dimanche 29 janvier 2017

LA DERNIÈRE VISITE DE LAPEROUSE AUX ILES TONGA.

                    LA DERNIÈRE VISITE DE LAROUSSE AUX ILES TONGA.
 
Le retour de Lapérouse sur Tonga à partir de Botany - Bay en Australie est surprenant, puisque, à l’aller, il venait  d’y passer, si bien qu’on a pu le mettre en doute. D’autre part, le séjour du grand navigateur  dans l’archipel  n’a jamais fait l’objet d’études et  demeure obscur,  d’autant que son  journal n’est guère  précis sur ce point. Lapérouse nous dit s’être arrêté à Tongatabu devant laquelle  il ne passe qu’une journée (31 décembre 1787). Il parle aux Tongiens montés à bord du Tuitonga (grand roi) Poulaho et de Féenou cités par Cook : « nous avions l’air de vieilles connaissances qui se revoient et s’entretiennent de leurs amis  ».   Comment s’explique ce nouveau passage ? « A chaque instant, écrit Lapérouse, j’étais tenté de renoncer au plan que j’avais formé en partant de Maouna et de ne faire aucune relâche jusqu’à Botany Bay [près de Sydney en Australie] » Maouna est une allusion à l’île de l’archipel des Navigateurs, ou Samoa , où  venait d’avoir  lieu le massacre de la baie de Tutuila, qui avait occasionné la mort de Fleuriot de Langle entre autres et la destruction des chaloupes capable de faire des recherches  sur l’île Saint-Bernard et sur l’île de la Belle- Nation de Quiros. Or, les Instructions royales prescrivaient de  rechercher l’île de Saint-Bernard, découverte par Quiros le 20 août 1596, savoir Puka- Puka aux îles Cook du Nord ,  et l’île de la Belle -Nation  (Rakahanga aux îles Cook , découverte  le 2 mars 1606,  par Quiros). En effet,  les Instructions lui enjoignaient  de faire « route dans le nord-ouest,  pour se mettre en latitude de l’île Saint-Bernard de Quiros, vers 11 degrés », mais sans sortir de  certaines limites géographiques. «  Il prendra alors sa route dans le sud-ouest,  pour traverser, dans cette direction, la partie de la mer située au nord de l’archipel des îles des Amis [Tonga]….Il serait à désirer qu’il pût retrouver l’île de la Belle- Nation de Quiros …et successivement les îles des Navigateurs (Samoa) de Bougainville, d’où il passerait aux îles des Amis (Tonga) pour s’y procurer des rafraîchissements. » Lapérouse  n’avait pu trouver ni  les îles de Saint- Bernard, ni l’île  de  la Belle- Nation : aussi est-il  tentant  de supposer qu’il ait  désiré essayer  à nouveau les repérer.
Il reprend ainsi la route en sens inverse à partir de Botany Bay, passant probablement à nouveau par Norfolk, où,  à la différence de Cook,  il n’avait pu mouiller à l’aller, puis par les îles Cook, à l’île de Saint-Bernard au nord (Puka- Puka) et à l’île de la Belle Nation (Rakahanga).  Nous n’en avons aucun témoignage, mais cela n’a pas été recherché auprès des insulaires. Il  fait voile ensuite  vers l’archipel des Amis (royaume de Tonga),  s’arrêtant  à Anamouka.  
Les Tongiens donnèrent à Dillon  les informations suivantes  qui  se rapportent  à ce  second passage aux Tonga, plus précisément à Anamouka où Lapérouse passe trois jours: « deux autres grands vaisseaux étaient arrivés devant l’île d’Anamouka ou Rotterdam, mais n’avaient pas jeté l’ancre et étaient restés en panne, ayant à terre des canots pour trafiquer. L’officier qui dirigeait les échanges traça comme démarcation un carré au milieu duquel il se tenait ayant de chaque côté de lui une sentinelle armée[108, Nous savons que telle était bien la coutume de Lapérouse :, ce qui authentifie les dires des indigènes :à Lituya , par exemple, «  le commerce reprend (avec les « Indiens », mais ) comme les indigènes sont des voleurs accomplis, il fait délimiter un enclos, gardé par des hommes armés, à l’intérieur duquel sont placées les marchandises débarquées provisoirement des frégates ».. Cet officier portait des lunettes, et les naturels lui donnèrent le nom de Louage [altération du nom d’un officier de l’Astrolabe, Freton de Vaujuas].  Peu de temps après que les échanges avaient commencé, M. Laouage troqua avec un insulaire un couteau contre un oreiller de  bois ; mais après que le sauvage eut reçu le couteau, il s’empara de son oreiller de bois et prenait la fuite, quand M . Laouage saisit un pistolet qu’il avait à sa ceinture et étendit cet homme mort sur la place. C’était un jeune chef nommé Coremoyanga. En le voyant tuer de la sorte, les naturels prirent de l’épouvante et s’enfuirent dans les bois. M. Laouage et ses gens retournèrent à bord de leurs vaisseaux .Le lendemain, les insulaires se hasardèrent à pousser au large et les échanges recommencèrent. Ils reçurent divers présents des européens et tout se passa d’une manière amicale. Deux hommes de l’île voulurent partir sur les vaisseaux.   Les Français  mirent à la voile le jour suivant et depuis on n’en entendit plus parler ».
Dumont d’Urville confirme ce passage, mais la reine régnante, la tamaha,   lui parlent  de dix jours :
« peu d’années  avant le passage de d’Entrecasteaux qui  ose écrire que « Lapérouse n’avait relâché dans aucune de ces îles »] deux grands navires , demblables aux siens, avec des canons et beaucoup d’Européens, avaient mouillé à  Annamouka  où ils étaient restés dix jours. Leur pavillon était tout blanc, et non pas semblable à celui des Anglais. Les étrangers étaient fort bien avec les naturels ; on leur donna une maison à terre où se faisaient les échanges. Un naturel, qui avait vendu, moyennant un couteau, un coussinet en bois à un officier, fut tué par celui-ci d’un coup de fusil pour avoir voulu remporter sa marchandise après en avoir reçu le prix. Du reste, cela ne troubla point la paix, parce que le naturel avait tort en cette circonstance ; les vaisseaux de Lapérouse furent désignés par les naturels sous le nom de Louadji  ».(altération de Vaujuas) Lapérouse embarqua alors, sur leur demande, deux naturels. On peut supposer qu’ils désiraient aller à l’île voisine Tonga- Tapu et que Lapérouse avait décidé de débarquer  dans cette île devant laquelle il était déjà passé en décembre 1787.
Lapérouse se rend alors pour la seconde fois à Tonga- Tapu,  avec ses deux interprètes embarqués à Anamouka , et y reste peut-être trois jours. Dumont d’Urville nous apprend que  son propre « interprète… lui dit  que Touitonga   avait eu en sa possession deux plaques d’étain avec des inscriptions provenant des vaisseaux de M. Laouage, mais que ces objets ayant été employés au service des dieux avaient été considérés comme sacrés et inhumés avec Touitonga…  » Touitonga est le nom de la dynastie des grands rois de Tonga (de 900 à 1865). Cook assista à la grande cérémonie d’investiture de Touitonga Paulaho de 1777. Lapérouse  écrit : « Un jeune insulaire [de Tonga-Tapu]  nous donna à entendre qu’il était fils de Féenou, [le chef secondaire Finau , appelé Fianou par Cook] et ce mensonge, ou cette vérité, lui valut plusieurs présents ; il faisait un cri de joie en les recevant. »  Le jeune homme à qui Lapérouse remit ces médailles est l’héritier présomptif du frère aîné de Paulaho, savoir Ma’ulupekotofa, alors le touitonga régnant. Il  règnera plus tard sous le nom de Fuanunuiava et mourut vers 1810.  S’agissait-il d’une médaille du type de celles, en argent et avec l’inscription « Les frégates du roi de France, la Boussole et l’Astrolabe commandées par MM. de La Pérouse et de Langle, parties du port de Brest en juin 1785 » ? Quant à la seconde médaille, différente en principe de la première, on peut songer à  une médaille en argent du type de ces médailles en argent, sans bélière,  avec à l’avers un buste de Louis  XV et  au revers Sit nomen domini benedictum  et un écu ovale couronné entre deux branches d’olivier.
 Il est intéressant de remarquer que ces deux médailles ont été enterrées avec leur propriétaire, coutume  qui explique pourquoi on n’a jamais retrouvé de ces médailles entre les mains des autochtones.  
En résumé, Lapérouse passe à nouveau  (second passage) par Norfolk, les îles Cook, les îles    Anamuka et Tonga-Tapu aux Tonga., puis par la Nouvelle-Calédonie et les îles Loyauté, enfin Vanikoro.  


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