vendredi 6 octobre 2017

UN COUSIN DU BUIS EUTOPEEN A VANIKORO SELON ALAIN CONAN

UN COUSIN DU BUIS EUTOPEEN A VANIKORO SELON A. CONAN
Dans une émission Thalassa (octobre 2017) en hommage à A. Conan, celui-ci a  présenté comme une trouvaille confirmant l’implantation des hommes de Lapérouse à Vanikoro le fait qu’il ait trouvé deux pieds d’une sorte de buis (il ne donne pas le nom latin), l’un à l’intérieur, dans une forêt en altitude, près d’un grand banyan entouré de roche ,appelé en bichhamar woodrose (palissandre, bois de rose) l’autre au nord-ouest à Lalé et appelé par les insulaires filomoè mara , où il identifie mara comme signifiant français, le filomoè du blanc . Selon lui, cette plante, étrangère à Vanikoro,  aurait été introduite par les hommes de Lapérouse pour soigner une maladie de peau appelée tokelau, du nom d’une île polynésienne appartenant à la Nouvelle-Zélande, e n un temps où les antibiotiques n,’existaient pas(avec les verts,nous voilà bientôt revenus à ce temps béni des écologistes). Conan avait fait cette découverte en 2010 et il y revient dans plusieurs émissions.
Selon moi, il s’agit de Sarcococca philippinensis Stapf ex Sealy, originaire des Philippines d’ où les Polynésiens l’ont importée à Vanikoro en ce qui nous concerne pour soigner le rtokelau.
 1  Le tokelau polynésien identique au chimbéré du Brésil, encore appelé cacapash shishiyoti, gogo, roña  griyé, indice  des migrations .  
Le mode de transmission de cette maladie  n’est pas complètement compris. Un contact rapproché prolongé est important mais néanmoins il n’est pas suffisant et des facteurs génétiques interviennent : il s’agit d’une hérédité principalement autosomique récessive (transmission entre individus de « pure race ») avec quelques cas de transmission autosomique dominante. Il est donc  important pour nous de remonter à l’origine. Or, l’affection est endémique en Inde (Sud) et Ceylan (Sri Lanka ) , d’où les Australiens   sont originaires. On peut suivre leur migration grâce à la maladie : en Chine du sud, en Thaïlande, aux Philippines , dans l’archipel de Malaisie et en Indonésie  (Bornéo…), en Papouasie et en Nouvelle Guinée ,: en Amérique centrale : pays de Guatémala  et ville de Guatemala , Mexique , Panama ; en Amérique  du sud :Brésil (chez les Indiens Purú- Borá) , Colombie ;  dans certaines  îles polynésiennes (à un moment  de leur histoire comme Vanikoro),   de l’océan Pacifique (ce qui prouve un métissage des Polynésiens avec les Australiens ): les  Iles Fiji (Tamana, le groupe des Lav) , les Samoa, Tokelau , la Nouvelle-Zélande (cf . les traces de boomerang et les noix de cocos fossiles qu’on y a trouvées ).
  La plante est donc liée aux Polynésiens de l’île,en particulier celle que Conan a trouvée près d’un maraé (autel de roches) abandonné, situé dans une forêt , près d’un vieux banyan ;. Mais deux rescapés de la Boussole  , l’officier Jérôme Laprise –Mouton (Mouton a été altéré en Mattew par les insulaires , de là le nom de chef Matthew qu’ils lui ont donné) et Alain Marin (dont le nom a été lu à tort Mazrin) semblent s’en être occupés,  aux yeux des Mélanésiens de l’île,  et la seconde plante trouvée à Lalié leur  est peut-être associée ainsi qu’aux Polynésiens qui étaient leurs protecteurs, comme l’indique son nom local :filimoè mara , peut-être le filimoè de Marin  .
Quatre rescapés de la Boussole.
Ecoutons  le chef de Temua à Vanikoro en 1826 : «  Quatre hommes échappèrent (au naufrage de la Boussole devant Temua) et prirent terre près d’ici en face du récif des Esprits (des Ngambé, c’est-à-dire des Blancs) : nous allions les tuer quand ils firent présent de quelque chose (une grande hache)  à notre chef qui leur sauva la vie. Ils résidèrent parmi nous (à  Temua) pendant un peu de temps, après quoi ils allèrent rejoindre leurs compagnons à Béu’u (Paukori).»
 Les rescapés du massacre du bateau de secours, le « Laborouse ». .
  Trois rescapés de la Boussole, Colignon, Laprise- Mouton et Marin  étaient sur le Laborouse, comme l’appelle le guerrier, tandis que le 4e rescapé, Roux d’Arbaud, faisait partie de ceux qui étaient préposés à la garde de  la chaloupe de secours (je l’ai  étudié avec Lavo.).  .
Les deux protégés du chef polynésien de Paiou-Paukori : le premier pilote Jérôme Laprise- Mouton et  Alain Marin
Les démêlés avec les insulaires mélanésiens  de nos deux survivants,-de rudes gaillards tous les deux, -  accompagnés du chef polynésien de Paukori et de ses hommes, sont complexes. Le nom du chef blanc,  Mouton, a été altéré par les insulaires  en Matthew  prononcé matau. Il apporte à son protecteur et  ami,  le chef polynésien de Paucori,  l’inappréciable secours des armes à feu européennes à plusieurs reprises. 
 « Allain Mazrin » ou plus exactement (erreur de lecture, la boucle finale du ayant été prise pour un z) Alain Marin, de Quimper.
Jean Guillou nous précise que l’un des deux survivant (Marin) « était mort à Paiou  et  que son corps  avait été  jeté à la mer, tandis que l’autre était parti dans une île  avec le chef qui jusque –là l’avait protégé », on devrait dire : les avait protégés.  Jean Guillou  précise  que «  ce renseignement est douteux, car, à Vanikoro, il était de coutume d’enterrer les morts et non de les livrer à la mer ». Mais la vieille tradition « océanienne » utilisait la technique du pourrissement des chairs  par immersion dans l’eau de mer. Le capitaine Dillon  nous rapporte cet usage en ces termes, p. 394 : «  quand un ennemi tombe entre les mains (des Vanikoriens),  il est tué immédiatement ; son corps est déposé dans de l’eau de mer et y est conservé jusqu’à ce que les os soient complètement dépouillés.  Le squelette est alors retiré : on gratte les os que l’on coupe de diverses manières pour former les extrémités aiguës des flèches et des lames. » L’eau boueuse et habitée des mangroves fait très bien l’affaire. Les bras et les jambes sont seuls mangés. Les autres ossements servent, une fois polis, à faire des pointes de flèches, etc.
On a montré à l’expédition Salomon, à Lalé  un morceau d’humérus de 16 cm aux deux extrémités cassées, mais non fendu dans le sens de la longueur (p. 27, bulletin de la SEHNC n°90) : appartenait-il à Marin ?  
Ce rescapé de la Boussole avec ses amis polynésiens et avec Laprise -Mouton a vécu à Lalié, de là le nom donné à la plante dont il s’occupait pour le chef polynésien : le filimoè de Marin .De là aussi la confusion dans l’esprit des insulaires sur les blancs de Vanou qui sont exclusivement Marin et Laprise- Mouton.
Le  matelot Alain  Marin, était originaire de Quimper : son  nom, se retrouve sous la forme Mara dans le nom de la tombe [entendons  le pourrissoir, le lieu de décharnement]  de Mara, de Marin,  redécouverte dans les palétuviers en 1990 par l’Association Salomon et située  sur le territoire de Tanema. Lorsque Dillon, puis Dumont d’Urville interrogèrent les indigènes polynésiens  sur le  nom mara, ils répondirent : « il a été impossible à Valiko de me donner l’origine du nom mara qu’ils assignèrent aux Français ; seulement, il dit que quand on demandait à ceux-ci d’où ils venaient, ils répondaient : Mara [France]… Avant ces deux navires, ils n’avaient jamais entendu parler des papalagui, mot qu’ils ont adopté de la race polynésienne pour désigner tous les blancs. »  Mara vient, non de marin, mais de France, Françai Le nom propre  Marin est un  paronyme de Mara (n), Français, cf le tahitien Farani.


La «  tombe » de Marin.
B. Brou raconte   qu’un  crâne et une dent, -ceux de l’in fortuné Marin, - y ont été retrouvés près d’un polissoir de basalte. Les  vainqueurs ont emporté à Lalé  certains os, l’humérus notamment,   pour les manger.

  La vie mouvementée de Laprise-Mouton et de Marin et la mort de ce dernier devant Tanema.
La tradition est très confuse dans la chronomogie.
1) «  Les marins  rescapés (du massacre du bateau de secours à Bé’eu par Makataï, savoir Mouton- Laprise et  Marin) construisirent une chaloupe   dans la baie de Saboë
2) Le bâtiment une fois  construit, Dillon rapporte que Laprise- Mouton vint dans sa chaloupe jusqu’au récif près de Dannemah et y tua le chef de ce village qui s’appelait Naourey  près de Murivai (de l’autre côté de la baie de Saboè),  alors que le chef était en train de pêcher bien tranquillement.  Matthew mit un instrument dans sa bouche (le fusil de Mouton est pris pour une sarbacane) et l’on entendit un grand bruit. Le chef Naourey  fut tué et  tomba en dehors de la pirogue et la magie du blanc empêcha qu’on ne pût retrouver son corps, emporté par des diables ou esprits.
3) Ils   s’installent  ensuite, croyant se mettre à l’abri des Mélanésiens, à Ignama.  Legoarant de Tromelin a noté : « Ces Blancs [de la Boussole, Laprise -Mouton et Marin]  s’établirent au village d’Ignama, à environ quatre milles au nord de Paiou » (environ 7 kilomètres), plus exactement à Lambé, altération de Gnambé, les deux Esprits, les deux Blancs.
4) Puis ils migrent à Lalé, altération peut-être de lambé, les blancs.  Selon une   tradition rapportée par Dumont,  ils tuèrent,  grâce à leurs armes à feu,  3 chefs et 20 hommes  en train de piller leur bateau échoué à Vanou, près de Lalé. Dumont rapporte  encore que,  selon le chef de Teanu,  un  Français  venant de Paiou avait abordé au village de  Vanou, en face du lieu où la chaloupe de Laprise- Mouton et de Marin  s’était échouée et avait tiré sur les naturels à coups de sarbacane (fusil) : il en avait tué une vingtaine.  Selon Galipaud, 5 chefs et des hommes furent tués, savoir les cinq chefs de Vanou, près de Lalé,   savoir Valeco, Oley, Amea, Feto et Tabinga, ainsi que presque tous leurs gens, une quinzaine. D’après une autre tradition, ils tuèrent  5 naturels de Vanou, dont 3 chefs et un  homme de Dennemah.  C’est une autre version du  même fait d’armes.

 5) Selon Gallipaud,  depuis Paucori,  à Béu’u (Paukouri), près de l’embouchure de la rivière des Esprits, Mouton aurait lancé des «  pierres chauffées» (boulets) et détruit l’îlot Filimoè en face d’Ignama,  où s’était réfugié le chef rival de l’allié polynésien de Mouton,  parce qu’il aurait volé à  l’ami de Matthew la femme que celui-ci convoitait.
4) Ensuite il choisit  Béu’u ou Paukori ou Paiou  comme base  de ses opérations : Paiou est  souvent décrit comme «  le lieu de résidence d’un officier ou d’un savant [Laprise- Mouton] et de son aide [Marin] qui décidèrent de rester dans l’île après le départ de leurs compagnons. »  Le camp présumé des Français prospecté par J. C. Gallipaud pourrait bien être en réalité  le lieu de résidence de Laprise -Mouton.
La défaite devant Tanema et la mort de Marin.
Selon N. S. Hefferman, dans Government station Vanikoro, à Mac Neill, Australian Museum, janvier 1926 : « Mon gardien de prison me dit que les pièces de monnaie que l’on découvre constamment au village de Tanema (ou Dennemah, près du lieu d’échouage de la Boussole) ne proviennent pas du navire de Lapérouse [la Boussole], mais d’un autre bateau [l’embarcation de Jérôme Laprise-Mouton, qui avait dû laisser sa cagnotte à bord ] qui s’est échoué peu après [un an ou deux] .

La date.
 « Deux hommes blancs restèrent après le départ de leurs compagnons. L’un (Laprise- Mouton)  était  chef (le chef Mathew, altération de son nom, Mouton, par les indigènes), l’autre un homme qui servait le  chef (Marin). Le premier (ce dernier, mauvaise traduction ?) mourut il y a  environ trois ans (en 1823) ; une demie année après (en 1824) le chef du canton où résidait l’autre homme blanc (Laprise -Mouton)  fut obligé de s’enfuir de l’île, et l’homme blanc partit avec lui ; le district qu’ils abandonnèrent se nommait Paukori (Béu’u, Pakaré). Mais nous ne savons pas ce qu’est devenue la tribu qui l’habitait alors. » 
  La date semble fausse : Dillon a-t-il altéré l’indication du lascar,  désirant montrer la légèreté de son prédécesseur d’Entrecasteaux qui selon lui,  aurait pu sauver en 1793 les deux rescapés ? Il serait plus  vraisemblable que  la mort de Marin et le départ de Laprise -Mouton aient  coïncidé avec la migration qui aboutira à Ouvéa (Loyauté ) ,  transportant  à Balade des reliques d’un  bâtiments de Lapérouse et avec  celle qui finira en Micronésie , donc entre 1789 et 1793  environ, sans doute vers  1790, à en croire  James O’Connell. De plus, le lascar Joë  dit lui-même à Dumont que les deux  blancs étaient morts il y a très longtemps
 De même, le  grand prêtre  Moembé dit  à Dumont : « Tous les blancs [du bateau de secours] qui essayèrent, plus tard, de gagner la terre furent à leur tour tués à coups de flèches, excepté deux pourtant qui se rendirent à Paiou (Béu’u, Paukori), mais n’y vécurent que quelques mois, et, peu de temps après, il se développa une maladie (le tokelau ?) qui fit périr bon nombre de naturels. » On voit que des deux blancs, l’un  avait disparu, l’autre était mort, et que le lascar ne pouvait les avoir rencontrés.
Le dernier  rescapé de la Boussole  et ses compagnons polynésiens quittèrent Vanikoro sur cette défaite de Tanema, , à bord d’une biscayenne probablement,  et émigrèrent  en Micronésie, vers Nutt et Pohnapé, puis vers Nukuoro et enfin vers  Kapingamarangi.  .
Une  trace de l’odyssée de Laprise-Mouton : l’île de Nutt en Micronésie.  
James O’Connell, dans A ressidence of eleven years in New Holland and the Caroline Islands (réédition numérique , p .201) écrit que selon ses calculs c’est  environ quarante ans (une génération ou deux) avant son arrivée en 1826, c’est-à-dire vers 1790, qu’un blanc moustachu présenta un couple de poules à un chef de Nutt. Il était arrivé sur un bâtiment à un mât. Pour moi, l’introducteur de ces volailles de Vanikoro à Nutt était Laprise-Mouton, notre rescapé.
Un autre indice : un canon fleurdelisé  trouvé à Pohnapéï.
 En lisant La Pérouse … Et après ? de Jean Guillou ,  p.137 ,   j’appris la présence  en Micronésie d’un canon fleurdelisé: après son escale à Nutt, sur le chemin de  Kapingamarangi :  l’embarcation portant le rescapé de la Boussole ,  le chef polynésien et  6  de ses hommes fut envoyée sur le récif entourant Pohnapéï par un sérieux coup de vent sur le récif et  Laprise- Mouton réussit   à sauver un canon fleurdelisé , en cuivre,    ressemblant à celui que Dillon  avait  rapporté (« un canon de 2 pouces avec fleur de lis ». Edmond Jurien de La Gravière,  dans son Voyage en chine (1854) ,  mentionne la présence  à Pohnapeï, d’après Rosamel,  d’ « un petit pierrier de bronze frappé d’une fleur de lys  » que l’amiral  supposait provenir du navire de secours construit par les rescapés de l’expédition Lapérouse ».  Un  héritier de l’amiral, Chales Jurien de La Gravière, fit  des recherches sur ce canon. Ne trouvant rien dans les papiers familiaux, il  eut l’idée de consulter les archives d’un arrière-petit-neveu de Rosamel et y découvrit le manuscrit de Joseph de Rosamel, catalogué sous le nom anglais de Pohnapeï (île de l’Ascension  prise pour l’île homonyme de l’Atlantique). J. C. Galipaud a donné, en 2005,  une excellente édition de ce manuscrit . 
En 1840, Rosamel ,  p.35 avait pris ses informations auprès du Français  Louis Corgat, qui vivait avec une Micronésienne et avait aperçu  le canon à Kiti sur l’île de Pohnapé.  « Un [des passagers] descendit à terre à la nage tenant un pierrier (bouche à feu, ancien mortier de marine) d’une main et nageant de l’autre ; il maniait cette arme comme un fusil. C’est ce pierrier ou canon de cuivre qui fut porté dans l’intérieur et taboué par les indigènes. Le capitaine Dudoit le vit en 1834 et 1835. La corvette anglaise le Larne qui vint à Bonnebey [Pohnapeï] en janvier 1838 le fit transporter à bord et l’emporta. Le canon avait eu la culasse sciée par les naturels, la chambre pouvait avoir un diamètre double de la bouche et une fleur de lys, mal gravée, était sur  le bourrelet de la culasse qui n’avait pas été enlevé. ».
 Autre trace : le nom de Kapingamarangi, nom qui signifie l’île du  Français à chapeau pointu, une « exclave » polynésienne en Micronésie.
Le chef de Paukori continua sa route avec 6 autres Polynésiens et son « captif » vers  une autre  île  de Micronésie, voisine de  Nukuoro,  nommée Kapingamarangi,  où l’on peut reconnaître le mot signifiant Français,   marangi (Farani en tahitien, altération du mot  Français, marang ou mara à Vanikoro), ka signifiant celui qui,  pinga signifiant  en forme de  courbe et faisant allusion au chapeau , au bicorne d’officier.
 Ces  îles sont les seules  « exclaves» polynésiennes en Micronésie et les linguistes rangent leur langue  dans un  sous-groupe  comprenant Ouvéa (Loyalty), Futuna du Vanuatu et Wallis et Futuna. Kapingamranangi  se trouve  dans l’Etat de  Pohnapeï dont une ville  s’appelle Palikir. Dans ce dernier toponyme  on reconnaît une forme voisine de Paukori, le nom de l’endroit de Vanikoro d’où est parti le  chef polynésien  :  Palikir  signifie le pays  du serpent (likir cf. le nom de l’île Riger) enroulé en entonnoir (comme les engyralis australis de Lifou ou les Morelia viridis de Papouasie, pythons sacrés ayant la curieuse habitude de tendre un piège aux oiseaux dont ils se nourrissent en recueillant l’eau de pluie dans une sorte d’entonnoir qu’ils forment en se lovant pour les attirer). Le nom de l’île, Nukuoro est d’ailleurs  un emploi métaphorique  du nom de ce serpent  (Nigoro),  formant un  entonnoir plein d’eau, utilisé  pour désigner un atoll avec  une  lagune circulaire au centre, comme précisément l’atoll de Nukuoro.


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 « Allain Mazrin » ou plus exactement (erreur de lecture, la boucle finale du ayant été prise pour un z) Alain Marin, de Quimper.
Jean Guillou nous précise que l’un des deux survivant (Marin) « était mort à Paiou  et  que son corps  avait été  jeté à la mer, tandis que l’autre était parti dans une île  avec le chef qui jusque –là l’avait protégé », on devrait dire : les avait protégés.  Jean Guillou  précise  que «  ce renseignement est douteux, car, à Vanikoro, il était de coutume d’enterrer les morts et non de les livrer à la mer ». Mais la vieille tradition « océanienne » utilisait la technique du pourrissement des chairs  par immersion dans l’eau de mer. Le capitaine Dillon  nous rapporte cet usage en ces termes, p. 394 : «  quand un ennemi tombe entre les mains (des Vanikoriens),  il est tué immédiatement ; son corps est déposé dans de l’eau de mer et y est conservé jusqu’à ce que les os soient complètement dépouillés.  Le squelette est alors retiré : on gratte les os que l’on coupe de diverses manières pour former les extrémités aiguës des flèches et des lames. » L’eau boueuse et habitée des mangroves fait très bien l’affaire. Les bras et les jambes sont seuls mangés. Les autres ossements servent, une fois polis, à faire des pointes de flèches, etc. On a montré à l’expédition Salomon, à Lalé  un morceau d’humérus de 16 cm aux deux extrémités cassées, mais non fendu dans le sens de la longueur (p. 27, bulletin de la SEHNC n°90) : appartenait-il à Marin ?  

Ce rescapé de la Boussole avec ses amis polynésiens et avec Laprise-Mouton a péri  devant Tanema lorsque leur chaloupe a été assaillie, puis il a été mangé. C’était le matelot Alain  Marin,   originaire de Quimper, dont le nom, estropié sous la forme Mazrin, se retrouve sous la forme Mara dans le nom de la tombe [entendons  le pourrissoir, le lieu de décharnement]  de Mara, de Marin,  redécouverte dans les palétuviers en 1990 par l’Association Salomon et située justement sur le territoire de Tanema. Lorsque Dillon, puis Dumont d’Urville interrogèrent les indigènes polynésiens  sur le  nom mara, ils répondirent : « il a été impossible à Valiko de me donner l’origine du nom mara qu’ils assignèrent aux Français ; seulement, il dit que quand on demandait à ceux-ci d’où ils venaient, ils répondaient : Mara [France]… Avant ces deux navires, ils n’avaient jamais entendu parler des papalagui, mot qu’ils ont adopté de la race polynésienne pour désigner tous les blancs. »  Mara vient, non de marin, mais de France, Françai Le nom propre  Marin est un  paronyme de Mara (n), Français, cf le tahitien Farani. B. Brou raconte   qu’un  crâne et une dent, -ceux de l’in fortuné Marin, - y ont été retrouvés près d’un polissoir de basalte. Les  vainqueurs ont emporté à Lalé  certains os, l’humérus notamment,   pour les manger. 

1 commentaire:

  1. article très intéressant
    il est quand même fort dommage de ne pas pouvoir vous joindre !!! (téléphone, email...) Mr BARTHELEMY
    une réponse SVP !!!

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