jeudi 19 janvier 2017

LE PORTRAIT DE L’EMPEREUR NERON DANS LE SATYRICON DE PETRONE ET LE SENS DU TITRE.

LE PORTRAIT DE L’EMPEREUR NERON DANS LE SATYRICON DE PETRONE ET LE SENS DU TITRE.

Le titre de l’oeuvre : satyricon ou , selon d’autres manuscrits, satyrii et la bonne traduction : « du boisbandé »(pour Néron l’impuissant).
 L’explication traditionnelle  fait venir le mot satyricon du  radical romain satura qui désigne un pot-pourri, une farce au sens culinaire,  et d’un suffixe grec—icon. La satura Menippea , la satire ménippée,  est originellement un mélange de prose et de vers comme le satyricon, un mêli-  mêlo) et la scène se passait dans le monde hellénique chez Ménippe ; mais chez Varron  la scène se passe à Rome. Le suffixe grec rappellerait les noms grecs des personnages du roman. 
  Toutefois,  en tête de certains manuscrits, comme le manuscrit du festin de Trimalchion , Codex Traguriensis (manuscrit  découvert à Trau en Dalmatie en 1650 par M. Statileo et qui appartenait à N . Cippico) du XVe siècle, Parisinus 7989 : «Petronii Arbitri Saturii fragmenta expliciunt   où saturii est le génitif de saturium . Le latin saturium,  emprunté  au grec  saturion,  désigne une plante aphrodisiaque utilisée en magie, de la famille des orchis (orchidées) ou de celle de  la Sarrietta montana, la sarriette des montagnes,  le pébré d’ai des Provençaux (poivre d’âne, l’âne étant  réputé  pour sa sexualité ). Le mot sarriette, ancien français saturée,  vient d’ailleurs de satureia, drogue aphrodisiaque, féminin populaire de satureion .
 Précisément,  le chapitre XX,  7,  qui est une scène  de désenvoûtement, consiste à faire boire à l’impuissant un philtre semblable à la boisson  que les créoles appellent très clairement,  avec un gérondif archaïque, le  boisbander , bois pour bander,  sorte de  viagra à base de sarriette et d’orchis entre autres . Le pseudo- Apulée, dans De  herbarum medicaminibus, l’appelle Priapicon. On l’appelle encore herbe de l’Indien, cannabis indica, chanvre indien ou testiculum (en grec orchis, théorie de la signature qui, d’une ressemblance extérieure entre un bulbe d’orchidée et un testicule, en fait un remède capable d’agir sur l’organe) leporis, testicule -de- lièvre.
   Pour sa part, Pétrone le nomme  satureum, identique pour le sens à medicamentum, philtre magique, et le mot apparaît sept fois au moins, par exemple penicillo puella, quod et ipsum satureo tinxerat , Ascylton opprimebat, la fillette, armée d’un pinceau qu’ Ascylte avait  aussi même trempé de satureum ,en  chatouillait  le sexe du  pauvre Ascylte .Le neutre suffixé saturicon ou satyricon , tout ce qui est regarde le philtre,-   sur le modèle de priapicon, donne peut-être son nom au roman, où l’impuissance (celle de Trimalchion -Néron en particulier) est un thème important,  puis il n’a plus été compris , et l’élément satirique contre Néron a contribué à altérer le titre en Satyricon.
La vie de l’ancien consul  Titus Pétrone Arbiter  et les allusions à Néron, adepte de la Déesse syrienne.
D’abord le prénom de Pétrone : Titus et non pas Caïus. Plutarque , dans Comment distinguer l’ami du flatteur dit expressément : « on reproche aux débauchés leurs infamies comme Titus Pétrone l’a fait contre Néron » ; Pline le Jeune, livre 7, chapitre 2 : « Titus Pétrone, consulaire, qui composa le Satyricon sur le point de mourir »  et surtout Tacite, Annales, XVI, :18 et 19 « C. (Caius pour Titus ) Petronius décrivit sous les noms de débauchés et de  femmes perdues  les vices de Néron »  .Tacite a dû confondre le prénom de notre auteur avec celui de son grand-père, second préfet d’Egypte sous Auguste entre -20 et -25 contre la reine Candace ,tandis que Dion Cassius(54, 5,4) cite correctement   Caius Petronius (Metellus). Le hasard des inscriptions permet de suivre ce Caius  Petronius après l’Egypte jusqu’en Gaule, où, près de Moirans-en-Montagne dans le Jura, on trouve une inscription concernant deux Pétrone revenant d’Egypte sous Auguste (Jacques Maissiat, vol. 3, Jules César en Gaule, p. 210), un C. (lu Q à tort) Petronius Metellus et un M. Petronius Magnus quatuorvir. Pétrone  s’appelait donc Titus, abréviation T.,  et non Caius.
  Nodot n’a pas hésité à publier les clés de ce roman.
Trimalchion –Néron.
On a rapproché   le grec malkè, engourdissement par le froid des  mains, des  pieds,  onglée, impuissance (celle de Néron précisément).En ce cas, malkion est un  adjectif dérivé du nom  grec  malkè, avec ce qui est compris alors comme le préfixe augmentatif tri-, trois fois, et  Trimalchio pourrait être un mot injurieux  du type fiotte, lavette, qui n’aurait pas survécu dans nos dictionnaires.
Le fait que Trimalchio désigne Néron nous est confirmé par Bourdelot , dans Petronii Arbitri Satyricon, ejusdem Fragmenta cum notis criticis J. Bourdalot,  1648 , p. 233, qui, selon Nodot dans sa préface,  affirme avoir vu une médaille romaine  avec à l’avers C. Nero Augustus et au revers Trimalchio. S’agit-il d’une médaille satirique, raillant  Néron « le grand impuissant » ?
 Ou bien plutôt Néron lui-même fit-il graver cette pièce, s’estimant le mari de cette  Déesse syrienne ? Trimalchio , avec son ch typiquement syrien, peut s’interpréter  comme  melech, roi en syrien (cf .  Moloch) et  tri, dieu,comme un titre rituel désignant le roi divin ,parèdre de Atargatis. Il  s’agit, en effet, dans le roman de Pétrone,  d’un affranchi syrien : son nom est syrien, et  on trouve le nom de Malchion, génitif Malchionos,  Adans Lucien de Samosate ( De la manière d’écrire l’histoire, 28), où il désigne un Syrien.  Syrien malch,  roi, + suffixe hellénistique signifiant  fils de –ion. 
Les deux religions adoptées successivement par Néron selon Suétone et qui sont représentées dans le roman.
Selon Suétone (chapitre LVI),  Néron « méprisait totalement toutes les formes de croyances religieuses, à l’exception du culte de la déesse syrienne, à laquelle il témoigna par la suite un tel dédain qu’il la souilla de son urine,une fois u’il eut été séduit par une autre croyance,mais , à celle-ci, il demeura obstinément fidèle : c’est une statuette représentant une jeune fille qu’un homme u peuple, qu’il ne connaissait pas, lui avait un jour donnée pour le préserver des complots ; or, une conspiration ayant été découverte peu de temps après, il considéra cette image comme une divinité très puissante et ne cessa de l’honorer  par trois sacrifices chaque jour ; il voulait que l’on crût que, sur les avis qu’elle lui donnait, il connaissait l’avenir. Peu de temps avant la fin, il attacha son attention aussi à l’examen des entrailles des victimes, mais jamais il n’obtint de présages favorables. »
1 On peut supposer que le sacrilège commis par Néron en urinant sur une statue de déesse est représenté dans le roman par le vol des objets sacrés appartenant à Isis et par leur vente ; la première religion de Néron, comme celle de son épouse Acté, dont on dit qu ‘elle portait en public le voile d’isis, était la religion d’Isis. Le thème d’isis court dans le roman et l’impuissance est le châtiment infligé par la déesse. Suétone a inversé l’ordre des religions  et la statue de jeune fille attribuée à la seconde religion est celle d’isis, donc de la première religion .
2 Mais Néron a ensuite eu des rapports particuliers avec la Déesse syrienne en l’honneur de qui il fit bâtir un temple à Rome. C’est la religion qui est le plus raillée dans ce qui nous reste du roman.
Néron  fut , en effet, un fidèle de cette déesse syrienne dont le nom ne se dit pas, - appelée Ma, Man (du nom indien du dieu  Ahriman) ou Mén, identique à Atargatis ou à Derketo. Apulée dans L’âne d’or a mis en scène des prêtres mendiants de cette déesse sur laquelle l’opuscule du pseudo- Lucien nous renseigne.
Les castrations ordonnées par Néron, son culte des lions, en sont des indices.  La barbe de Néron mise dans un coffret d’or  est un autre indice : la depositio barbae était une cérémonie privée. Or, celle de Trimalcion comme celle de Néron  furent de fastueuses cérémonies publiques.  Suétone, Budé, p. 340, chap. XII, écrit qu’il se fit couper la barbe tandis que l’on sacrifiait en grande pompe des bœufs, l’enferma dans un coffret d’or, orné de perles très précieuses et les consacra au Capitole ;  Pétrone  nous révèle que Encolpe remarque dans un coin de l’atrium « une grande armoire avec, au-dedans, un reliquaire contenant des Lares d’argent, une statue de Vénus (ancêtre de César, certes, mais surtout assimilée à Isis et à la Déesse syrienne) et une boîte d’or qui était fort grande et passait pour renfermer la première barbe du maître de maison »Trimalchion. Pétrone y revient, p 74, .au chapitre LXXIII : « c’est aujourd’hui qu’un de mes esclaves fête sa première barbe. »  Lucien, dans De dea Syria, chap.60, nous en parle également : « Ils ont encore une autre coutume, qui ne leur est commune qu'avec un autre peuple de la Grèce, les habitants de Trézène. Je vais dire ce qui a lieu chez ces derniers. Les habitants de Trézène ont fait une loi qui défend aux jeunes filles et aux jeunes gens de contracter mariage, avant d'avoir coupé leur chevelure en l'honneur d'Hippolyte. La même loi existe aussi à Hiérapolis [en Syrie]. Les jeunes gens y consacrent aussi les prémices de leur barbe. On laisse croître les cheveux [et la barbe] des enfants depuis leur naissance, pour les consacrer aux dieux; arrivés dans le temple, on les leur coupe, on les dépose dans des vases d'argent, et quelquefois d'or, qu'on attache avec des clous ; on inscrit le nom de chaque enfant sur le vase et l'on s'en va. Il y a encore dans le temple mes cheveux et mon nom. »
Le bassin
 La construction par Néron d’un immense vivier dans son palais avec des poissons sacrés,  au lieu de l’impluvium traditionnel,  en est un  indice. Ascylte tombe dans le vivier (piscina) : «le chien à l’attache nous accueillit avec un tel vacarme qu’Ascylte tomba dans le vivier » (chapitre LXXII). Selon Lucien dans la Déesse syrienne (45), à Hiérapolis, aujourd’hui Urfa,  la grande ville de la déesse, il y avait un lac sacré,  dans lequel on nourrissait une grande quantité de poissons sacrés de toute espèce. « Quelques-uns sont devenus énormes. Ils ont des noms, et ils viennent quand on les appelle. J'en ai vu un entre autres qui avait un ornement d'or ; c'était un bijou attaché à sa nageoire ; je l'ai vu souvent avec son bijou. La profondeur de ce lac est très considérable ; je ne l'ai pas sondée, mais on m'a dit qu'elle était au moins de deux cents brasses. Au milieu s'élève un autel de marbre. On dirait, à première vue, qu'il flotte, porté sur l'eau, et la foule le croit ainsi ; mais je crois, pour ma part, que l'autel est soutenu sur une haute colonne. En tout temps, il est couronné de guirlandes, et l'encens y fume sans cesse. Beaucoup de gens, couronnés de fleurs, s'y rendent chaque jour à la nage, afin d'y faire leur prière ».  
 Un  plan d'eau contenant les poissons sacrés chers à la déesse existe toujours à Urfa, bien qu'il soit maintenant consacré à Abraham, en arabe Ibrahim.
Au nord et à l'est de Hiéropolis se trouvait Édesse (aujourd'hui Urfa, nom arabe de Vénus assimilée tant à Isis qu’à la Déesse syrienne) qui, selon la légende chrétienne, fut le premier royaume à devenir chrétien avec la présence ancienne d’Adam et Eve d’abord, puis d’Abraham. Les Kurdes, d’origine ibère  appellent la cité et la déesse Riha, les Araméens Orhai,  les Grecs Osroë,  les Arméniens Urhai, les Syriens Urhoy, ce qui semble signifier la ville de Rhéa (cf. le latin rabia, rage, transports furieux, transes comme celles qui agitaient la déesse),  en grec Rhéïa, assimilée à Cybèle et à Atargatis, à la, Fortuna, souveraine avec Kronos du monde. Il faut rapprocher le nom d’Atargatis à Rome du nom de la déesse dite la  Vierge, celle de la IVè bucolique de Virgile où saint Augustin voyait une préfiguration de la Vierge chrétienne,  Astréa, altération étrusque du nom d’Atargatis, ainsi que, pour la Grèce, de Rhéa (en grec Rheïa),  d’Artémis, et de (la terrible déesse de) Rha-mnon-te, dont le nom est composé de Rha et de Men. En orient, on peut rapprocher Ahriman.  Toutefois, au V e siècle de notre ère, la cité avait encore un temple dédié à Atargatis (comme elle en avait un autre dédié à un avatard’Isis,  l'étoile Vénus, Urfa). L’évêque chrétien de cette période a dû interdire l'auto- castration qui se pratiquait toujours en l'honneur de la déesse.  
Le  nom d’Atargatis qui signifie peut-être l’épouse d’Atar  et dont une statue figure au temple de Hiérapolis selon Lucien  (voir mon blog sur Atargatis,  la déesse syrienne et à paraître celui sur la Vierge préchrétienne de la 4e Bucolique) et son image apparaissent sur une "variété déconcertante" de pièces de monnaie datant de la dernière partie du IVe siècle et du début du IIIe siècle avant notre ère Une forme araméenne de son nom s'écrivait Ataratha, dont les Grecs ont fait Derketo .  Pour nous, tri  dans  Trimalchion est  une forme syrienne de  Atar (gata)  + melchion, roi, de melk signifiant roi, et d’un suffixe -ion, ou -ior, signifiant  fils de, cf. Melchior. Trimalchion signifie ainsi le roi dieu, et constituait peut-être un titre rituel pour l’époux royal d’ Arargatis, assimilé, à Jupiter.  Lucien, dans De Dea Syria, 31, écrit : « [Dans l’enceinte du temple de Hierapolis],   sont placées les statues de Junon et de Jupiter, auquel ils donnent un autre nom. Ces deux statues sont d'or, et assises, Junon sur des lions, Jupiter sur des taureaux. La statue de Jupiter représente parfaitement ce dieu : c'est sa tête, son costume, son trône ; on le voudrait, qu'on ne pourrait le prendre pour un autre. »  L’ « autre nom » donné par les indigènes syriens est Trimalchion.   
Une des  épouses de Néron, Acté,   était sectatrice d’Isis et dérangeait les Romains par l’étrangeté de ses rites (voile, etc.), mais c’était en réalité  une sectatrice de la Déesse syrienne, la  Fortunata du roman. Fortunata est  la fille d’un affranchi grec  et  sort  de la boulange, -comme Acté, l’épouse de Néron, qui  sortait elle aussi,  de la boulange.   Pourquoi  ce nom ? Fortuna, équivalent de la déesse grecque Tuchè, Fortuna en latin,  était assimilée  à la déesse syrienne, maîtresse du monde.
Autres indices.
Dans les Annales de Tacite, I, 15, ce que nous confirme Suétone, Néron, Poche , p. 352, chapitre XXVI («  Dès le crépuscule, prenant un bonnet ou un béret, il allait dans les bouges et errait dans les rues, en courant des risques, puisqu’il avait coutume de frapper les gens qui revenaient de dîner … »),  on apprend que, Néron aimait à détrousser des citoyens et à revendre les objets ainsi  volés à la porte de derrière du palais, comme nos héros le font dans le roman en revendant dans un marché aux voleurs , la quintana (d’où notre mot cantine au sens premier de lieu d’achat pour les militaires ), c’est- à dire une large rue traversant le camp,  un manteau « chaud ». » « Néron installa dans le palais un marché où l’on dépensait l’argent produit par le butin ainsi amassé  [par les vols de Néron] et qu’il faisait mettre aux enchères. »
Le trésor de Didon : Suétone, Poche, p. 357, chap. XXXI : «  Néron fut poussé à cette frénésie de dépenses … par l’espoir qui lui vint brusquement de découvrir des ressources immenses et cachées, à la suite d’une révélation faite par un chevalier romain qui lui promettait comme une chose certaine que les trésors amenés autrefois par la reine Didon, lorsqu’elle s’enfuit de Tyr, étaient en Afrique dissimulés dans d’immenses cavernes et qu’on pouvait les ramener au jour avec très peu d’effort. .. Cet espoir fut déçu. »  Pétrone : « Trimalchion  a réussi à attraper le bonnet d’un incube et il a trouvé ainsi un trésor. »
L’eau à la neige à laquelle fait allusion Trimalchion (Pétrone, Budé, p.  20, chapitre XXXI).
 Suétone, p. 353, chap. XXVI,  nous explique l’allusion  :  « Néron  plongeait …l’été,  dans de  l’eau  rafraîchie avec de la neige. » et p. 377, chapitre XLVII :   Néron, traqué, puise avec sa main de l’eau dans une flaque qui se trouvait à ses pieds, s’exclamant  : « Voilà donc la boisson de Néron ! » , faisant allusion à sa célèbre invention qui consistait en de l’eau  que l’on avait fait bouillir et que l’on avait refroidie en y mettant de la neige importée  des Alpes. 
  Enfin, le monument funèbre que Trimalchion  fait construire rappelle la vanité de Néron.
Le maître de rhétorique, Agamemnon : il s’agit de Sénèque, le premier ministre de Néron.
Eumolpe, celui qui chante bien  en vers : c’est la caricature du poète que pensait être Néron. La prise de Troie et La guerre civile  font allusion aux  poèmes  de Néron, dont le premier fut chanté par lui en grec  sur sa lyre pendant  l’incendie de Rome. Les poèmes du Satyricon La prise de Troie et La guerre civile font songer aux poèmes créés par Néron sur les mêmes sujets afin de rivaliser avec les homérides et avec Lucain qu’il fit mourir parce qu’il se rendait compte que Lucain était un bien  meilleur poète que lui. La guerre civile est une  critique de la Pharsale de Lucain,  à qui Néron venait d'interdire la publication des livres succédant au 3e livre de la Pharsale ainsi que la publication  de sa Prise de Troie,  poème  destiné à montrer la ridicule prétention au talent poétique de Néron.
Eumolpe impose l'obligation de manger de la chair humaine  contre de l'argent, ceci  faisant écho au fait que Néron fit jeter,  selon l'anecdote rapportée par Suétone au chap. 37,  des hommes vivants à déchirer et à avaler , contre argent, à un Egyptien famélique accoutumé à manger la chair crue et tout ce qu’on lui donnait.  
Circé est une femme de sénateur, Silia, dont parle Tacite. Elle s’était éprise de Néron dont elle avait pourtant fait la connaissance sous l’habit d’un esclave (Tacite raconte que Néron aimait rôder la nuit déguisé en esclave, avec souvent une bande de voyous). Quand Néron l’eut trompée, elle révéla le secret de l’empereur, savoir son impuissance : celui-ci l’exila.
Polyaenos , en grec homérique celui qui est digne de louanges (ironique) , évoque en réalité le nom originel de Néron : Aenobarbus, à barbe couleur de cuivre : tel est le déguisement d’Encolpe qui séduit sous l’aspect d’un esclave  une dame romaine,   Silia, mais se révèle impuissant :on comprend la colère de Néron à cette révélation, même si elle est déguisée sous le nom de Polyaenos- Encolpe. Divers épisodes de la vie de Néron sont raillés par Pétrone, comme le fait d’avoir mis à mort un ouvrier qui avait inventé le procédé du verre incassable afin de garder ce procédé pour lui.. 
Sous le nom de Pannychis (en grec, Pan-eunouchias, castré complètement) ,  se dissimule le jeune  Sporus dont  Néron avait fait un eunuque et qu'il épousa en justes noces, double sacrilège puisqu’il s’agissait d’un  mariage homosexuel et de la parodie d'une cérémonie sacrée. Suétone (28) nous rapporte que Néron épousa en  grande cérémonie l'esclave Sporus  portant le flammeum, le voile du marié et les chaussures couleur safran  ce qui devient le mariage de Pannychias et de Giton dans le Satyricon. Le rôle de la matrona qui présentait la mariée, la pronuba, est rempli de façon sacrilège par un efféminé, Embasicoetas qui semble bien être, ici du moins, non un nom commun comme le pense Ernout,  mais le nom propre donné par Pétrone à son personnage avec jeu sur son double sens : celui qui introduit la mariée dans la couche, équivalent de la pronuba, et efféminé.
  L’ oeuvre  n’a pas été écrite durant  la lente agonie du suicide de Pétrone  et Néron ne la connaissait pas encore à ce moment: le perscripsit de Tacite veut dire, non pas qu’il écrivit ce roman durant la dernière semaine de son existence, mais que , pendant la dernière semaine de sa vie, ’il en délivra copie à Néron (Cf. Gaffiot, perscribere  , 2, orationem, Cicéron, envoyer lacopie d'un discours) .


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