lundi 28 août 2017

Version 2017, reversion rectifiée :UNE CLOCHE DE FRONTEAU D’AVANT APPARTENANT A LA BOUSSOLE IDENTIFIEE GRACE A SES ARMOIRIES .

  Version 2017, rectifiée :UNE CLOCHE DE FRONTEAU D’AVANT  APPARTENANT A LA BOUSSOLE IDENTIFIEE GRACE A SES ARMOIRIES .    
A La cloche signée « Pichard », cloche du fronteau d’avant de la Boussole
Une  grande  cloche a été  retrouvée à Vanikoro, pesant 35 kilos, soit environ 69 livres,  sans le battant qui ferait 4 kilo environ : elle est  signée  PICHARD, avec deux branches de houx et l’avertissement en latin  Ne objecta ! (Ne t’y frotte pas ! Qui s’y frotte s’y pique !). Elle a été récupérée en mer  par  Claude Magnier sur le site de la faille du récif, site selon moi du bateau de secours des naufragés, et non de la Boussole comme en le croit souvent.. .Or, le houx est  la marque d’Aigrefeuille d’Aunis, aigrefeuille venant du pluriel latin acrifolia  qui signifie feuilles piquantes, acrifolium  désignant  le houx. Dans la paroisse d’Aigrefeuille se trouvait l’actuelle commune   des   Forges qui fabriquait les objets en bronze  pour l’arsenal de Rochefort et c’est à Rochefort que la gabarre le Portefaix avait été  armée le 26 avril 1785 avant de changer de nom à deux reprises,  devenant d’abord l’Astrolabe, puis,  à partir du 1er juin 1985,  la Boussole. Le vice-amiral Duperrey, le 3 décembre 1829, répond au Ministre de la Marine : « Chacun des bâtiments de cette expédition avait deux cloches, une grande et une petite ; celles de la Boussole provenaient de son précédent armement; et, quant à l’Astrolabe,  la grosse cloche se trouvait à bord à l’époque de son réarmement, et la petite fut délivrée en complément le 23 juin 1785…. Ce n’est donc  qu’au port de Rochefort  qu’il est possible de s’assurer si, à cette époque ou précédemment, la grosse cloche du bâtiment a pu être livrée dans les magasins de l’arsenal par le sieur Bazin [Pichard pour nous]. … Suivant l’usage, la grosse cloche [du fronteau avant] était restée constamment à bord pendant le désarmement de ce bâtiment. ». Une certitude : cette cloche PICHARD est donc la cloche du fronteau avant de la Boussole.
A noter que le maître de forges de l’Arsenal de Rochefort était, soit un R . Dupont (qui s’installa à Brest par la suite, soit  par un Lonlaigne qui travaillait aux forges de Lathaussade, mais que les noms ni  de l’un ni de l’autre ne figurent sur la cloche et que celle-ci n’a pas été fabriquée à l’arsenal de Rochefort, mais à Aigrefeuille ou à la commune voisine de Forge, dépendant de la paroisse de Rochefort.  La forge de Lathaussade était-elle installée à la Forge et employait-elle un Pichard ? Nous ne le savons pas.
Brossard, p . 204, écrit dans Rendez-vous avec Lapérouse à Vanikoro : « on lit sur la collerette supérieure « LA », le A est au1/3 cassé et la brèche s’étend  sur une longueur, où peut normalement tenir « BOUSSSOLE » .L’inscription repart aussitôt  après la brèche et porte parfaitement conservé, en capitales, le nom «PICHARD ; De plus, sur la jupe, on a fait apparaître, en grattant le léger dépôt de corail et l’oxydation, plusieurs figures en relief représentant l’une une feuille de fougère très fine, une autre une feuille de platane et deux branchages ou chardons . L’identification par ces inscriptions portera  surle nom du fondeur. Il prouve en tout cas que l’épave est bien celle d’un vaisseau français. Comme pour celle de l’Astrolabe [la cloche Bazin qui n’est pas une cloche de fronteau, mais une cloche à usage religieux fondue à Nantes et appartenant au père Receveur, cordelier nantais, voir mon blog plus ancien], la cloche ne porte pas son nom.» En réalité, on ne peut absolument pas lire ni LA ni L sur cette cloche. Au surplus, le nom serait LE PORTEFAIX.  
Illustration, p. 38 in Bicentenaire du voyage de Lapérouse , 1785-1788 ,  colloque Lapérouse d’Albi, mars 1985, association Lapérouse- Albi France, 1522 p . Annexe, p.1-55





B Une  cloche de fronteau d’arrière à trois fleurs de lis, deux en haut, une en bas.  
 Dillon a  trouvé à terre  une petite cloche de fronteau arrière, pesant  5 kgs  (sans battant), soit environ 9 livres,  proche avec le battant du poids habituel des cloches de fronteau arrière  de 14 livres et comptant  trois fleurs de lis, deux en haut, une en bas: c’étaient aussi   les armoiries de la ville de Brest.
Bossard a publié dans Rendez-vous avec Lapérouse à Vanikoro, p .284, la reproduction  d’un billet d’armement de la Boussole : « Une cloche de fronteau d’arrière avec un dé (sic pour dais), et à établir avec un montant en fer. A bord, ce 17 juin 1785. J.Walin-Audiffret ( lecture incertaine, signature difficile à déchiffrer). Le chevalier de Clonard  » Est-ce à dire qu’il s’agit de cette cloche ? Tout dépend du sens qu’on donne au mot dais. Mais on peut pencher plutôt pour une cloche de l’Astrolabe. Car si l’on comprend que les survivants de l’expédition aient, par une délicate attention, voulu récupérer la cloche originelle de la Boussole sur l’épave du nord-est  pour l’installer sur le bateau de secours nommé par eux, selon Makataï, le Lapérouse (ce qui prouve que celui-ci était mort) et incendié par ce dernier à l’endroit où l’on a trouvé la cloche Pichard, on voit mal l’intérêt d’une récupération de la cloche de fronteau arrière de la Boussole.De surplus, ils devaient avoir celle de l’Astrolabe à portée de la main.
On n’a pas encore retrouvé au minimum 4 cloches :
les  deux cloches de fronteau avant de l’Astrolabe,   ni celle qui est originelle   (l’Autruche, fondue  au Havre), ni celle qui fut achetée à Brest « en complément » et mise en réserve ;
 la cloche de fronteau avant de la Boussole achetée à Brest ; 
une cloche de fronteau arrière pour la Boussole (voir le billet d’armement) achetée à Brest. Illustration, p. 40, op.  cit.


A noter que le maître de forges de l’Arsenal de Rochefort était, soit un R . Dupont (qui s’installa à Brest par la suite, soit  par un Lonlaigne qui travaillait aux forges de Lathaussade, mais que les noms ni  de l’un ni de l’autre ne figurent sur la cloche et que celle-ci n’a pas été fabriquée à l’arsenal de Rochefort, mais à Aigrefeuille ou à la commune voisine de Forge, dépendant de la paroisse de Rochefort.  La forge de Lathaussade était-elle installée à la Forge et employait-elle un Pichard ? Nous ne le savons pas.
Illustration, p. 38 in Bicentenaire du voyage de Lapérouse, .785-1788 ,  colloque Lapérouse d’Albi, mars 1985, association Lapérouse- Albi France, 1522 p . Annexe, p.1-55





B La cloche à trois fleurs de lis, deux en haut, une en bas, cloche de fronteau arrière de la Boussole ou de l’Astrolabe.   
 Dillon a  trouvé à terre  une petite cloche de fronteau arrière, pesant  5 kgs  (sans battant), soit environ 9 livres,  proche avec le battant du poids habituel des cloches de fronteau arrière  de 14 livres et comptant  trois fleurs de lis, deux en haut, une en bas: c’étaient aussi   les armoiries de la ville de Brest.  Dans Brossard, Rendez-vous avec Lapérouse à Vanikoro  figure la reproduction, p. 224, d’un billet d’armement signé « à bord, ce 17 juin 1785 » par « le chevalier  de Clonard » pour la Boussole et, pour le  fournisseur  de la cloche, par (peu lisible) J.R.  Val-Naurffet   : « Armement, Une cloche de fronteau d’arrière Avec un dé (sic, dais) et à établir avec un montant en fer. » C’était, en principe,  Madame Veuve  Beurier qui fournissait les cloches.
L’article du pilote  nous donne comme achetées à Brest  2 cloches pour l’Astrolabe et 2 cloches pour la Boussole au prix identique qui surprend de 340 livres la cloche, soit au total 1360 livres. On peut supposer que le total a été  divisé par 4 pour simplifier et que, pour la Boussole, la cloche de fronteau avant ainsi achetée a été mise en réserve ; pour l’Astrolabe, aucune des deux  cloches achetées n’a été retrouvée, pas plus que les cloches d’origine, si elles subsistaient en réserve.
Cette  cloche trouvée sur terre appartenait-elle à la Boussole ou à l’Astrolabe ? Aucun élément ne permet de répondre de façon certaine, car le dais qui ornait celle de la Boussole peut avoir été plus grand que celui de la cloche retrouvée (voir la reproduction), mais on peut pencher plutôt  pour l’Astrolabe, car le bâtiment désossé était  l’Astrolabe et on peut se demander si les marins ont  pu récupérer les deux cloches sur la Boussole. Bref, il n’y a aucune certitude.

Il manque  encore au minimum 3 cloches :
1 la cloche de fronteau avant originelle, fondue pour l’Autruche au Havre, appartenant à  l’Astrolabe ;
2la cloche de fronteau  avant de la Boussole mie en réserve ;
3 une cloche de fronteau arrière pour l’Astrolabe  ou pour la Boussole fondues à Brest.
 C La cloche la plus énigmatique, la cloche signée « Bazin ».
Illustration, p. 42, op. cit.
 La plus célèbre des cloches de Vanikoro est celle dont parle Jules Verne   dans Vingt mille lieues sous les mers, « une cloche en bronze, dit-il,  portant l’inscription : « Bazin m’a fait », marque de la fonderie de l’Arsenal de Brest vers 1785 » , ce qui est faux, même si cela a été répété à l’envi. Mais cette cloche  n’a pas le poids requis pour être ni  une cloche de fronteau avant ni une cloche de fronteau arrière, donc pour être une cloche de navire.  C’est Dillon qui rapporta cette cloche , qu’il avait récupérée à terre : il nous décrit la cloche comme présentant, d’un côté  saint Jean Baptiste, de l’autre côté la Sainte Famille mais la description  doit être  complétée ainsi : il y a , d’un côté saint Jacques à la gauche d’une croix et , à la droite,  saint Jean   avec de l’autre côté  la Sainte Famille (Joseph, Marie et Jésus).C’est une allusion au curieux nom de la paroisse nantaise de «  Saint Jacques Saint Jean Sainte Famille » , où se trouvait le couvent franciscain de Nantes,   Saint Jean étant l’évangéliste et non saint Jean -Baptiste comme l’a cru Dillon.
Or, à bord, figurait ce qu’on a retrouvé dans la faille du récif,  une cloche d’office, une clochette, un grelot (qui était peut-être une objet d’échange destiné aux insulaires), une pierre d’autel (4 fragments dont certains ont été trouvés sur l’épave de l’Astrolabe), une boîte à huiles saintes, un crucifix avec 2 fleurs de lis  et l’inscription INRI,  un étui à missel en bois orné d’une fleur de lis, une médaille religieuse. Le Père Laurent  Receveur, blessé à Tutuila et enterré à Sydney où il mourut des blessures, qui lui furent infligées par les insulaires samoans,  était un franciscain et avait servi un temps  au couvent franciscain de Nantes (couvent dit  des cordeliers). On peut supposer que cette cloche était un souvenir du couvent nantais et qu’elle lui appartenait.  En effet, les Bazin  étaient une famille de fondeurs nantais  selon Champeaux, Dictionnaire des fondeurs de cloches, 1886, et ils  étaient spécialisés dans les cloches d’églises ou de couvents : selon Berthele, Enquêtes campanaires, ils avaient fondu deux cloches  en 1754  pour le grand  séminaire de Nantes  (elles étaient pareillement  signées Bazin ,sans prénom ) ; ils avaient aussi fondu une autre cloche , en 1779 pour une église de Vendée  (elle  signée pareillement Bazin sans prénom ). Jean Bazin le père est  l’auteur de la grande cloche de Saint-Martin, paroisse de Châteauthébaud en 1753,
 Les plus connus  des Bazin sont Jean Bazin  père et  Jean Bazin fils,  qui figure sur la liste de la milice bourgeoise de Nantes  de 1774 à 1778, avec l’indication « fondeur de la ville ». La  cloche appartenait  ainsi au  Père Laurent Receveur, qui avait dû servir à Nantes comme régent dans un collège de  la  paroisse  de «  Saint Jacques Saint Jean Sainte Famille ». 
Le canon signée Jean  Bazin Nantes : à l’origine en  lest sur  l’Astrolabe ?
On rencontre une autre fois le nom de Bazin sur un pierrier en bronze trouvé dans  la faille du récif, avec «  Fc (fecit) J(ean) Bazin à Nantes 1779 Dragon »  . Le Dragon est le nom d’un bateau corsaire anglais capturé dans la Manche en 1781 et transformé en corvette par la Marine royale. Il était percé pour 20 canons et 4 obusiers ou pierriers. En 1782, et le 11 décembre 1787, il est à Brest d’où il part pour Saint-Domingue où les Anglais l’attaquent. Son épave a été fouillée par le Musée de la Marine et François Gendron.
  Le scénario qu’on peut imaginer est que Jean Bazin fils fond le canon à Nantes en 1779  et  que la Marine le lui achète  en 1781 pour le Dragon, mais , comme il n’y a de place à bord que pour quatre obusiers,  elle reprend son pierrier et  le remise  à Brest : le Comte d’Hector le fournit en lest  à Lapérouse.
Etant donné que c’est sur la faille du récif, donc sur l’épave du bateau de secours principalement construit avec des éléments de l’Astrolabe, que le pierrier a été repêché, on  doit en déduire  que le pierrier fut chargé sur l’Astrolabe.
       








vendredi 25 août 2017

UN AGENT ANGLAIS D’ORIGINE CORSE SOUS NAPOLEON, CIPRIANI, DEVENU L’HÔTE DES INVALIDE


UN AGENT ANGLAIS D’ORIGINE CORSE SOUS NAPOLEON, CIPRIANI, DEVENU  L’HÔTE DES INVALIDES,
par un Corse de la région de Corte. 

Bibliographie :
1.  Pour mémoire, non lu et introuvable sauf au prix de 500€ sur Internet., Georges Rétif de  la Bretonne, Anglais, rendez-nous le corps de Napoléon ! 1969.
2.. Bruno Roy- Henry, Napoléon, L‘énigme de l’exhumé de 1840, 2000, ouvrage passionnant. 






L identité mystérieuse d’un agent anglais de l’entourage de Napoléon, Jean-Baptiste François -Marie  Ramolino, dit Cipriani.
Dans son ouvrage sur Napoléon, Une imposture, 1969, le psychiatre corse Roger Caratini prétend  que Charles Bonaparte et Letizia Ramolino, les parents de Napoléon, vivaient en concubinage car ils n’avaient jamais réalisé leur mariage officiellement ; bien que son ouvrage soit très intéressant et novateur, nous ne partageons pas son point de vue sur cette question, car la Corse était alors sous le régime légal de Gênes, et  les Bonaparte s’y sont conformés. L’acte de mariage avait été dressé, le 2 février « 1745 »  (coquille manifeste  du baron H. Larrey dans Madame Mère, 1892, pour 1764),car en 01745 charles Bonaparte n’était pas né : il naquit le 27 mars 1746) , par Pierre-François Costa, à Ajaccio (Madame Mère, du Baron H. Larrey, 1892) et transmis au père de la mariée mineure de 14 ans, le Comte Jean –Jérôme Ramolino, avec une note sur la tante de Letitizia qui nous intéresse au premier chef, car il s’agit de la mère du futur Cipriani : celle-ci  portait les mêmes prénoms que sa nièce Maria –Letizia , si bien qu’on a pu la prendre pour une sœur aînée de la mère de Napoléon , née vers 1745 et  morte assassinée alors qu’elle était jeune. C’est en réalité la mère de Napoléon qui reçut les prénoms de sa tante lors de sa naissance le 24 août 1750.
De Jean –Augustin Ramolino, lieutenant dans la compagnie corse ducapitaine Rocca, et de Marie-Thérèse Ricci sont nés 4 fils et 1 fille :jean –Jérôme , marié à Angela –Maria  Pietra Santa, noble de Sartène, grands-parents de Napoléon (celle-ci avait une sœur Antoinette qui épousa un Benielli dont elle eut une fille Antoinette, devenue en 1774 la femme de Hyacinthe Arrighi de Casanova, d’où naquit le futur général de division Jean -Toussaint  Arrighi de Casanova, créé  duc de Padoue ) ; François- Marie, prêtre, curé archiprêtre d’Ajaccio ; Bernardin marié à Angela-Marie Seta , père du comte André ; Paduo Antonio , marié à M. Levie (dont les descendants actuels, autorisés à relever le nom). Angela –Maria Seta devenue veuve épouse en secondes noces Joseph Antoine d’Ornano, né le 20 janvier 1738 suivant l’acte  original présenté au conseil supérieur, commissaire de la junte de Guagno par brevet du 2 novembre 1772 (extrait baptistaire admis au conseil supérieur). Ils auront pour enfants Luc Antoine, comte d’Ornano, major de l’armée française,  qui laisse deux filles : Claire, , mariée d’abord à Vincent Poli, de Guagno (dont une fille a épousé Pompée Chiaroni d’Aullène : leurs héritiers possèdent une partie des archives de cette branche d’Ornano),  puis à Charles Folacci et Rosine, mariée à Pompée Colonna d’Istria ; François –Xavier ; François-Marie, lieutenant-colonel d’infanterie, né en 1781, mort à Ajaccio le 20 mars 1825 . On verra que le frère aîné de Joseph Antoine, Jean-Baptiste François- Marie  d’Ornano, qui fut le  parrain représenté de Cipriani, parce qu’il était absent, et en  l’honneur de qui le futur Cipriani recevra ses prénoms de François- Marie et de Jean-Baptiste,  jouera un rôle dans la vie de Cipriani à Bordeaux lors de l’affaire Louis XVII, voir ci-dessous.
Voilà selon moi, l’explication du nom Franceschi qu’on a cru être son patronyme.  Comme Napoléon s’adressait à lui en corse, langue qui ne prononce pas les syllabes finales, en l’appelant  par son prénom Francesch’[o] , o en a déduit qu’il s’appelait Franceschi. Précisons que Cipriani parlait mal le français et s’exprimait en corse, en italien et en anglais.
Nous pouvons compléter ce que dit de lui Marchand, le valet de Napoléon (savoir ,  qu’il était corse et non italien et qu’il avait été élevé dans la famille de Napoléon)  en lui assignant pour lieu de naissance Guagno- les- Bains , pour date de naissance 1773 ou 1780 et pour mère la tante de Letizia , Maria Letizia
Ramolino, qui mourut étranglée dans son lit. Il fut recueilli par les Bonaparte à la mort de celle-ci, à la demande de son père, C. Salicetti. Il aurait donc dû s’appeler Jean-Baptiste François- Marie  (  Ramolino , du nom de sa seule mère).
 Maintenant, d’où vient le nom de guerre de Cipriani ? Ce n’est ni  son  prénom (ce serait Cipriano,celui qui est originaire de Chypre,par allusion à saint Cyprien, père de l’Eglise dont,la fête a lieu le 16 septembre et d’ailleurs Cipriani était athée et anticlérical) , ni , au pluriel, son nom de famille. Il l’aurait choisi à partir du nom de Louis- Antoine de Cipières, officier de marine et député de Marseille, propriétaire de l’Hôtel Cipières à Marseille , où Letizia et lui-même durent se réfugier en fuyant la Corse, en1793.
Christophe Salicetti, agent anglais et père de Cipriani.
Né en Corse à Saliceto près de Corte, le 26 août 1757, il étudie à Bastia et il est reçu avocat à Pise. Il est élu député du tiers Etat  pour la Corse en 1789 et  réélu à la Convention . Il est l’ami de Robespierre, vote la mort du roi  et siège avec les Montagnards. Le 30 novembre 1789. il fait voter l’intégration de la Corse au Royaume de France et fait rappeler Pascal Paoli exilé en Angleterre. Mais la Convention, qui se méfie de Paoli, l’envoie en Corse pour surveiller ce dernier. En 1793, il doit fuir la Corse avec Letizia Bonaparte à Marseille à l’Hôtel Cipières dont est propriétaire un de ses anciens collègues à l’Assemblée nationale, le baron de Cipières, avec le futur Cipriani qui  en tirera son pseudonyme. Il fait nommer général le capitaine Napoléon Bonaparte, commandant de l’artillerie à l’armée qui assiège Toulon détenu par les royalistes. Il aide à la répression de l’agitation royaliste à Marseille. En janvier 1789, il est nommé à l’armée d’Italie auprès de Napoléon Bonaparte. En octobre 1797, il  participe à la reconquête de la Corse et divise l’île en deux départements. Il est élu député au Conseil des Cinq- Cents. En 1798, il est en mission à gênes. Napoléon l’envoie représenter la France à Lucques de 1801 à 1802, puis à gênes à nouveau en 1805 : il y fait voter le rattachement  de Gênes  et de la Ligurie à La France.
En janvier 1808, alors que , à Naples, il est le ministre de la police (renseignements généraux) et de la guerre du roi de Naples, Joseph Bonaparte,et qu’il est une sorte de vice-roi pour le compte de l’Empereur, éclate une conspiration montée par le futur Louis XVII et dirigée parle commandant sicilien dans l’île de Ponza, le prince de Canosa, avec le soutien des catholiques pontificaux . Ils font exploser la demeure de Salicetti, mais celui-ci s’en tire, miraculeusement. En octobre1808, au service de Murat, il lui donne son seul succès militaire, la prise de Capri, île où sévit déjà le tristement célèbre lieutenant-colonel Hudson Lowe, à la tête de son Corsican Rangers  et chargé d’espionner tout le secteur italien. Salicetti a préparé le siège de Capri avec son fils Cipriani qu’il a mis à la tête d’un réseau d’agents secrets corses ; Cipriani contacta  au Corsican Rangers son compatriote Antoine Suzarelli et retourna cet ancien condisciple de Salicetti à Bastia, ce qui aboutit à la capitulation de Lowe et de  la garnison napolitaine et corse  de Capri. Le 20 janvier 1809, Napoléon ordonne à Salicetti de démissionner du ministère de la guerre et l’envoie à Rome présider la Commission chargée des ex-territoires pontificaux. En juin 1809, il revient à Naples qui est menacée par une expédition sicilienne contre Ischia et Procida.  En 1809,le 23 décembre , il est assassiné  par son préfet de police, un génois Antonio Maghella, agissant pour le compte des Bourbons et des catholiques pontificaux ;
Napoléon a dit de Salicetti qu’il admirait et qui avait été son bienfaiteur et celui de toute la famille Bonaparte : « Salicetti, les jours de danger, valait cent mille hommes ! »
Il avait épousé la fille de Jean- Thomas Boerio et de Marie Catherine Arrighi de Casanova, ces derniers étant des alliés de la famille Bonaparte, ce qui l’empêcha de reconnaître son fils Cipriani  et sa liaison  avec sa mère : celle-ci , qui menaçait le mariage de Salicetti, mourut étranglée dans son lit , probablement par un Arrighi de Casanova.


 Cipriani, l’agent double des Anglais et de Napoléon.
Cipriani, vénal et aimant beaucoup l’argent, préféra conserver un compte à Gênes, largement alimenté par les Anglais,  par Salicetti, et par Napoléon qui l’appelle « son espion » sans se rendre compte qu’il est surtout celui des Anglais. Il met à l’abri sa femme et sa fille chez Madame Mère et son fils chez  le cardinal Fesch,-le  demi-frère de Letizia.
1 Sous la Révolution, une tentative d’évasion ratée de Louis XVII ourdie parles Anglais  et où Cipriani joue un rôle méconnu.
Un pseudo-Louis XVII méconnu : le tambour de Belgiojoso,en 1800 , avant Marengo dans l’armée du général autrichien Mélas, un blond aux yeux bleus selon Silvio Pellico qui l’a rencontré dans leur prison commune et  qu’on retrouve, selon ses propres dires ,  à Bordeaux et à Bastia, chaperonné par Cipriani.
Nous avons dit dans notre blog sur  le baron de Richemont, pseudonyme du   marquis de Bourbon Conti, qu’il avait deux tombes : l’une, celle du baron de Richemont,  à Gleizé (Rhône), au château de Vaurenard, chez Madame d’Apchier, datant de 1853,  et l’autre au Père Lachaise datant de 1832-1833  , où  fut enterré ,  avec l’assentiment du baron de Richemont,  le faux dauphin en qui croyaient Fouché et Joséphine , ainsi que ,  peut-être,  le baron de Richemont qui semble  avoir porté beaucoup d’affection à ce demi-frère qui portait le nom de Jean Louis  Bourbon .Il avait été emporté par l’épidémie de choléra qui sévit à Paris à cette époque. Comme sur Richemont (j’ai oublié dans mon blog de citer parmi les origines possibles de son  pseudonyme le fait qu’à la mort de Jeanne d’Arc c’est le colonel de Richemont qui reprit le flambeau contre mes Anglais , comme le baron estimait qu’il le faisait contre la monarchie de Juillet), on a fait de nombreuses hypothèses sur l’ identité de ce faux dauphin  : il pourrait  avoir été le fils adultérin (elle en eut au moins trois et, curieusement, le Directoire la contraignit de les reconnaître) de la femme de lettres parisienne Fanny de Beauharnais, née Marie Anne Françoise ou Fanny  Mouchard de Chaban (1737-1813), l’épouse de Claude de Beauharnais, et du propre père du baron de Richemont, le marquis de Bourbon -Conti, à en juger par les anagrammes dont sont truffés ses pseudonymes.  Parmi les nombreux autres  amants de Fanny de Beauharnais, il nous faut citer les hébertistes Michel de Cubières et   Mororo, un Corse. Lorsque Jacques René Hébert sera guillotiné, Fanny de Beauharnais sera inquiétée et devra quitter précipitamment Paris. De là le nom d’Hébert que prendra le faux dauphin, car Hébert était un agent royaliste payé par les Anglais,  contrairement à ce qu’on croit.
 Hébert , qui voulait instituer durant la minorité de Louis XVII un grand juge , savoir lui-même ou le maire de Paris Pache, trempa dans un projet d’évasion du dauphin et  eut besoin d’un garçon du même âge pour faire illusion lorsque le dauphin serait exfiltré.  L’enfant qu’on projetait de substituer au dauphin fut vite   trouvé : le fils du Prince de Bourbon et de Fanny de Beauharnais, enfant  blond, aux yeux bleus, du même âge, qui lui ressemblait  ce qui s’explique par sa parenté, car c’était un Bourbon.  On invita celui-ci à entrer dans un cheval de carton que le cocher Genès  Ojardias amena du logement de Simon dans la cour des écuries au Temple pour opérer la substitution et l’y cacher,  ceci se passant  le 5 janvier 1794. mais l’ordre final de Hébert, inquiet pour sa propre sécurité, n’arriva pas. On a  deux témoignages crédibles de Voisin et de la veuve Ladrée qui ont aperçu ce cheval de carton. Les témoignages sont cités par Marina Grey dans Enquête sur la mort de Louis XVII, Le prince et le savetier, p.108 dans le chapitre intitulé Le cheval de carton. Le déménagement de Simon,  qui avait été révoqué par Chaumette, a lieu en direction de son nouvel appartement, au-dessus des écuries,  à l’angle ouest de l’Enclos, près des cuisines, de la caserne et du cloître, aménagés pour des artisans  Là attendait le futur tambour de Belgiojoso destiné à  remplacer le dauphin.
Le projet échoua,  mais le garçonnet en garda le souvenir.
Vers 1800, Fouché, ministre de la police, vint trouver Napoléon Bonaparte pour lui apprendre l’affaire dite du tambour de Belgiojoso. Joséphine de Beauharnais,  bien informée grâce à sa grand- tante Fanny  de Beauharnais  et grâce à Madame Campan, d’une famille créole comme elle, intervient auprès de Fouché pour qu’il protège ce garçonnet de 14 ans qui avait été condamné pour une peccadille à un traitement cruel, celui de passer trois fois par les baguettes, et qui, pour tenter d’y échapper, avait déclaré à son colonel qu’il était  fils de Marie-Antoinette. Le colonel l’envoie à Turin et, en chemin, à Asti, il est reconnu par un Suisse du château de Versailles, ainsi que par diverses personnes qui avaient séjourné à la cour de France, notamment, dit-on, à cause d’une cicatrice au bas de la mâchoire gauche provenant de la morsure d’un lapin blanc que le Prince élevait. Selon son récit, après être sorti du temple dans un cheval de carton,  il aurait été élevé par Madame Fanny de Beauharnais et se serait rendu d’abord à Bordeaux,
Pourquoi Bordeaux ? Cipriani  y avait un allié, François- Marie  Jean-Baptiste d’Ornano, chevalier de Saint Louis, général de brigade, maréchal de camp et gouverneur de Bayonne en 1768.  Il avait épousé à Saint-Domingue en premières noces Charlotte Maingart, fille de riches colons de l’île Maurice. Ses accointances avec les créoles le firent nommer tuteur de Theresa Cabarrus, la future Madame Tallien , Madame Ouvrard, et princesse de Chimay. .En secondes noces, il épousa la fille de Jean-Baptiste de Campennes, marquis d’Amon, gouverneur de Bayonne, et de Marie-Charlotte de Menou, dont il eut une fille unique, Victoire, mariée au vicomte  André- Guy du Hamel, plus tard maire de Bordeaux. Elle mourut en 1796. François- Marie  Jean-Baptiste d’Ornano était installé à Versailles où la révolution décida de l’arrêter ; ^prévenu ; il voulut fuir vers Bordeaux, mais il fut arrêté en chemin au château de Castels  près de Langon en Gironde , en décembre1793. Enfermé au Luxembourg, il fut guillotiné le 6 juillet 1794, pour avoir entretenu une correspondance avec les princes étrangers, l’Angleterre en particulier.
De Bordeaux, Cipriani et son protégé  se rendirent à Bastia où  le jeune adolescent  apprit  l’italien, un italien mâtiné de corse. Il prétend  qu’il devint garçon limonadier à Bastia.
De  Bastia, le faux dauphin  gagne l’Italie   cherchant à gagner Vienne, mais,  dès son arrivée en Italie , il est enrôlé dès son arrivée en Italie dans un régiment autrichien, juste avant Marengo (14 juin 1800).
 Lorsque Cipriani cessera de s’occuper du faux dauphin, il sera rapidement emprisonné (voir mon blog sur le baron de Richemont).
2 1815, à l’île d’Elbe, la première grande trahison de Cipriani : la vraie cause des Cent- Jours et du retour prématuré de Napoléon à l’instigation de l’Angleterre.
A Gênes , Cipriani avait fondé une prospère compagnie de navigation spécialisée dans les trajets Gênes- Porto –Ferrajo Ile d’Elbe  et qui ne fut , bien entendu, jamais arraisonnée par les Anglais, pourtant très actifs en Méditerranée. Ajoutons que Cipriai a été vu au Congrès de Vienne, où il attendait les ordres du cabinet anglais. La coalition contre la France et contre Napoléon y  bat alors de l’aile, n’étant d’accord sur pratiquement rien, en particulier sur le rétablissement des Bourbons. Le tsar, mécontent, a déjà abandonné les lieux. Tout ceci inquiète le cabinet anglais qui donne l’ordre à son agent Cipriani de tout faire pour que napoléon quitte sans attendre son petit royaume de l’île d’Elbe, afin de cimenter à nouveau devant le danger  une coalition en voie de dislocation. Cipriani  apporte à Napoléon, à l’île d’Elbe, les informations voulues pour que l’empereur précipite son départ. Eût –il attendu quelques jours d’autres informations plus honnêtes, -même s’il est vain de vouloir refaire l’histoire, -on est en droit de penser que le sort eût été différent pour la France et son chef.
3 A Sainte-Hélène, le suicide à l’arsenic  de Cipriani, « vie et destin d’un traître », titre du dernier chapitre de l’ouvrage cité de B. Roy-Henry.
En 1818, l’empoisonnement de Cipriani à l’arsenic.
Napoléon avait pour Cipriani une affection qui l’aveuglait. Mais tel n’était pas le cas , dans son entourage, du général Gourgaud en particulier.
Citons deux incidents. Le premier est un repas secret de napoléon avec Albine de Montholon, la femme du général. Or, le marquis de Montchenu, commissaire extraordinaire de Louis XVIIII à Sainte-Hélène, dont Napoléon disait : « C’est un vieux con, un général de carrosse qui n’a jamais entendu un coup de fusil»,vint à l’apprendre et Napoléon le sut à sa grande colère : « Il y adonc des agents ici ! » s’exclama-t-il. L’indiscrétion venait de Cipriani.
Le deuxième incident  est le suivant. Emmanuel Pons de Las Cases (prononcez kaz) , l’auteur du Mémorial de Sainte –Hélène,et son fils le jeune Emmanuel Pons qui signait Pons pour se différencier de son père avaient cousu dans la doublure  de la veste de leur domestique deux messages à acheminer , l’un à Lucien Bonaparte, l’autre à Lady  Clavering, une Française émigrée à Londres chez laquelle le marquis de Las Cases, royaliste émigré à l’époque, avait été précepteur. Or, marchand nous apprend que l’infortuné domestique fut jeté en prison sur dénonciation de Cipriani, avec aussi pour conséquence  que H. Lowe assigna à résidence à Jamestown les deux Las Cases avant de les expulser sur le Cap en Afrique  pour une quarantaine imposée avant leur  retour en Europe. Cipriani avait surnommé Las Cases le jésuite. Les généraux Montholon  et Bertrand ainsi que son épouse s’étaient ligués contre lui. Cipriani fut mis au courant par le fils de Montholon  du projet de Las Cases. Dans ces conditions, il n’y a rien d’étonnant que les Las Cases ne désiraient pas retourner à Longwood, alors que Lowe leur en offrait la possibilité, car las Cases se doutait que Napoléon  ne le  soutiendrait pas contre un compatriote, même  s’il leur était redevable d’une grosse somme qu’il avait été obligé de leur emprunter. Lors de ses descentes en ville, pour l’approvisionnement, Cipriani en profitait pour livrer des renseignements aux Anglais. Mais l’alerte avait été chaude pour lui et il dut se faire remplacer par un domestique anglais  pour éviter de se griller » complètement. Napoléon se plaignit, naïvement , à Montholon, bien au fait des trahisons de toutes sortes dont l’Empereur était la victime,  que Thomas Reade, l’adjoint de Lowe, « assurait  qu’il savait tout ce qui se passait  chez eux ».
Le 30 octobre 1818, Gourgaud  trouve sa fenêtre forcée et Tristan, le fils de Montholon, lui révèle que le coup a été fait par Cipriani. L’ancien aide de camp de Napoléon, ne réussissant pas, lui non plus, à lui ouvrir les yeux, préfère demander son retour en Europe et fait ses adieux à l’Empereur le 15 février 1818. Il quitte définitivement Longwood, la résidence de Napoléon, pour Jamestown, la petite capitale de l’île. Il y dîne avec Balmain, le commissaire russe , et avec d’autres commissaires alliés, et Gourgaud obtient des preuves formelles sur l’espionnage dont Cipriani s’est rendu coupable. Il envoie son valet Fritz remettre à Montholon un rapport accablant pour le protégé de l’Empereur. Le dimanche 22 février 1818, l’Empereur prend connaissance de ce rapport  de Gourgaud que Montholon lui a remis et entre dans une violente colère. Il convoque le traître et lui montre le rapport qui le confond, le traitant de  bâtard, de chien qui mord la main de son maître, d’individu qui n’a pas même pas eu la reconnaissance du ventre. Encore ne sait-il pas que Cipriani trempe dans le projet anglais de l’empoisonner à l’arsenic. L’Empereur lui annonce sa décision de le renvoyer en Europe, n’étant pas libre d’appliquer la seule sentence qui s’impose pour les espions et les traîtres à leur pays, la mort. Il fera connaître à la famille de Cipriani  par le cardinal Fesch les raisons déshonorantes qui motivent son renvoi.
Le lendemain, lundi 23 février, Cipriani  a pris sa décision. Avec Piéron, il se rend à Jamestown et, sous prétexte de lutter contre les rats, y achète de l’arsenic afin de s’empoisonner. Le soir même, écrit Montholon, « ce pauvre Cipriani servait le dîner de l’Empereur quand il se sentit pris de si violentes douleurs qu’il lui fut impossible de regagner seul sa chambre. A peine sorti de la salle à manger, le malheureux se  roulait par terre en poussant des cris déchirants. » Le docteur O’Méara et Noverraz le portent dans son lit et lui apportent  toute leur aide. Le docteur Arnott et deux autres médecins anglais du 66 e régiment, Buxter et  Henry, dépêchés en hâte par Lowe qui ne veut pas perdre son informateur, se joignent au docteur O’ Méara pour tenter de le sauver .Mais, le vendredi 27 février 1818, Cipriani meurt . Il sera enterré, non pas  dans le lieu qui abritera la dernière dépouille de Napoléon, mais dans le cimetière  qui entoure l’église anglicane, en bordure du parc de Plantation House. Plus tard, il sera  étrangement impossible de retrouver la tombe qui, en 1827, avait été vidée de son occupant  sur ordre du  roi d’Angleterre George IV dans des conditions  que nous allons exposer.
Ce qui a animé Cipriani, c’est la jalousie du bâtard: son suicide est une sorte d’amok corse, provoqué par l’humiliation insoutenable de voir ses traîtrises percées à jour, de perdre la face,d’être démasqué. Mais jusque dans son dernier acte, le suicide à l’arsenic, se glisse une allusion mauvaise à la fin de Napoléon à laquelle Cipriani a trempé parle même poison.
De quoi est mort Napoléon à Sainte-Hélène le 5 avril 1821(son âge était inscrit dans la date de sa mort, 51 ans, 8 mois, 21 jours !) ?
Bien que le problème ait donné lieu à de nombreuses polémiques (on a invoqué en particulier  un cancer de l’estomac, du pylore plus précisément), il semble acquis aujourd’hui, grâce aux chercheurs et historiens américains, que Napoléon a bel et bien été assassiné à l’arsenic , sur ordre des Anglais, avec la complicité active de Cipriani, de O’Méara,de Montholon et du médecin anglais Arnott. Il faut lire à ce sujet René Maury , L’assassin de Napoléon, 1994 , et Ben Weider, Napoléon est-il mort assassiné ?1999.
Hudson Lowe , le geôlier et espion de Napoléon, a dit, en 1818, au docteur O’Méara, Irlandais, mais protestant, que « la vie d’un homme est peu de chose, surtout quand il est responsable de millions de morts et qu’il pourrait l’être encore », l’incitant à assassiner l’Empereur .Napoléon lui-même disait de H.  Lowe : « je suis sûr que cet homme-là a reçu l’ordre de me tuer. »
La jalousie de Montholon , dont la femme Albine était la maîtresse de Napoléon, aurait été un motif , selon certains historiens, de l’assassiner, mais ce motif ne tient pas à mes yeux , car Albine a eu , à Sainte-Hélène,bien d’autres amants, comme le docteur O’Méara ou  le lieutenant Jackson ,  qui, par la suite, l’accompagna en Europe et ne fut pas victime d’ empoisonnement . Ce qu’il y a de certain, -c’est le journal de Las Cases  qui nous l’apprend, - Montholon possédait à Sainte-Hélène un livre sur l’affaire des Poisons qui exposait en détail la méthode de la Brinvilliers administrant  l’arsenic  avec une trentaine de doses sur plusieurs mois et avec le calomel pour parachever l’œuvre et faire que les médecins diagnostiquent, comme chez Napoléon,  un cancer de l’estomac.
Montholon disposait  en 1822 de 50 millions de francs lourds et le voilà ruiné en 1829. Sa complicité dans l’assassinat tient à l’argent et aux ordres de l’Angleterre. Maury se demande qui a fait chanter Montholon pour qu’il se retrouve ainsi ruiné (est-ce Antommarchi qui finira ses jours à Cuba ?).  Dès la fin  de 1817, à une époque,où Cipriani ne s’était pas encore suicidé et jusqu’à la mort de Napoléon en 1821, l’Empereur présentait tous les symptômes d’un empoisonnement à l’arsenic, avec , naturellement, des périodes de rémission qui, loin d’infirmer l’hypothèse, la confirment bien au contraire . C’est une dose massive de calomel qui, associée  à un sirop d’orgeat, et administrée à Napoléon le 3 mai 1821 à l’instigation du docteur Arnott, approuvé par Montholon, qui en connaissait les effets grâce au livre qu’il possédait sur la marquise de  Brinvilliers, mais contre l’avis d’Antommarchi, provoqua une formation foudroyante et mortelle  de cyanure de mercure.
Une affaire compliquée : celle des masques mortuaires de Napoléon.
1 La prise d’un masque mortuaire en 1818 par O’Méara sur le visage de Cipriani et sur ses mains, trois ou quatre jours après son décès, peut-être  le 3 mars 1818.
Le masque mortuaire de Cipriani sera repris par un Corse, le docteur François Antommarchi après la mort de Napoléon, lorsqu’il était de retour à Londres. Il l’a alors remanié pour alimenter pour alimenter la légende impériale. Il nous est présenté aujourd’hui par les historiens comme celui de Napoléon ! Il est vrai que les visages des deux hommes se ressemblaient.
I Le seul masque mortuaire de Napoléon.
Le masque Burton (1821), seul masque authentique de Napoléon, qualifié de « Death mask of Napoleon », exposé aujourd’hui encore à Londres au Royal United Service Museum.Il porte une inscription anglo-française : « L’Empereur Napoleone à Saint –Helena » , Saint -Helena étant  le nom anglais de Sainte-Hélène (voir p . IV du cahier photographique  du livre cité de B. Roy- Henry). Il a été pris  sur le visage mortuaire de Napoléon, mais, comme il n’a pas été jugé convenable pour la légende napoléonienne, on lui préféra le masque de Cipriani pris par O’Méara, mais retouché par Antommarchi, ce qui se prêtait
à merveille au plan anglais de substitution des cadavres ..
II Les masques de Cipriani.
Le masque en cire Noverraz , 1818 et 1828 (photo, p. XII, cahier photographique, op. cit.) ressemble à tous les masques dit Antommarchi. Ce ne peut être le masque de Napoléon, car celui-ci avait été rasé six heures après sa mort, à la différence de Cipriani qui, en 1818, n’avait pas été rasé, et ce masque en cire contient  des éléments pileux ; il a été pris trois ou quatre jours après la mort de Cipriani par O’Méara, en présence du docteur Arnott.

Le masque Arnott ( 1818) .
Il fut vendu par le docteur Arnott, qui était présent auprès du lit de mort de Napoléon, 3000 livres sterling au roi de Wurtemberg. En 1837, son beau-frère, Jérôme Bonaparte , le  roi de Westphalie, en devint le propriétaire et inscrivit : « Arnot [avec un seul t], mai 1821) ». Napoléon rachète ce masque 4000 livres et l’expose  aux Tuileries en 1863, où il est photographié (photo publiée, p . XVI, cahier photographique, op. Cit. ). Puis le masque refait surface  à Nice où une dame Pardee en fait don au Musée Masséna. C’est en réalité le visage de Cipriani pris par le docteur Arnott.
Les masques dit Antommarchi, masques de Cipriani, fabriqués à Londres  en 1827 pour alimenter la légende impériale.
De la tête de  Cipriani  moulée par O’Méara en 1818, Antommarchi fait à Londres avec le dessinateur Rubidge rentré de Sainte-Hélène et avec quelques autres, en 1827,  un premier masque de cire qui finira à Cuba où Antommarchi finit ses jours. Il en fait  une copie en plâtre fin qui lui servira désormais d’ « original » et sera  abondamment dupliquée ; ce prétendu « original » est conservé dans  la chapelle de la Miséricorde à l’île d’Elbe. On en a un double  donné par Antommarchi à la ville de la Nouvelle-Orléans où il a exercé comme médecin. Dans La vie qotidienne  en Louisiane, 1815-1830,par Liliane Crété, p. 112 , on peut lire  qu’en 1834, les bonapartistes de la Nouvelle-Orléans  accueillirent «  avec joie et émotion »  « le médecin particulier  de Napoléon, le docteur Antommarchi, qui devait ouvrir un cabinet rue Royale [à la Nouvelle-Orléans], et offrit à la ville  le masque mortuaire, en bronze [Comme les légendes vont vite ! Ce devait être, plus modestement, un masque  de cire], de
L’Empereur. »

Conclusion : le masque Antommarchi est une imposture et représente, non pas le visage de Napoléon, , mais le faciès de Cipriani dûment retouché.
L’affaire des masques mortuaires dits de Napoléon est certes fort compliquée, mais c’est un détail  et cela ne touche que légèrement le point fort de l’histoire, qui est la substitution  du cadavre de Napoléon et son remplacement  par celui du traître Cipriani sous l’auguste dôme des Invalides , une mystification qui dure encore , puisque ce monument vient d’être visité par le Président Trump et son épouse Mélanie.
1840,  le rapatriement  des cendres de  Napoléon et la substitution de Cipriani  à Napoléon par les Anglais.
Le mot cendres  au pluriel est d’emploi noble et désigne, dit le Littré, « les restes des morts », à une époque où l’incinération donnant de la cendre (en ce sens, selon Littré, « poudre qui reste  après la combustion du bois et autres matériaux » comme le corps humain) n’était guère pratiquée.
Napoléon avait dit de façon prémonitoire au Grand maréchal Bertrand, le 27 mars 1821 : « la seule chose à craindre, c’est que les Anglais ne veuillent garder mon cadavre  et le mettre à Westminster [c’est ce qui fut effectivement fait]. Mais qu’ on les force à le rendre à la France ; qu’on le signifie au Prince Régent, de telle manière qu’il ne soit pas tenté de garder mes cendres ; après m’avoir assassiné, c’est le moins qu’il rende mes cendres à la France, la seule patrie que j’aie aimé, où je désire être enterré [ pas la Corse, la terre du traître Cipriani ; pas Sainte-Hélène non plus, la terre où le traître Cipriani est enterré]. » Le 13 avril, il avait déclaré : « je viens d’écrire au Prince régent pour lui demander  de ne pas garder mes cendres à Londres et de les renvoyer sur les bords de la seine. Je lui prédis que s’il me fait un monument ,  John Bull un jour  jurera sur ce monument  la destruction de son trône et la ruine de l’oligarchie .Il verra cela ;ce serait, du reste, un monument de la honte. »Le 23avril, il apostrophe  le docteur Arnott, l’assassin qui prescrira la dose mortelle  de calomel  : « Il ne me reste  plus qu’à aller à Londres (à travers son cadavre ; vivant, Napoléon, prisonnier d’Etat , était déporté, mais mort son cadavre appartient à la Couronne…Vous m’avez assassiné. Je suis venu me livrer  à vous de bonne foi, non au Prince régent que je méprise, ni à vos oligarques : je les connaissais, mais je croyais que le peuple anglais  ne permettrait pas qu’on me traitât ainsi. Mais votre oligarchie est trop puissante. »

La substitution.
1° Premier acte en 1826 après la fabrication et la vulgarisation d’un masque mortuaire frauduleux, celui de Cipriani, donné comme celui de Napoléon, : le retour surprenant du docteur O’Méara , qui avait moulé le masque sur le visage de Cipriani et assisté à son enterrement, donc connaissait l’emplacement de sa tombe, à Sainte-Hélène .
En 1826, le cabinet anglais  chargea le  docteur O’Méara de retourner à Sainte-Hélène pour faire l’autopsie du cadavre de Cipriani, quelque neuf ans après son inhumation , et pour préparer les cadavres  en vue de la substitution de Cipriani à Napoléon en  habillant Cipriani  comme l’Empereur et en transférant son corps dans la tombe de Napoléon, tandis que le corps de Napoléon était provisoirement remisé près des anciennes écuries . Au cours de l’autopsie de Napoléon, l’intestin qui était sain  fut laissé en place. Mais , pour Cipriani,  O’Méara  retira un bout d’intestin grêle qui présentait une grosse perforation due à la dose massive d’arsenic  ingéré et le rapporta à Londres, où il le remit au Collège Royal des Chirurgiens d’Angleterre,sous la rubrique mensongère : « Incipiunt fungus in the glands of intestins of Napoleon », , c’est- à dire les champignons commencent à apparaître  dans les viscères de Napoléon,Il faut rapprocher cette inscription latino- anglaise de l’aveu d’O’Méara à Sir Ashley Cowper : « le fragment d’intestin n’avait pas la provenance qu’on lui assignait » ( c’est -à - dire qu’il ne provenait pas de l’intestin de Napoléon, mais de celui de Cipriani) ; ce prélèvement d’intestin perforé avait pour but de faire disparaître toute trace d’empoisonnement arsenical de Napoléon par les Anglais au cas où les Français voudraient pratiquer une nouvelle autopsie du cadavre qu’on leur donnerait comme celui de Napoléon. Il fut prescrit  par le cabinet que ce fragment accusateur ne pourrait pas être montré avant cent ans et seuls les présidents successifs  du collège  de chirurgiens purent le voir. En 1927, Sir Berkeley Moynihan, nouveau président du collège britannique, le montre au professeur Leriche au cours d’une réception officielle destinée aux médecins étrangers.
2 L’escale intrigante de Lowe à Sainte-Hélène en 1827, ou l’assassin revient toujours sur les lieux de son crime.
Après Sainte-Hélène, Lowe fut nommé en 1825 pour commander les troupes à Ceylan. Il  fut rappelé en cours de mission par George IV  pour se rendre à Sainte-Hélène, où son service consisterait à rapporter en Angleterre  le corbillard qui avait servi pour l’enterrement de Napoléon, avec,  à l’intérieur,  le corps de Napoléon , afin de l’inhumer , de nuit et secrètement,  dans une crypte de l’abbaye de Westminster. Il devait aussi remplacer le cadavre de Napoléon par le cadavre de Cipriani que O’Méara avait habillé comme l’Empereur avec quelques erreurs, qui sont autant d’indices pour nous .Lowe laissa le corbillard , vidé de son illustreoccupant, à l’arsenal de Woolwich. Il fut donné parvlareine Victoria à Napoléon III et exposé dans la chapelle Napoléon de l’église Saint-Louis des Invalides.

3° L’exhumé de 1840.
Il nous faut comparer quelques détails de l’exhumation de 1840 qui, bien curieusement, se passa, sur ordre des Anglais,  en pleine nuit  noire , après minuit , avec l’inhumation de 1821.
Examinons d’abord, dans la relation de Rohan- Chabot du  15 octobre 1840, cette phrase : « Le général Bertrand  fait un bond involontaire, comme s’il était surle point de se jeter dans les bras de l’Empereur. » on peut imaginer sa surprise : il s’attendait à voir l’empereur plus ou moins décomposé et il voit, parfaitement bien conservé grâce à l’arsenic ingéré,… Cipriani lui-même. Mais Rohan -Chabot  avait fait promettre sur l’honneur à  tous les assistants  de ne  manifester leurs sentiments en aucun cas, car tout différend avec l’Angleterre  risquait, disait-il, de déclencher un conflit international, voire une guerre. Aussi le général Bertrand se tut-il.
Premier détail surprenant : la barbe . Celle de l’Empereur avait été rasée six heures après le décès  par son valet Marchand et , contrairement aux croyances populaires, la barbe ne repousse pas chez les morts, en tout cas jamais quelques heures après le décès. Or, le cadavre exhumé  avait une barbe et Cipriani, lui, n’avait pas été rasé après sa mort ;
Ensuite, les décorations  étaient au nombre de trois sur l’Empereur .Manque celle de l’Ordre de la Réunion sur le cadavre exhumé en  1840.
Le cadavre ne porte pas les bas blancs qui lui avaient été mis, et les bottes ne portent plus les éperons d’argent. Surtout, les quatre petits doigts  de chaque pied, nus, dépassent de chaque botte dont les coutures ont été coupées. La pointure de Cipriani était plus grande que celle de Napoléon, ce qui contraignit, pour pouvoir  lui enfiler les bottes de Napoléon , à enlever les bas  et à  découdre, cela se révélant insuffisant , l’extrémité des bottes .Les dents de Napoléon étaient fort mauvaises et noircies, tandis que celles du cadavre de Cipriani sont d’une blancheur éclatante . De plus, les objets personnels mis à côté du cadavre en 1821 (assiette, couteau, etc.) n’ont pas été aperçus en 1840.
Secret d’Etat : les Gorrequer Documents .
Après le 25 juillet 1821, date du départ de h. Lowe, ce fut le gouverneur Gorrequer qui lui succéda  sur l’île .sa correspondance avec le cabinet anglais esr conservée à la Chancellery Direction à Londres et le vice-chancelier bacon déclarait qu’ils étaient « d’une si haute importance politique que leur contenu ne devait pas être dévoilé » et aujourd’hui encore elle n’est pas accessible aux chercheurs. Ils recèlent, «écrit B. Roy-Henry, op. cit., p.171, « la preuve que le gouvernement de Sa Majesté envisageait bien  de rapporter en Angleterre la dépouille de celui qu’il s’obstinait à ne vouloir nommer que le général Bonaparte »et qu’il  avait «  le dessein secret de procéder à une substitution avec le cadavre de Cipriani. » Mais pour cela il devait attendre, par prudence, que le masque de Cipriani (masque dit Antommarchi) soit officialisé comme étant le masque authentique  de Napoléon. Auprès de la petite cour de Marie-Louise d’Autriche à Parme, de son amant Neipperg et de leurs enfants, les époux Burghersh virent les enfants de Marie-Louise et de Neipperg  traîner pour s’amuser le masque qu’Antommarchi lui avait remis (masque dit Burghersh.


DEUX CLOCHES DE LA BOUSSOLE IDENTIFIÉES GRACE A LEURS ARMOIRIES. , version rectifiéev2017

  DEUX   CLOCHES DE LA BOUSSOLE IDENTIFIEES GRACE A LEURS ARMOIRIES.   
La cloche signée « Pichard », cloche du fronteau avant de la Boussole
Une  grande  cloche a été  retrouvée à Vanikoro, pesant 35 kilos, soit environ 69 livres,  sans le battant qui ferait 4 kilos environ : elle est  signée  PICHARD, avec deux branches de houx et l’avertissement en latin  Ne objecta ! (Ne t’y frotte pas ! Qui s’y frotte s’y pique !). Elle a été récupérée en mer  par  Claude Magnier sur le site de la faille du récif  qu’on présume être l’épave de la Boussole. Or, le houx est  la marque d’une fonderie des environs d’Aigrefeuille d’Aunis, aigrefeuille venant du pluriel latin acrifolia  qui signifie feuilles piquantes, acrifolium  désignant  le houx. Les premières maisons d’Aigrefeuille s’étaient édifiées près d’un bois de hêtres où abondait le houx (une variété d’Ilex aquifolium).  Dans la paroisse d’Aigrefeuille se trouvait l’actuelle commune   des   Forges qui fabriquait les objets en bronze  pour l’arsenal de Rochefort et c’est à Rochefort que la gabarre le Portefaix avait été  armée le 26 avril 1785 avant de changer de nom à deux reprises,  devenant d’abord l’Astrolabe, puis,  à partir du 1er juin 1985,  la Boussole. Le vice-amiral Duperrey, le 3 décembre 1829, répond au Ministre de la Marine : « Chacun des bâtiments de cette expédition avait deux cloches, une grande et une petite ; celles de la Boussole provenaient de son précédent armement; et, quant à l’Astrolabe,  la grosse cloche se trouvait à bord à l’époque de son réarmement, et la petite fut délivrée en complément le 23 juin 1785…. Ce n’est donc  qu’au port de Rochefort  qu’il est possible de s’assurer si, à cette époque ou précédemment, la grosse cloche du bâtiment a pu être livrée dans les magasins de l’arsenal par le sieur Bazin [Pichard pour nous]. … Suivant l’usage, la grosse cloche [du fronteau avant] était restée constamment à bord pendant le désarmement de ce bâtiment. ». Une certitude : cette cloche PICHARD est donc la cloche du fronteau avant de la Boussole.
En revanche, lorsque , dans Brossard, Rendez-vous avec Lapérouse à Vanikoro, 1964, p .204 , on lit : « sur cette cloche, on lit à la collerette supérieure « LA », le A est au 1 /3 cassé et la brèche s’étend sur une longueur où peut normalement tenir «BOUSSOLE » [on devrait plutôt trouver «  PORTEFAIX» , la tradition voulant que l’on conservât la cloche de fronteau avant d’origine , -et c’est d’ailleurs le cas,-   ]; l’inscription repart aussitôt après la brèche et porte, parfaitement conservé, le nom « PICHARD. De plus,sur la jupe, on a fait apparaître  en grattant le léger dépôt de corail et l’oxydation, plusieurs figures en relief représentant l’une  une feuille de fougère très fine,l’autre une feuille de platane et une dernière deux branchages ou chardons .», on reste médusé : c’est le désir que ce soit la cloche du navire amiral qui a fait apparaître le nom de L(a Boussole), là où il n’y avait strictement  aucune lettre ! J’ajoute que pour moi la cloche en question a dû être récupérée par les survivants sur l’épave de la Boussole située au sud-est  , au récif des esprits (=blancs), pour être installée sur le bateau de secours à deux mâts  que le Polynésien de Tanako (île Duff) Makataï a brûlé.
Illustration, p. 38 in Bicentenaire du voyage de Lapérouse , .785-1788 ,  colloque Lapérouse d’Albi, mars 1985, association Lapérouse- Albi France, 1522 p . Annexe, p.1-55





B La cloche à trois fleurs de lis, deux en haut, une en bas, cloche de fronteau arrière   
 Dillon a  trouvé à terre  une petite cloche de fronteau arrière, pesant  5 kgs  (sans battant), soit environ 9 livres,  proche avec le battant du poids habituel des cloches de fronteau arrière  de 14 livres et comptant  trois fleurs de lis, deux en haut, une en bas: c’étaient aussi   les armoiries de la ville de Brest.  Dans Brossard, Rendez-vous avec Lapérouse à Vanikoro  figure la reproduction, p. 224, d’un billet d’armement signé « à bord, ce 17 juin 1785 » par « le chevalier  de Clonard » pour la Boussole et, pour les fournisseurs de la cloche, par (peu lisible ) jrvalnaurffet   : « Armement, Une cloche de fronteau d’arrière Avec un dé (sic dais ) et à établir avec un montant en fer . » C’était , en principe ,  Madame Veuve  Beurier qui fournissait les cloches.
L’article du pilote  nous donne comme achetées à Brest  2 cloches pour l’Astrolabe et 2 cloches pour la Boussole au prix identique de 340 livres la cloche, soit au total 1360 livres. On peut supposer que le total a été  divisé par 4 pour simplifier et que, pour la Boussole, la cloche de fronteau avant ainsi achetée a été mise en réserve ; pour l’Astrolabe, aucune des deux  cloches achetées n’a été retrouvée, pas plus que les cloches d’origine, si elles subsistaient en réserve. La cloche Bazin était une cloche religieuse appartenant à un cordelier de la paroisse de Nantes, le père Receveur.
CC La cloche la plus énigmatique, la cloche signée « Bazin ».
Illustration, p. 42, op. cit.
 La plus célèbre des cloches de Vanikoro est celle dont parle Jules Verne   dans Vingt mille lieues sous les mers, « une cloche en bronze, dit-il,  portant l’inscription : « Bazin m’a fait », marque de la fonderie de l’Arsenal de Brest vers 1785 » , ce qui est faux, même si cela a été répété à l’envi. Mais cette cloche  n’a pas le poids requis pour être ni  une cloche de fronteau avant ni une cloche de fronteau arrière, donc pour être une cloche de navire.  C’est Dillon qui rapporta cette cloche , qu’il avait récupérée à terre : il nous décrit la cloche comme présentant, d’un côté  saint Jean Baptiste, de l’autre côté la Sainte Famille mais la description  doit être  complétée ainsi : il y a , d’un côté saint Jacques à la gauche d’une croix et , à la droite,  saint Jean   avec de l’autre côté  la Sainte Famille (Joseph, Marie et Jésus).C’est une allusion au curieux nom de la paroisse nantaise de «  Saint Jacques Saint Jean Sainte Famille » , où se trouvait le couvent franciscain de Nantes,   Saint Jean étant l’évangéliste et non saint Jean -Baptiste comme l’a cru Dillon.
Or, à bord, figurait ce qu’on a retrouvé dans la faille du récif,  une cloche d’office, une clochette, un grelot (qui était peut-être une objet d’échange destiné aux insulaires), une pierre d’autel (4 fragments dont certains ont été trouvés sur l’épave de l’Astrolabe), une boîte à huiles saintes, un crucifix avec 2 fleurs de lis  et l’inscription INRI,  un étui à missel en bois orné d’une fleur de lis, une médaille religieuse. Le Père Laurent  Receveur, blessé à Tutuila et enterré à Sydney où il mourut des blessures, qui lui furent infligées par les insulaires samoans,  était un franciscain et avait servi un temps  au couvent franciscain de Nantes (couvent dit  des cordeliers). On peut supposer que cette cloche était un souvenir du couvent nantais et qu’elle lui appartenait.  En effet, les Bazin  étaient une famille de fondeurs nantais  selon Champeaux, Dictionnaire des fondeurs de cloches, 1886, et ils  étaient spécialisés dans les cloches d’églises ou de couvents : selon Berthele, Enquêtes campanaires, ils avaient fondu deux cloches  en 1754  pour le grand  séminaire de Nantes  (elles étaient pareillement  signées Bazin ,sans prénom ) ; ils avaient aussi fondu une autre cloche , en 1779 pour une église de Vendée  (elle  signée pareillement Bazin sans prénom ). Jean Bazin le père est  l’auteur de la grande cloche de Saint-Martin, paroisse de Châteauthébaud en 1753,
 Les plus connus  des Bazin sont Jean Bazin  père et  Jean Bazin fils,  qui figure sur la liste de la milice bourgeoise de Nantes  de 1774 à 1778, avec l’indication « fondeur de la ville ». La  cloche appartenait  ainsi au  Père Laurent Receveur, qui avait dû servir à Nantes comme régent dans un collège de  la  paroisse  de «  Saint Jacques Saint Jean Sainte Famille ». 
Le canon signée Jean  Bazin Nantes : à l’origine en  lest sur  l’Astrolabe ?
On rencontre une autre fois le nom de Bazin sur un pierrier en bronze trouvé dans  la faille du récif, avec «  Fc (fecit) J(ean) Bazin à Nantes 1779 Dragon »  . Le Dragon est le nom d’un bateau corsaire anglais capturé dans la Manche en 1781 et transformé en corvette par la Marine royale. Il était percé pour 20 canons et 4 obusiers ou pierriers. En 1782, et le 11 décembre 1787, il est à Brest d’où il part pour Saint-Domingue où les Anglais l’attaquent. Son épave a été fouillée par le Musée de la Marine et François Gendron.
  Le scénario qu’on peut imaginer est que Jean Bazin fils fond le canon à Nantes en 1779  et  que la Marine le lui achète  en 1781 pour le Dragon, mais , comme il n’y a de place à bord que pour quatre obusiers,  elle reprend son pierrier et  le remise  à Brest : le Comte d’Hector le fournit en lest  à Lapérouse.
Etant donné que c’est sur la faille du récif, donc sur l’épave du bateau de secours principalement construit avec des éléments de l’Astrolabe, que le pierrier a été repêché, on  doit en déduire  que le pierrier fut chargé sur l’Astrolabe.
       







D’où vient le nom de Tjibaou ?

                       D’où vient le nom de Tjibaou ?
 La tribu isolée de Tiendanit
 Ma mère étant née à Tipindjé et connaissant Ty Venceslas, chef de Tiendanit et   père de Tjibaou, il était naturel que je m’intéresse à cette tribu  voisine. Remarquons d’abord que ceux qui parlent pamale comme les gens de Tiendanit sont indépendants de toute chefferie : faute de le savoir, le conseil coutumier et Gabriel Païta, son président, se sont attirés de sérieux ennuis, cf. Le livre  G. Païta témoignage kanak, de Cazaumayou et Decker . Ce sont les premiers habitants de la Calédonie, débarqués sur un îlot du Nord, Yandé, puis émigrés jusqu’à l’embouchure de la Tiouandé et enfin réfugiés dans la chaîne à Tiendanit.
Leurs voisins , les  Pinjés,  ont d’abord été refoulés par les migrants Hawekes de Pouébo (le nom de Pidjo , à la Conception, rappelle leur  victoire sur les Pinjés)  comme en témoigne le nom de Wé hava (de , rivière, Haweke)  qui détrône l’ancien nom Tipindjé, de ti, rivière, et de Pidjé. Puis les tuas catholiqueparlant  pwamei (tribu de Ouélis) et les  pwamalé catholiques  (tribus de Tiendanit et de Ouanache) les ont pratiquement fait disparaître à la suite des événements de 1917, alors qu’ils n’y étaient pour rien.
Leur langue est le pwamale, de pwo et mong li, jadis parlé par les  habitants des grottes de la côte est, près de Touho  et dans les tribus de Tiendanit et de Ouanache à Hienghène. Cette langue, comme le pwamei parlé à Ouélis qui n’est qu’ue variante dialectale,  fait partie du groupe Na-Ndene en Amérique du nord, voir une carte de la répartition linguistique américaine dans  Rivet, L’origine de l’homme.  lMigrants les plus anciens d’Amérique  et ils se sont installés, une fois franchi le détroit de Behring, fort haut dans le nord de l’Amérique. Ce qui l’atteste, c’est l’implantation  du  groupe linguistique Na-Ndene qui est à rapprocher du nom indigène de l’île de Santa Cruz, Ndeni, et de Ti –N’danit en Calédonie  , peuplé de cousins  proto- polynésiens originaires du littoral de l’Asie. C’est le plus vaste des groupes linguistiques nord-américains, qui s’étend depuis la côte arctique où il est contigu des Eskimos dont il est parent jusqu’au sud du Mexique et qui comprend aussi les Tonguiens.  Tonguiens et gens de Tiendanit sont des protopolynésiens qui, d’Asie, ont passé par N’deni aux Salomons.



Venons-en maintenant à la signification du nom de Tjibaou. Ce dernier avait raison dans sa polémique avec G. Païta sur l’étymologie de son nom, voir le livre  G. Païta témoignage kanak, de Cazaumayou et Decker, p. 21,  où Gabriel Païta interprète le nom de Tjibaou comme se décomposant en ti ou tibawe =ethnonyme pour le peuple arrivé de la mer+ ba=peuple et we, l’eau, donc Tjibaou comme l’appel lancé au peuple Ti, « ou » étant une onomatopée qui exprime l’idée du son émis en soufflant dans la conque. Après que G.  Païta, au cours d’une émission télévisée, eut rendu publique cette interprétation, Tjibaou la contesta, mais Gabriel maintint ses  explications.
 En réalité, le  nom Tjibaou ou  Tjubaou est à rapprocher du  nom tonguien de chef militaire   héréditaire qui a évolué ensuite en chef religieux,comme l’atteste le nom de   Thubaou, « l’un des premiers chefs de cette île [Pangimodou près de Vavao] et que les naturels croient être parents de leurs dieux » selon Dillon, voir La malédiction Lapérouse, Journal de Dillon, p .785 , 796 et 807 et Rienzi, Océanie, tome 3 ,  sous les orthographes toubo-ou, toubou, toubo (+ hou, roi ); thubaou , tjibaou , le chef militaire -roi,  se décompose en touba , sorcier, noble, +hou, roi,  cf toubib, de l’arabe d’Algérie  thib, sorcier,  toubab,  blanc en Afrique noire.
Dans Rienri, op. cit. , p.117, le tableau des principaux chefs de Tongatabou  nous donne les noms de  Touboou pour le district de Nougalofa, et Toubou- Néafou pour le  district de Olong-Ha .  Les noms génériques de chefs ont été pris pour leur patronyme, comme toui- tonga.
Morillo nomme Toubou un homme âgé de Vavao, chef de la famille des Toubo, le même que celui de Cook (Journal de Dillon, op . cit. , p. 81 et 108  . La hiérarchie était la suivante en1781 : 1 le touitonga, 2 les parents du touitonga comme Finau, son cousin ; 3  le toubou, nommé alors Mari- Wagni, beau-frère de Poulaho et oncle de  Finau, dont parle Cook, mort peu après son 3è voyage,  op . cit. ,Rienzi, , p. 81. Citons encore  les noms de Toubo- toa et de  Toubo  –tatai.  La famille des Toubo à Niokou-Lafa (Nougalofa) fut chassée par Finau  de Vavao.
Pour compléter cette constellation sémantique, il faut rapprocher :
a)  le nom de l’île d’Opao pour la Grande Terre, conservé à Ouvéa et datant de la première migration des Aveke en provenance de Papouasie (voir mes blogs), où le coup de glotte initial s’est amuï, de Topao, l’île indiquée aux migrants par le chef- prophète, la Calédonie, l’île du prophète ;
b) les Toupap haou terrifiants de Gauguin et de  mes amis polynésiens, redoutables  et les haou  de Canala en Calédonie,  sont les témoins d’une évolution sémantique liée au culte des morts  et des ancêtres  : toubab , chef religieux , joint à haou, roi , donc le chef -sorcier -roi des morts,  a pris le sens de fantôme persécuteur menaçant ;   

c) le mot polynésien tabou. Le nom de Tongatabou est étonnant, voir Rienzi, op.  cit. , p. 45, « Le toui -tonga ou  souverain pontife, chef suprême, est issu des dieux qui visitèrent jadis l’île de Tonga (mot qui signifierait l’est, le levant), mais on ignore s’il eut pour mère une déesse ou une femme du pays. Son titre  toui- tonga signifie chef, noble, seigneur  (toui, cf .  ti dans le nom même de Ti-endanit , qui signifie les nobles Ndanit ou dans le nom de Tye Venceslas) de Tonga, qui a toujours été regardée comme la plus noble de ces îles, et celle où,  de temps immémorial, les plus grands chefs ont tenu leur cour, et où ils ont été enterrés après leur mort .  On qualifie  aussi  Tonga  d’île noble ,  mais  c’est par erreur  que,  sur plusieurs cartes,  on l’indique sous le nom de Tonga- tabou, ce dernier mot n’étant qu’une épithète qu’on y joint quelquefois. » Rienzi a justement comparé le régime tonguien à celui du shogun, maire du palais japonais près de l’empereur ou daïri , lequel shogun était  appelé anciennement koubo, équivalent phonologique de toubo, chef militaire.

Du temps d’Ulysse, on connaissait déjà la boussole !

          Du temps d’Ulysse, on  connaissait déjà la boussole !

 Le mystérieux guidage des navires phéaciens.
« Une question intrigante, écrit Vinci, p. 275, dans Les origines baltiques des contes homériques, trad. anglaise,   que Alcinoos, le roi des Phéaciens, pose à Ulysse  contient la lé concernant un outil qui a rendu les longs voyages à travers l’océan possibles, le compas nautique ». (Odyssée, chant VIII, vers 555-563) :
 «  Dis-moi quels sont  ton pays, ton peuple, ta ville, pour que nos bateaux, guidés ( tituskomenai , littéralement orientés  ) grâce à un organe qui palpite (  phresi , datif singulier  après un participe médio- passif comme complément d’agent inanimé, du datif  phrunasi,   d’un  verbe signifiant  mouvoir , remuer,palpiter,  cf . grec sphuxis, ,[de sphurksi] ,  pouls, pulsation cœur, respiration du poumon,  latin  pulsus,[de sphurks-i] ; faut-il corriger en datif sphuxei , une respiration,  par un pouls , par un cœur ?  En tout cas, le mot ne voient pas du grec phrèn au sens d‘esprit, de  pensée] t’y ramènent .[ glose interpolée par un scoliaste qui a cru que les nefs phéaciennes  étaient des  nefs magiques et n’a pas compris la nature de l’aiguille magnétique :En effet , les Phéaciens n’ont  ni  les pilotes ni les gouvernails que possèdent les autres navires ; ] nos aiguilles [non pas naues, vaisseaux, mais à corriger, soit  en gnômones, aiguilles de cadran solaire, qui a d’ailleurs subi l’attraction de gignoskô au sens causatif de faire connaître (l’heure) mais qui est aussi à rattacher à la racine nev –ou nav- ,a    u vocalisme o,  celle qui palpite, qui , bouge, soit,  au vocalisme o,  noves, de neuô,, faire un signe de tête, mouvoir , remuer, cf. sanskrit nauti, navate, latin nutus, numen , adnuo  ou annuo ,  non de cf. novèma, mouvement, ci-dessous   et ne signifiant pas pensée) d’elles--mêmes ( autai ) , préviennent  (isasi,  de oida, savoir, connaissent , les  pensées et les intentions des hommes , elles pointent  (par haplologie isasin  fautif, à corriger en ieisi de hièmi, se diriger vers, vers les cités , vers les  champs fertiles  de tous les peuples,  et les navires font voile à travers les abîmes de la mer , très vite. Même recouverts par  la brume et les nuages (kai eéri[te] nephelei kekalymménai), ils ne craignent jamais de  souffrir quelque dommage que ce soit ou de se perdre. »
Traduction de Bérard, p. 132  : « Dis-nous quelle est ta terre et ton peuple et ta ville, où devront te porter nos vaisseaux phéaciens qui, doués de raison ,voguent sans le pilote et sans le gouvernail qu’ont les autres navires ; ils savent deviner, d’eux-mêmes, les désirs et les pensées des hommes ; connaissant les cités  et les grasses campagnes du monde tout entier, ils font leurs traversées sur le gouffre des mers, sans craindre ni la moindre avarie ni la perte dans les brumes et les nuées qui les recouvrent « .
Traduction de  Leconte de Lisle, p. 15 : « dis-moi aussi ta terre natale, ton peuple et ta ville, afin que nos nefs qui pensent t’y conduisent ; car elles n’ont point de pilotes, ni de gouvernails, comme les autres nefs, mais elles pensent comme les hommes, et elles connaissent les villes, et les champs fertiles de tous les hommes, et elles traversent  rapidement la mer, couvertes de brouillards et de nuées, sans jamais craindre d’être maltraitées ou de périr. »
« A première vue, continue F. Vinci,  nous pourrions penser  que le poète reproduit un mythe  qui rappelle plus ou moins les fabuleux bâtiments qui se retrouvent dans les légendes celtiques , ceux de saint Brandan par exemple , saint dont le nom est apparenté à celui du mystérieux phresi qui guide les nefs phéaciennes . Cependant, si nous laissons tomber les exagérations poétiques contenues dans  ces vers, ils semblent se référer à un « esprit » (mind dans la traduction anglaise que je suis)  qui  montre la route et  qui pilote les navires phéaciens lorsqu’ils sont dans le brouillard. Le mot phresi , -c’est l’ « esprit » qui guide les navires,- a une signification complexe, qui inclut le diaphragme et le cœur (sa racine est liée au sanskrit bhurati, qui signifie  mouvoir , remuer) .Le poète semble bien se référer à une sorte de boussole,-le secret des Phéaciens. Seuls les bateaux  équipés de cet instrument, qu’une mentalité archaïque  considérait comme magique, -ou mieux encore, comme un être animé, à cause du mouvement pendulaire de l’aiguille magnétique qui revient invariablement dans la direction du  nord, -faisaient voile  dans des conditions de très mauvaise visibilité, ainsi que le suggèrent les mots « recouverts de brouillard ».
« De façon encore plus vague et plus elliptique, le poète semble à nouveau se référer à cet « esprit » quand il décrit, Odyssée, chant VII, vers 34-36,  la façon dont les Phéaciens « comptant sur la célérité de leur rapides vaisseaux,   traversent l’abysse immense (méga laitma)[ de l’Océan atlantique, que leur a donné Poseidôn l’Ebranleur de la terre pour qu’ils le fassent traverser.]  Leurs vaisseaux sont aussi rapides qu’un battement d’ailes (hendiadyin incompris  :  battement et aile ; nouèma , battement, du verbe neuô au vocalisme o, faire un signe de tête, mouvoir , remuer ,  non de noèma, pensée , voir ci-dessus
 noves  ). »
Bérard, p. 106 : « Nous mettons nos espoirs  en nos croiseurs rapides ; car l’Ebranleur du sol a concédé le grand abîme à nos passeurs : nos vaisseaux sont plus prompts que l’aile ou la pensée ».
Leconte de Lisle : « Confiant dans leurs nefs légères et rapides, ils traversent  les grandes eaux, et Celui qui ébranle la terre leur a donné des nefs rapides comme l’aile  des oiseaux et comme la pensée »
Nous rappelant que les Chinois utilisaient la boussole depuis des temps immémoriaux,  nous pouvons envisager les Phéaciens, «  ces fameux navigateurs »(Odyssée, 8,191 : nausiklytoi andres , comme s’aventurant à travers l’immense abyme de l’Océan Atlantique , guidés par un compas primitif , qui n’ était pas aussi perfectionné que le compas magnétique géant du Queen Mary.
Le secret d’Etat des Phéaciens, don précaire du dieu de la mer.
Phrèn, dorien phran, datif pluriel phrasin chez Pindare,  vient de phrnsi, avec un n voyelle  pouvant donner  a, ana, na, est un  nom de partie du corps, dit Chantraine. Est-ce le cœur, est-ce  les poumons ? C’est  en tout cas quelque chose qui palpite.  On peut en rapprocher, avec un o prothétique, le nom grec des sourcils, ophrus, sanskrit bhruh, de
bhravu- , vieux slave bruvi ,  gaulois Brandan (de bhransa- ), nom du mystérieux chef des navigations fantastiques et désignant à l’origine la  boussole, l’aiguille magnétique.  Pourquoi la connaissance même  de cette aiguille a-t-elle  disparu ?
On peut invoquer l’épuisement de la mine, mais le plus vraisemblable est  le cataclysme dont parle Platon : en même temps que l’Atlantide, la mine a été engloutie ainsi que ceux qui en détenaient le secret commercial (voir mon blog sur l’Atlantide).
  La Magnésie nordique, op.  cit., p . 227.
« Proche d’une région montagneuse, le fleuve  II joki (qui correspond au Pénée) se jette dans la Baltique entre Oulu  et Kuivaniemi, qui
correspondent à Oloossone (Iliade,  2, 739) et à Kiphus (iliade, 2, 748)
Sur le cours inférieur du fleuve, nous trouvons Mannisen ranta (ranta signifiant rive)  qui rappelle le nom des Magnétes, un peuple dont le nom a toujours été lié  à la magnétite, le minerai de fer (Fe2O3),  bien connu pour ses propriétés magnétiques ;¨La région adjacente de la  Suède, au nord  de cette aire du golfe de Bothnie  contient d’inépuisables mines de fer .
Plutarque et l’Amérique du Nord,  op .  cit.  p.275 : les Grecs américains.
Dans le Timée,  Platon évoque un continent  situé au-delà de l’Atlantique. Dans le Critias, 24  e : « autrefois,  les navigateurs avaient l’habitude de passer  par d’autres île pour atteindre le continent qui est en face de  la mer Méditerranée [l’Amérique du nord].».De même, Sénèque dans sa tragédie Médée : « un jour viendra où l’Océan Atlantique libérera ses phoques : un immense continent apparaîtra ; Téthys découvrira de nouveaux mondes, et Thulé ne sera plus le bout de la terre.  Les exploits mythiques d’Hercule sont souvent placés dans un extrême occident américain.
Mais c’est surtout Plutarque qui en parle dans son opuscule Au sujet du visage  qui apparaît à la surface de la lune , Newton durant  son adolescence avait lu ce traité et en avait tiré sa théorie de la gravité terrestre ,selon Giorgio de Santillana ( Les Origines de la pensée scientifique). De plus,  Copernic y a trouvé la mention du système héliocentrique d’Aristarque. .Enfin, Felice Vinci y a puisé l’origine de ces théories passionnantes. Autre  point révolutionnaire du traité : la connaissance de l’Amérique du nord. « Au-delà d’Ogygie [aujourd’hui Mainland aux Orcades, où se trouvent les ruines du palais de Circé, mais dépendant du royaume de son frère sur l’île d’Ogygie, aujourd’hui selon Vinci,Hogoyggi aux îles Feroè, voir mes blogs sur ces sujets] Il y a d’autres îles qui sont à la même distance  les unes des autres »  et au-delà desquelles nous atteignons « le grand continent que l’Océan entoure ». «La côte de ce continent est habitée de Grecs le long des rivages d’un golfe qui a au moins la taille du Méotis [la mer d’Azov aujourd’hui, bras peu profond de la  mer Noire] qui se jette dans la mer à environ la même latitude  que l’embouchure de la mer Caspienne. Ils s’appellent eux-mêmes les Grecs continentaux (américains ) ». Ces mots, écrit Vinci, sembleraient une absurdité, si nous comprenions que les Grecs mentionnés par Plutarque sont ceux de la Méditerranée. mais tout change si nous considérons qu’ils se réfèrent à un établissement premier en Scandinavie  des Achéens (même mot que Viking, de vikik, Achéen venant de Wachaïkè, comme Danaoi , les Danaens, doit être rapproché de Danois). Plutarque nous parle de vagues successives de colonisation sur le grand continent du peuple cronien ; il faut se rappeler que la mer du Nord est appelée mer Kronios. Les compagnons d’Hercule constituent la dernière vague, celle  qui (op. cit.,  chapitre 26) « ralluma l’étincelle grecque d’une flamme puissante et brillante, flamme  qui avait été presque éteinte par le langage,par  les coutumes et par le style de vie des barbares . »
Ces Vikings que nous avons liés aux Achéens homériques avaient quitté les côtes norvégiennes en s’arrêtant aux Shetlands,  aux Feroè, en Islande, au Groenland. Profitant des conditions favorables du climat durant cette période chaude du Moyen Age , pendant laquelle les glaces polaires reculaient et les icebergs avaient presque disparu , ils atteignirent à nouveau le continent américain vers 1000 ap.J. C., temps où Leif  Eriksson  débarqua au Vinland, ainsi qu’il appelait l’Amérique du Nord. Après cette date, le climat devint rude à nouveau et la route qu’ils empruntaient fut bloquée ou du moins trop hasardeuse pour permettre d’autres voyages .
« Etant donné la possibilité de faire escale à des points variés le long de la route, la traversée  était bien plus courte et bien plus aisée  que la longue traversée sans escale que Christophe Colomb et  son petit équipage entreprirent des Canaries aux Bahamas. Qui plus est, le navire amiral, la Santa Maria, avait un équipage de 39 hommes, moins qu’un navire achéen. Partant de Scandinavie, la civilisation avancée  décrite dans les poèmes homériques était capable d’atteindre  et de coloniser les côtes américaines, s’arrêtant en cours de route dans ces îles intermédiaires auxquelles Platon et Plutarque font allusion. Les navigateurs  achéens bénéficièrent d’un climat plus doux et d’étés plus durables que celui dont les Vikings profitèrent un millénaire plus tard, durant l’optimum climatique.
Dans les îles Feroè, il existe une île appelée Mykines dont le nom évoque Mycènes et qui pourrait être une des  traces laissées par les Achéens. L’Odyssée (chant 5, vers 174) évoque ces voyages à travers l’immense abysse de lamer  en liaison avec la traversée d’Ogygie (îles Orcades et Féroè) à la  Scherie (le fleuve du Figgio près de Klepp en Norvège du sud )  et surtout avec le retour  à Ithaque(archipel danois du Fyn méridional, Fyn correspondant au nom de l’ Epire, en grec èpeira, de èpherya avec suffixe   en –y-,  le second suffixe pouvant être en n, comme dans Fyn et dans  l’arménien ar’n [de aphen], terre ferme, ou en r,comme dans l’anglo-saxon öfer ou l’allemand ufer) pour lequel le compas était bien utile.  
Où se trouve la Scheria ?
C’est dans l’aire de Klepp que se trouvent les restes les plus importants de l’âge de bronze de  Norvège. Ils consistent dans des tumuli hauts de13 pieds et d’un diamètre de 100 pieds, contenant de l’or,   des objets en bronze et divers bijoux. Il s’y rencontre également de nombreux rocs avec des gravures datant de l’âge de bronze figurant souvent les bateaux des «  célèbres navigateurs «  (Odyssée, 8, 191) qu’étaient les Phéaciens, bien qu’aucun survivant n’en demeure en Méditerranée ;
Dans l’aire de Klepp coule un fleuve nommé le Figgio, premier cours d’eau de taille raisonnable qu’on rencontre  dans l’aire méridionale des fjords.. il est naturel d’identifier le nom du fleuve, Figgio, et le terme grec Phaiekes , Phéacien. La cité des Phéaciens ne saurait être loin du cours
d’eau près duquel Ulysse débarque de son radeau.
Il est significatif que le nom de Scheria soit très proche,  en vieux norse, du mot sker, qui veut dire rocher marin,(skjoer en norvégien, semblable à l’anglais scar , rocher, ou à skerry, rocheux) .La morphologie de la côte norvégienne rappelle cette côte dont parle Homère : «  la côte était tout près, bombant son bouclier  sur la brume des mers  »(Odyssée,5, 281), avec ses rocs, ses récifs et ses falaises abruptes (Odyssée,7,279),L’auteur de l’ Odyssée, au chant 13, vers 161-163, nous dit qu’un rocher  en forme de navire est situé à l’entrée du port. Or, A un demi- mille au nord de l’embouchure du Figgio, à l’entrée du port de Sélé, est situé un îlot nommé Feistein (pierre, stein, en forme de quille) dont la forme oblongue ressemble à  la quille d’un navire. On peut aussi rapprocher le nom de  la Scania (région de Tyringe , nom qui rappelle celui de Tirinthe, de Träne qui rappelle Troezèn et  d’Asum qui rappelle Asinè), peut-être par dissimilation du r en n , de scarherria, herria signifiant pays en basque, le pays des rocs,  et la Scandinavia, cette dernière à rapprocher  de Eskalduna, la région bascophone.
Homère nous dit, par la bouche de Nausicaa : « nous vivons à l’écart et les derniers es peuples, en cette mer des houles, si loin que nul mortel n’a commerce avec nous. ».(Odyssée, 6, 204-205) .Cela cadre avec la position de la Scheria, sur la côte sud de la Norvège, isolée du reste du peuple achéen qui habite sur la côte balte.
Les ennuyeux voisins des Phéaciens : les Cyclopes.
Selon une carte d’Adam Brennen,  historien allemand du 11e siècle, dans ses Gesta, au long de la côte nord de la Norvège, se trouve l’île des Cyclopes, ces menaçants voisins des Phéaciens  qui les avait contraints  à une migration vers la Scherria, Quelques navigateurs venus de Frise ont jadis fait voile à travers ces géants borgnes. .Près du fiord de Tosenfjorden, au long de la côte norvégienne, au centre nord de celle-ci,   existe la montagne de Torghatten (ce serait l’Hyperie, le pays haut)  dont la caractéristique  est un grand trou percé naturellement dans la montagne, un « œil » brillant, qui a contribué à la légende des Cyclopes, que Homère compare justement (Odyssée, chant 9, 191)  à « un pic forestier, qu’on voit se détacher sur le sommet des monts. » Dans un manuscrit non publié, Eric Dahl, étudiant de Trondheim, a comparé  le monde des Cyclopes et la morphologie de la péninsule de Inderoya sur le fjord de Trondheim juste au sud de Tosenfjorden (le fiord de l’homérique Toosa, la mère de Polyphème).
 Les Centaures, ennemis jurés des Lapithes (cf .  Lapponi), sont  qualifiés de  Phères dans l’Iliade, 1, 268, Phèrsin oreskôoisi traduit  par  les monstres de la montagne dans Budé,  et 2, 743, les monstres
 velus.  Contrairement à la traduction habituelle, ce ne sont pas les originaires  de la ville de  Phères, un peuple de Thessalie, dit le Bailly.. Dans son Histoire des Goths, Jordanès, historien goth du Vie siècle, mentionne le peuple Fervir près des Finnaith (Finnois et Lappons)  dans sa liste des peuples scandinaves. Homère qualifie les  Phéres, le peuple des Pherves,  de  lachneentas (Iiade, 2, 743 : Phèras lachneentas), qu’on  traduit par velu en référence à leur aspect  mi-bête mi-homme.  Mais ce terme peut signifier  engoncés dans un pantalon de fourrure (lachnè en grec), ce qui n’est pas étonnant sous ces latitudes, mais devient incompréhensible en Méditerranée.   Avant de mentionner les  Finnaith et les Fervirs,  Jordanes cite les Suethiens (ancêtres des Suédois), en précisant qu’ils fournissent les Romains en fourrures de martres d’un noir merveilleux.  Telle est, selon Vinci, l’origine de la légende des Centaures (ou Gandharvas en sanskrit). 
Du pays des Phéaciens à Ithaque, la patrie d’Ulysse, de Norvège en  au Danemark (île de Sealand)
Felice Vinci,  op. cit. ,  p 40, identifie la Leucade méditerranéenne actuelle à l’île scandinave Lye qui serait la véritable Ithaque et il dérive le nom de Leucade (de lye + kada, métathèse de daka, llambeau, cf. grec daos, torche) et d’Ithakè (de lye+dhaka, la torche brillante, latin fax, fac-is, torche, d’un radical dhak  qui donne aussi le nom d’ Utique)  du danois lys, lumière, cf. latin lux, luna,  rappelant que Homère  lie souvent Ithakè à l’adjectif eudéléios , de eudeleyelos, qui signifie brillant et qui doit être rattaché au grec daiô, brûler, , sanskrit dunoti, radical indo-européen dau ou deu,ou dhak .
Kong Lauses Hoj, le tertre   du  roi (kong) Lausesop.cit. ,  p. 39, à la pointe sud de l’île Lye , évoque le nom d’Ulysse lui-même, Ulusès ou Olauseus qui signifie le brillant, latin Ulusses, grec Odusseus.
Autre identification convaincante :la Zakunthos homérique , voisine d’Ithaque, serait l’île danoise de Tasinge.
Talos, le robot  de la mythologie crétoise et l’automation.
C’est le gardien de la Crète ; il était invulnérable sur tout son corps, sauf au bas de la jambe, où se trouvait une petite veine, fermée par une cheville. Chaque jour, il faisait, en armes, trois fois le tour de la Crète. Il empêchait les étrangers d’y pénétrer, mais aussi les habitants d’en sortir sans la permission de Minos. Les armes favorites de Talos étaient d’énormes pierres, qu’il projetait à une grande distance. Mais les « immigrants clandestins » avaient à redouter encore d’autres dangers de la part de Talos, même s’ils réussissaient à franchir ce premier barrage. Quand il les attrapait, Talos sautait dans le feu, portait son corps métallique au rouge, et, se précipitant sur les malheureux, les étreignait et les brûlait.

La boussole  était connue donc des Phéaciens, -exactement comme en -1300 le canal de Suez avait été creusé par Séthis Ier, mais les civilisations sont mortelles.