dimanche 29 janvier 2017

La visite mouvementée de Lapérouse à l'île des Pins et la perte du lgraphomètre

 C’est un Albigeois qui a découvert à l’île des Pins le graphomètre de Lapérouse.
Un  déporté politique à l’île des Pins,  amnistié le 20 octobre 1877  et rentré en France par le Navarin, Antoine Bonnemaisonoriginaire d’Albi, a déposé au musée de la Marine un graphomètre trouvé par lui à l’ïle des Pins.
Antoine Philippe Bonnemaison  était né le 28 novembtre1831 à Albi ; il était marié, sans enfant et employé d’imprimerie à Paris. Les Archives nationales, Bû 24732, BB27, et H colonies 72, reprises par le Dictionnaire ouvrier de Maîtron , nous apprennent que cet ancien voltigeur de la Garde devint, pendant le premier siège de la Commune, sergent au 150 e bataillon et après le 18 mars 1871 fut élu capitaine ; dans la nuit du 6 au 7 avril il fut dénoncé comme ayant pris part à l’engagement de Neuilly. Mais il  s’inscrivit en faux, affirmant être rentré auprès de sa femme dès le 20 mai. Son logeur et aussi  son patron, imprimeur -lithographe qui l’avait employé dix ans et qui était secrétaire de la Chambre syndicale des patrons imprimeurs témoignèrent tous deux en sa faveur . Le 13e conseil de guerre l’avait condamné, le 29 novembre1871, à la déportation simple à l’île des Pins, où il publia un journal, -peine commuée en six ans de détention le 15 octobre 1876.  Son patron écrivait le 24 août 1877, peu avant la remise de peine définitive qui eut lieu le 20 octobre 1877: « je n’ai jamais pu le remplacer ; c’est le seul homme qui se soit montré jusqu’à ce jour  digne de ma de confiance ». Il était tout disposé à le reprendre lorsqu’ilserait rentré en métropole.  A Paris, cet enfant d’Albi,  ce compatriote de Lapérouse, déposa au Musée de la Marine, sans réclamer de récompense, le graphomètre qu’il  avait trouvé avec son étui à fleur de lis dans la case canaque d’une tribu  aujourd’hui disparue à  Ouaméo, nom d’une des cinq communes de l’île des Pins, en particulier  de celle où il résidait. Mais Ouaméo est peu connu et il fut déchiffré  Ouambo, puis altéré en Nimbo, lieu de déportation des condamnés à la déportation en enceinte fortifiée sur la presqu’île Ducos, où il n’y avait jamais eu ni tribu ni case canaquesCoïncidence qui n’en est pas une :Bonnemaison était né à Albi,ce qui l’a peut-être amené à accorder de l’intérêt à un indice du  passage de son compatriote dans cette île du Pacifique.   
D’où provient ce graphomètre ? Les Instructions  prescrivaient à Lapérouse : « En quittant les îles des Amis [Tonga], il viendra se mettre par la latitude de l’île des Pins, située à la pointe sud –est de la Nouvelle-Calédonie ; et après l’avoir reconnue, il longera la côte occidentale. »   Lapérouse arrive au sud de la Nouvelle-Calédonie,  mouille à l’îlot Amere, comme Cook, et reconnaît  l’île des Pins une première fois, puis  reconnaît le sud –ouest de la Nouvelle-Calédonie., avant de retourner à l’île des Pins.
Les graves incidents au cours du second passage à l’île des pins et le vol d’un précieux  graphomètre.
Il se produit alors un  incident meurtrier avec les insulaires : nous le connaissons grâce à Bouquet de la Grye qui avait recueilli en 1856 , (Bulletin de la Société de Géographie 1858) le témoignage  du fils du grand chef Ti Toorou, savoir Ti-ote : « Aussitôt mouillés, plusieurs canots s’en détachèrent , chargés de monde,  et se dirigèrent vers la côte. Les naturels saisis de frayeur avaient fui sur le plateau supérieur : quelques-uns,  plus braves, accostèrent les étrangers qui avaient eu quelque peine à descendre à cause de la houle. Les témoignages d’amitié qu’ils en reçurent encouragèrent leurs camarades qui, mêlés dès lors aux matelots, ne songèrent qu’à s’emparer d’eux et de leurs richesses (wandu, outils). Le moment du réembarquement fut choisi comme signal de l’attaque ; mais, surpris par le bruit, nouveau pour eux, de la mousqueterie, ils s’enfuirent  dans les bois, abandonnant trois morts et plusieurs blessés. Les blancs, de leur côté, après une recherche d’eau douce infructueuse [et d’un  graphomètre qui leur avait été volé], retournèrent à leurs vaisseaux qui, après « un coup de tonnerre », disparurent bientôt ».
Jules Garnier (novembre 1869, Bulletin de la Société de Géographie) a interrogé un mélanésien de Gadgi (au nord de l’île) : ses ancêtre avaient aperçu, un matin,  pour la première fois, deux grands navires qui étaient mouillés à l’îlot Amere. Un peu plus tard, les deux grands vaisseaux vinrent à nouveau mouiller dans les mêmes parages.  Les rapports entre les indigènes enhardis et les marins se terminèrent mal, à la suite de vols d’armes et d’outils. Jusqu‘au départ régna la panique. «  Le tonnerre éclatait sur les côtes ». Le vol d’outils comprend  certainement  le vol d’un  graphomètre à boussole et à pinnule destiné à faire des relevés à terre (l’île des Pins n’avait pas été suffisamment relevée par Cook).   C’était l’un des « quatre théodolites, ou graphomètres, à lunette et sans lunette, pour mesurer les angles à terre et lever les plans » indiqués par l’Etat des instruments. Il échoua dans une case canaque de Ouameo où A. Bonnemaison le retrouva et le remit à Paris au Musée de la Marine.


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