ci convoitait.
4) Ensuite il choisit  Béu’u ou Paukori ou Paiou  comme base  de ses opérations : Paiou est  souvent décrit comme «  le lieu de résidence d’un officier ou d’un savant [Laprise- Mouton] et de son aide [Marin] qui décidèrent de rester dans l’île après le départ de leurs compagnons. »  Le camp présumé des Français prospecté par J. C. Gallipaud pourrait bien être en réalité  le lieu de résidence de Laprise -Mouton.
La défaite devant Tanema et la mort de Marin.
Selon N. S. Hefferman, dans Government station Vanikoro, à Mac Neill, Australian Museum, janvier 1926 : « Mon gardien de prison me dit que les pièces de monnaie que l’on découvre constamment au village de Tanema (ou Dennemah, près du lieu d’échouage de la Boussole) ne proviennent pas du navire de Lapérouse [la Boussole], mais d’un autre bateau [l’embarcation de Jérôme Laprise-Mouton, qui avait dû laisser sa cagnotte à bord ] qui s’est échoué peu après [un an ou deux] .

La date.
 « Deux hommes blancs restèrent après le départ de leurs compagnons. L’un (Laprise- Mouton)  était  chef (le chef Mathew, altération de son nom, Mouton, par les indigènes), l’autre un homme qui servait le  chef (Marin). Le premier (ce dernier, mauvaise traduction ?) mourut il y a  environ trois ans (en 1823) ; une demie année après (en 1824) le chef du canton où résidait l’autre homme blanc (Laprise -Mouton)  fut obligé de s’enfuir de l’île, et l’homme blanc partit avec lui ; le district qu’ils abandonnèrent se nommait Paukori (Béu’u, Pakaré). Mais nous ne savons pas ce qu’est devenue la tribu qui l’habitait alors. » 
  La date semble fausse : Dillon a-t-il altéré l’indication du lascar,  désirant montrer la légèreté de son prédécesseur d’Entrecasteaux qui selon lui,  aurait pu sauver en 1793 les deux rescapés ? Il serait plus  vraisemblable que  la mort de Marin et le départ de Laprise -Mouton aient  coïncidé avec la migration qui aboutira à Ouvéa (Loyauté ) ,  transportant  à Balade des reliques d’un  bâtiments de Lapérouse et avec  celle qui finira en Micronésie , donc entre 1789 et 1793  environ, sans doute vers  1790, à en croire  James O’Connell. De plus, le lascar Joë  dit lui-même à Dumont que les deux  blancs étaient morts il y a très longtemps
 De même, le  grand prêtre  Moembé dit  à Dumont : « Tous les blancs [du bateau de secours] qui essayèrent, plus tard, de gagner la terre furent à leur tour tués à coups de flèches, excepté deux pourtant qui se rendirent à Paiou (Béu’u, Paukori), mais n’y vécurent que quelques mois, et, peu de temps après, il se développa une maladie (le tokelau ?) qui fit périr bon nombre de naturels. » On voit que des deux blancs, l’un  avait disparu, l’autre était mort, et que le lascar ne pouvait les avoir rencontrés.
Le dernier  rescapé de la Boussole  et ses compagnons polynésiens quittèrent Vanikoro sur cette défaite de Tanema, , à bord d’une biscayenne probablement,  et émigrèrent  en Micronésie, vers Nutt et Pohnapé, puis vers Nukuoro et enfin vers  Kapingamarangi.  .
Une  trace de l’odyssée de Laprise-Mouton : l’île de Nutt en Micronésie.  
James O’Connell, dans A ressidence of eleven years in New Holland and the Caroline Islands (réédition numérique , p .201) écrit que selon ses calculs c’est  environ quarante ans (une génération ou deux) avant son arrivée en 1826, c’est-à-dire vers 1790, qu’un blanc moustachu présenta un couple de poules à un chef de Nutt. Il était arrivé sur un bâtiment à un mât. Pour moi, l’introducteur de ces volailles de Vanikoro à Nutt était Laprise-Mouton, notre rescapé.
Un autre indice : un canon fleurdelisé  trouvé à Pohnapéï.
 En lisant La Pérouse … Et après ? de Jean Guillou ,  p.137 ,   j’appris la présence  en Micronésie d’un canon fleurdelisé: après son escale à Nutt, sur le chemin de  Kapingamarangi :  l’embarcation portant le rescapé de la Boussole ,  le chef polynésien et  6  de ses hommes fut envoyée sur le récif entourant Pohnapéï par un sérieux coup de vent sur le récif et  Laprise- Mouton réussit   à sauver un canon fleurdelisé , en cuivre,    ressemblant à celui que Dillon  avait  rapporté (« un canon de 2 pouces avec fleur de lis ». Edmond Jurien de La Gravière,  dans son Voyage en chine (1854) ,  mentionne la présence  à Pohnapeï, d’après Rosamel,  d’ « un petit pierrier de bronze frappé d’une fleur de lys  » que l’amiral  supposait provenir du navire de secours construit par les rescapés de l’expédition Lapérouse ».  Un  héritier de l’amiral, Chales Jurien de La Gravière, fit  des recherches sur ce canon. Ne trouvant rien dans les papiers familiaux, il  eut l’idée de consulter les archives d’un arrière-petit-neveu de Rosamel et y découvrit le manuscrit de Joseph de Rosamel, catalogué sous le nom anglais de Pohnapeï (île de l’Ascension  prise pour l’île homonyme de l’Atlantique). J. C. Galipaud a donné, en 2005,  une excellente édition de ce manuscrit . 
En 1840, Rosamel ,  p.35 avait pris ses informations auprès du Français  Louis Corgat, qui vivait avec une Micronésienne et avait aperçu  le canon à Kiti sur l’île de Pohnapé.  « Un [des passagers] descendit à terre à la nage tenant un pierrier (bouche à feu, ancien mortier de marine) d’une main et nageant de l’autre ; il maniait cette arme comme un fusil. C’est ce pierrier ou canon de cuivre qui fut porté dans l’intérieur et taboué par les indigènes. Le capitaine Dudoit le vit en 1834 et 1835. La corvette anglaise le Larne qui vint à Bonnebey [Pohnapeï] en janvier 1838 le fit transporter à bord et l’emporta. Le canon avait eu la culasse sciée par les naturels, la chambre pouvait avoir un diamètre double de la bouche et une fleur de lys, mal gravée, était sur  le bourrelet de la culasse qui n’avait pas été enlevé. ».
 Autre trace : le nom de Kapingamarangi, nom qui signifie l’île du  Français à chapeau pointu, une « exclave » polynésienne en Micronésie.
Le chef de Paukori continua sa route avec 6 autres Polynésiens et son « captif » vers  une autre  île  de Micronésie, voisine de  Nukuoro,  nommée Kapingamarangi,  où l’on peut reconnaître le mot signifiant Français,   marangi (Farani en tahitien, altération du mot  Français, marang ou mara à Vanikoro), ka signifiant celui qui,  pinga signifiant  en forme de  courbe et faisant allusion au chapeau , au bicorne d’officier.
 Ces  îles sont les seules  « exclaves» polynésiennes en Micronésie et les linguistes rangent leur langue  dans un  sous-groupe  comprenant Ouvéa (Loyalty), Futuna du Vanuatu et Wallis et Futuna. Kapingamranangi  se trouve  dans l’Etat de  Pohnapeï dont une ville  s’appelle Palikir. Dans ce dernier toponyme  on reconnaît une forme voisine de Paukori, le nom de l’endroit de Vanikoro d’où est parti le  chef polynésien  :  Palikir  signifie le pays  du serpent (likir cf. le nom de l’île Riger) enroulé en entonnoir (comme les engyralis australis de Lifou ou les Morelia viridis de Papouasie, pythons sacrés ayant la curieuse habitude de tendre un piège aux oiseaux dont ils se nourrissent en recueillant l’eau de pluie dans une sorte d’entonnoir qu’ils forment en se lovant pour les attirer). Le nom de l’île, Nukuoro est d’ailleurs  un emploi métaphorique  du nom de ce serpent  (Nigoro),  formant un  entonnoir plein d’eau, utilisé  pour désigner un atoll avec  une  lagune circulaire au centre, comme précisément l’atoll de Nukuoro.


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 « Allain Mazrin » ou plus exactement (erreur de lecture, la boucle finale du ayant été prise pour un z) Alain Marin, de Quimper.
Jean Guillou nous précise que l’un des deux survivant (Marin) « était mort à Paiou  et  que son corps  avait été  jeté à la mer, tandis que l’autre était parti dans une île  avec le chef qui jusque –là l’avait protégé », on devrait dire : les avait protégés.  Jean Guillou  précise  que «  ce renseignement est douteux, car, à Vanikoro, il était de coutume d’enterrer les morts et non de les livrer à la mer ». Mais la vieille tradition « océanienne » utilisait la technique du pourrissement des chairs  par immersion dans l’eau de mer. Le capitaine Dillon  nous rapporte cet usage en ces termes, p. 394 : «  quand un ennemi tombe entre les mains (des Vanikoriens),  il est tué immédiatement ; son corps est déposé dans de l’eau de mer et y est conservé jusqu’à ce que les os soient complètement dépouillés.  Le squelette est alors retiré : on gratte les os que l’on coupe de diverses manières pour former les extrémités aiguës des flèches et des lames. » L’eau boueuse et habitée des mangroves fait très bien l’affaire. Les bras et les jambes sont seuls mangés. Les autres ossements servent, une fois polis, à faire des pointes de flèches, etc. On a montré à l’expédition Salomon, à Lalé  un morceau d’humérus de 16 cm aux deux extrémités cassées, mais non fendu dans le sens de la longueur (p. 27, bulletin de la SEHNC n°90) : appartenait-il à Marin ?  

Ce rescapé de la Boussole avec ses amis polynésiens et avec Laprise-Mouton a péri  devant Tanema lorsque leur chaloupe a été assaillie, puis il a été mangé. C’était le matelot Alain  Marin,   originaire de Quimper, dont le nom, estropié sous la forme Mazrin, se retrouve sous la forme Mara dans le nom de la tombe [entendons  le pourrissoir, le lieu de décharnement]  de Mara, de Marin,  redécouverte dans les palétuviers en 1990 par l’Association Salomon et située justement sur le territoire de Tanema. Lorsque Dillon, puis Dumont d’Urville interrogèrent les indigènes polynésiens  sur le  nom mara, ils répondirent : « il a été impossible à Valiko de me donner l’origine du nom mara qu’ils assignèrent aux Français ; seulement, il dit que quand on demandait à ceux-ci d’où ils venaient, ils répondaient : Mara [France]… Avant ces deux navires, ils n’avaient jamais entendu parler des papalagui, mot qu’ils ont adopté de la race polynésienne pour désigner tous les blancs. »  Mara vient, non de marin, mais de France, Françai Le nom propre  Marin est un  paronyme de Mara (n), Français, cf le tahitien Farani. B. Brou raconte   qu’un  crâne et une dent, -ceux de l’in fortuné Marin, - y ont été retrouvés près d’un polissoir de basalte. Les  vainqueurs ont emporté à Lalé  certains os, l’humérus notamment,   pour les manger. 

mercredi 4 octobre 2017

Deux fausses pistes dont celle du survivant du détroit de Torrès (à la mode) et l’origine d’une rumeur concernant les survivants de l’expédition Lapérouse.

Deux fausses pistes et l’origine d’une rumeur concernant les survivants de l’expédition Lapérouse.

1)            Une  fausse piste : le survivant du détroit de Torrès ou Endeavour channel, entre la Nouvelle-Guinée et l’Australie.
Rappelons d’abord qu’au début du XIX e siècle trois navires français voguent dans les parages de l’Australie : le Géographe et le Naturaliste de l’expédition Baudin (1801) et la Casuarina de Freycinet qui les rejoint. De plus, la traversée de ce détroit très dangereux permettait de joindre le comptoir portugais de Timor, avant-poste isolé de la civilisation occidentale et chrétienne. Il y a 10 îles au moins, au nom variable, à l’entrée du détroit :Warmwax, Bristow, Dalrymple, Rennell, Retour, Cornwallis, Talbot , Delivrance, et Murray (ce n’est  pas , malgré les apparences, un  nom d’origine anglaise) ou plutôt Mairee, ou  Merae  ou  Mer. Ajoutons Daxar, XWa ier, Tod ou Tudu (ou Warrior island au centre), Naghir, Erub ou Damley au nord-ouest de Murray,  Quoin island, Fisson, Eel Reefs , où , à la mi-1814, eut lieu le naufrage du Morning Star  avec à bord le  lascar de Calcutta  Shaik Jumaul , dit Sumoon. C’est sur Todu (altération probable du nom de Baudin) qu’on aurait aperçu une boussole  et plusieurs pistolets, -c’est donc entre Todu et Naghir que le survivant  a partagé son temps, -tandis qu’à Mairee on aurait vu 2 sabres et  des  chiens d’origine européenne .
A-T -ON  DES NOUVELLES DE M. DE LAPEROUSE  (paroles prêtées à  Louis XVI peu d’instants avant de monter à la guillotine) ?
De M. de Lapérouse  non. Mais d’un   mousse surnuméraire de l’Astrolabe, originaire de Tréguier (Côtes-d’Armor),  François Mordelle, oui, selon l’universitaire australien Garrick Hitchcock (2017): Manuscript XXXII The Final Fate of the La Pérouse Expedition?The 1818 Account of Shaik Jumaul, A Lascar Castaway in Torres Strait, The Journal of
Pacific History, DOI: 10.1080/00223344.2017.1335370, publié en ligne le 29 août 2017.
En réalité, l’affaire n’est pas nouvelle depuis l’information donnée dans son Supplément par The Madras Courrier du 29 décembre 1818. Dans Au-delà d’un naufrage, Les survivants de l’expédition Lapérouse, de Jean-Christophe Galipaud et Valérie Jauneau, mai 2012, p.226, sous le titre Les rumeurs s’intensifient, on peut lire : « avant la localisation du naufrage au sud des Salomon, d’autres récits circulent sur le  passage de survivants français de l’expédition Lapérouse  au nord de l’Australie et au nord des Salomon. Un journal anglais, publié en octobre 1819,  raconte les aventures d’un Indien contraint de vivre dans l’île de Murray, aux Torrès, après le naufrage de son bateau, l’Etoile du Matin. Pendant ce séjour forcé de plusieurs années aux côtés des insulaires, le Lascar Shaïk Djamal affirme avoir vu  des fusils, une boussole marine ,   des sabres et même une montre en or dans l’île de Todd [ou Tudu ou île du Guerrier]. L’ancien employé de la compagnie des Indes orientales parle de son expérience à l’équipage du bateau  qui vient de le secourir, la Claudine, et livre des informations détenues par les indigènes .Ils lui ont appris qu’un bateau avait naufragé près de leur île, trente ans auparavant, et que ses passagers, des Blancs, avaient été massacrés lors de leur descente à terre .Une partie de ces hommes, aux vêtements bleus, aurait fui vers une île voisine et rencontré le même sort funeste. La tradition  orale rapporte encore que seul un enfant aurait eu la vie sauve après s’être échappé à bord d ‘un canot avec deux jeunes filles .Comme dans le cas de la rumeur sur Lepaute d’Agelet, il apparaît délicat de se fier à ce témoignage qui mélange visiblement plusieurs récits  se rapportant à ce détroit redouté des navigateurs. »



Ci-dessus, l’’île Murray (photo datant de 2016 prise  par Garrick Hitchcock.



François Mordelle, de Tréguier, mousse à bord de  l'Astrolabe. serait, selon l’universitaire australien, le jeune homme échappé . En effet, les vêtements bleus peuvent être ceux d’un matelot français de l’époque,  comme ces armes dont le Lascar nous dit qu’elles n’étaient pas de type anglais. La Dépêche du Midi , le Journal de bord d’Albi (numéro 73, d’automne 2017)ont repris cette rumeur qui s’est répandue dans les médias comme  une traînée de poudre .
  Mais, parmi les autres navires français passant dans ce détroit au début du XIX e  siècle, il y a les deux navires de l’explorateur français  bien méconnu  Nicolas Baudin, le Naturaliste et le Géographe, qui nous a laissé la première carte d’ensemble de l’Australie. On pourrait alors songer, plutôt qu’à  François Mordelle, à n’importe  lequel des 17 mousses du Naturaliste, ou bien surtout, en raison du boîtier doré de montre  avec un verre démodé qui suppose un état de fortune supérieur à celui d’un simple mousse, à Timothée Armand Thomas Joseph Ambroise  Vasse, né le 27 février 1774 à Dieppe, alors âgé de 26 ans, matelot, gabier de seconde classe du Naturaliste.
Thomas Vasse.
Baudin, qui avait quitté le Havre le 19 octobre 1800, explora l'Australie à partir de  juillet 1801.  Sur Internet, on peut lire ,  à propos de Vasse « Il fut laissé pour mort au large de l’Australie le 8 juin 1801, mais aurait peut-être échappé à la noyade et survécu quelque temps sur les côtes de ce qui est aujourd’hui l’Australie occidentale selon plusieurs témoignages d’aborigènes. »  L’arrière-petit-neveu de TimothéeThomas Vasse , ancien élève de l’ENA et créateur de l’Association France- Australie  , a fait paraître en 2001 , pour le bicentenaire de l’expédition Baudin , une oeuvre initiatique somptueuse , dans la ligne du Jean Mariotti de La conquête du Séjour paisible,, mais se rapportant non plus au canaque, Poindi, mais à son propre  ancêtre métamorphosé en aborigène :  Wonnerup, La Dune sacrée qui décrit la vie de T. Vasse au sein d’une tribu australienne (« Wonnerup Vasse »  étant le nom d’un estuaire australien de l’Australie occidentale, ainsi nommé vers 1830 en l’honneur du navigateur français) .
On raconte qu’il était descendu à terre en compagnie d’autres hommes à la baie du Géographe  au sud -est de l’Australie Occidentale ,près de la ville actuelle de Busselton et du cap Leeuwin ,à des fins exploratoires , avec ses savants ; que la nuit, par vent de tempête, il voulut regagner le bord du Naturaliste . C’est alors qu’il disparut et qu’on le supposa noyé, alors que c’était un excellent nageur. Peron dans Voyage aux terres australes  (1807) écrit , p ;98 sqq.: « [le 8 juin 1801] ce qu’il y eut de plus déplorable dans ce dernier désastre,ce fut  la perte d’un des meilleurs matelots du Naturaliste.le nommé Vasse, de la ville de Dieppe.En,traîné trois fois par les vagues au moment où il cherchait à se rembarquer, il disparut au milieu d’elles sans qu’il fût possible de lui porter aucun secours, ou même de s’assurer de sa mort, tant la violence des flots était grande alors, tant l’obscurité de la nuit était profonde. Cependant, toutes les circonstances se réunissant pour rendre cette mort inévitable, aucun individu de l’expédition  ne con,servait le moindre doute à cet égard, lorsqu’un article reproduit dans tous les journaux français vint fixer l’intérêt et rappeler l’espoir dans le cœur de ses compagnons .
« On assurait danscet article qu’échappé comme par miracle à la fureur des flots, Vasse, après le dé^part des deux navires,s’était joint aux sauvages de cetyte partie de la terre de Leeuwin (le lion en hollandais, nom du navire qui le premier le découvrit),avait adopté leurs mœurs, appris leur langage , et qu’il avait ainsi passé deux ou trois ans avec eux ; puis, sans expliquer en rien la chose, on le faisait rencontrer àtrois ou quatre cent lieues dans le sud de son naufrage, par un bâtiùent américain , à bord duquel il avait été reçu, et quelque temps après arrêté par un croiseur anglais : on ajoutait même qu’il venait d’arriver en Angleterre où, contre le droit des gens,il se trouvait détenu. Quelque invraisemblable que pût être une aventure de ce genre , nous ne crûmes pas , cependant devoir, MM. Freycinet, Lesueur et moi, négliger cette rumeur publique, et nous nous empressâmes d’appeler l’attention du Ministère sur un événement qui, sous tous les rapports,aurait été d’un si grand intérêt, s’il eût été véritable ; malheureusement,cette douce erreur se trouve détruite par le résultat des recherches ordonnées à cet égard par Son Excellence le ministre de la Marine ; tous les détails de l’article concernant l’infortuné Vasse sont controuvés. »
L’objectivité doit nous amener à dire que Vasse avait à sa disposition les objets abandonnés par les savants précipitamment rembarqués en raison de la tempête : « indépendamment de la chaloupe, écrit Péron, on avait été contraint d’abandonner sur le rivage une trentaine  de fusils,beaucoup de sabres,de pistolets, deux espingoles, un baril de poudre, beaucoup de cartouches, toute la voilure de la chaloupe, tous les cordages, les tonneaux,les palans, les caliornes [gros palans]  apportés successivement pour la déséchouer, outre une petite quantité de vivres, ainsi qu’un excellent chien de chasse. »
Enfin le lieu était fréquenté à cette saison de baleines que, deux jours plus tard, Péron  aperçoit : « le 10, nous eûmes  la vue de plusieurs grosses baleines qui se jouaient au milieu des flots courroucés » et par conséquent de baleiniers américains ; Vasse avait vis-à-vis d’eux de quoi monnayer son passage avec la chaloupe,  les palans, sabres et pistolets divers. Il n’a pas attendu longtemps pour laisser les sauvages et embarquer sur ces baleiniers qui se rendaient à Coupang, sur le comptoir portugais de Timor, après avoir franchi le détroit de Torrès entre la Papouasie et l’Australie. Malheureusement pour Vasse, son baleinier fit naufrage dans l’archipel Murray de ce détroit. Il réussit à s’échapper encore une fois. Il  épousa la fille du chef de l’île de Naghir , au sud-ouest de Todd (île du Mont Ennel) et s’enfuit avec elle : ici on perd sa trace .On voit ce qu’il y avait de vrai dans l’article cité par Peron et comment l’Endeavour Channel, le chenal de l’Endeavour entre la Papouasie et l’Australie découvert par Cook et auquel on donna le nom de son bâtiment, est devenu le Channel, la Manche, par incompréhension ! 
 Le survivant du détroit de Torrès est donc , selon moi,, Vasse et n’a rien à voir avec Lapérouse. .Le boîtier doré d’une montre d’un modèle ancien aperçu à Tod peut lui avoir appartenu, ce qui est  moins étonnant que pour un mousse. De même, les deux sabres, le vêtement de laine bleue, typique des matelots français à l’époque, vus à murray , les espingoles et pistolets abandonnés par l’expédition Baudin sur la plage, la boussole laissée par les savants du naturaliste et récupérés par Vasse,  et même le chien de chasse   se sont retrouvés dans le détroit de Torrès. De même, le demi- dollar d’argent trahit la présence d’un baleinier américain et non pas la présence d’un mousse de Lapérouse.
Telle est sans doute la raison pour laquelle  Jean Guillou .dans Lapérouse …et après, Dernières nouvelles du mystère de l’Astrolabe (2011), consacré aux survivants de l’expédition Lapérouse  n’en fait pas état, alors qu’il se soucie très sérieusement du chirurgien –major de l’Astrolabe,  Simon Lavo, le seul survivant dont l’existence soit assurée dans les îles de l’Amirauté.   
2  Une autre  fausse piste, liée à la première : l’épave de Temple island au nord de  la côte oust de l’Australie.
Jean Guillou, dans Moi, Jean Guillou, second chirurgien de l’Astrolabe, s’est penché sur les restes découverts  près de Temple Island, sur le cap Pamerston , en Australie sur une côte déserte (la ville de Mackay où Jean Guillou s’est rendu en personne  n’existait pas encore), le nord de la  côte ouest ,  aperçus en 1802 par Flinders. Ce sont les restes d’une chaloupe en chêne européen, avec des trous prêts à recevoir des chevilles : les trous de chevilles dénotent que les planches ont servi à  une construction antérieure. Jean Guillou  a attribué cette épave mystérieuse à des survivants de l’expédition  Lapérouse, mais il se peut qu’elle provienne d’un baleinier américain qui, après avoir pris à son bord Vasse  et probablement récupéré  la chaloupe abandonnée par l’expédition Baudin , perdit une chaloupe sur cette côte avant de  faire  naufrage dans le détroit de Torrès ou Endeavour channel, entre la Nouvelle-Guinée et l’Australie.

3) L’origine vraisemblable de la rumeur tenace concernant Lepaute d’Agelet, astronome de la Boussole.
Dès 1795, un ouvrage anonyme, Découvertes dans la mer du Sud : Nouvelles deM. de La Peyrouse jusqu’en 1794. Traces de son passage trouvées en diverses îles de l’Océan Pacifique ; grande île peuplée d’émigrés français. Paris : Everat. Imprimeur libraire, n°3 , rue Montorgueil, près le passage de Saumon.397, 8°et la réédition de 1796 font état d’une rumeur , rapportée avec des traits invraisemblables et mensongers,concernant la découverte par un Portugais nommé de Grisalva (?) de l’astronome Lepaute d’Agelet de la Boussole,  mourant,  en une île ont on ne nous dit pas le nom, bien entendu. De Lesseps, dans son édition de 1831, Le voyage de Lapérouse, annoté par J. B. B ; de Lesseps (réédition de 2005), p .177 à 180, publie ce texte, en disant : « le document  suivant est d’une telle importance qu’on s’étonne q u’aucun des écrivains qui ont parlé du naufrage de Lapérouse, n’e n ait fait mention … Le silence des marins  sur cette relation  doit rendre circonspect celui qui paraît la citer pour la première fois .».
 Le 14 mai 1794, ils secourent Lepaute d’Agelet, mais celui-ci meurt le 24 mai 1794. Celui-ci leur raconte qu’un incendie de la Boussole le 16 mars 1792 (sic ! plutôt 1788) les oblige à descendre à terre et à abandonner le navire. Ils y restent trois mois ; ils coupent des arbres  bois pour  construire un bâtiment avec lequel ils espéraient regagner l’Europe , ce qui occasionne une rixe avec les indigènes où meurt Lapérouse. Lepaute d’Agelet avec 8 hommes s’enfuit sur une embarcation et tous sauf lui meurent de faim au bout de 18 mois sur cette terre. « Nous vîmes , écrit le Portugais, distinctement un homme qui se promenait sur la cime d’un rocher, et qui faisait des gestes pour nous appeler. » Quelle était cette île ? Il s’agit, selon moi, de Kapingamarangi, en Micronésie, nom qui signifie l’île du Français (marangi) au chapeau pointu (pinga) .  Or, -et Jean Guillou me l’avait  fait remarquer, -ce n’est qu’en 1797 que Millet- Mureau fit paraître le récit des voyages de Lapérouse, il y a donc des détails troublants qu’on ne pouvait connaître à l’époque.
La source de l’ouvrage.
Nous supposons qu’un capitaine portugais toucha Coupang à Timor,  ou bien deux comptoirs  portugais Macao , tous deux  comptoirs  portugais,  et raconta ce qu’il avait découvert en Micronésie, sur l’île Kapingamangi et sur  l’ile Pohnapeï ,savoir,  sur cette dernière , un canon fleurdelysé laissé par un rescapé de la Boussole . Les Français attribuèrent l’aventure, à Lepaute d’Agelet l’aventure, alors qu’elle revient à celui qui était connu comme le chef Mathew par  les indigènes de Vanikoro, savoir Mouton ( –Laprise)  dont le nom avait été altéré en Mathew .  
Un  indice : le canon fleurdelisé  trouvé à Pohnapéï.
 En lisant La Pérouse … Et après ? de Jean Guillou ,  p.137   j’appris la présence  en Micronésie d’un canon fleurdelisé: l’embarcation portant 8 hommes , savoir  le rescapé de la Boussole ,  le chef polynésien et  6  de ses hommes,  après son escale à Nutt, sur le chemin de  Kapingamarangi , fut envoyée par un sérieux coup de vent sur le récif entourant Pohnapéï et  Laprise-Mouton réussit   à sauver un canon fleurdelisé , en cuivre,    ressemblant à celui que Dillon  avait  rapporté (« un canon de 2 pouces avec fleur de lis ».Edmond Jurien de La Gravière,  dans son Voyage en chine (1854) ,  mentionne la présence  à Pohnapeï, d’après Rosamel,  d’ « un petit pierrier de bronze frappé d’une fleur de lys  » que l’amiral  supposait provenir du navire de secours construit par les rescapés de l’expédition Lapérouse [en réalité d’une chaloupe  de secours]».  Un  héritier de l’amiral, Charles Jurien de La Gravière, fit  des recherches sur ce canon. Ne trouvant rien dans les papiers familiaux, il  eut l’idée de consulter les archives d’un arrière-petit-neveu de Rosamel et y découvrit le manuscrit de Joseph de Rosamel, catalogué sous le nom anglais de Pohnapeï (île de l’Ascension  prise pour l’île homonyme de l’Atlantique). J. C. Galipaud a donné, en 2005,  une excellente édition de ce manuscrit. 
En 1840, Rosamel ,  p.35 , avait pris ses informations auprès du Français  Louis Corgat, qui vivait avec une Micronésienne et avait aperçu  le canon à Kiti sur l’île de Pohnapé.  « Un [des passagers] descendit à terre à la nage tenant un pierrier (bouche à feu, ancien mortier de marine) d’une main et nageant de l’autre ; il maniait cette arme comme un fusil. C’est ce pierrier ou canon de cuivre qui fut porté dans l’intérieur et taboué par les indigènes. Le capitaine Dudoit le vit en 1834 et 1835. La corvette anglaise le Larne qui vint à Bonnebey [Pohnapeï] en janvier 1838 le fit transporter à bord et l’emporta. Le canon avait eu la culasse sciée par les naturels, la chambre pouvait avoir un diamètre double de la bouche et une fleur de lys, mal gravée, était sur  le bourrelet de la culasse qui n’avait pas été enlevé. ».  Le canon fleurdelysé fut apporté à Macao, où on perd sa trace.
 Autre trace : le nom de Kapingamarangi, l’île du  Français à chapeau pointu, une « exclave » polynésienne en Micronésie.
Le chef polynésien de Vanikoro, de la tribu de Paukori , continua sa route avec 6 autres Polynésiens et son « captif » vers  une autre  île  de Micronésie, voisine de  Nukuoro,  nommée Kapingamarangi,  où l’on peut reconnaître le mot signifiant Français,   marangi (Farani en tahitien, altération du mot  Français, marang à Vanikoro), ka signifiant celui qui,  pinga signifiant  en forme de  courbe et faisant allusion au chapeau , au bicorne d’officier).
Ces  îles sont les seules  « exclaves» polynésiennes en Micronésie et les linguistes rangent leur langue  dans un  sous-groupe  comprenant Ouvéa (Loyalty), Futuna du Vanuatu et Wallis et Futuna. Kapingamranangi  se trouve  dans l’Etat de  Pohnapeï dont une ville  s’appelle Palikir. Dans ce dernier toponyme  on reconnaît une forme voisine de Paukori, le nom de l’endroit de Vanikoro d’où est parti le  chef polynésien  :  Palikir  signifie le pays  du serpent (likir cf. le nom de l’île Riger en Papouasie, où un autre survivant , Simon Lavo, trouva refuge ) enroulé en entonnoir (comme les Engyralis australis de Lifou ou les Morelia viridis de Papouasie, pythons sacrés ayant la curieuse habitude de tendre un piège aux oiseaux dont ils se nourrissent en recueillant l’eau de pluie dans une sorte d’entonnoir qu’ils forment en se lovant pour les attirer). Le nom de l’île, Nukuoro est d’ailleurs  un emploi métaphorique  du nom de ce serpent  (Nigoro),  formant un  entonnoir plein d’eau, utilisé  pour désigner un atoll avec  une  lagune circulaire au centre, comme précisément l’atoll de Nukuoro.


Les deux  rescapés de la Boussole  et ses compagnons polynésiens quittèrent Vanikoro sur une  défaite à Tanema, à bord d’une biscayenne probablement à un mât, et émigrèrent  en Micronésie, vers Nutt et Pohnapé ,précisément  Kiti où le canon a   été trouvé, puis vers Nukuoro et enfin vers  Kapingamarangi.
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Un autre  indice de l’odyssée de Laprise- Mouton : l’île de Nutt en Micronésie.
James O’Connell, dans A ressidence of eleven years in New Holland and the Caroline Islands (réédition, p .201) écrit que selon ses calculs c’est  environ quarante ans (une génération ou deux) avant son arrivée en 1826, c’est-à-dire vers 1790, qu’un blanc moustachu présenta un couple de poules européennes à un chef de Nutt. Il était arrivé sur un bâtiment à un mât. Pour moi, l’introducteur de ces volailles de Vanikoro à Nutt était Laprise- Mouton, notre rescapé.
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Un autre bâtiment européen, deux siècles plus tôt : le naufrage de la  Santa Catalina en 1595
Dans la nuit du  10 au 11 décembre 1695, la frégate Santa Catalina, de l’expédition de Mendana et Quiros , toutes voiles hissées, avec le cadavre de Mendana et les hommes d’équipage morts et décomposés pour la plupart (est-ce une généralisation à partir du cadavre de Mendana ?), échoua à Ponapé en Micronésie. Certains rescapés, des Péruviens et des femmes, selon Langdon, s’échappèrent aux îles Truk. Interrogeons O’Connell sur les restes européens qu’il a pu connaître à Ponapé.
« Le sujet d’un autre chant était une figure de poupe d’un vaisseau qui fit naufrage et qui fut conservé dans le hangar à bateaux de Nutt. C’était le buste d’une femme » auprès de laquelle on voyait  un bras brisé.    La figure de poupe  peut être celle de sainte Catherine et appartenir à la Santa Catalina ;  lorsque Rosamel écrit, p. 36 : « Il y a trois ans [en 1837], l’étrave de cette jonque existait encore dans la maison d’un chef de Métaloline,  elle a été détruite dans un incendie de cette case »,
Le  déplacement de la figure de proue depuis Kiti à Métaloline  est intervenu avant  1836, car le naufrage de la Santa Catalina s’est produit devant le port  de Ronkti, Lohd ou Rohr ou Lohn Kiti,  nom signifiant le chien (kiti) qui aboie (rohr) et renvoyant à l’anecdote rapportée par O’Connell qui évoque un chant célébrant l’aboiement d’un chien à bord d’un vaisseau européen : les chiens indigènes n’aboyaient pas, et les aboiements des chiens européens ont surpris les natifs.  Cité par les éditeurs de Joseph de Rosamel, savoir  J. C. Galipaud et Pierre de Rosamel, Hambruch parle  d’habit noir, de crucifix en or, de pièces de monnaie espagnoles en argent  et d’un cercle en argent trouvés à Métaloline et qui appartenaient à la frégate.
Conclusion.

Jérôme Mouton et  Simon Lavo (voir mes blogs pour ce dernier, celui sur Lapérouse , celui sur Lavongaïe et celui sur l’ouvrage de John Fairhead concernant le capitaine Morrell avec, en particulier  le nom du blanc qui se dit peruco, de lapérouse) sont les survivants dont l’identité et l’existence sont le mieux établies.

lundi 28 août 2017

Version 2017, reversion rectifiée :UNE CLOCHE DE FRONTEAU D’AVANT APPARTENANT A LA BOUSSOLE IDENTIFIEE GRACE A SES ARMOIRIES .

  Version 2017, rectifiée :UNE CLOCHE DE FRONTEAU D’AVANT  APPARTENANT A LA BOUSSOLE IDENTIFIEE GRACE A SES ARMOIRIES .    
A La cloche signée « Pichard », cloche du fronteau d’avant de la Boussole
Une  grande  cloche a été  retrouvée à Vanikoro, pesant 35 kilos, soit environ 69 livres,  sans le battant qui ferait 4 kilo environ : elle est  signée  PICHARD, avec deux branches de houx et l’avertissement en latin  Ne objecta ! (Ne t’y frotte pas ! Qui s’y frotte s’y pique !). Elle a été récupérée en mer  par  Claude Magnier sur le site de la faille du récif, site selon moi du bateau de secours des naufragés, et non de la Boussole comme en le croit souvent.. .Or, le houx est  la marque d’Aigrefeuille d’Aunis, aigrefeuille venant du pluriel latin acrifolia  qui signifie feuilles piquantes, acrifolium  désignant  le houx. Dans la paroisse d’Aigrefeuille se trouvait l’actuelle commune   des   Forges qui fabriquait les objets en bronze  pour l’arsenal de Rochefort et c’est à Rochefort que la gabarre le Portefaix avait été  armée le 26 avril 1785 avant de changer de nom à deux reprises,  devenant d’abord l’Astrolabe, puis,  à partir du 1er juin 1985,  la Boussole. Le vice-amiral Duperrey, le 3 décembre 1829, répond au Ministre de la Marine : « Chacun des bâtiments de cette expédition avait deux cloches, une grande et une petite ; celles de la Boussole provenaient de son précédent armement; et, quant à l’Astrolabe,  la grosse cloche se trouvait à bord à l’époque de son réarmement, et la petite fut délivrée en complément le 23 juin 1785…. Ce n’est donc  qu’au port de Rochefort  qu’il est possible de s’assurer si, à cette époque ou précédemment, la grosse cloche du bâtiment a pu être livrée dans les magasins de l’arsenal par le sieur Bazin [Pichard pour nous]. … Suivant l’usage, la grosse cloche [du fronteau avant] était restée constamment à bord pendant le désarmement de ce bâtiment. ». Une certitude : cette cloche PICHARD est donc la cloche du fronteau avant de la Boussole.
A noter que le maître de forges de l’Arsenal de Rochefort était, soit un R . Dupont (qui s’installa à Brest par la suite, soit  par un Lonlaigne qui travaillait aux forges de Lathaussade, mais que les noms ni  de l’un ni de l’autre ne figurent sur la cloche et que celle-ci n’a pas été fabriquée à l’arsenal de Rochefort, mais à Aigrefeuille ou à la commune voisine de Forge, dépendant de la paroisse de Rochefort.  La forge de Lathaussade était-elle installée à la Forge et employait-elle un Pichard ? Nous ne le savons pas.
Brossard, p . 204, écrit dans Rendez-vous avec Lapérouse à Vanikoro : « on lit sur la collerette supérieure « LA », le A est au1/3 cassé et la brèche s’étend  sur une longueur, où peut normalement tenir « BOUSSSOLE » .L’inscription repart aussitôt  après la brèche et porte parfaitement conservé, en capitales, le nom «PICHARD ; De plus, sur la jupe, on a fait apparaître, en grattant le léger dépôt de corail et l’oxydation, plusieurs figures en relief représentant l’une une feuille de fougère très fine, une autre une feuille de platane et deux branchages ou chardons . L’identification par ces inscriptions portera  surle nom du fondeur. Il prouve en tout cas que l’épave est bien celle d’un vaisseau français. Comme pour celle de l’Astrolabe [la cloche Bazin qui n’est pas une cloche de fronteau, mais une cloche à usage religieux fondue à Nantes et appartenant au père Receveur, cordelier nantais, voir mon blog plus ancien], la cloche ne porte pas son nom.» En réalité, on ne peut absolument pas lire ni LA ni L sur cette cloche. Au surplus, le nom serait LE PORTEFAIX.  
Illustration, p. 38 in Bicentenaire du voyage de Lapérouse , 1785-1788 ,  colloque Lapérouse d’Albi, mars 1985, association Lapérouse- Albi France, 1522 p . Annexe, p.1-55





B Une  cloche de fronteau d’arrière à trois fleurs de lis, deux en haut, une en bas.  
 Dillon a  trouvé à terre  une petite cloche de fronteau arrière, pesant  5 kgs  (sans battant), soit environ 9 livres,  proche avec le battant du poids habituel des cloches de fronteau arrière  de 14 livres et comptant  trois fleurs de lis, deux en haut, une en bas: c’étaient aussi   les armoiries de la ville de Brest.
Bossard a publié dans Rendez-vous avec Lapérouse à Vanikoro, p .284, la reproduction  d’un billet d’armement de la Boussole : « Une cloche de fronteau d’arrière avec un dé (sic pour dais), et à établir avec un montant en fer. A bord, ce 17 juin 1785. J.Walin-Audiffret ( lecture incertaine, signature difficile à déchiffrer). Le chevalier de Clonard  » Est-ce à dire qu’il s’agit de cette cloche ? Tout dépend du sens qu’on donne au mot dais. Mais on peut pencher plutôt pour une cloche de l’Astrolabe. Car si l’on comprend que les survivants de l’expédition aient, par une délicate attention, voulu récupérer la cloche originelle de la Boussole sur l’épave du nord-est  pour l’installer sur le bateau de secours nommé par eux, selon Makataï, le Lapérouse (ce qui prouve que celui-ci était mort) et incendié par ce dernier à l’endroit où l’on a trouvé la cloche Pichard, on voit mal l’intérêt d’une récupération de la cloche de fronteau arrière de la Boussole.De surplus, ils devaient avoir celle de l’Astrolabe à portée de la main.
On n’a pas encore retrouvé au minimum 4 cloches :
les  deux cloches de fronteau avant de l’Astrolabe,   ni celle qui est originelle   (l’Autruche, fondue  au Havre), ni celle qui fut achetée à Brest « en complément » et mise en réserve ;
 la cloche de fronteau avant de la Boussole achetée à Brest ; 
une cloche de fronteau arrière pour la Boussole (voir le billet d’armement) achetée à Brest. Illustration, p. 40, op.  cit.


A noter que le maître de forges de l’Arsenal de Rochefort était, soit un R . Dupont (qui s’installa à Brest par la suite, soit  par un Lonlaigne qui travaillait aux forges de Lathaussade, mais que les noms ni  de l’un ni de l’autre ne figurent sur la cloche et que celle-ci n’a pas été fabriquée à l’arsenal de Rochefort, mais à Aigrefeuille ou à la commune voisine de Forge, dépendant de la paroisse de Rochefort.  La forge de Lathaussade était-elle installée à la Forge et employait-elle un Pichard ? Nous ne le savons pas.
Illustration, p. 38 in Bicentenaire du voyage de Lapérouse, .785-1788 ,  colloque Lapérouse d’Albi, mars 1985, association Lapérouse- Albi France, 1522 p . Annexe, p.1-55





B La cloche à trois fleurs de lis, deux en haut, une en bas, cloche de fronteau arrière de la Boussole ou de l’Astrolabe.   
 Dillon a  trouvé à terre  une petite cloche de fronteau arrière, pesant  5 kgs  (sans battant), soit environ 9 livres,  proche avec le battant du poids habituel des cloches de fronteau arrière  de 14 livres et comptant  trois fleurs de lis, deux en haut, une en bas: c’étaient aussi   les armoiries de la ville de Brest.  Dans Brossard, Rendez-vous avec Lapérouse à Vanikoro  figure la reproduction, p. 224, d’un billet d’armement signé « à bord, ce 17 juin 1785 » par « le chevalier  de Clonard » pour la Boussole et, pour le  fournisseur  de la cloche, par (peu lisible) J.R.  Val-Naurffet   : « Armement, Une cloche de fronteau d’arrière Avec un dé (sic, dais) et à établir avec un montant en fer. » C’était, en principe,  Madame Veuve  Beurier qui fournissait les cloches.
L’article du pilote  nous donne comme achetées à Brest  2 cloches pour l’Astrolabe et 2 cloches pour la Boussole au prix identique qui surprend de 340 livres la cloche, soit au total 1360 livres. On peut supposer que le total a été  divisé par 4 pour simplifier et que, pour la Boussole, la cloche de fronteau avant ainsi achetée a été mise en réserve ; pour l’Astrolabe, aucune des deux  cloches achetées n’a été retrouvée, pas plus que les cloches d’origine, si elles subsistaient en réserve.
Cette  cloche trouvée sur terre appartenait-elle à la Boussole ou à l’Astrolabe ? Aucun élément ne permet de répondre de façon certaine, car le dais qui ornait celle de la Boussole peut avoir été plus grand que celui de la cloche retrouvée (voir la reproduction), mais on peut pencher plutôt  pour l’Astrolabe, car le bâtiment désossé était  l’Astrolabe et on peut se demander si les marins ont  pu récupérer les deux cloches sur la Boussole. Bref, il n’y a aucune certitude.

Il manque  encore au minimum 3 cloches :
1 la cloche de fronteau avant originelle, fondue pour l’Autruche au Havre, appartenant à  l’Astrolabe ;
2la cloche de fronteau  avant de la Boussole mie en réserve ;
3 une cloche de fronteau arrière pour l’Astrolabe  ou pour la Boussole fondues à Brest.
 C La cloche la plus énigmatique, la cloche signée « Bazin ».
Illustration, p. 42, op. cit.
 La plus célèbre des cloches de Vanikoro est celle dont parle Jules Verne   dans Vingt mille lieues sous les mers, « une cloche en bronze, dit-il,  portant l’inscription : « Bazin m’a fait », marque de la fonderie de l’Arsenal de Brest vers 1785 » , ce qui est faux, même si cela a été répété à l’envi. Mais cette cloche  n’a pas le poids requis pour être ni  une cloche de fronteau avant ni une cloche de fronteau arrière, donc pour être une cloche de navire.  C’est Dillon qui rapporta cette cloche , qu’il avait récupérée à terre : il nous décrit la cloche comme présentant, d’un côté  saint Jean Baptiste, de l’autre côté la Sainte Famille mais la description  doit être  complétée ainsi : il y a , d’un côté saint Jacques à la gauche d’une croix et , à la droite,  saint Jean   avec de l’autre côté  la Sainte Famille (Joseph, Marie et Jésus).C’est une allusion au curieux nom de la paroisse nantaise de «  Saint Jacques Saint Jean Sainte Famille » , où se trouvait le couvent franciscain de Nantes,   Saint Jean étant l’évangéliste et non saint Jean -Baptiste comme l’a cru Dillon.
Or, à bord, figurait ce qu’on a retrouvé dans la faille du récif,  une cloche d’office, une clochette, un grelot (qui était peut-être une objet d’échange destiné aux insulaires), une pierre d’autel (4 fragments dont certains ont été trouvés sur l’épave de l’Astrolabe), une boîte à huiles saintes, un crucifix avec 2 fleurs de lis  et l’inscription INRI,  un étui à missel en bois orné d’une fleur de lis, une médaille religieuse. Le Père Laurent  Receveur, blessé à Tutuila et enterré à Sydney où il mourut des blessures, qui lui furent infligées par les insulaires samoans,  était un franciscain et avait servi un temps  au couvent franciscain de Nantes (couvent dit  des cordeliers). On peut supposer que cette cloche était un souvenir du couvent nantais et qu’elle lui appartenait.  En effet, les Bazin  étaient une famille de fondeurs nantais  selon Champeaux, Dictionnaire des fondeurs de cloches, 1886, et ils  étaient spécialisés dans les cloches d’églises ou de couvents : selon Berthele, Enquêtes campanaires, ils avaient fondu deux cloches  en 1754  pour le grand  séminaire de Nantes  (elles étaient pareillement  signées Bazin ,sans prénom ) ; ils avaient aussi fondu une autre cloche , en 1779 pour une église de Vendée  (elle  signée pareillement Bazin sans prénom ). Jean Bazin le père est  l’auteur de la grande cloche de Saint-Martin, paroisse de Châteauthébaud en 1753,
 Les plus connus  des Bazin sont Jean Bazin  père et  Jean Bazin fils,  qui figure sur la liste de la milice bourgeoise de Nantes  de 1774 à 1778, avec l’indication « fondeur de la ville ». La  cloche appartenait  ainsi au  Père Laurent Receveur, qui avait dû servir à Nantes comme régent dans un collège de  la  paroisse  de «  Saint Jacques Saint Jean Sainte Famille ». 
Le canon signée Jean  Bazin Nantes : à l’origine en  lest sur  l’Astrolabe ?
On rencontre une autre fois le nom de Bazin sur un pierrier en bronze trouvé dans  la faille du récif, avec «  Fc (fecit) J(ean) Bazin à Nantes 1779 Dragon »  . Le Dragon est le nom d’un bateau corsaire anglais capturé dans la Manche en 1781 et transformé en corvette par la Marine royale. Il était percé pour 20 canons et 4 obusiers ou pierriers. En 1782, et le 11 décembre 1787, il est à Brest d’où il part pour Saint-Domingue où les Anglais l’attaquent. Son épave a été fouillée par le Musée de la Marine et François Gendron.
  Le scénario qu’on peut imaginer est que Jean Bazin fils fond le canon à Nantes en 1779  et  que la Marine le lui achète  en 1781 pour le Dragon, mais , comme il n’y a de place à bord que pour quatre obusiers,  elle reprend son pierrier et  le remise  à Brest : le Comte d’Hector le fournit en lest  à Lapérouse.
Etant donné que c’est sur la faille du récif, donc sur l’épave du bateau de secours principalement construit avec des éléments de l’Astrolabe, que le pierrier a été repêché, on  doit en déduire  que le pierrier fut chargé sur l’Astrolabe.