vendredi 17 février 2017

DU NOUVEAU SUR LE SECRET DES LIGNES NAZCA EN AMÉRIQUE DU SUD, en réponse à une émission télévisée.

LE SECRET DES LIGNES NAZCA EN AMERIQUE DU SUD, en  réponse à une émission télévisée.
La vraie signification de ces «  lignes »: ce sont des sillons destinés à l’agriculture lithique telle que la pratiquaient les Amérindiens et qu’on retrouve à Malte. Voir mes  blogs Les menhirs et la naissance de l’agriculture en Beauce, Les sanctuaires gaulois de Lanneray, Les prétendus –«  polissoirs », La louve fondatrice de Romeet le sillon de Romulus.  

Question liminaire : Qu’est-ce qu’un mulch ? C’est habituellement un paillis, une couche protectrice  faite de chaume , d’éteules et de déchets de moissons laissés à la surface du sol pour le protéger avant et pendant la mise en culture ; mais,  avec l’épithète lithique, le mulch lithique consiste en une masse  de petites pierres sombres, accumulées sur de grandes longueurs.  Les sillons des Naxa consistent ainsi dans des pierres qui, rejetées d’un (ou parfois  des deux ) côtés du fossé, constituent un mulch lithique sombre et le véritable « sillon » où planter, la ligne blanche, ici gypseuse, n’étant que le résidu de l’opération.  Les Naxas réalisaient leurs dessins, selon le Net qui reflète la théorie traditionnelle,  «  en déblayant les pierres sombres, brûlées par le soleil , et en les empilant de chaque côté des lignes pour faire apparaître par contraste la terre plus claire riche en gypse en dessous, ce qui explique que le promeneur distingue des sillons bordés de pierres de chaque côté le plus souvent ».
Jared Diamond, dans Effondrement ou Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie, Gallimard, Paris, 2005, p.  132, décrit ,à propos de l’île de Pâques au climat très sec et venteux, où se pratiquait aussi cette agriculture lithique, ces   méthodes préhistoriques de culture utilisant des mulchs lithiques si surprenantes pour nous , mais adaptées au climat et au sol:
« les zones d’agriculture extensive étaient partiellement recouvertes de pierres placées en surface à proximité les unes des autres , afin que les cultures puissent pousser entre les pierres ; d’autres vastes zones furent modifiées par ce qu’on appelle des « mulchs lithiques », c’est-à-dire que l’on ajoutait au sol des pierres sur une profondeur d’environ trente centimètres qui étaient, soit prélevées sur des affleurements rocheux environnants , soit obtenues en creusant jusqu’au substratum rocheux pour briser les roches qui le composaient. …Dans les fermes du nord-est des Etats-Unis, où je passais l’été lorsque j’étais enfant,  les agriculteurs se donnaient beaucoup de mal pour évacuer les pierres de leurs champs et ils auraient été horrifiés à l’idée d’y apporter délibérément des pierres .On retrouve […] l’agriculture de mulchs lithiques dans de nombreuses parties du globe, comme dans le désert du Néguev en Israël, dans les régions sèches du Pérou, de la Chine, de l’Italie romaine et en Nouvelle-Zélande maorie. Les pierres rendent le sol humide en le recouvrant, réduisent l’évaporation d’eau due au soleil et au vent et empêchent la formation à la surface du sol d’une croûte dure qui favorise  le ruissellement des eaux de pluie. Les pierres réduisent les fluctuations diurnes dans la température du sol en absorbant la chaleur du soleil au cours de la journée et en l’évacuant pendant la nuit ; elles protègent  le sol contre l’érosion car les gouttes de pluie viennent s’écraser à leur surface ; des pierres sombres sur un sol plus clair réchauffent le sol en absorbant une plus grande quantité de chaleur solaire ; et elles peuvent également servir de pilules fertilisantes à diffusion lente, analogues aux pilules de vitamines  à diffusion lente que certains d’entre nous prennent au petit déjeuner ,  car elles contiennent des minéraux indispensables qui pénètrent progressivement dans le sol . Des expériences modernes effectuées dans le sud-Ouest américain et visant à comprendre pour quoi les anciens Anasazis (chapitre 4) utilisaient les mulchs lithiques ont révélé que  les mulchs apportaient beaucoup aux agriculteurs. Un tel traitement des sols  finissait par doubler leur quantité d’humidité, parvenait à faire baisser les températures  maximales des sols au cours de la journée et à en faire augmenter les températures minimales durant la nuit et permettait d’obtenir un meilleur rendement pour la totalité des seize espèces végétales qui étaient cultivées ; le rendement était en moyenne quatre fois supérieur pour les seize espèces, et cinquante fois supérieur pour les espèces qui profitèrent au mieux des mulchs. Les avantages de cette méthode étaient donc considérables. »
  Toutes ces réalisations demandaient un  travail gigantesque et nécessitaient le déplacement de millions de tonnes de pierres.
Bibliographie donnée par J Diamond , op. cit., p 820 :
« Parmi les écrits de Christopher Stevenson sur l’agriculture intensive et sur les mulchs lithiques, citons : Archaelogical Investigations on Easter island, MaugaTari : an upland Agriculture complex (Los Ososq, Calif. : Easter Island Foundation 1995) ; avec Joan Wozniak et Sonia Haoa « Prehistoric agriculture production on Easter Island (Rapa Nui), chile » (Antiquity 73 :801-812(1999), »etc . 
« Dale Lightfoot, dans « Morphology and Ecology of lithic-mulch agriculture “(Geographical Review 84:172-185(1994), et Carleton White et alii, dans “Water conservation through an Anasazi gardening technique” (New Mexico Journal of Science 38: 251-278 (1998)), expliquent  comment on se servait des mulchs lithiques dans d’autres régions du monde.
Trois pictogrammes dessinés par certains sillons naxas  éclaircis par référence à la langue ibère  (voir mon   blog sur  les menhirs et la naissa,nce de l’agriculture en Beauce pour l’élucidation par le tokharien des pictogrammes des temples de Gobek-li datant de dix mille ans) .
1Le motif de l’araignée venimeuse,cf.   le mot grec  phalanx en grec,qui signifie araignée mais aussi rangée de plantes toute  droite. Le pictogramme dessiné par certains  sillons désigne un sillon droit, par opposition aux sillons qui, épousant les formes du relief, forment des motifs divers ;
2 Le motif de la baleine,surprenant pour des terriens : en grec, la ba     leine se dit  to kètos,génitif  kètous, de ketes-, mot d’origine ibère,  tandis que le maïs se dit en ibère et dans la langue disparue des Naxas, kedes. A Maré , une des Loyauté près de la Nouvelle-Calédonie, le mot kédé, désigne le maïs. « Le maïs , écrit le père M. -J. Dubois dans Gens de Maré,1981,  p. 141, est appelé à Maré « kedre » ou « wa-kedr ». Il a reçu le nom d’une plante maréenne  lui ressemblant, en petit. Son épi est « anga-kedr » et il est consommé grillé, bouilli ou avec du lait de coco. » Le [ dr ] du Père Dubois note une cacuminale et recouvre  un [d ]: par conséquent , le nom ibère du maïs était, selon moi,kèdes. Wa- est un préfixe caractérisant une plante, non plus sauvage comme la plante indigène voisine d ‘apparence,  mais domestique, introduite par Lapérouse en 1788 et par son botaniste Collignon. (voir mes blogs sur le peuplement de Lifou et de Maré et sur  Lapérouse,le  découvreur véritable des Loyauté). Le pictogramme indique la destination du sillon : la culture du maïs ;
3 le motif du  calmar géant avec deux yeux énormes, de couleur pourpre, Architeuthis dux, en aïnou la déesse Akkoro,voir mon blog sur le serpent de mer et les flèches canaques cf. dans les langues amérindiennes le paronyme   toro , tubercule souterrain  en général, ici  pommes de terre ,polynésien toro, mélanésien taro.  Le pictogramme indique que le sillon était destiné à la culture des patates.
La datation  de ces géoglyphes : entre 200 et 600 ap. J. –C. et le climat de l’époque.
On a trouvé des escargots sous le sable du désert actuel des Naxas  qui s’étend au pied de la Cordillère des Andes, au sud du Pérou. La présence de ces gastéropodes prouve que les lieux étaient suffisamment humides pour les abriter et que le courant chaud si mal connu appelé El Niño a modifié le climat et que c’est lui qui a désertifié la région. Ce courant chaud annonce la saison des pluies  et apparaît aujourd’hui vers le 25 décembre, de là son nom qui désigne la Nativité du Christ (la saison dure jusqu’en avril).Un signe de l’apparition du El Niño était le pullulement de coquillages bivalves rouges, jaunes ou violets, hérissés d’épines, les  Spondylus regius. Chez les Incas, le spondyle royal   de couleur pourpre était très apprécié et même sacré, comme chez les Naxas qui sont des pré- incas.
 Les populations en cause et leur lointaine origine.
Il nous faut relire Les origines de l’homme américain de Paul Rivet  et songer à cette race blanche ancienne qu’il appelle les Océaniens, venue peut-être par le pôle sud en suivant le courant chaud El Niño. Voir aussi mes  blogs sur l’île de Pâques et sur  la formation des races en Amérique. Ceux-ci avaient fait une escale en Australie où nous trouvons le plus grand géoglyphe connu, appelé l’homme de Marree, mais qui représentait surtout un oiseau picoreur des sillons, peut-être une sorte de caille. A noter que les déesses représentées sur les géoglyphes sont d’origine marine, alors que les Naxas habitent un plateau à l’intérieur des terres : le calmar géant  aux yeux énormes, l’épaulard ou requin, un camélidé disparu, la baleine, qui est le souvenir des mers froides qu’ils ont traversées .  
Examinons maintenant où existent dans le monde des géoglyphes analogues à ces géoglyphes américains qui sont loin d’être isolés : à Malte, au large de la Sicile sous l’eauen Australie, au Kazakhstan et même en France et en Europe dite celtique (ibère ou ouigour selon moi, comme la Bohême).   
1 Malte et le large de la Sicile : les Carl Rut.
Le géoglyphe maltais des carl  rut,  mots qui signifie sillon pour grains d’orge, s’analyse en : carl  , grain d’orge , de kardha, en grec kritha ,  en latin hordeum , en gaulois ksordheon (français escourgeon ou orge d’automne) en allemand Gerstenkorn, du vieux haut allemand gersta , de kwr, grain, et de dhea, orge,  grec homérique dzeai, épeautre , à rapprocher  du sanskrit yavah,  orge ;  et rut, de luk , sillon,  parent de la racine we/olk , gonfler, qui donne en latin ulcus, sillon, Les carl rut sont à Malte des  sillons parallèles de plusieurs kilomètres. A noter qu’on trouve aussi  ces mêmes profonds sillons dans l’îlot englouti au large de la Sicile,datant de -8000,   la Pantellaria vecchia. . On voit d’ailleurs  sur les images du Net des taches blanches  (est-ce du gypse , comme chez les Naxas?) près de ces  sillons pour orge plus sombres, tant à Malte que sous l’eau pour la Pantellaria Vecchia.
2 L'homme de Marree, ou géant de Stuart, est un géoglyphe découvert le 26 juin 1998.  selon le Net, « il semble décrire un homme aborigène d'Australie, probablement un membre du peuple Pitjantjatjara, chassant les oiseaux ou les wallabys à l'aide d'un bâton à lancer. Il est situé sur un plateau à Finnis Springs, 60 km à l'ouest de la ville de Marree, dans le centre de l'Australie-Méridionale » L’oiseau est, à mon avis, une sorte de  caille,la caille des chaumes australienne, Coturnix  pectoralis,  voir ci-dessous in fine, oiseau dont le nom, vortice, signifie qui picore les grains d’orge ou de millet.
Le motif du pictogramme, la caille, en grec wortug-, de vortiks, est paronyme du nom d’une céréale, briza, qui en grec désigne le seigle, et aujourd’hui encore en Thrace et en Macédoine, sous la forme vrisa, une variété de blé ; ou oruza, le riz ;
3 La Nasa a publié des clichés en 2015 de géoglyphes découverts dans les steppes du nord du Kazakhstan en Asie centrale,  datant du début de l âge du fer  en Asie, de –8000, voir les images du Net.
4 On a trouvé de même en Touraine de très longs  ensembles (plusieurs centaines de mètres en ligne droite) de fossés et de talus multiples, en nombre variable,  c’est-à-dire de sillons, d’une largeur de 8 à 12 mètres, en particulier en Forêt d’Amboise (2 endroits), dans la Forêt Bélier (commune de  Monnaie) et dans un bois situé à l’ouest du champ de courses de Chambray. L’auteur de l’article qui les mentionne, Jean -Mary Couderc , dans « Les enceintes quadrangulaires de Touraine », in Actes du 9 è colloque de l’association française pour l’étude de l ’âge de fer, Châteaudun, 16-19 mai 1985, Editions Errance, Paris, 1989, p.76 , évoque à leur propos le lacis de fossés et de talus devant la porte des « fossés de César » (nom populaire  pour des fossés  préhistoriques ) à  Nouzilly près de Tours et cite son article de 1984 sur le sujet (« Les enceintes en terre de Touraine (II) »,  Bull. Soc. Archéol. de Touraine, XL, p. 735-787, 11 figures, 21 photogr.) Parlant de l’enceinte du Chatelier (commune des Hayes, Loir –et- Cher), il  indique que le sillon «  qui a fait le tour de l’enceinte,  continue au lieu de s’arrêter au point de raccordement et forme comme une antenne enserrant le grand talus, puis se subdivise de façon complexe à proximité du chemin. »  Chaque fois que les archéologues parlent d’antenne, il s’agit du  même phénomène : à l’origine de ces enceintes plus ou moins fermées, il y avait des sillons droits et on a utilisé par la suite leur tracé pour constituer un côté de l’enceinte nouvellement créée , enceintes qui sont   consacrées ,  comme à Lanneray en Eure-et-Loir, aux divinités agricoles.   
.Ajoutons que le Tchèque  J. Waldhauser (in  Les Viereckschanzen et les enceintes quadrilatérales en Europe celtique,  p.49) a découvert un four avec des graines de millet incinérées  dans l’enclos de Markvartice en Bohème celtique, le pays des émigrés Boïens de César,  vartice signifiant sillon à céréale, souvent l’orge, ici le millet en langue celtique, comme dans un autre enclos appelé Vazice en Tchéquie   (op. cit,  p. 45) cf. .  Varize en Eure-et-Loir.  En grec,  ortux, attesté par Hésychius  avec digamma sous la forme gortux,   comme le vartice de Bohême, c’est-à-dire wortux, confirmé par le sanskrit vartakah,  le grec  ortugia. , ou ôtugia, désigne la caille, c’est-à-dire, étymologiquement,  l’oiseau qui  picore les grains d’orge (en indo-européen yew-, orge,  donnant en grec ug) des sillons (vorth). Mark pourrait renvoyer, dans Markvartice , au four en pierres, mark signifiant pierre.  Voir mon blog Les sanctuaires gaulois de Lanneray





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