dimanche 29 janvier 2017

Nouvelles informations sur le peuplement de l'Amérique :-au moins 24000

                 La formation des races d’Amérique.
Remarque liminaire : nous traitons ce sujet après et d’après  Paul Rivet dans  Les origines de l’homme américain, 1956, mais en utilisant des données qu’il n’avait pas.
On peut citer plusieurs origines ethniques  principales  pour le métissage qui a abouti à l’Indien d’Amérique : les ethnies australienne,  mélanésienne, les ethnies asiatiques jaunes donnant le type prédominant, enfin l’ethnie blanche. D’où viennent tous ces éléments, par quelles voies terrestres et maritimes et à quelles  dates sont arrivés les migrants?
 Mais il nous faut d’abord traiter la question la moins discutable : celle des Eskimos ou Inuit  au nord, qui, il y a quelque 4000 ans, ont  passé par le détroit de Behring où circulaient les mammouths. Ils venaient de régions arctiques d’Asie et sont  parents des Samoyèdes et des Lapons. Curieusement, leurs langues sont apparentées à la fois  aux langues parlées par les populations  du sud de l’Amérique et aux langues ouraliennes comme le turc , ainsi que le montre le linguiste Sauvageot dans Eskimo et ouralien  et Caractère ouraloïde du verbe eskimo.  Tour du monde ! 
Les Australiens : la race munda ou mérina en provenance de l’Inde et de Ceylan (Sri Lanka)  
  Quand et par quelles voies les Australiens sont-ils parvenus jusqu’en Amérique ?
Clifford Coulthard, en 2007, dans les Flinders Ranges, découvrit le refuge préhistorique de Warratyl, à 20 mètres au-dessus d’une rivière. Il récupère,  dans ces recherches dirigées par Gilles Hamm, 4300 objets, 200 fragments d’os de 16 mammifères et d’un reptile, datant de 49 000 ans ou 45 000 ans. Jusqu’à présent,  le plus vieux site était celui de Puritjarra dans le désert en Australie centrale, daté d’il y a 38 000 ans. La découverte de Warratyl prouve que des hommes ont migré du sud de l’Australie et de la Tasmanie  vers le nord en passant par le centre, 10 000 ans plus tôt qu’on ne le pensait.
On a découvert dans le refuge de Warratyl  des restes d’oiseaux géants et d’un wombat (Diprotodon), ce qui montre que c’est l’homme, et non le climat, qui est le responsable de l’extinction de la mégafaune australienne. Des centaines d’objets ont été retrouvés : des aiguilles en os qui démontrent qu’ils travaillaient l’os il y a 49 000 ans,  des outils en pierre dont des haches en pierre et des outils  en bois remontant à plus de 24 000 ans ;  le gypse  leur était bien connu (entre -40 000 ans et -33 000 ans) ; de même, l’ocre (entre -49 000 et 46000 ans). L’auteur de l’article conclut que les premiers aborigènes étaient en avance sur leurs cousins européens.  Telles sont donc ces populations, relativement avancées, qui vont migrer vers l’Amérique à une date bien plus reculée que celle qu’on admettait jusqu’ici.
Le savant A. A. Mendès Corréa , dans O significado genralogico  do «australopithecus » e do cranio de Tabgha e o arco anthropofiletico indico,  ayant constaté, dit Rivet, op. cit. , p.  97, que la distance entre l’Australie et l’extrémité méridionale de l’Amérique du Sud se trouve considérablement réduite si l’on examine le globe d’après une projection polaire antarctique  et qu’il existe entre les deux continents une série de terres pouvant servir de relais : Tasmanie,  Nouvelle-Zélande, îles Auckland et  Campbell ,ces dernières  non recouvertes,  même aujourd’hui,  de glaces permanentes, Macquarie, etc. , pense que les Australiens ont pu suivre cette voie, important au passage , par exemple,  des noix de cocos jusqu’en Nouvelle-Zélande et y laissant des traces de l’usage du boomerang. D’autant que les migrations par cette voie  polaire   ont pu , avec la découverte de Warratyl, se produire  à une date où le climat était plus chaud, vers -40 000 ans.
D’où viennent les Australiens ? On a trouvé à Talgaï en Australie dans le Queensland  un crâne datant du quaternaire aux caractères nettement australiens. Tout le groupe du sud de l’Amérique, le groupe linguistique des Chon et des Ona,  est apparenté aux groupes australiens. Des  crânes patagons et ona  en Amérique   présentent de frappantes ressemblances avec les crânes australiens.
Leur pays d’origine était les plaines de l’Indus, l’Inde et Ceylan d’avant les invasions tamul (noires), tibéto-birmanes   et aryennes. La civilisation de Mohendjo Daro, la rivière (Daro, racine ibère adura qu’on trouve dans l’Adour, l’Arrou en Bourgogne, l’Amou  Daria, etc.) des  Munda, vers – 4500,  présente des types australoïdes. A Bénarès  on a découvert des pétroglyphes identiques aux pétroglyphes australiens. Le munda est proche des langues ouraliennes  comme le turc ; il a pu être imposé aux Australiens  (Paul Rivet a écrit un ouvrage intitulé Sumériens et Océaniens) par les Ouraliens ou Ouigours et on a rapproché le munda  des  dialectes australiens  :en Nouvelle- Calédonie,  il existe un lieu-dit Moindah sur la commune de Poya et une commune du nom de Moindou (altération de Munda) , tandis qu’à Lifou, l’une des Loyauté près de la Nouvelle-Calédonie,  yosi, vagin, ressemble fort à yoni en munda, comme à Hienghène , en Calédonie, tchanem, excrément, ressemble à à ganing en australien,à  ganum ou guna, ou gunong en chon amérindien  ,à  huanu en kechua d’où le mot français guano. Le munda a été parlé dans tout le nord-est de l’Inde, depuis l’Himalaya  jusqu’au golfe du Bengale.
Le boomerang a survécu  dans le sud-est de la péninsule indienne et dans le Guzerat. En Amérique du sud, on a noté l’existence d’armes de jet ressemblant au boomerang chez les Payagua, les Kayapo, les anciens Diagit, les anciens Mexicains, les Hopi de l’Arizona et les Gabrieleños du sud de la Californie (Rivet,op .cit. ,  p. 90).  Les huttes en forme de ruche se retrouvent chez les Australiens, les Amérindiens et les gens du nord de la Calédonie. 
De l’Inde, les Australiens ont passé en Birmanie, en Indochine (Tonkin),  à Java et à Célébès (Sulawesi)  en Indonésie. De l’Inde, il eut au moins deux groupes de migrations munda :
1)   une migration de ces grands navigateurs par mer vers Madagascar avec pour étape les îles Maldives  , qui nous a donné  les Mérina, altération de Munda ;
2)   l’autre par terre, vers le Tonkin où l’on a trouvé trois  crânes australoïdes (Lang Cuom) et vers la  Birmanie. En  Thaïlande  et dans la péninsule de Malacca, on a démontré l’existence d’un substrat australien dans une population  néolithique.  A Java ((Wadjack) et à Célèbes (Sulawesi), le boomerang fut longtemps en usage. La survivance du boomerang  à Santo (Vanuatu), à Maré (une des Loyauté près de la Nouvelle-Calédonie : il y avait un boomerang maréen  au musée de Pithiviers, rejeté par des ignares des collections de Calédonie comme non- pertinent ! et aussi un autre boomerang possédé par un Calédonien, mais vendu par lui pour la même raison), et Rivet a souligné l’identité des pointes de lance taillées à grands éclats dans les îles de l’Amirauté comme en Australie.
Du sud de l’Amérique, atteint par la voie du pôle antarctique, plusieurs voies s’ouvraient aux Australiens :
1soit par terre : ce sera le cas des peuples Chon et Ona du sud de l’Amérique, arrivés plus  tardivement.
 2 soit par  le Pacifique, avec étapes au Vanuatu et en Nouvelle-Calédonie, puis  à Rapa (Australes) avec le site fortifié de  Morengo Uta (de Marengo tua, tua signifiant noir comme on le voit oar  le nom des Toua-motou, les îles , motou, des noirs) , site prospecté par Thor Heyerdahl  et qui était sans doute  une dernière étape pour les Marengo avant de débarquer à l’île de Pâques. A l’île de Pâques on les retrouve  avec des crânes fossiles et avec le nom du lieu-dit Pu na Marengo, la pierre des Marengo ou Munda (voir mon blog sur l’île de Pâques).
  Cette population première de l’Inde est  le plus souvent appelées  Menehune , de mererungo, par les Polynésiens. Menehune se retrouve dans Marino (de marehuno), qui est le nom d’une langue à Maëwo (Vanuatu), dans Farino (de marehino) en Nouvelle-Calédonie ou dans   la caste supérieure des Mérinas [de merehuna] à Madagascar.  Marengo signifie homme et, selon qu’on ajoute l’épithète blanc (shen, shu ) ou noir (tua), on désigne telle ou telle population , cf l’expression  ipu maengo qui désigne une poterie brun clair trouvée dans les grottes secrètes par Thor Heyerdahl et possédée par des Longues- Oreilles fe l’île de Pâques.
On peut les suivre le long de la côte ouest  d’Amérique du sud et à l’ouest de la Colombie avec les groupes linguistiques kechua et Aymara et le long de la côte  d’Amérique centrale (Mexique, Nicaragua, Salvador)  et du Nord où ils forment le groupe linguistique  hoka (Californie, Louisiane et jusqu’au Canada).
3 soit, fait méconnu,  par l’océan Atlantique,  et ils remonteront la côte orientale  jusqu’à la Guadeloupe, par exemple, où leur étape est attestée , par exemple, par la présence de curieux pétroglyphes analogues aux pétroglyphes indiens et australiens, peut-être liés aux cérémonies de circoncision (voir mes blog sur ce sujet). Ily aussi des plantes comme la Broussonnetia, appelées hagua (voir données de l’ethnobotanique ci-dessous)

Les données de la pathologie comparée :
1  Le tokelau polynésien identique au chimbéré du Brésil, encore appelé cacapash shishiyoti, gogo, roña  griyé.
Le mode de transmission de cette maladie  n’est pas complètement compris. Un contact rapproché prolongé est important mais néanmoins pas suffisant et des facteurs génétiques interviennent : il s’agit d’une hérédité principalement autosomique récessive (transmission entre individus de « pure race ») avec quelques cas de transmission autosomique dominante. Il est donc  important pour nous de remonter à l’origine. Or, l’affection est endémique en Inde (Sud) et Ceylan (Sri Lanka ) , d’où les Australiens   sont originaires. On peut suivre leur migration grâce à la maladie : en Chine du sud, en Thaïlande, dans l’archipel de Malaisie et en Indonésie  (Bornéo…), en Papouasie et en Nouvelle Guinée , mais pour nous , ce qui est plus intéressant : en Amérique centrale : pays de Guatémala  et ville de Guatemala , Mexique , Panama ; en Amérique  du sud :Brésil (chez les indiens Purú-Borá) , Colombie ;  dans certaines  îles polynésiennes  de l’océan Pacifique (ce qui prouve un métissage des Polynésiens avec les Australiens ): les  Iles Fiji (Tamana, le groupe des Lav) , les Samoa , Tokelau , la Nouvelle-Zélande (cf . les traces de boomerang et les noix de cocos fossiles).
2) Le rat porteur du typhus murin.
Le typhus américain est identique au typhus exanthématique du Mexique et  du Guatémala et c’est un  typhus murin, c’est-à-dire une maladie naturelle du rat qui se transmet accidentellement à l’homme, alors que le typhus du Vieux- Monde a pour seul  vecteur le pou et que  le rat ne joue aucun rôle dans la transmission du virus à l’homme. Ce typhus européen a pour aire de distribution l’Europe, l’Afrique du nord, la Chine du nord et l’Asie de l’ouest et du centre.
  Le domaine du typhus murin  comprend l’Inde, l’Asie du  sud et de l’est (Birmanie)  la Malaisie, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et tout le continent américain .Le rat dit polynésien  porteur du virus murin a suivi, dans leurs navigations, les Australiens . En tout cas, il n’a pas  passé  par le détroit de Behring, car le typhus  est absent chez les tribus de l’Alaska.



L’ethnobotanique à l’aide des migrations australiennes :
On trouve en Amérique et en Océanie des plantes précieuses pour leurs  fibres  et nécessaires à la navigation, (la fabrication des voiles et des cordages) etdont les noms traduisent l’identité de ceux qui les ont plantées;l a plante a pu être ramassée par plusieurs migrations différentes : australiens, mélanésiens, pré- polynésiens , polynésiens :telle  la  Thespesia populnea., ou la Broussonetia papyrifera.
La  Thespesia populnea.
En Amérique, la Thespesia populnea est présente dans le nord de l'Amérique du Sud, Venezuela et Colombie, en Amérique Centrale : Costa Rica, Honduras, Mexique, Nicaragua, et dans l'ensemble des Caraïbes (Antigua, Bahamas, Barbade, Bermudes, Iles Caïman, Cuba, Dominique, Grenade, Guadeloupe, Hispaniola, Jamaïque, Martinique, Antilles Néerlandaises, Porto Rico, Sainte Lucie, Saint -Vincent, Grenadines et Iles Vierges) et dans l’Amérique du nord en Floride.
En Asie elle est présente  en Inde, au Sri Lanka, et dans les îles Maldives et à Madagascar (migration donnant les Mérina de Madagascar).
On l’a trouvée   à Formose –Taïwan, aux   Philippines, en Malaisie, en Indonésie, en Papouasie-Nouvelle-Guinée,  en Australie,  à l’île de Pâques et à  Hawaï, du nom de la plante  hagua  trouvée tant à Formose qu’à Hawaï.
Le Broussonettia papyrifera, langue des blancs ibères,   australien hagua, polynésien hau (de hagwa).
C’est une espèce originaire d’Asie tempérée et tropicale, qu’on suit depuis la  Chine (Fujian, Gansu, Guangdong, Guangxi, Guizou, Shandong, Sichouan) , Hainan , jusqu’au Japon.  On trouve son nom sous plusieurs formes :   
a) sous la forme donnée par les blancs ibères, mataka ou au pluriel mataki. 
Le nom obscur et énigmatique de Mataki-te-ragi  donné à l’île de Pâques par les Vieux- Mangaréviens selon Caillot signifie en réalité quelque chose comme (l’île) où poussent les mûriers à papier (Broussonetia papyrifera) transplantés par les blancs, te (des) ragi ou langi , des  blancs  de l’île de Pâques S’agit-il d’une interprétation des Polynésiens de Mangareva relative au « chapeau » improprement nommé  surmontant les statues alors que leurs propres chapeaux étaient tressés à partir des fibres de cette plante ? Certes, les Polynésiens se servaient de l’écorce de ces mûriers afin de  faire les chapeaux de leurs chefs et , plus généralement,  des tapas (le mot tapa, altéré par les Polynésiens, à partir du singulier  taka,  vient justement d’un nom de la plante,  té-(h)aka ou té- (h)aki) . Mataki est le nom  pascuan de la plante en question, appelée ma -hagua en Amérique par les migrants australiens : ma – étant  un préfixe végétal, avec  l’infixe –te- élidé, et le pluriel (h)aki correspondant au singulier australien et amérindien  hagua ou haguo (avec cette fois une marque, -o, de collectif), désignant  la plante dont on tire les fibres spéciale pour les chefs. Ainsi, le nom en vieux- mangarévien de l’île signifie-t-il le lieu où poussent les plantes à fibres pour les blancs. 
Ce nom obscur et énigmatique de Mataki-te-ragi  signifie en réalité quelque chose comme (l’île) où poussent les mûriers à papier (Broussonetia papyrifera) transplantés par les blancs, te (des) ragi ou langi , des  blancs  de l’île de Pâques S’agit-d’une interprétation des Polynésiens de Mangareva relative au « chapeau » improprement nommé  surmontant les statues ? Certes, les Polynésiens se servaient de l’écorce de ces mûriers afin de  faire les chapeaux de leurs chefs et , plus généralement,  des tapas (le mot tapa vient justement d’un nom de la plante,  te-haka, cf taki) . Mataki est peut-être le nom anakénien de la plante en question, appelée ma -hagua en Amérique par les migrants australiens : ma – étant  un préfixe végétal, avec  l’infixe –te- élidé, et le pluriel (h)aki correspondant au singulier australien et amérindien  hagua ou haguo (avec cette fois une marque, -o, de collectif), désignant  la plante dont on tire les fibres spéciale pour les chefs. Ainsi, le nom en vieux-mangarévien de l’île signifie-t-il le lieu où poussent les plantes à fibres pour les blancs. 
b) sous sa forme amérindienne hagua  d’origine australienne,en Colombie avec préfixes végétaux ma- et da- : ma -xagua, da-ma-hagua ; on a aussi ma -xaagua dans les Antilles, ou avec un second préfixe e-, emaxaguo  dans l’Orénoque, da-mahaagua, da-maxagua dans certaines Antilles, et dans le haut Amazone ..
Le cotonnier (Gossypium)
Il était cultivé  en Inde il y a 3000 ans, d’où il a été peut-être exporté en Egypte. Il est attesté dans le Rig Veda (-10000 ans) et Hérodote, au VIe siècle, écrit : « là-bas [en Inde], il y  a des arbres qui poussent à l’état sauvage et dont le fruit est une laine bien plus belle et bien  plus douce que celle des moutons ; les Indiens en font des vêtements. » Mais le coton  avait été importé d’Inde en Amérique par les migrations australiennes, car on le retrouve  il y a 7000 ans au Mexique  dans les grottes de Tehuacan .  On a trouvé du coton naturellement coloré (le procédé mélanésien du tapirage a-t-il été utilisé avec succès sur le coton  pour le colorer?) sur la côte nord du Pérou et datant d’il y a 5000 ans.
2       Les Pré-mélanésiens  en Amérique, les groupes linguistiques  hoka, aymara et quechua, et la voie de mer .  
 Citons  les résultats du hercheur danois Lund qui, de 1835 à 1845,  explora 800 grottes de Minas Geraes au Brésil ; dans 6  de ces grottes il découvrit 18 crânes humains, dont le fameux crâne de Lagôa Santa  associé à des animaux fossiles et jugé  mélanésien. « Ce type, écrit Rivet, . op. cit. , p.  104, se retrouve dans toute l’Amérique, depuis la Basse Californie au Nord jusqu’à l’Argentine au Sud, en passant par la région du Sud-Ouest américain (Colorado, Nouveau Mexique, Arizona
[ et même en Patagonie] etc.), la Colombie, l’Ecuador,le Pérou et le Brésil [… ].  Ce type ethnique de Lagôa-Santa ou paléo- américain, certainement ancien dans le Nouveau Monde, est nettement apparenté par tous ses caractères au type […] dominant en Mélanésie. A cette race se rattachent les crânes de Fontezuelas, d’Arrécifes et du rio Salado, qui sont peut-être du pleistocène supérieur. »Le type mélanésien a été retrouvé dans l’Inde, en Chine aux environs de Pékin (crâne féminin de Chou-kou-tien) ,où il apparaît dans le quaternaire supérieur,au Tonkin, où il est attesté dès l’époque néolithique,en Thaïlande, en Birmanie.  
 Les données de l’ethnobotanique  pour suivre en Amérique du nord les proto- mélanésiens.
Elles nous permettent de suivre leur route à travers une plante utile à leurs navigations et déjà rencontrée à propos des Australiens, le mûrier à papier ou Brossonnettia papyrifera,    qui est une espèce originaire d’Asie tempérée et tropicale : on la suit en Birmanie, en Thaïlande, au Cambodhe, au Laos, au Viet- Nâm, à Hainan, en Chine : Fujian, Gansu, Guangdong, Guangxi, Guizou, Shandong, Sichouan, au Yunnan,  à Zhejiang, en Corée  au Japon. A partir du Japon, deux voies maritimes s’offrent aux Mélanésiens, dont la première seule les mène en Amérique :
1) Sakhaline, le Kamtchatka,les îles Aléoutiennes, le détroit de Behring que fréquentent même les mammouths à l’époque, l’Amérique du nord où ils ont laissé le groupe hoka apparenté aux langues mélanésiennes, et divers groupes sud-américains, comme le yurumangui en Colombie, l’aymara du Chili et le quechua du Pérou. Le groupe hoka comprend, le long du pacifique, depuis le sud de l’Orégon jusqu’en  Colombie, ainsi que sur la côte est, du Dakota jusqu’au Texas et depuis le Saint- Laurent jusqu’à la Floride.
2) la  Malaisie, puis la Papouasie –Nouvelle-Guinée, l’Australie,  les Salomon, le  Vanuatu, la  Nouvelle-Calédonie.
C’est au Japon que les Mélanésiens vont prendre le nom de l’igname.
Le nom de l’igname  pan océanien et aussi amérindien  ku-bi (tout fruit ou légume comestible, -bi signifiant sauvage)
Un radical ku a donné au Japon le nom d’une variété d’igname sauvage (Dioscorea japonica) appelée kubi. C’est cette forme  kubi  qui donne la forme mélanésienne  obi en Nouvelle-Calédonie,  et ubi, api en Amérique.  Avec indication de blancheur, on a en Amérique le kechua  api-shu pour désigner la patate douce  sauvage à chair blanche (shu signifiant blanc) ; en mucik, on a oop ou open , aujourd’hui apen , de apeshen ,  pour désigner la patate douce blanche  cf apene (ape+(she)ne,  de shen, blanc) ,  ope,  opene (de kubi-shene). Le radical kep, posé par l’austronésien (indonésien et malais)  et désignant un tubercule souterrain, venant lui-même du pré -japonais kubi,  se retrouve à Pohnapé (Micronésie) sous la forme kap, igname.  Formes panocéaniennes et amérindiennes : obi, obe, up, ep.  
La patate douce est indigène à l’Amérique et a été introduite dans le Pacifique à Mangareva et à l’île de  Pâques par les Incas au XVI e siècle, et dans le Pacifique  par les Espagnols.  En ce qui concerne l’origine du nom de la patate douce, la linguistique comparative et historique seule n’est ici d’aucun secours  car certains radicaux se confondent et donnent les mêmes résultats, poussant à croire, par exemple,  que la patate douce serait  originaire d’Asie, ce qui est faux : il nous  faut d’abord demander secours à l’archéologie américaine. Celle-ci nous apprend que les plus anciens restes de patates douces et de pommes de terre cultivées  ont été retrouvés dans les grottes de Tres Ventanas, à 65 km de Lima au Pérou, et qu’ils datent de 8 000 ans avant  J. –C. Toutefois, un spécimen de Solanum muaglia  datant de 13 000 avant J.C., pomme de terre sauvage mais comestible, a été retrouvé  à Monte Verde, dans le sud du Chili. C’est donc au Chili que seraient apparues la pomme de terre et la patate douce. Le mot ku  sans le suffixe –bi  indiquant l’état naturel  a pu être lui appliqué, avec l’épithète  mara, rouge ou dorée en raison de la couleur de la peau ou même de sa chair (patate dite carry par les créoles) . en muchik,op , de kubi, désigne une  patate  poussant à l’état spontané ,comme  le quechua api- chu de kubi –shu,    une patate blanc  pâle.  En muchik,   open, de kubi- shen, et aujourd’hui  apene, désignent des  patates sauvages blanches.
3 Les proto -polynésiens : la branche paléo- sibérienne originaire du Tibet, de Corée et du Japon qui migre en Amérique.
On range le coréen,  le japonais, les langues des îles Riou Kiou et parfois l’aïnou dans une branche paléo- sibérienne  des langues austro- asiatiques. Les migrants pour l’Amérique seraient partis du Tibet en Corée, aux îles Ryu Kyu, au Japon, vers le détroit de Behring et vers l’Amérique du Nord,  tandis qu’un 2e  rameau quittait les îles Ryu Kyu  vers les Philippines et vers la Nouvelle-Guinée, puis vers l’Australie, le pôle sud et le sud de l’Amérique  et cependant qu’un 3e rameau  se dirigeait du Japon vers le Pacifique et vers  la Micronésie  (ce sont les futurs Polynésiens. .
Ce sont là  les migrants les plus anciens et ils se sont installés, une fois franchi le détroit de Behring, fort haut dans le nord de l’Amérique. Ce qui l’atteste, c’est l’implantation  du  groupe linguistique Na-Ndene,à rapprocher du nom indigène de l’île de Santa Cruz, Ndeni,peuplé de cousins  polynésiens,    le plus vaste des groupes linguistiques nord-américains, qui s’étend depuis la côte arctique où il est contigu des Eskimo jusqu’au sud du Mexique et aux Antilles. Examinons les traces archéologiques de ces populations dont les migrations sont antérieures aux migrations australiennes (-40 000 ans) et mélanésiennes (-35 000 ans ?) et  remontent  à 45 000 ans.
L’archéologie en Amérique du Nord  
En 1932, dans un ancien lac glaciaire du Minnesota,  fut trouvé un squelette complet dont le crâne présente un type mongoloïde remontant au pleistocène ou quaternaire.
Mais il y a plus ancien : à Clovis , dans le Nouveau- Mexique, on a découvert , à côté d’une faune comprenant un  mammouth, un cheval, un pécari, un bison , un  chien des prairies et un skunks, des silex taillés, datés au moins de 25 000 ans. Même date pour des trouvailles faites en Alaska   et au Canada,  dans le Texas, en Virginie, dans le Kentucky, dans l’Illinois, en Pennsylvanie, dans le Massachusetts, dans  l’Ontario, dans  le Colorado et dans le Nouveau-Mexique. .
Citons la découverte faite en 1926, dans l’Oklahoma près de la ville de Frederick, de pointes de silex datant du quaternaire inférieur et associées à des restes de Mylodon, de  Glyptodon et de  Megatherium.
Dans le numéro 840 de Sciences Avenir de juillet 2017,on voit une confirmation de ce que j’écrivais ci-dessus : une nouvelle grande étude sur les vestiges fossiles du site de Blue Fish Cave (Les grottes du Poisson bleu)dans le territoire du Yukon (Canada) , à la frontière de l’Alaska, prouve que les hommes ont atteint l’Amérique du Nord 10 000 ans plus tôt que les scientifiques ne le pensaient, e ,-24000. Des traces indubitables d’interventions humaines ont été identifiées sur des restes d’os de caribou et de cheval.
La découverte la plus célèbre, et la plus ancienne pour les partisans d’un âge relativement peu ancien de l’homme en Amérique,   est celle de Trenton dans le New Jersey, en 1875, dans les graviers quaternaires de la rivière Delaware. On y a trouvé des instruments en quartzite et en argilite, taillés comme les silex paléolithiques d’Europe (de l’ère de la pierre  taillée), associés à des ossements de bœuf musqué fossile. Dans la couche la plus profonde et datant du quaternaire de ces  graviers d’origine fluviale et glaciaire, se trouvent aussi des outils en quartz ou en quartzite.
 Les trouvailles de Vero en Floride datent au moins du quaternaire supérieur et comprennent  deux squelettes avec des éclats de silex et quelques os qui ont été travaillés.
Renaud dit que les pointes de Folsom trouvées  en Floride rappellent la perfection des pointes solutréennes ou des dagues néolithiques trouvées au Danemark, perfection qui, curieusement, fut atteinte en Amérique d’emblée et sans le moindre tâtonnement antérieur.
Renaud accepte aussi  la découverte faite dans le Nebraska qui fait remonter l’antiquité de  l’homme en Amérique à l’époque pliocène, c’est –à- dire à une époque pré- glaciaire, à  la fin de l’ère tertiaire. Il s’agit d’une industrie composée d’outils en os exclusivement, comme celle trouvée à Vero et comme celle trouvée en Australie (-50 000 ans). « Les restes de cette culture, écrit Renaud, ne se composent pas d’objets de pierre, préchelléens ou même éolithiques [ … ]. En Europe, ce n’est qu’avec l’aurignacien qu’on peut vraiment parler d’une industrie osseuse. Et ici, en Amérique, à une époque pré- glaciaire, on rencontre d’abord l’os, sans la pierre.  » Amérique
Amérique centrale, Antilles et du sud.
D’où venaient les migrants d’Amérique du sud ? On peut supposer qu’ils venaient aussi du détroit de Behring, mais rien n’interdit de penser qu’ils ont pu prendre la voie antarctique. Auquel cas ils se seraient détachés de la branche proto-polynésienne à partir des îles Ryu Kyu  en direction de Formose (Taîwan), des Philippines,  de Timor et de  l’Australie, puis du  pôle sud et du  sud de l’Amérique. On peut tenter de les accompagner  en suivant la route d’une plante à fibres nécessaire pour les cordages et les voiles, donc pour la navigation : la Broussonnettia papyrifera. 

Les données de l’ethnobotanique appliquées aux migrations des proto- polynésiens, en Guyane et aux Antilles en particulier.
 On peut suivre la Broussonettia du Tibet en  Chine (Hainan, Fujian, Gansu, Guangdong, Guangxi, Guizou, Shandong, Séchouan,   Yunnan,  Zhejiang), en Corée,  au Japon.  On a son nom sous sa forme amérindienne d’origine proto- polynésienne, avec préfixe –ma et suffixe –te ou –e  : maho , de ma-hau ,aux Antilles ;en Ecuador,  huamaga, hua pour hau ,hau correspondant au ha de hagua, ma étant utulisé comme  infixe végétal ,   ma-ho-t,  de ma-hau-te à Surinam, mahu (cf en  lifou , proche de la Nouvelle-Calédonie, avec infixe –e- , méhun de ma-e-hu-te) , de ma-hau, ou   mahoe , de ma-hau-e , en Guyane, terme qui a tendu à prévaloir dans les Antilles françaises et anglaises . Une plante voisine, l’Hibiscus elatus, Sw, appelée mahoe ou mahot  bleu en raison de la couleur  de son bois lorsqu’il, est poli, est originaire de Jamaïque, et s’est propagée à Cuba, aux îles Vierges ,  à Porto Rico et ezn Guadeloupe (mahot bleu). . Comme elle repousse vite, même sans forêt environnante, elle a pu être introduite du Pérou, où elle avait aussi été introduite, à l’île de Pâques, où elle a reçu le nom de (mau) moanua    , bleu océan, cf tahitien moana, bleu océan.


 En Argentine, on a découvert deux bifaces (taillés sur les deux faces) en quartz, analogues aux outils de Trenton, dans des graviers appartenant au Pampéen supérieur, ainsi que dans le Pampéen inférieur et même dans l’Hermoséen.  A 5 kilomètres de Miramar , sur le bord de l’Atlantique, les fouilles ont livré un instrument biface en quartzite appartenant au miocène, taillé en forme d’amande, une pierre- enclume, une vingtaine de percuteurs, de racloirs et  de pointes en silex et en quartzite, une boule piriforme en diorite bien polie, un couteau en silex , une pierre à cupules, plusieurs boules sphériques dont une avec rainure bien polie, des molettes et des pilons, des os coupés en biseau qui peuvent avoir servi de poignards ou de poinçons, un fémur de Toxodon dans le grand trochanter duquel était fichée une pointe taillée en quartzite et deux pointes de même nature enfoncées dans les vertèbres du même animal.«  Tous ces objets, reconnaît Rivet, op.  cit, p. 48,  sont absolument semblables aux objets de même type que l’on trouve partout à la surface  et dans les couches supérieures de la Pampa et de la Patagonie », ces dernières appartenant à l’éocène . Ainsi, l’homme américain aurait su tailler la pierre, mais aussi la polir depuis le miocène à l’ère tertiaire, et Rivet s’indigne, mais à tort selon moi, de ce mélange qui contraste avec notre Vieux -Monde. Mais il oublie que les populations d’Amérique étaient des migrants déjà dotés de techniques plus anciennes, acquises ailleurs.
 4 La branche dite polynésienne et le taro.  
Il faut inclure  dans les Polynésiens les Micronésiens très peu étudiés et les nombreux outliers ou « exclaves » restés en route et plus près de l’habitat originel comme ceux des  îles de l’Amirauté en Papouasie. Ils  sont partis du Tibet,  avec leurs frères qui devaient donner les Amérindiens, de Corée,  du Japon, en direction de Formose (Taiwan),   puis ont gagné les  Philippines,   la Micronésie  et certaines îles des Salomon d’où ils se sont répandus dans le Pacifique, avec parfois des retours en arrière (les «  outliers ») jusqu’à Hawaï et l’île de Pâques au nord et jusqu’en Nouvelle-Zélande au sud.
Contrairement à) ce qu’on a longtemps pensé, les Polynésiens n’ont pas changé de race par rapport à leur langue car celle-ci est dérivée  de la langue austro- asiatique , qui s’est répandue jusqu’en Indonésie pour donner le malais et l’indonésien bien étudiés par Dempwolf  sous le nom d’austronésien ; mais , pour le grand linguiste hollandais Dempwolff , le polynésien, comme le formosan, le malgache, le micronésien , le mélanésien avaient seulement des apparentements lointains avec l’austronésien tel qu’il l’a reconstitué à partir des seuls dialectes malais (austronésien remontant aussi à l’austro- asiatique mais ce dernier  n’a pas bénéficié de pareille étude) et il ne les a pas étudiés. Il faut aussi songer qu’une langue véhiculaire a pu se former pour échanger entre ethnies différentes rassemblées dans une même culture.
On peut retrouver dans la langue  polynésienne,langue austro -asiatique,et se0ulement secondairement apparentée à l’austronésien,   certains mots austro- asiatiques  qui se retrouvent dans les dialectes australiens comme le mot qui désigne le sang,australien guara, gwaro , chon wuar , huarr, polynésien de Mangaréva, gouaro, mélanésien de Nouvelle-Calédonie, à  Bourail , gouaro.
Les donnés de l’ethnobotanique appliquées  aux migrations polynésiennes : le taro et  l’Hibiscus.
Le nom du taro wara-bi (tubercule, +–bi, sauvage)
 Le suffixe –bi, sauvage, indique une provenance djomon, les ancêtres des Japonais. 
Il existe au Japon une fougère (Pteridium aquilinum) dont les tubercules sont comestibles. Elle est appelée warabi en djomon.  De warabi,  on a  le nom du taro cultivé (sans –bi par conséquent),  tara ou  taro ;  on a aussi :
1) le nom de l’igname cultivée  (donc sans-bi) à Santo au Vanuatu,  wara ; avec –bi, le nom polynésien  d’une espèce d’igname sauvage ou semi- sauvage d’Ouvéa en Calédonie, le waleïde wara-bi ;
2) le nom d’un condiment japonais appelé wasashi (Wassashia japonica), une sorte de moutarde,  apprécié pour ses racines,  qui ne pousse spontanément qu’à Formose, au Japon et à Sakhaline, introduite par les Maoris en Nouvelle-Zélande.
Le nom de l’Hibiscus tiliaceus et de plantes à fibres voisines.
On le retrouve sous sa forme polynésienne kao ou hau dans le Pacifique : : en vieux -mangarévien , on a à  l’île de Pâques (pour le nom du chapeau des statues) ,avec le préfixe végétal pu-pu kao, kao correspondant au tahitien  purau  (bourao en Calédonie) pour l’ Hibiscus tiliaceus  et, sans préfixe, au hawaïen hau, au nivéen  fou, au tongien fau comme autrefois à Tahiti  ou, avec un redoublement, hauhau  à l’île de Pâques (langue de Rapanui) pour une plante d’utilisation  voisine, le triumfetta semiloba. La Broussonettia papyrifera est appelée  en vieux -mangarévien ,  à  l’île de Pâques (pour le nom du chapeau des statues)  pukao, correspondant au tahitien  purau (rau =kau ou kao).

5 Les Blancs Ibères ou Ouigours en Amérique.
La toponymie d’origine ibère.
Les  noms de l ’Irlande, en latin Iberia, les Hébrides, du latin Hiberides, des Berbères et de la Barbarie, de la Scandinavie, de la  Sibérie,  de l’Athapasca et de l ’Alaska pour une région du nord de l’Amérique, où l’on parle des langues du groupe na–dene d’origine pré- polynésienne,  viennent respectivement de ibère et de basca.


Les migrations.
Elles ont eu lieu à date très ancienne, vers -40000, et ont suivi quatre  voies au moins :
1) à partir de l’Irlande, Iberia en latin, l’Ibérie, des Hébrides, Iberides , de la Thulé ultima de Pythéas parti de Marseille et de la Scandinavie (bascandinav- ) par le Groënland, qui signifie le pays vert , comme le firent les Normands d’Eric le Rouge vers 1000 après J.- C.  Platon, dans le Timée, vers - 350, écrit en donnant la parole à un prêtre égyptien vivant du temps de Solon,mort en – 558,  que « en ce temps-là {vers-10500), on pouvait traverser la mer Atlantique .Les voyageurs de ce temps-là   pouvaient passer de cette île [l’Atlantide ]  sur les autres  îles et, de ces îles ils pouvaient gagner tout le continent (l’Amérique) , sur le rivage opposé de cette mer(atlantique) qui méritait vraiment son nom de mer{…]. De l’autre côté (du détroit de Gibraltar), il y a cette mer véritable (l’Atlantique) et la terre qui lui  fait face et que l’on  peut appeler véritablement, au sens propre du terme, un continent (l’Amérique). »Le nom de l ’Athapascan garde peut-être le souvenir de cette colonisation ;
2) par le détroit de Behring à partir de la Sibérie vers l’Alaska, qui garde dans son nom un autre souvenir ;
3) par mer,à travers l’Océan Atlantique, à partir des Canaries  peuplées d’Ibères venant d’Afrique du nord , les Berbères, de Sainte-Catherine et de Minorque ou d’ibiza, de Ibera, , aux Baléares,vers le Mexique actuel ; 
4) par le pôle sud, à partir de l’archipel Ryu Kyu vers  l’Australie, où nous trouvons des géoglyphes qui témoignent de leurs mystérieux rites agricoles et qu’on retrouve chez les  Naxa, de bascan, en Amérique du sud.
Détails intéressants pour d’autres migrations : dans la mer Noire, on a trouvé une épave de bateau ouigour. De plus, Rivet a écrit une intéressante brochure intitulée Sumériens et Océaniens qui montre les affinités linguistiques et autres des Ibères et des Sumériens.
Leur route dans le Pacifique  comprend la Micronésie, Erromango au Vanuatu, l’île des Pins près de la Nouvelle-Calédonie, Tonga, Mangareva ,l’île de Pâques (voir mon blog sur l’île de Pâques). On peut encore les suivre grâce à l’ethnobotanique et une plante originaire d’Asie tempérée et tropicale, les mûriers à papier (Broussonetia papyrifera appelés mataka ou au pluriel mataki.  Le nom obscur et énigmatique de Mataki-te-ragi  donné à l’île de Pâques par les Vieux- Mangaréviens selon Caillot signifie en réalité quelque chose comme (l’île) où poussent les mûriers à papier (Broussonetia papyrifera) transplantés par les blancs, te (des) ragi ou langi , des  blancs  de l’île de Pâques S’agit-il d’une interprétation des Polynésiens de Mangareva relative au « chapeau » improprement nommé  surmontant les statues alors que leurs propres chapeaux étaient tressés à partir des fibres de cette plante ? Certes, les Polynésiens se servaient de l’écorce de ces mûriers afin de  faire les chapeaux de leurs chefs et , plus généralement,  des tapas (le mot tapa, altéré par les Polynésiens, à partir du singulier  taka,  vient justement d’un nom de la plante,  té-(h)aka ou té- (h)aki) . Mataki est le nom  pascuan de la plante en question, appelée ma -hagua en Amérique par les migrants australiens : ma – étant  un préfixe végétal, avec  l’infixe –te- élidé, et le pluriel (h)aki .
On les accompagne à partir de l’archipel Ryu Kyu jusqu’à  Taiwan (appelée Formose, la belle en latin, mais Taiwan , de takwa-ne , -ne étant un suffixe de collectif végétal, signifie l’île des Broussonnettia papyrifera, comme Hawaï , de hagwa avec i de pluriel. Ensuite ils font étape à Malacca, de mahaka , en Malaisie.   Mais pour revenir aux reflets de leur sombre route, comme dirait Loti, les Chinois  ont retrouvé une trace certaine des Ibères   dans leurs fouilles des cimetières ouigours situés  dans le bassin du Tarim :  au nord du Tibet, dans l’immense désert de Taklamakan , des archéologues chinois ont eu l’étonnement de découvrir une nécropole, avec des momies aux traits européens, aux cheveux châtains et au nez long(ce nez long qu’on retrouvera chez les Indiens de l’Amérique du nord)  datant d’il y a 4 000 ans et enterrés dans des bateaux retournés recouverts de peaux de vache , avec un mât de bois situé à la proue , de 4 mètres de haut et dont la sculpture varie selon le sexe : pour les hommes , le sommet est effilé, symbolisant,selon les archéologues chinois, des vulves, tandis que , pour les femmes, le sommet serait plat et  peint en noir et en  rouge, évoquant des phallus. On peut toutefois se demander s’il s’agit bien d’un mât renversé et s’il ne s’agirait pas plutôt de  la godille (à la proue du bâtiment), qui permettait, pensait-on, de se diriger  dans les eaux de l’au-delà, correspondant pour les femmes à la navette ou la quenouille, attributs de leur sexe que les Chinois n’ont pas compris. O’Connell,qui , vers 1840, passa onze années  en Micronésie, décrit ce même rite en précisant qu’il s’agit de fuseau (spindle) ou de quenouille (distaffe).
L’ADN des momies ouigoures  viendrait de Sibérie. Il y a parenté de culture avec celle des blancs aïnous : le fondateur de l’hématologie, Jacques Ruffié, qui  alla observer, en 1978, les derniers Ainous d’Hokkaido, a noté qu’à Nibutani les tombes sont surmontées « d’un curieux poteau de bois dont la partie supérieure sculptée varie avec le sexe du mort » Tous les hommes analysés présentent un chromosome Y présent aujourd’hui surtout en Europe de l’est, en Asie centrale et en Sibérie, mais rarement en Chine. L’ADN mitochondrial, transmis par les femmes, se compose, lui, d’une souche provenant de Sibérie et de deux autres souches qui sont communes en Europe .Comme le chromosome Y et les lignées d’ADN mitochondrial sont anciens, le Dr Zhou , généticien, en a conclu ( revue en ligne BMC Biology, de mars 2006) que les populations européennes et sibériennes s’étaient unies avant leur arrivée dans le bassin du Tarim, il y a environ 4000 ans, en Chine, dans ce qui est aujourd’hui un désert mais devait être une région fertile il y a 4000 ans. Le généticien Li Jin, en 2007, déclara que l’ADN de la « Belle de Loulan », une momie trouvée non loin,  indiquait une origine en Asie de l’Est  (en Sibérie) et   en Asie méridionale (Thaïlande).Pour nous, ce site de momies « européennes » en Chine  datant de 4000 ans confirme la migration des Ibères- Ouigours à partir de la Sibérie.
Rivet a étudié l’élément blanc dans la composante de l’ethnie américaine, op. cit, p. 131 sqq :« Une fresque du Temple des Guerriers ,à Chichen- Itza, au Mexique, représente une lutte entre les indigènes et des assaillants venus par mer, qui ont la peau blanche et des cheveux blonds [bères venant par mer des canaries]; sur deux vases de Chimbote et de Trujillo (Pérou), des guerriers à peau noire s’affrontent avec des guerriers peau claire . Sur deux vases provenant respectivement de Puño et de Santiago de Cao, près de Trujillo, au Pérou,  des maçons à peau noire et à peau blanche travaillent ensemble aux constructions.»
De même, en Micronésie, O’Connell signale, dans A residence of eleven years in New Holland and the Caroline Islands, being the adventures of James F. O’Connell, 1836, réédition américaine,  p. 193, l’existence d’une femme parfaitement blanche, réalisant un type récessif, à qui les natifs d’autres îles micronésiennes que celle où elle résidait rendaient souvent visite, tant sa renommées « s’étendait au  loin. A côté du teint de nombreuses Européennes, son teint, nous dit-il, aurait encore paru clair ».
 La rumeur sur l’argent de la Sierra de la Plata (la montagne d’argent).
« La légende voudrait que le naufrage d'un navire espagnol (parti en expédition au Pérou) eut lieu au large de l'île de Sainte-Catherine, au Brésil  actuel ;  18 hommes sont alors naufragés. L'un d'entre eux, Alexio Garcia, se lie d'amitié avec un peuple local, qui va lui dévoiler l’existence d'une montagne qui abriterait en son cœur des tonnes de métaux précieux. Garcia va donc abandonner son expédition et partir avec ses hommes et quelques indigènes à la recherche de cette montagne qu'il appelle déjà la Sierra de la Plata. Ils atteignent finalement l'Altiplano au cœur de la Cordillère des Andes, où ils vont faire la rencontre du chef de la montagne, "le roi blanc", dont le trône immense serait entièrement recouvert d'argent. Les hommes prennent alors quelques pièces de grande valeur, et repartent vers la côte brésilienne. Mais, sur la route, l'expédition est massacrée par un peuple rival. Seuls quelques indigènes arrivent à survivre en s’enfuyant dans les forêts tropicales. Ils arrivent à rentrer chez eux et racontent  l'histoire avec pour preuves les pièces qu'ils ont rapportés. » Le « roi blanc »  ainsi que son trône immense plaqué d’argent évoquent  Viraco -cha (de sha, ou shen, blanc), roi  de ces  Incas  qui avaient  à leur tête un blanc barbu , Virakosha, virako,  de varango, signifiant homme,comme marengo déjà rencontré plus haut.
Le nom ibère  des animaux en Amérique.  
En effet, des migrations très anciennes amènent les Ibères jusqu’en Amérique du nord par l’Australie et la voie du pôle sud, comme par d’autres voies. Des traces linguistiques y révèlent leur influence, telle le nom du renard ou de la  chauve-souris ou  renard- volant. Le nom grec du renard, alopeks, de val-o-pex,  vient de var, forêt, et de peks, animal  à fourrure, comme le quechua du Pérou alpaca,de (v)alopaka,  dont nous avons fait alpaga et qui désigne un mammifère parent du lama. Le pika de Sibérie, sorte de marmotte qui a conservé son nom jusqu’à aujourd’hui. A noter  le nom du pika américain, identique au nom du pika sarde, sortes de lièvre, avec leur  fourrure (élément déterminant pour qualifier un animal du nom de pek).
 Le sanskrit (v)lopacah, le latin vulpes, de vulpeks, renard, et pecu, pecus, petit bétail ovin (à laine), l’anglais fox , de peks,  renard, sont tous  à relier au mot pekan qui désigne une  martre du Canada ou un putois de Virginie réputé pour sa fourrure, ainsi qu’un ancien mot maya , pek,  chien (le chien des prairies, disparu)  Les sceptiques pourront se récrier qu’il ne s’agit là de ma part que d’une hypothèse ; mais elle est confirmée par le mot   pecari, de pek -vali, de vali, forêt, cpchon de forêt , cochon sauvage, désignant un  sanglier du Brésil, qui est un  mot de Guyane et du Venézuéla.   Le nom de la chauve-souris, animal jadis domestique en Océanie, d’origine ibère, signifiant renard- volant,  contient souvent cette racine pek.
 Le grec lynx , le latin lupus cervarius,  loup cervier, d’origine boréale, et l’ocelot, de l’aztèque mexicain oslut,ou du nahuatl oseloti,  rappellent  l’arménien lusanunk, l’irlandais lug, lynx, le gaulois catulf, chat- lynx, cf Catullus , nom d’origine gauloise. Il n’a rien à voir avec le loup, mais plutôt avec un félin (cf grec homérique lis, lion) qui, en Sibérie, n’hésite pas à s’attaquer aux cerfs, le loup –cervier ou once ou panthère des neiges (Panthera uncia).
 Le nom générique ibère  du mammifère à fourrure pek  se retrouve  dans le latin vervex,  bélier  , de berpecs,  et,  à cause de sa fourrure très appréciée , dans le nom  du loup, sanskrit vrkah,anglais wolf, de worpeks , latin lupus de wlopeks, grec lukos, de worpeks. De même, irpi ou hirpus, loup en sabin, vient de wrpeks .  
  Le nom du  caribou, qui est algonquin, dérive  de l’ibère kerabh, où l’on reconnaît ker-n, corne, et il est à est à rattacher au latin cervus (de kirabhus), au grec helaphos (de kilabhos), cerf.
Cerf, chamois,  gazelle, chèvre, élan, renne, et même sanglier et renard semblent avoir été désignés à partir d’un  même nom générique  dans certaines  langues ibères, avec des élargissements différents suivant l’animal.   
 La   racine ibère  désignant  le renne et l’élan est yorenyos ou dorenyos. On la trouve dans le basque   orein , de yoreny,  dans le lycien  olen, l’arménien eln, le grec homérique ellos (de yelnos),  faon, l’ étrusque olenos, le  balto- slave elnis, le  slave olenj, jeleni .Du  radical  der/dor, on a l’anglais deer, cervidé quelconque, l’albanais derr, sanglier,  le  basque zerri, sanglier, de yer(on)i (os), l’espagnol zorro, de yorr(eny)o,    renard,l’espagnol porro, chien, sous-entendu chien [pour sanglier , cf deer-hound, chien courant (le cerf)], contamination par le  latin porcus, sanglier, du basque zerri, sanglier,  de verr(eny) ,    le grec dorx (de zor-k-s, de yor) , gazelle, le grec dorkas, génitif dorkados, chevreuil, le grec dorkè, biche, l’ albanais derkuna,brebis.
Le nom ibère du  sorcier en Océanie, en Amérique du sud et aux Antilles : le doghi ou dieu rouge et le zombi.
Les Ibères utilisèrent en Europe la racine  deugh, pétrir l’argile,  façonner ; on la trouve sous la forme  dheich/deuch, latin fingo, figura, grec teichos, rempart en terre, etc. et pour ce qui nous concerne, nous avons en grec , conservé par Théocrite, dans l’une des trois langues indigènes de Sicile, une langue ibère, daggus, daggudos, radical dagud- désignant une poupée de cire représentant l’ancêtre mort, puis une poupée à des fins magique d ’ envoûtement (en la piquant avec  des aiguilles) , ce qui nous donne le nom du sorcier masqué  de Nouvelle-Guinée –Papouasie, le  douk-douk, le doghi océanien et amérindien au sens de sorcier en Amérique du sud cf mon article dans le bulletin n°45 de la société d’études historiques de la Nouvelle-Calédonie, 4e trimestre 1980, « le doghi calédonien, la hache –ostensoir [tiki] et leurs parentés australiennes et amérindiennes », la poupée  appelée doghi ou toghi  dans le Pacifique,ou encore, le zombi ou mort-vivant, envoûté  et pouvant transmettre l’envoûtement du Vaudou  antillais. On a rapproché l’arabe tbib, sorcier, et l’argot militaire toubib, marabout, rebouteux, ainsi que le terme de respect en Afrique vis- à- vis du maître blanc,  toubab, proche du tahitien toupap-ahou, mort (ahu)-sorcier.  Mais comme zombi peut-être ces mots viennent-ils tous les deux, ainsi que l’arabe tbib , de tobib, de tagid, de daggud.






L'anonymat de deux auteurs dévoilé: l’auteur du Voyage de Robertson et l’auteur des Fragments du dernier voyage de La Pérouse (1797)

L’anonymat de deus auteurs dévoilé : l’auteur du Voyage de Robertson et  l’auteur  des Fragments du dernier voyage de La Pérouse (1797) . 
1) L’auteur du Voyage de Robertson dans les terres australes,  (1766,  1767, réédition en 2008 par Jean Garagnon, ulmien, agrégé des lettres, docteur et par  la Société Française d’Etude du XVIIIe siècle, et  réédition contemporaine par la Gallica) ?
 Le  Voyage de Robertson dans les terres australes a bénéficié de la meilleure réédition qui soit avec un riche apparat critique grâce à mon condisciple de  la rue d’Ulm, Jean Garagnon,  dix -huitiémiste et universitaire de renom (Pnom Penh, Melbourne, Tanger, Corte, Montpellier). Pour auteur de cet ouvrage anonyme, Jean Garagnon cite Barbier, qui,  dans son Dictionnaire des ouvrages anonymes, reproduit la «  note écrite par M…, ex-censeur royal, en tête de son exemplaire ». M…. y affirme : le  « morceau [contre les parlements] a été supprimé  pour obtenir la permission de faire entrer ce livre [de Ratisbonne] en France .On a fait faire à la hâte, par M. Mercier de Sainte-Geneviève [Barthélemy Mercier], pour M. Hérissant fils [sans  demander l’avis de l’auteur, son oncle Louis- Théodore Hérissant, alors à Ratisbonne], un nouveau texte  qui est dirigé contre les auteurs de l’Encyclopédie.
Qui est ce  Hérissant  fils ? Il est le fils de Jean- Tomas Hérissant des Carrières, libraire-imprimeur aussi.  Jean- Thomas Hérissant des Carrières fils, né vers 1740 et mort vers 1799, est reçu libraire en septembre 1763 et reçu imprimeur en 1796. Il est alors en succession avec sa mère qui est alors veuve et libraire- imprimeur à Paris. Il est l’auteur en 1765 d’un Catalogue de la bibliothèque de feue la marquise Madame de Pompadour,  d’autres catalogues dont celui de sa propre bibliothèque ,  des mémoires d’un nain polonais Jozef Boruwlaski et de divers ouvrages de linguistique française , tous réimprimés en anglais aujourd’hui .
  C’est son oncle  Louis- Théodore Hérissant (1743-1811), avocat, secrétaire de la légation auprès de la diète de Ratisbonne, ami de Chamfort avec qui il avait publié, en 1771, quatre volumes 12° contenant des mélanges de littérature et de morale,cité discrètement op. cit. p.157 (« un homme respectable qui examinait dernièrement » la légitimité des changements de régime) et de Houdar, était déjà l’auteur d’un autre voyage utopique paru anonymement, Relation du voyage mystérieux de l’isle de la Vertu, Paris, 1760.On attribue  cet ouvrage à  la collaboration de Jean- Thomas Hérissant des Carrières fils , comme pour telle grammaire française.   Comme par hasard, Louis Théodore a traduit en allemand le Voyage de Robertson et a fait paraître cette traduction  en 1767 , prétendument « à Amsterdam »,  à Ratisbonne en réalité, comme la première édition en  français du Voyage de Robertson de 1766. Barbier est  l’auteur  d’une Notice sur la vie et les ouvrages de M. L.-T. Hérissant, Paris, 1812, 29 pages (Magasin encyclopédique, 1812), complétant la notice sur Hérissant  publiée à sa mort par le Journal des Arts, V (1811), p. 376-378 C’est, selon moi,  Louis -Théodore Hérissant qui est l’auteur du Voyage de Robertson et mon ami Jean Garagnon m’a donné son approbation pour cette attribution.

2)   Précisions supplémentaires par rapport à mon blog sur l’auteur  des Fragments du dernier voyage de La Pérouse (1797).
Résumé de cette plaquette anonyme  : un matelot anglais  sur l’Amazon est fait prisonnier à Quimper et confie le manuscrit qui suit à celui qui l’a sauvé : ce journal de bord  a été dérobé par le matelot   à Botany Bay , où il accompagnait W .Tench lors de sa visite à Lapérouse : Tench  avait conduit en Australie le premier convoi de convicts  .En débarquant sur une île inconnue de la côte américaine du  Pacifique en 1788,  les hommes de Lapérouse découvrent un peuple qui a été civilisé il y a une cinquantaine d’années  par des Européens exilés (ce sont des Bretons membres de la conjuration du marquis de Pontcallec contre le Régent) : ces combattants de la liberté se sont échappés et ont apporté la musique,la danse et  les outils utiles aux sauvages. L’auteur évoque leurs  six tombeaux dont le 5 è est un cénotaphe consacré au marquis  exécuté sur ordre du Régent (son  corps est resté en Bretagne) .Le 4e porte l’inscription «  Adélaïde de Kervasy, de Vannes » qui donne la signification de l’épisode , car le château de Kervasy appartenait aux  Malestroit dont le membre qui nous intéresse est le marquis de Pontcallec, condamné à mort par le Régent en 1720 à cause d’une révolte  pour l’indépendance bretonne. Lapérouse,  nous laisse entendre la note de l’éditeur, a choisi de vivre parmi ces sauvages,  « loin des fureurs de Robespierre ».Enfin l’auteur nous décrit 9 plantes de «  l’île Bleue ».
Auteurs avancés pour cette plaquette : Watkin  Tench (selon John Dunmore) ou Jacques Cambry (selon Barbier,entre 1806 et 1809,  sur indication probable de Eloi Johanneau , dans son Dictionnaire des ouvrages anonymes, e, selon Quérard en 1869 dans Les supercheries littéraires dévoilées et selon Kerviler en 1893 dans Bibliographie bretonne)
Nous suivrons d’abord  l’exposé de T. de Kerros dans  Un singulier prisonnier de guerre anglais, Watkin Tench, avec Fragmens du dernier voyage de Lapérouse, p.147-162,  pour donner ensuite notre avis sur l’auteur secret.
Le seul argument en faveur de Tench est qu’il  avait conversé avec Lapérouse à Botany Bay  en Australie en février  1788 et qu’il a par la suite été fait  prisonnier,  puis transféré   à Brest et à Quimper, de novembre 1794 à mai 1795. De Kerros remarque que l’auteur prétendu ne sait pas que Watkin est un prénom gallois  et l’accole avec son patronyme comme si c’était un nom composé, ignorant l’orthographe  de son propre nom qu’il écrit avec un k au lieu de ch :  Watkin Tench,. Ajoutons que le matelot anonyme aux ordres de W. Tench , rescapé des  Droits de l’Homme sur lequel il avait été transféré ne peut être que le major Pipon , qui n’alla jamais en Australie et ne rencontra jamais Lapérouse , à la différence de W. Tench.  Le major,   rescapé du combat   le 18 janvier 1797, fut fait prisonnier à Quimper ; il fut  conduit à Brest pour être renvoyé en Angleterre où il arriva le 7 mars 1797. « Une série d’infortunes que je compte faire connaître un jour [ce sera Narrative of the dreadful shipwreck of the Droits de l’Homme….by Elias Pipon, lieutenant, 63th regiment]   m’a jeté sur les côtes de France après un long combat de l’Amazon contre les Droits de l’Homme, dans la nuit du 13 au 14 janvier 1797.
L’intervention de W. Tench n’est qu’un prétexte pour justifier la connaissance  du manuscrit, en même temps qu’elle est un fait d’actualité : l’ouvrage a été publié en prairial (20 mai-18 juin)   1797, le combat a eu lieu en janvier 1797 . Contre l’attribution à Cambry, comment quelqu’un qui était montagnard et jacobin, pourrait-il être l’auteur d’une brochure qui parle des  « fureurs de Robespierre ?
« L’examen des « Avant-propos » des « Fragmens … », conclut de Kerrios, ne permettrait donc pas d’établir que leur auteur n’est pas un simple matelot anglais présent avec Tench à Botany Bay, n’est pas Watkin Tench, n’est pas Cambry »
Qui donc est l’auteur ?
Il s’agit d’un « naturaliste de pointe », écrit de Kerrios qui a demandé le conseil du botaniste réputé,  Stéphane Buord : « A cette époque quelques rares scientifiques connaissaient l’irritabilité du stigmate bifide du Martynia (cité à propos du Peyrousia,  p.  195, édition de Kerrios ;  seuls quelques grands jardins botaniques européens de l’époque le cultivaient dont le Muséum à Paris. » C’est le chirurgien naval W.  Houston qui découvrit la plante à Vera Crur au Mexique et en envoya en 1731 des graines  à P. Miller, le conservateur au Chelsea Physic Garden. Houstoun prit l’initiative de l’appeler Martynia en l’honneur d’un professeur de botanique de Cambridge, John Martyn. Celui-ci la reproduisit dans son fameux ouvrage Historia Plantarum Rararum (1728-1737). Ni Tench , ni Cambry ne connaissaient seulement l’existence de la Martynia.  Alors qui ?
Un  professeur de botanique, fondateur de l’Académie celtique et  rival de Cambry : Eloi Johanneau
Eloi Johanneau naquit à Contres  (Loir-et-Cher)  en 1770 . Il  devint professeur de sciences naturelles au collège voisin de Blois, puis fondateur et démonstrateur du Jardin des Plantes de Blois. Aussi, en l’an III (1794) , lorsque fut créée la première Ecole normale supérieure, dont les districts choisissaient les élèves, le district de Blois choisit-il  Eloi Johanneau. Cette école durera trois mois  et elle s’installa le 20 décembre 1794 à l’amphithéâtre du muséum d’Histoire naturelle. C’est là que E. Johanneau aperçut la Martynia, indice capital pour identifier l’auteur de la brochure. Johanneau y rencontre l’amiral Bougainville , âgé de 70 ans ,qui peut l’avoir incité à penser aux navigations exotiques,  le botaniste Lacépède , parent du naturaliste Collignon embarqué sur la Boussole auquel il prêtera le texte des Fragmens. Johanneau a eu connaissance alors dans une bibliothèque parisienne de la traduction française parue d’abord à Londres  en 1789 de l’ouvrage de W. Tench où il donnait les dernières nouvelles qu’on ait eues de Lapérouse qu’il avait rencontré à Botany Bay, Relation d’une expédition à Botany Bay,ainsi que son Compte rendu de l’installation à Port –Jackson (le port de Sydney] en 1793.  En 1805, Johanneau publiera sa Nouvelle ornithologie d’après la méthode de Lacépède, grâce à l’aide de son frère Alexandre qui est aide- imprimeur. Les ouvrages précieux, tirés à très peu d’exemplaires, comme les Fragmens, sortent de ses presses situées dans  l’imprimerie  Lenormand  ,  rue  du Pot- de- Fer à Paris. Nous avons le justificatif de l’édition d’un Fragmens Petronni , tirée à 126 exemplaires  dont 100 numérotés, plus deux sur beau vélin  et quatre sur papier de Chine, plus 20 exemplaires  petit in-8° sur papier de hollande. Or, un incendie ravagea le bâtiment le 20 décembre 1858 : c’était là qu’étaient entreposés les exemplaires des éditions précieuses des deux frères et c’est ce qui explique le caractère introuvable de certaines brochures.
 Quelques commentaires sur les plantes de l île  Bleue :  les  Peyrousia bleues sont des cousines des Iiris spuria musulmanica Takht originaires de Turquie et d’Iran ; le mot barbouquin utilisé pour décrire une sorte de salsifis, Leontodon Tragopogonoïdes, est une  traduction libre de l’anglais goat’s beard.
Johanneau est un partisan convaincu du système de Linné, nouveau alors, comme l’indique, par exemple, op ; cit., p  202, la mention Polyadelphie icosandrie Lin .
Les mobiles de la publication : la rivalité entre Johanneau et  Cambry en raison des différends entre sociétés secrètes et surtout entre membres de l’Académie celtique.
Le rite écossais  ancien et non accepté par le Grand Orient.
Lapérouse avait été initié  comme apprenti le 26 juillet, comme compagnon le 16 août et comme maître le 12 avril 1766 à la loge maçonnique de Brest de L’heureuse rencontre (article de Henri Colombié , « Lapérouse, Un philosophe «  en action » dans le numéro 59 du Journal de bord avec reproduction  de l’extrait du registre de la loge L’heureuse rencontre conservé aux archives de l’évêché de Quimper, p.5). Cambry, comme Lapérouse, est membre du Grand Orient, tandis que Johanneau appartient au rite écossais.
   La brochure de Johanneau  évoque « deux jeunes élèves » non nommés par l’auteur, savoir du Pac de Bellegarde, né en 1765, membre à dix ans de l’Ordre de Malte, embarqué sur la Boussole,   et le benjamin de l’expédition, Law de Lauriston, d’ascendance écossaise, embarqué sur l’Astrolabe. L’ordre royal de Saint Andrew (un sautoir de couleur bleue) que possédait malgré son jeune âge Law serait à l’origine du rite écossais. La légende veut que la couleur bleue de l’habit des frères dans les Loges bleues provienne du marquis de Pontcallec. Celui-ci, en fuite et pour ne pas être reconnu, s’habillait comme un paysan breton et portait une soubreveste bleue sur un gilet blanc. Le nom mystérieux de l’île Bleue évoque ces Loges bleues ouvertes aux apprentis, aux compagnons  et aux maîtres. 
Mais ce sont  surtout les querelles à propos de l’Académie celtique qui sont à l’origine de la publication. Le mot académie apparaît déjà dans la brochure. Le projet mit longtemps à voir le jour et ce n’est qu’en  1804 que de Mangourit, Johanneau et Cambry, surmontant  leurs différends,   fondent l’Académie celtique avec pour président Cambry  et pour  secrétaire perpétuel Johanneau ;    de 1807 à 1812, elle fera paraître 5 volumes de Mémoires. Mais en 1807, Cambry est éliminé de la présidence.
Cambry et Johanneau avaient le même champ de recherches bretonnes : de Cambry, le Catalogue des objets échappés au vandalisme dans le Finistère publié en l’an III (1795) à Quimper chez Derrien comme sont  censés l’être les Fragmens, mais ceux-ci étant publiés chez Barazer, le Voyage dans le Finistère, les Monuments celtiques, ou recherches sur le culte des pierres , précédées d’une notice sur les Celtes et sur les druides et suivies d’étymologies celtiques, la Notice sur l’agriculture des Celtes et des Gaulois.  De Johanneau, les Monuments celtiques, ou Recherches sur le culte des pierres, qui pa  raissent la même année (1805) que  l’ouvrage de Cambry, Il est l’auteur de nombreuses dissertations sur les antiquités de Bretagne : il a parcouru la France  afin d’étudier les origines du druidisme et les traditions bretonnes.. On ignore le détail des différends entre Johanneau le Girondin et Cambry le Montagnard, mais le but de la brochure est à coup sûr de nuire à Cambry.  
Le but de la publication.
Johanneau désire que la brochure soit attribuée à Cambry et il en fait courir le bruit, de façon que Cambry passe pour un opportuniste, pour un tiède, voire pour un traître aux yeux des Montagnards et des Jacobins. En effet, lui qui se dit montagnard, comment peut-il  vomir, comme dans cette plaquette,  « les fureurs de Robespierre » et dénoncer « le désordre de nos finances et les craintes de l’avenir » ? La présentation favorable du complot du marquis de Pontcallec rappelle les sympathies  dites « fédéralistes » de Cambry. Malgré cela, le 10 octobre 1794, il était entré au comité de surveillance révolutionnaire de Quimperlé, outil de la terreur en province, et réussit à se faire nommer par les représentants en mission administrateur du district. Mais il démissionne, suspect de modération aux yeux des  comités de Sûreté générale et de Salut public.  Au surplus, ne prenant pas conscience des  risques qu’il encourt,  Cambry dédicace  à son ami l’abbé Grégoire un exemplaire de cette  brochure anonyme. Certes, comme de Kerrios le fait remarquer,  Cambry ne dit pas que cet envoi a lieu « de la part de l’auteur » et se contente de mentionner qu’il est l’expéditeur.  L’abbé Grégoire avait dénoncé ce qu’il avait appelé, en créant ce terme en 1793, le « vandalisme » jacobin et cela l’unissait à Cambry  qui avait  fait l’inventaire des dégâts révolutionnaires  lorsqu’il fut chargé officiellement, entre septembre 1794 et avril 1795,  de visiter le Finistère, et lorsqu’il publia son Catalogue des objets échappés au vandalisme dans le Finistère. La même intention l’inspire lorsqu’il fait paraître son Voyage dans le Finistère, ou état de ce département en 1794 et 1795, an VII (1799). D’ailleurs, Cambry pensait à peu près  comme la brochure. Hubert Arvengas, dans une plaquette intitulée L’exploration et le mystérieux naufrage de Lapérouse et distribuée en 1941 pour la commémoration du bicentenaire dans les écoles du Tarn, écrit : « Quelques-uns [des rescapés de l’expédition] restèrent sur le rivage [de Vanikoro] où ils menèrent encore quelque temps une vie misérable  : c’est la thèse à laquelle se ralliait Jacques de Cambry, savant antiquaire breton, dans ses Fragmens du dernier voyage de La Pérouse, curieuse et rarissime brochure éditée à Quimper en 1800. L’auteur mourut persuadé que Lapérouse et trois ou quatre de ses compagnons avaient survécu dans l’île [de Vanikoro] après le terrible naufrage, jusqu ‘en 1794. » Telle serait donc la thèse que professait aussi Cambry : Lapérouse aurait préféré les sauvages aux furies sanglantes de Robespierre.
  Toutefois, Johanneau a pris soin de signer discrètement l’ouvrage en y multipliant les anagrammes : le prince de Louan pour Johanneau, Nuola et Yahoué  pour Eloi Johanneau, Léonard Annoyer pour Eloi Johanneau, anse des Rochers pour aca (démie) (J)ohanneau, l’isle d’Yvic pour (aca)démie cel(t)ique .
 La méthode de Johanneau est toujours la même : il forge  habilement un texte, il le publie à un très petit nombre d’exemplaires, il le fait  attribuer au rival qu’il veut disqualifier.

Nous pouvons suivre sa démarche habituelle dans le conflit qui l’opposa à un Espagnol, l’abbé Marchéna. Il fit paraître, avec texte apocryphe ,un Fragmentum Petronii (toujours cet amour des fragments qui est comme sa signature et qu’on retrouvera en 1806 dans Fragmentum Catulli !),  tiré à 100 exemplaires,  et fit attribuer à l’abbé ce texte licencieux. L’objet du litige était  une question de palimpseste wisigoth concernant l’Espagne, Johanneau désirant faire refuser par le gouvernement espagnol sa demande d’aide financière.  Le  frère d’Eloi republie en 1865 ce texte de 1800 sur Pétrone, augmenté par  ses soins. Joaquim  Alvarez Barrientos  a édité un livre de 148 pages sous le nom de l’infortuné Marchéna,  Fragmentum Petronii,  Madrid, 2007, ce qui montre à quel point la supercherie  de Johanneau  a été habile, puisqu’elle  « prend » toujours.  

LA DERNIÈRE VISITE DE LAPEROUSE AUX ILES TONGA.

                    LA DERNIÈRE VISITE DE LAROUSSE AUX ILES TONGA.
 
Le retour de Lapérouse sur Tonga à partir de Botany - Bay en Australie est surprenant, puisque, à l’aller, il venait  d’y passer, si bien qu’on a pu le mettre en doute. D’autre part, le séjour du grand navigateur  dans l’archipel  n’a jamais fait l’objet d’études et  demeure obscur,  d’autant que son  journal n’est guère  précis sur ce point. Lapérouse nous dit s’être arrêté à Tongatabu devant laquelle  il ne passe qu’une journée (31 décembre 1787). Il parle aux Tongiens montés à bord du Tuitonga (grand roi) Poulaho et de Féenou cités par Cook : « nous avions l’air de vieilles connaissances qui se revoient et s’entretiennent de leurs amis  ».   Comment s’explique ce nouveau passage ? « A chaque instant, écrit Lapérouse, j’étais tenté de renoncer au plan que j’avais formé en partant de Maouna et de ne faire aucune relâche jusqu’à Botany Bay [près de Sydney en Australie] » Maouna est une allusion à l’île de l’archipel des Navigateurs, ou Samoa , où  venait d’avoir  lieu le massacre de la baie de Tutuila, qui avait occasionné la mort de Fleuriot de Langle entre autres et la destruction des chaloupes capable de faire des recherches  sur l’île Saint-Bernard et sur l’île de la Belle- Nation de Quiros. Or, les Instructions royales prescrivaient de  rechercher l’île de Saint-Bernard, découverte par Quiros le 20 août 1596, savoir Puka- Puka aux îles Cook du Nord ,  et l’île de la Belle -Nation  (Rakahanga aux îles Cook , découverte  le 2 mars 1606,  par Quiros). En effet,  les Instructions lui enjoignaient  de faire « route dans le nord-ouest,  pour se mettre en latitude de l’île Saint-Bernard de Quiros, vers 11 degrés », mais sans sortir de  certaines limites géographiques. «  Il prendra alors sa route dans le sud-ouest,  pour traverser, dans cette direction, la partie de la mer située au nord de l’archipel des îles des Amis [Tonga]….Il serait à désirer qu’il pût retrouver l’île de la Belle- Nation de Quiros …et successivement les îles des Navigateurs (Samoa) de Bougainville, d’où il passerait aux îles des Amis (Tonga) pour s’y procurer des rafraîchissements. » Lapérouse  n’avait pu trouver ni  les îles de Saint- Bernard, ni l’île  de  la Belle- Nation : aussi est-il  tentant  de supposer qu’il ait  désiré essayer  à nouveau les repérer.
Il reprend ainsi la route en sens inverse à partir de Botany Bay, passant probablement à nouveau par Norfolk, où,  à la différence de Cook,  il n’avait pu mouiller à l’aller, puis par les îles Cook, à l’île de Saint-Bernard au nord (Puka- Puka) et à l’île de la Belle Nation (Rakahanga).  Nous n’en avons aucun témoignage, mais cela n’a pas été recherché auprès des insulaires. Il  fait voile ensuite  vers l’archipel des Amis (royaume de Tonga),  s’arrêtant  à Anamouka.  
Les Tongiens donnèrent à Dillon  les informations suivantes  qui  se rapportent  à ce  second passage aux Tonga, plus précisément à Anamouka où Lapérouse passe trois jours: « deux autres grands vaisseaux étaient arrivés devant l’île d’Anamouka ou Rotterdam, mais n’avaient pas jeté l’ancre et étaient restés en panne, ayant à terre des canots pour trafiquer. L’officier qui dirigeait les échanges traça comme démarcation un carré au milieu duquel il se tenait ayant de chaque côté de lui une sentinelle armée[108, Nous savons que telle était bien la coutume de Lapérouse :, ce qui authentifie les dires des indigènes :à Lituya , par exemple, «  le commerce reprend (avec les « Indiens », mais ) comme les indigènes sont des voleurs accomplis, il fait délimiter un enclos, gardé par des hommes armés, à l’intérieur duquel sont placées les marchandises débarquées provisoirement des frégates ».. Cet officier portait des lunettes, et les naturels lui donnèrent le nom de Louage [altération du nom d’un officier de l’Astrolabe, Freton de Vaujuas].  Peu de temps après que les échanges avaient commencé, M. Laouage troqua avec un insulaire un couteau contre un oreiller de  bois ; mais après que le sauvage eut reçu le couteau, il s’empara de son oreiller de bois et prenait la fuite, quand M . Laouage saisit un pistolet qu’il avait à sa ceinture et étendit cet homme mort sur la place. C’était un jeune chef nommé Coremoyanga. En le voyant tuer de la sorte, les naturels prirent de l’épouvante et s’enfuirent dans les bois. M. Laouage et ses gens retournèrent à bord de leurs vaisseaux .Le lendemain, les insulaires se hasardèrent à pousser au large et les échanges recommencèrent. Ils reçurent divers présents des européens et tout se passa d’une manière amicale. Deux hommes de l’île voulurent partir sur les vaisseaux.   Les Français  mirent à la voile le jour suivant et depuis on n’en entendit plus parler ».
Dumont d’Urville confirme ce passage, mais la reine régnante, la tamaha,   lui parlent  de dix jours :
« peu d’années  avant le passage de d’Entrecasteaux qui  ose écrire que « Lapérouse n’avait relâché dans aucune de ces îles »] deux grands navires , demblables aux siens, avec des canons et beaucoup d’Européens, avaient mouillé à  Annamouka  où ils étaient restés dix jours. Leur pavillon était tout blanc, et non pas semblable à celui des Anglais. Les étrangers étaient fort bien avec les naturels ; on leur donna une maison à terre où se faisaient les échanges. Un naturel, qui avait vendu, moyennant un couteau, un coussinet en bois à un officier, fut tué par celui-ci d’un coup de fusil pour avoir voulu remporter sa marchandise après en avoir reçu le prix. Du reste, cela ne troubla point la paix, parce que le naturel avait tort en cette circonstance ; les vaisseaux de Lapérouse furent désignés par les naturels sous le nom de Louadji  ».(altération de Vaujuas) Lapérouse embarqua alors, sur leur demande, deux naturels. On peut supposer qu’ils désiraient aller à l’île voisine Tonga- Tapu et que Lapérouse avait décidé de débarquer  dans cette île devant laquelle il était déjà passé en décembre 1787.
Lapérouse se rend alors pour la seconde fois à Tonga- Tapu,  avec ses deux interprètes embarqués à Anamouka , et y reste peut-être trois jours. Dumont d’Urville nous apprend que  son propre « interprète… lui dit  que Touitonga   avait eu en sa possession deux plaques d’étain avec des inscriptions provenant des vaisseaux de M. Laouage, mais que ces objets ayant été employés au service des dieux avaient été considérés comme sacrés et inhumés avec Touitonga…  » Touitonga est le nom de la dynastie des grands rois de Tonga (de 900 à 1865). Cook assista à la grande cérémonie d’investiture de Touitonga Paulaho de 1777. Lapérouse  écrit : « Un jeune insulaire [de Tonga-Tapu]  nous donna à entendre qu’il était fils de Féenou, [le chef secondaire Finau , appelé Fianou par Cook] et ce mensonge, ou cette vérité, lui valut plusieurs présents ; il faisait un cri de joie en les recevant. »  Le jeune homme à qui Lapérouse remit ces médailles est l’héritier présomptif du frère aîné de Paulaho, savoir Ma’ulupekotofa, alors le touitonga régnant. Il  règnera plus tard sous le nom de Fuanunuiava et mourut vers 1810.  S’agissait-il d’une médaille du type de celles, en argent et avec l’inscription « Les frégates du roi de France, la Boussole et l’Astrolabe commandées par MM. de La Pérouse et de Langle, parties du port de Brest en juin 1785 » ? Quant à la seconde médaille, différente en principe de la première, on peut songer à  une médaille en argent du type de ces médailles en argent, sans bélière,  avec à l’avers un buste de Louis  XV et  au revers Sit nomen domini benedictum  et un écu ovale couronné entre deux branches d’olivier.
 Il est intéressant de remarquer que ces deux médailles ont été enterrées avec leur propriétaire, coutume  qui explique pourquoi on n’a jamais retrouvé de ces médailles entre les mains des autochtones.  
En résumé, Lapérouse passe à nouveau  (second passage) par Norfolk, les îles Cook, les îles    Anamuka et Tonga-Tapu aux Tonga., puis par la Nouvelle-Calédonie et les îles Loyauté, enfin Vanikoro.  


LE NOM DE VANIKORO EN FRANÇAIS AVANT LAPEROUSE.


LE NOM DE VANIKORO EN FRANÇAIS AVANT LAPEROUSE.


En route pour Vanikoro (anciennement Manikolo), ou Lapérouse à la recherche de son destin.
 Pourquoi Lapérouse, à partir du nord-est de la Nouvelle-Calédonie, a-t-il  fait voile vers  Vanikoro ? Certes, les Instructions du roi lui  prescrivaient  de « gagner les îles de la  Reine-Charlotte », parmi lesquelles se trouvent  l’île de Santa - Cruz et Vanikoro. Mais pourquoi cet intérêt pour Vanikoro ? Il s’était vu fournir, parmi les livres de voyages qui devaient l’accompagner, l’Histoire des navigations aux terres australes  du Président Charles de Brosses  .Or, au tome I, on trouve, p.339, dans la bouche du chef Tumai, originaire de  Taumako,  île voisine de Vanikoro, la mention d’une « grande région qu’il appelait Manikolo », c’est-à-dire aujourd’hui pour nous  Vanikoro. C’est la première apparition en français , en 1756, du nom de Vanikoro, sous la forme Manikolo,  qu’il ne faut pas confondre avec Malikolo ou Manikula  au Vanuatu, le mot vanikoro désignant le serpent sacré. Dillon utilise cette même forme qu’il écrit Mannicolo : c’est une forme polynésienne.  Nous utilisons aujourd’hui la variante mélanésienne Vanikoro. .
Le  Président de Brosses avait  puisé ses informations dans le navigateur portugais  Quiros, naviguant pour l’Espagne  sous les ordres de Mendaña. Il nous faut donc nous référer à l’Histoire de la découverte des régions australes, de Quiros, trad. par Annie Baert, 2001, p. 239, sqq. 
Le passé de Vanikoro et sa découverte par Mendaña en 1595.
Mendaña, le 7 septembre 1595, voguait devant le volcan Timakula quand celui-ci entra en éruption, lui faisant  perdre de vue l’un de ses trois autres vaisseaux, l’Almiranta Santa Isabel.     
Dix ans après,   Quiros recherche le galion perdu et, le 7 avril 1606,  touche à Taumako, près de Timakula. Il y apprend que la caravelle qu’il recherche  avait fait escale  à Taumako, puis à Anuda, un îlot situé  entre  Vanikoro et Taumako. Selon Quiros, à Taumako,  « il y avait encore, sur une petite place, des morceaux de bois, certains peints en rouge, pour lesquels les « Indiens » avaient un profond respect et auxquels ils avaient accroché des toiles… » S’agissait-il d’un morceau de la Santa Isabel rapporté de Anuda à Taumako ? De plus, on  trouvait à Taumako des chiens de type européen,  des poules importées, des cochons, des patates douces.   Un   survivant de la Santa Isabel y était vivant à l’époque de Quiros : il avait le teint fort blanc et les cheveux et la barbe vermillons ;  ils l’appelèrent le Flamand. »
L’archipel Taumako.
Quiros se lie avec le chef de Taumako. Celui-ci déclare au capitaine avoir entendu parler de l’existence de blancs et de son  précédent  voyage à Santa Cruz. Quiros décrit, op. Cit, p. 239,  cet archipel, composé d’une soixantaine d’îles, parmi lesquelles il nomme « une grande terre qui s’appelle Manicolo».  Il consacre tout le chapitre 55 à la description de Taumako, alors habité par des Polynésiens.
Vanikoro, citée par Quiros, mais non visitée par lui, jamais revue depuis deux siècles, a   intéressé Lapérouse : tel est le mobile qui l’a poussé vers Vanikoro et vers son destin.  
Les premiers contacts avec les hispano-portugais dix ans auparavant avec le naufrage de la Santa Isabel en 1595.
Taumako ,  dont les ses parents  étaient originaires d’ Anouda . C’est à Anouta , une île voisine de Taumako , que la caravelle perdue  l’Almiranta Santa Isabel fut incendiée en 1595  par les ancêtres d’insulaires devenus vanikoriens par la suite et que  l’équipage fut tué  et mangé.
  Ainsi, les Vanikoriens avaient-ils  entendu parler des blancs deux siècles avant l’apparition  de l’expédition Lapérouse. Mais pour eux, c’était des « revenants », assoiffés de vengeance, du naufrage de 1595. Ce n’étaient pas des êtres humains, c’étaient  des esprits (Ngambé, Lambé, Ambi [de langui, de  paloni,  métathèse de  (His)panioli, espagnols, qui le plus souvent donne apopale , popalangui ou à Tahiti popaa.  Aussi les noms de Rivière des Esprits ou  de passe des Esprits à Vanikoro ne sont –ils pas neutres et ils   nous renvoient aux naufragés.