jeudi 29 mars 2018

RÉFLEXION SUR LA FONCTION DES DOLMENS. ET DES SOUTERRAINS ANNULAIRES


LE DOLMEN IMMERGE EN SAISON HUMIDE DE PERONVILLE  (EURE-ET –LOIR) : RÉFLEXION SUR LA FONCTION DES DOLMENS.ET DES SOUTERRAINS EN LIEN  AVEC L'INITIATION  




 On affirme souvent  que les dolmens seraient des tombes collectives. Le cas  du dolmen installé en plein  milieu du lit de la Conie, à Peronville, sème toutefois le doute sur cette hypothèse alité. Le nom de Peronville  signifie la ferme (latin villa) du perron, de la grosse pierre, entendons ici  le dolmen, et ce nom date du XIIe siècle. Voici la description (d’ailleurs inexacte) qu’en donne, Max Gilbert  dans Pierres mégalithiques (menhirs et dolmens) en Normandie, Guernsey Press, Guernesey,  1956, p.  128 : «  trois  dolmens,  sous l’un desquels [il s’agit  du  dolmen immergé ]   jaillit une source ». Les deux autres dolmens semblent  avoir été détruits. Peut-être étaient ils situés au lieu-dit Frileuse (de frilosa, signifiant  riche en mégalithes, ceux-ci étant  appelés frit en ibère, cf le site corse de Filitosa, de fritosa).
On l’appelle encore Pierre Saint -Marc, christianisation du nom gaulois mar, qui signifie pierre et dont on retrouve le radical en français dans marelle, méreau, ainsi que dans le nom du lieu-dit [Saint-Sauveur-]  Marville, signifiant la ferme (latin villa) de la pierre.  
  Ce mégalithe de Péronville est analogue à deux autres dolmens immergés ou quasi immergés.  
Le dolmen immergé de la boire de Champtocé- sur- Loire  (près d’Angers, Maine-et-Loire)
La boire est le nom dialectal donné à ce  faux bras de la Loire,  sans beaucoup d’eau, voire boueux. Le mot est à l’origine le nom du dolmen immergé lui-même , nom qui n’était plus compris : la mare, puis la mware, enfin la boire. On a identifié sept blocs de grès, dépassant de quelques 12 à 40 cm au-dessus de l’eau, et qui étaient inaccessibles sans entrer dans l’eau ou sans utiliser une barque ; ils étaient situés à une quinzaine de mètres de la berge. .
Le dolmen immergé ou ’allée couverte de l’étang de  Vaubuisson près du ruisseau la Romme (Maine-et-Loire)
 Citons encore une  petite allée couverte voisine, celle de l’étang de  Vaubuisson. Le nom : de Vaubuisson vient de   val et de buisson, ce dernier étant un dérivé de buxonum,  coffret de buis et. Ce nom se retrouve en Eure-et-Loir, commune de Vieuvicq, P ; 56 : prendre la route de Saint -Avit -les- Guespières ; à 150 m,  à droite, chemin de terre sur la rive duquel gît, à 200 m., le dolmen du Buisson. . Ce peut être aussi  un  nom de polissoir par analogie avec les dents du peigne de buis (buxum) qui en rappellent les stries ; le nom se retrouve pour un dolmen d’Eure-et-Loir) plus qu’à moitié enterrée dans la vase, submergée à la moindre crue de la Loire,  et accessible à pied sec seulement en plein cœur de l’été.
Le site mégalithique  du Baignon (où l’on reconnaît le mot bain, avec suffixe –on, la petite baignade, par allusion au bain forcé des néophytes, du latin balneum) dans la commune de Saint-Maur- sur-le -Loir en Eure-et-Loir, dont 4 dolmens sont encore visibles, au bord du Loir. A Meuves, « dans les prés ou buissons qui séparent la route du Loir et notamment à côté des ruines du Baignon,,nombreuses pierres druidiques, dolmens et menhir », ;écrit Sidoisne,op. cit, p.52. »
Interprétation de la fonction secondaire  de ces « perrons » immergés : le rite de l’appel de la pluie.
Ce type de dolmen a  été réutilisé pour faire pleuvoir, par magie imitative : on versait de l’eau sur la dalle supérieure du dolmen, et la nature était censée imiter la chute de l’eau et faisait pleuvoir.  De même nous avons  en Corse, sur la commune de Tizzano,  le dolmen de Fontaniccia, la fontaine maudite, c’est-à-dire la fontaine des païens, au nom révélateur. Chrétien de Troyes, vers 1170, a décrit  dans Le chevalier au lion (trad. André Mary, Gallimard),  Paris,  1944,  p.  132,  la fontaine merveilleuse de Barenton : « tu verras cette fontaine qui bouillonne et qui est plus froide que le marbre. Le plus bel arbre de la nature la couvre de son ombre ; il est vert en toute saison, et il y pend un bassin de fer par une longue chaîne qui tombe jusque dans la fontaine. Auprès tu trouveras un perron (dolmen) ,[ me dit-il], comme jamais   je n’en vis et   ne saurais te dire, et de l’autre côté une chapelle , petite, mais très belle ; si tu prends de l’eau dans le bassin et que tu la répandes sur le perron, il s’élèvera une si épouvantable tempête que nul animal ne demeurera dans le bois, chevreuil, daim, cerf ni porc ; les oiseaux même fuiront à tire- d’aile, car tu verras foudroyer, venter, tonner et pleuvoir et les arbres fendus tomber sous les éclairs […] Si fort qu’il plût, le pin ne laissait passer une seule goutte de la pluie qui coulait toute par-dessus .Je vis pendu à l’arbre le bassin qui était , non de fer, mais de l’or le plus fin. Quant à la fontaine, vous pouvez croire qu’elle bouillonnait comme eau chaude. Le perron était d’émeraude, avec quatre rubis plus flamboyants que le soleil au matin quand il paraît à l’orient, et il était percé comme un tonneau. Sur ma conscience, je ne vous mentirai en rien. Je fus curieux de voir la merveille de la tempête, et ce fut folie de ma part, et je m’en fusse désisté volontiers, si j’avais pu, aussitôt que j’eus arrosé le perron de l’eau du bassin .J’en versai trop, je le crains, car je vis le ciel tellement démonté que plus de quatorze éclairs à la fois frappaient mes yeux, et que les nues jetaient pêle-mêle de la neige, de la pluie et de la grêle. »
Cette fontaine merveilleuse   est encore  mentionnée par Wace, Jacques de Vitry, Thomas de Cantinpré, et Guillaume Le Breton. Le dominicain T. de Cantinpré raconte en ces termes la « merveille de Bretagne » : « le prieur  arrive à une fontaine admirablement limpide, sur laquelle se trouvait une pierre semblable à un autel [un dolmen] avec des colonnes de marbre, et aussitôt le frère y  répandit l’eau. Incontinent le ciel s’obscurcit, les nuages commencèrent à affluer, le tonnerre gronda, la pluie se mit à tomber et la foudre à étinceler, et ce fut une telle inondation qu’il semblait que la toute la terre allait s’abîmer à une lieue alentour. »
Selon A. Mary, le modèle de cette fontaine se trouverait  dans la forêt de Paimpont, près du château de Comper, où,  à six kilomètres et demi du château, on trouve un dolmen.
André Mary cite un autre exemple de ce rite magique  pour provoquer la pluie, en Côte -d’Or à Magny- Lambert, concernant la fontaine Crot Saint-Martin: « Pour conjurer la sécheresse, neuf jeunes filles s’y rendaient pendant neuf jours de suite ; l’une d’elles se plongeait jusqu’à la ceinture dans la fontaine qu’elle épuisait à l’aide de seaux que prenaient tour à tour et vidaient ses compagnes. » Cette cérémonie était entremêlée de prières pour demander au ciel la pluie et se déroula jusque vers 1830.
 Les noms des dolmens.
L’homme médiéval disposait de plusieurs  mots  Pierre -pèse ou pois (du latin pensile, suspendue, sur piliers), Pierrelaye, du gaulois  lada, coffre,  Pierrelatte, par fausse étymologie et dérivation du latin lata, large,  au lieu  du gaulois  lada, coffre, comme Pierre plate et  Pierre large.  
1Le nom de La puce qui renifle  à   Fontenay –sur- Conie,   vient de puticellus  , le pucel , le jeune garçon de moins de17 ans,  qui pleure par peur,  et ce nom constitue une référence à la vocation des dolmens : l’initiation  des jeunes gens. 
2 Le nom du  domen du Corbeau, près de Doué-la-Fontaine, commune de Louresse -Rochemenier, dans le Maine -et-  Loire ; est de même nature. Il vient de kouros, donnant korbellus , jeune homme, et on retrouve le même nom dans l’ Odyssée, XII, 407),  la pierre du « corbeau », korakos lithos, à Leucade (la véritable île d’Ithaque en Méditerranée), de kouros , jeune homme : c’est le plus ancien nom de   dolmen . Ce toponyme est commenté par Plutarque, Moralia, 776e, et  le dictionnaire Bailly le  localise sur un  cap d’Ithaque nommé aujourd’hui Koraka Petra.  Même en adoptant la théorie de F. Vinci, dansThe Baltic origins of Homer’s epic tales, The Iliad , The Odyssey, and the migration myth, 2006, Inner Traditions, Rochester, Vermont, qui,  p 34 , a trouvé sur l’île danoise Lyë    un dolmen appelé Klokkesten sten signifie pierre et où, selon moi, klokke  vient de kolkw, cf .  kouros de korkvos, et où klokke  vient de kolkw, cf .  kouros de korkvos, donnant corbellus .  L a même incompréhension a fait passer du dolmen des Jeunes hommes, futurs initiés, au dolmen du Corbeau, tant sur l’île danoise que sur Ithaque- Leucade. Nous avons dans  Korakos lithos  ,  le dolmen du Corbeau , un curieux singulier antéposé à lithos , où korakos vient en réalité  de kworakos avec un r voyelle donnant ra,  C’est là un indice surprenant de la véracité des thèses de F. Vinci.
3 Le nom du Puy aux Ladres est intéressant parce qu’il révèle le souvenir qu’il s’adressait à des jeunes qui n’étaient pas encore initiés.sonnomest, en effet, l’altération de puy (podium, au sens de tribune, estrade) aux jadres (du latin juniores, trop jeunes, candidats à l’initiation, cf gindre, le plus jeune ouvrier boulanger qui pétrit la pâte ) . Il est celui d’un dolmen dont Sidoisne ,  op. cit., p. 58, décrit ainsi la situation : « Conie.. .A la sortie nord du village, prendre le chemin d’intérêt commun  111 7 qui traverse, puis longe la Conie, dans un site très pittoresque et très caractéristique de cette étrange rivière ; à 1 km 500, Fleuvarville ; on tourne à droite à 800 m ; s’engager dans un chemin vert qui, à droite, suit le bord du plateau ; à 550 m, sentier à droite conduisant (100 m.) à une clairière sur la lisière est  de laquelle se dresse un dolmen dit le Puits –aux-Ladres. ». Dans la commune de Châtillon –en- Dunois subsiste , christianisé, le nom de Saint -Ladres (au pluriel) qui faitréférence à un dolmen disparuprobablement.
 L’allée couverte seulement en partie s’appelait , comme à Saint- Avit- les –Guespières (Eure-et-Loir) , Quincampoix , de guinguet pois , c’est –à- dire la pierre suspendue sur des piliers (pensile donnant pois), mais trop courte (adjectif guinguet) pour recouvrir complètement l’allée.   
Un des noms de dolmen  fréquents est un composé de -mont,  du francique mound, ensemble de pierres: Beaumont, à Trizay- lès- Bonneval, de Beau, venant de Belsama, la divinité qui donne son nom à la Beauce.
La fonction primitive de ces  dolmens : des lieux d’initiation à la date du solstice d’hiver comme les autres dolmens, et non des tombes collectives pour les chefs.
Le dolmen immergé de la Conie ne saurait avoir été un lieu d’inhumation ni individuelle ni collective, puisqu’il est inondable. Il ne  pouvait naturellement pas  être enterré et ne possédait donc pas de tumulus, qu’il s’agisse de terre formant tertre ou de cailloux comme dans le cas des cairns  On peut supposer que le sol y avait été surhaussé, de façon à obliger les néophytes à n’avoir que la tête hors de l’eau, leur  tête étant prise entre l’eau et la face inférieure de la dalle de couverture du dolmen. La date des fêtes nous est livrée par le nom  des nombreux dolmens appelés  Jolimont dans le nord de la France, composé de -mont,  du francique mound, ensemble de pierres et de Joli, du scandinave jôl, nouvelle année, solstice d’hiver du 21 décembre avec  les débordements qui l’accompagnaient.
La «  hauteur sous plafond » de la pierre Saint-Marc à Péronville.
Max Gilbert  (op. cit. , p 144) fait  remarquer que l’entrée des dolmens normands est trop petite pour permettre le passage aisé d’un homme. « Sous les dolmens de Martinvast et de Flamantville, [à supposer aux dolmens une fonction d’inhumation, ce que ne fait d’ailleurs pas Max  Gilbert ], on ne pourrait mettre qu’un homme enterré assis ou les jambes pliées […] Pour le   dolmen de Mortain,  seul un lapin pourrait maintenant se glisser sous la dalle inférieure ; sous les dolmens de la Grandière à Joué- les- Bois et du Faldouet à Jersey, un homme pourrait se tenir debout en inclinant la tête, mais ne pourrait y évoluer ni y vivre. Dans la plupart des allées couvertes, un enfant ne pourrait pas se tenir debout, mais seulement entrer à genoux ». Ainsi, il s’agissait  de contraindre  les candidats à l’initiation  à se baisser et à marcher à quatre pattes comme des bébés qui n’ont pas encore appris à marcher.
La sortie du dolmen
Cette sortie du dolmen,  symbole de la  re-naissance,   s’effectuait pour l’initié en soulevant, seul ou à plusieurs, et parfois même ,  comme à Péronville,  dans l’eau, quelque énorme pierre appelée spécifiquement tombe (le « bouchon ») qu’on trouve encore souvent tout près de nombreux  dolmen .
Les données de l’anthropologie d’inspiration psychanalytique des sociétés sans écriture.
Bruno Bettelheim , dans Les blessures symboliques, Tel
Gallimard, Paris, 1962, p.141, décrit un rituel australien qui lui paraît « significatif quant à son simulacre d’existence intra-utérine et d’émergence à la naissance : « quand les garçons (Nandi, au Kenya) sont remis (de la circoncision), on célèbre la cérémonie kapikiyai. Au moyen d’un barrage, un plan d’eau est délimité sur la rivière ; une petite hutte est édifiée (au milieu de la rivière). Tous les garçons se déshabillent et, précédés par le plus ancien (l’initiateur), ils rampent les uns derrière les autres et traversent la hutte par quatre fois ; ils sont alors complètement submergés par l’eau. »
Après cette dernière cérémonie d’initiation, « il est permis  aux garçons de sortir et de voir des gens, mais ils doivent encore porter des vêtements de femmes. » (A. C  Holls The Nandi : Their langage and folklore, The Clarendon Press, Oxford, 1909, p. 56). “La submersion , continue Bettelheim, est, bien entendu, un cérémonial initiatique très courant, analogue à notre baptême. Mais, dans le rituel nandi, l’immersion qui, si souvent, symbolise le retour à la matrice ou la sortie de celle-ci se combine  avec un autre symbole de l’utérus, la hutte. De plus,  les garçons sont tenus de ramper, ce qui signifie qu’ils se rapprochent de la position foetale. Habituellement, la hutte qui apparaît dans de nombreuses cérémonies initiatiques peut, en tant que symbole maternel, être laissée de côté ; après tout, les initiés sont bien obligés de passer leur retraite quelque part, et la hutte est une habitation d’un usage commun.  Dans le cas présent, cependant, elle est véritablement dans l’eau, donc reliée directement à l’immersion et à la reptation. On peut voir dans cette association comme une tentative de recréer l’existence intra-utérine où l’enfant est confiné dans un lieu sombre et exigu, entouré de liquide. Dans les tribus australiennes , on voit, dans de nombreux détails, les hommes traiter les initiés comme s’ils étaient des bébés qui viendraient de naître. Par exemple, ils portent les garçons sur leurs épaules comme les femmes portent leurs bébés. »
 Il suffit de remplacer la hutte par la pierre du  dolmen entouré d’eau et l’analogie est parfaite. On peut rapprocher , dans une région où il y a des dolmens comme la Corse, le rite de la couvade décrit pour la Corse par un auteur grec, Diodore de Sicile, XI : « Á la naissance de leurs enfants, les Corses  observent une cérémonie tout à fait bizarre. Ils n'ont aucun soin de leurs femmes pendant qu'elles sont en travail, mais le mari se couche sur un lit et s'y tient pendant un certain nombre de jours comme une accouchée. »  Dans les îles Trobriand, « dès que l’enfant est né, le père s’installe dans son hamac, s’abstient de tout travail, s’abstient  de viande  et de nourriture à l’exception d’une bouillie claire. Il ne se lave  pas, et surtout s’abstient de toucher toute arme ; les femmes de la tribu prennent soin de lui et le nourrissent… Cet état se prolonge pendant des jours, parfois pendant des semaines. » Comme l’écrit Malinovski, « la fonction de la couvade représente l’établissement de la paternité sociale par l’assimilation symbolique du père à la mère. »
On peut aussi songer à l’épisode du pont sous l’eau encore appelé le  pont de l’épée, où Lancelot doit, pour rejoindre la reine Guenièvre, doit  franchir un pont submergé par des eaux menaçantes avec au bout un lion et,  en lieu de  pont, sous l’eau,  une lame effilée; ou au pont de Belhaven en Ecosse  qui ne mène nulle part sauf à l’Océan et à marée haute est complètement submergé. Dans Le  Chevalier à la charrette, d’après Chrrétien de Troyes, par Claude Duneton et Monique Baille, Editions Albin :Michel/, Paris , 1985, p .  107 : « Enfin ils voient dans les ténèbres se profiler l’ombre effrayante du pont….Vois l’eau perfide se dérouler en longs flots noirs qui grondent avec fracas. Vois les cailloux rouler et jaillir dan toute cette boue, et la force du torrent, et la fureur des ondes qui semblent vouloir briser leur brune prison de terre. . ; La même image leur est  venue du fleuve infernal dont on leur a parlé, du fleuve des morts, gardé, dit-on, par des dragons [le lion .à l’arrivée du pont] »  et p.  152, « ils sont enfin arrivés au bord de l’eau grondante., là où le pont était planté. Mais qui donc avait eu l’idée de construire pareille chimère ? Car le pont était sous l’eau, et celui qui voulait passer devait entrer jusqu’à mi-corps dans le torrent écumant et glacé. »
Tout ceci confirme à nos yeux le rôle du dolmen comme lieu d’initiation, c’est-à-dire comme lieu où l’initié grâce à son initiateur devient un homme

Les dieux et déesses de l’initiation et de l’enfance telles que le latin en a conservé les noms: Statana,  Stata Mater,   Annotina,  Mamoiadai.
Les dolmens furent initialement des lieux d’initiation, comme l’indiquent certains noms bien interprétés. Par exemple, en Corse, on les appelle stantara, le lieu où on apprend à marcher debout, altération de  Statana, Statana étant  le nom à Rome  de la déesse  qui présidait aux premiers pas de l’enfance. Son  nom est à mettre en rapport avec Stata Mater,  assimilée à la déesse du foyer Vesta. Les candidats à l’initiation se trouvaient dans une «  maison pour nains » [nain au figuré ,au sens de ceux qui n’ont pas encore atteint la taille des adultes],  comme les appellent les Bretons (Ti- ar -Boudiked, Ty- ar- Chorriket ou Ti- ar- Korriganed) et les Corses, ou les Euréliens avec le Berceau de Gargantua, comme à Changé (Saint - Piat), même s’il avait fallu des géants, peut-être nains à leur tour  lorsqu’ils étaient enfants,  pour  construire la demeure. 
 En Sardaigne, nous avons  Mamoiada (celle qui ressemble à une mère, avec suffixe de ressemblance –ada) et au Portugal, Mamra, de mam-ada ,  à rapprocher de Mammisi, mot copte signifiant le lieu de naissance et introduit par Champollion pour désigner la chapelle où se déroulait chaque année une cérémonie anniversaire de la naissance de l’homme véritable, entendons de la date de l’initiation et non de la date de la naissance physique..
De même, le  nom  de Murumendi au Pays basque renvoie à des gouffres où tous les sept ans se passait une procession avec danse et  sacrifice en l’honneur de la déesse Mari. Nous rencontrons aussi en pays basque  le nom de la déesse Anta, altération  du  nom de la déesse romaine Annotina, la déesse qui protégeait les enfants d’un an,l’ âge où l’on apprend normalement à marcher. .
  Venons-en aux  rites de passage eux-mêmes tels qu’on peut les reconstituer par l’imagination.  Evoquons d’abord le cas des dolmens percés, dont la pierre de fermeture a un trou, avec un bouchon,  que l’initié devait enlever pour passer de l’autre côté et «  naître » réellement. Le nom de Perceval, selon l’étymologie populaire celui qui perce la dalle d’entrée,  désigne celui qui a réussi à sortir tout seul du dolmen où, en tant que candidat à l’initiation, il avait été enfermé avec ses compagnons.
   La danse consistait à piétiner rythmiquement le sol jonché d’ossements ancestraux, broyés menu, afin de s’assimiler leurs vertus, ossements dont on trouve parfois trace. et qui ont pu donner à croire qu’il s’agissait de sépulcres.
  Ensuite,  l’initié devait boire un verre de sang dans un biberon en cuir  ou en osier tressé , appelé en grec kissubion , où le lait était remplacé par du sang frais. En Corse, on a trouvé, près du dolmen Fontaniccia,  des pigments rouges, destinés à imiter le sang que l’initié était censé boire pour devenir un homme. .
  Le pavé de saint Lazare en Indre –et- Loire à Crouzilles, 700 m avant l’entrée  de l’Ile-Bouchard, est teinté de rouge. En 1842, l’abbé Bourrasse écrit à son sujet : « Des traditions terribles se sont conservées dans le pays. Lorsque la table est mouillée par la pluie, elle prend une teinte foncée d’un rouge ferrugineux ; on prétend que c’est la trace du sang des victimes qu’on  a égorgées sur cet autel. On montre encore une rigole peu profonde  et une cavité irrégulière destinées à recevoir le sang qui coulait sous le couteau de silex du druide [anachronisme dont il ne faut pas tenir compte] sacrificateur »  Le nom relativement moderne de pavé de saint Lazare fait  allusion à  Lazare  ressuscité par le Christ. Mais le ressuscité était en réalité ici celui qui avait bu du sang dans la cupule du dolmen.   Pareillement,  à Comper dans le Morbihan,  les menhirs sont faits de schiste pourpré, comme en Angleterre le Chalice Well de Glastonbury, le puits du Calice,  d’où coule une eau rougeâtre, comme aussi   le menhir des  Pierres Rouges, à  Bridlington, dans le Yorkshire : on peut donc  supposer que les dolmens du voisinage  êtaient  faits du  même matériau.
Les dolmens et l’évolution de leur utilité.
 Les dolmens sont le résultat d’une longue évolution qui a commencé il y a quelques 10000 ans en Europe après  la sédentarisation de leurs constructeurs et l’invention de  l’agriculture en Asie mineure. .Avant les dolmens comme celui de Péronville, il y a d’abord eu  ces parents pauvres des dolmens, qui leur sont pourtant bien  antérieurs : les doubles alignements de pierres  en forme d’allées  totalement découvertes, dédaignés à tort, des archéologues,  puis les allées couvertes qui leur  ont succédé.
Les doubles alignements de pierres  ou allées totalement découvertes, comme  celle du lieu-dit Les  Marques, au sortir du hameau des Goislardières en allant de Lanneray à Marboué (Eure-et-Loir) et les premières cérémonies d’initiation, avant celles qui furent par la suite réalisées dans les dolmens.
On peut apercevoir, en bordure immédiate d’un petit cours d’eau et parallèlement à celui-ci, un double alignement de blocs de pierre verticaux qui  ne dépassent pas le  sol de plus de 70 cm, double alignement  qui se termine en un berceau fermé sans toit. Il n’est pas possible, à cause de la contiguïté du ruisseau, d’enterrer cette allée qui, comme le dolmen de Péronville, n’a donc jamais été  couverte de terre. Le nom Les Marques (en gaulois, mar,  pierre, avec morphème de pluriel k) désigne les pierres verticales qui composent cette allée.
Aux Marques, le berceau  de l’allée est le lieu d’initiation finale des néophytes. Le vocable mortier, l’auge taillée dans une seule pierre  où l’on écrase le grain , où on le fait «  mourir »,   vient du latin  mortarium , dérivé du latin  mors, la mort.  La résurrection des néophytes, leur renaissance, est destinée à mimer la renaissance de l’orge, après sa  «  mort » hivernale dans la terre. De même que l’orge était coupée, liée, battue, broyée dans le mortier, et enfin dévorée, sauf une précieuse part mise en réserve  pour assurer sa survie et sa renaissance au printemps de l’année suivante, de même les blessures symboliques qui sont infligées aux néophytes  ont pour mission d’assurer leur résurrection finale en tant que vrais hommes accomplis  de la tribu. Ainsi, on faisait semblant d’enterrer, comme si c’était du grain, les jeunes garçons  dans un sillon de roche fermé aux deux bouts, où ils devaient pénétrer par le haut  et où, lorsqu’ils s’y étaient mis à quatre pattes,  on leur lançait des mottes de terre et des branchages. Enfin, on les aspergeait avec de l’eau puisée tout à côté dans le ruisseau,  par une sorte de rite baptismal. Les blocs des parois de ces allées découvertes laissaient entre eux des interstices à travers lesquels les infortunés  voyaient s’abattre sur  eux un déluge de terre et d’eau, au bruit démoniaque des instruments appelés bull- roarers par les ethnologues.
La fonction première des allées non couvertes et, par la suite, des allées couvertes,   comme  des  dolmens,  n’était aucunement d’être des sépultures . Ce furent d’abord des chambres d’initiation  pour néophytes, qu’elles soient immergées comme à Péronville ou non.

LES SOUTERRAINS ANNULAIRES, LES CRYPTES OU CAVEAUX SOUTERRAINS, LlEUX D’INITIATION LIES AUX DOLMENS ET A  LA DEESSE DES MORTS GORGOBINA OU GARGANTUA.
Les inventaires complets  de souterrains du Tarn et du Périgord notamment ont été publiés, mais ceux de Beauce ne l’ont pas été. Voir le Bulletin de la Société dunoise n°299,2009, p; 60-68 , « Les souterrains de Beauce : entre mythologie et histoire », par Michel Aubouin, et surtout la seconde partie , bulletin n°300, 2010, p.19-31(2e partie, avec bibliographie) . Je me suis inspiré , pour le lien avec la circoncision et pour l’interprétation des formes bizarres des souterrains ,  du livre de Geza Roheim, Héros phalliques et symboles maternels dans la mythologie australienne (reproductions commentées inspirantes) et de Bruno Bettelheim, Les blessures symboliques.
Je pense que la fécondité était le moteur de l’idéologie préhistorique et qu’elle inspire certes les menhirs, mais aussi es cérémonies d’initiation  destinées à faire des adolescents de « vrais hommes » capables de perpétuer la tribu , de la nourrir et de la défendre ;. Les dolmens et les souterrains qui soustraient au soleil momentanément les jeunes  ont cette fonction mystique, avec le dieu ou la déesse à la fois de la mort, des enfers au sens païen  et de la renaissance ; il faut rappeler ici (voir mon blog sur les menhirs) que la mort est la condition préalable de la renaissance végétale. Ce dieu ou cette déesse survivent dans le nom de Gorgobina ou dans celui de Gargantua. Gorgobina, vient de (G)orcos , le nom du dieu dela mort Orcus en latin, et de equina,qui signifie la jument  comme Proserpina ou Persephonè, la jument  (pina ou ep(h)ona , cf ; le nom de la déesse gauloise Epona) d’Orcus ou Porcus .  Voir mes blogs sur les Boïens, ainsi que celui sur les pétroglyphes océaniens  et celui sur les menhirs gravés de Bretagne et la circoncision. En Beauce, où le nom de Gargantua, toujours monté sur sa jument dont  les coups de queue son terribles (est-ce un souvenir du cheval d’octobre cher à Dumézil et des compétitions qui avaient lieu à son p^ropos ? voir mon blog sur le cheval d’octobre en Beauce)  a survécu, jusqu’à nos jours, les souterrains sont nommés des fosses ou des croths (de grotte, du grec du Nouveau Testament, cryptè, voûte souterraine, endroit caché, une muche en Picardie(du gaulois muciare , cacher, ancien français muce, cachette) ; par exemple ,la croth aux fées  (Gorgobina est devenu une fée) ou la fosse à Gargantua près de Vierville et Orphin {de (G)or(go)pin(a)](où elle fut transformée en marnière ) en Eure-et-Loir ). Les dolmens sont associés en Beauce « En général, l e nom de Gargantua , nous dit Aubouin , article cité.,p. 28, est associé   à ma présence d’un dolmen ou d’un menhir.. ; à  Prunay -le- Gillon {Prunay , de Proserpinè, provo(r)vinè )se trouve un dolmen  qui porte le nom de « pierre couverte ». a Noël, cette pierre se tourne et laisse entrevoir l’entrée d’un souterrain. Les plus hardis peuvent alors s’emparer du trésor qu’il renferme, mais gare aux amateurs dépourvus de montre, car l’opportunité n’est offerte que pendant le chant de la Généalogie de la messe de minuit. Passée cette heure, la pierre se referme et enferme en son sein les curieux ; » de même, à Pézy (Mont- Chenu), et à Martainville, sur la commune de Fains (de fanum, sanctuaire de Proserpine, dans l’Eure), au lieu-dit le « champtier duTrésor » ; à Moléans, à la Pierre- Coquelée., à Montlandon ; à Viévy -le- Rayé ,  au Trou- du –Diable (Loir –et- Cher) .D’autre part, la référence au cheval, ou plutôt à la jument sacrée, avatar de Perséphone,  est constante, écrit Aubouin. , citant l’’abbé Nollent qui avait trouvé  de nombreuses fois, en fouillant les souterrains, des têtes entières ou des mâchoires d’équidés qui y avaient peut-être pénétré pour des raisons rituelles ; A Aunay -sous-Auneau , près de l’église,  un couloir creusé dans le roc permet d’accéder par un escalier à une fontaine dédiée à Saint- Eloi était une fontaine aux chevaux  dont l’eau était salutaire pour les chevaux Il s’agit d’une cave en colimaçon , dont la longueur ne dépasse pas quelques mètres., mais l’accès en est interdit par une grille.fermée, car elle est sacrée.
  Ce que Aubouin a écrit des souterrains vaut aussi pour les dolmens : « Si les souterrains  de Beauce, dont l’inventaire reste à faire, ont conservé leur aura de mystère, ce n’est pas seulement à cause  des évocations qu’engendre le monde de l’obscurité, mais c’est aussi parce que l’archéologie n’a pas réussi à en saisir complètement l’objet.  Les Beaucerons, qui sont des gens rationnels et économes de leurs efforts, n’ont pas pu creuser autant de caves et de cavités, sans que cela ait eu pour eux une utilité.  C’est le sens de cette utilité qui nous échappe en partie. »

LES PRÉTENDUS POLISSOIRS PRÉHISTORIQUES ET LEUR SIGNIFICATION


LES PRÉTENDUS POLISSOIRS PREHISTORIQUES ET LEUR SIGNIFICATION
   



 L’agriculture préhistorique en Beauce, un « polissoir » immergé dans le Loir, les  « polissoirs »  du Baignon et  leurs sillons magiques.
 La fertilité divine des pierres.
Jared Diamond, dans Effondrement ou Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie, Gallimard, Paris, 2005, p.  132, décrit de surprenantes méthodes préhistoriques d’agriculture, qui ont pu être pratiquées en Beauce : « les zones d’agriculture extensive étaient partiellement recouvertes de pierres placées en surface à proximité les unes des autres afin que les cultures puissent pousser entre les pierres ; d’autres vastes zones furent modifiées par ce qu’on appelle des « mulchs lithiques », c’est-à-dire que l’on ajoutait au sol , sur une profondeur d’environ trente centimètres,  des pierres qui étaient, soit prélevées sur des affleurements rocheux environnants , soit obtenues en creusant jusqu’au substratum rocheux pour briser les roches qui le composaient. ».[On appelle mulch en anglais un paillis, une couche protectrice faite d’éteules  et de déchets de moisson laissés à la surface du sol pour le protéger avant et pendant la mise en culture.]
 «  Dans les fermes du nord-est des Etats-Unis, […] les agriculteurs se donnaient beaucoup de mal pour évacuer les pierres de leurs champs et ils auraient été horrifiés à l’idée d’y apporter délibérément des pierres .On retrouve […] l’agriculture de mulchs lithiques dans de nombreuses parties du globe, comme dans le désert du Néguev en Israël, dans les régions sèches du Pérou, de la Chine, de l’Italie antique et en Nouvelle-Zélande maorie. Les pierres rendent le sol humide en le recouvrant, réduisent l’évaporation d’eau due au soleil et au vent et empêchent la formation à la surface du sol d’une croûte dure qui favorise  le ruissellement des eaux de pluie [en  ne laissant pas l’eau de pluie pénétrer en profondeur]. Les pierres réduisent les fluctuations diurnes dans la température du sol en absorbant la chaleur du soleil au cours de la journée et en l’évacuant pendant la nuit ; elles protègent  le sol contre l’érosion car les gouttes de pluie viennent s’écraser à leur surface ; des pierres sombres sur un sol plus clair réchauffent le sol en absorbant une plus grande quantité de chaleur solaire ; et elles peuvent également servir de pilules fertilisantes à diffusion lente […],  car elles contiennent des minéraux indispensables qui pénètrent progressivement dans le sol ».Des chercheurs américains comme Christopher Sevenson ont expérimenté ce système agricole dans le sud-ouest américain et prouvé que la quantité d’humidité était ainsi doublée et  les températures maximales des sols au cours de la journée abaissées,  tandis que les températures minimales durant  la nuit étaient augmentées ; le rendement  était de quatre à cinquante fois supérieur selon les espèces.
« Suivant saint Augustin (De civitate Dei, IV, 8), les Romains, écrit Frazer, Le Rameau d’or, Ed. Robert Laffont, collection Bouquins, Paris, 1984, 4 vol, vol. 3, Esprits des blés et des bois, p.712, note 1, avaient imaginé toute une série de divinités distinctes, des déesses pour la plupart, qui veillaient sur le blé à ses différents stades, depuis le moment où on confie la semence au sol jusqu’à l’engrangement de la récolte. » A l’engrangement correspond la déesse gauloise Sirona, au nom qui appartient à la famille du grec seiros, silo,  sitos, pain. Dans la commune de Lanneray , en Eure-et-Loir, le nom de la vallée des Serins est une altération,  par incompréhension, de la vallée de Sirona.
Le menhir en marteau de Göbel-li et des  Baléares, avec sa dalle au sommet qui représente la mort du grain préalablement à sa renaissance (voir mon blog : Du nouuveau sur les menhirs) présidait aux semailles printanières, tandis que ce qu’on appelle très improprement  « polissoir » se rapporte à la période antérieure à ces semailles,  celle du  creusement au début de l’hiver, du sillon. Le sillon est le lieu de la mort du grain, antérieurement à sa germination. Peut-être même l’existence simultanée des « polissoirs » avec leurs « sillons » gravés est-elle  la raison pour laquelle cette dalle horizontale a pu progressivement disparaître du haut des menhirs primitifs.  
Le sens des « polissoirs » dans les cultures néolithiques.  
Ces mégalithes, qu’on appelle à tort des  « polissoirs » et qu’on néglige à tort,  ne peuvent être, comme on le dit parfois, le résultat accidentel de la taille d’outils ou d’armes, comme le sont les vrais polissoirs portatifs auxquels, à regarder de près, ils ne ressemblent pas exactement.  Les polissoirs dits fixes ne sont pas des polissoirs et ceci explique la gêne des archéologues qui préfèrent ne pas  parler de ces mégalithes gravés.
Le « polissoir » prétend reproduire sur la pierre les sillons qui, dans la réalité,  ont été profondément creusés parmi   les cailloux laborieusement  transportés pour faire pousser le blé.  La magie imitative, une fois encore, vise à reproduire en miniature, sur une roche isolée,  ces sillons qui s’étendaient parfois sur deux  kilomètres comme à Malte Peu avant le printemps et son équinoxe, des plantations faites  dans un peu d’humus et soigneusement arrosées dans les stries du pseudo- polissoir  poussaient avant la future plantation « réelle » du champ, donnant le gage, grâce à la magie imitative, que celles-ci lèveraient.
De même, il fallut-il en appeler à la magie imitative  pour imiter la pluie et la faire se produire.  Albert Sidoisne, dans sa brochure Bonneval sur le Loir, 1965, Bonneval, Edition du syndicat d’initiative, p.50, a localisé un curieux polissoir immergé dans le Loir, visible uniquement avec un bateau : « Croteau : passer le Loir et, 100 m , plus loin , tourner à droite ; le chemin serpente entre les bois et les prés ; on atteint le gué Véronneau (1 kilomètre700), ancien moulin; dans le lit même du Loir, petit polissoir, que l’on peut voir en s’aidant d’un bateau . »
Le Baignon, commune de Saint-Maur, comprend des polissoirs qui étaient « baignés », immergés presque complètement,   à certaines époques. Ainsi le fait d’immerger dans l’eau du Loir les sillons figurés sur  la pierre, dans la magie imitative de l’époque, est-il censé  apporter la si précieuse humidité, car la Beauce était sans arbres et ventée, donc trop sèche pour
l’agriculture néolithique et les mulch lithiques ne suffisaient pas toujours à pallier  cette hygrométrie défaillante. On comprend l’aide qu’était censée apporter les stries bien arrosées des »polissoirs ».
Quel est le sens des stries des  « polissoirs » ? Photo
Dans le livre de Karl Schmidt, Le premier temple, CNRS Editions, Paris, 2015, 420 pages et illustrations. On a un fort ancien « polissoir » révélateur de leur signification générale  avec la photographie,   p .382, d’une protomé de sanglier trouvée entre les piliers 39 et 28 de l’Enceinte C. Or, le sanglier, porcus en latin, porkos en grec, dérive du nom du dieu des morts, Orcus à Rome, qu’on retrouve dans le nom de Persèphona,de pork-epona ,  la jument de Porcus, en latino- étrusque  Prosepina, métathèse de Porks-+epina, jument, de même signification. Les sillons gravés sur la pierre du   « polissoir » symbolisent le monde de Pluton, d’Orcus , des morts en général et , en particulier ici,  la mort des végétaux , avant leur renaissance printanière, au même titre que la dalle horizontale des menhirs en marteau. Le nom du dieu étrusco -romain  Orcus,qui,donne le nom de l’ogre en français et vient de workwos,  est l’altération àpartir de o(st)r(i)kwos , de Ostricon en Corse, Austricum à Chartres, Lestrygon attesté   dans l’Odyssée , Logron, métathèse de lau(st)r(i)gon en Eure-et-Loir,   Logrogno  en Espagne,  etc., c’est-à-dire le dieu des morts, devenu pour certains peuples le dieu de la renaissance agricole.
A remarquer que l’interdiction religieuse de consommer du porc chez les populations orientales et conservée jusqu’à aujourd’hui  ne vient pas d’une autre raison : c’est parce que le porc est l’avatar du dieu des morts.
Le blé,  le khorasan , ancêtre de notre blé caractérisé par ses  grains épais et bosselés, le seigle, sont vraisemblablement les plantes auxquelles étaient dédiés les pierres dites improprement druidiques ou « polissoirs ». « Si le ne meurt pas,  disait le Christ, il ne donne pas de fruit »: si cette mort n’arrivait pas, comme lorsque la terre était épuisée, malgré les jachères souvent quinquennales au Moyen Orient,  il n’y aurait pas de récolte .Le but magique du polissoir est de s’assurer de la bonne mort du grain de blé dans le billon  létal.
Le polissoir   est un mégalithe avec des cupules où l’on  mettait  une ou plusieurs graines avec de l’humus et un peu de marne blanche  qu’on arrosait soigneusement. Citons un exemple en Egypte : au VII e siècle ap. J. -C. encore, dans les mystères d’Osiris, les prêtres devaient façonner une effigie d’Osiris, appelée « Osiris végétant », avec du limon noir et des graines d’orge. Les Egyptiens arrosaient cette poupée  avec l’eau sacrée du Nil jusqu’à germination, puis l’emmaillotaient dans des bandelettes comme si c’était un cadavre  momifié et, -chose plus étrange pour nous, -inhumaient, enterraient cette orge germée en forme d’effigie d’Osiris. Supposons que cet enterrement se passe dans les stries ou les cupules des « polissoirs » et nous en aurons la signification.
Au printemps, quelques jours avant que dans les sillons, en pleine terre,  le blé ne germe, et pour, en quelque sorte, une  levée du deuil, on espérait la levée des graines plantées dans les cupules du « polissoir », levée comparable aux Jardins d’Adonis et qui aiderait magiquement  la levée de la récolte de pleine terre parmi les cailloux amassés.



Le plus ancien « polissoir » connu et sa date : le tell Qaramel (K.  Schmidt, Le premier temple, CNRS Editions, Paris, 2015, 420 pages et illustrations.  , p.298)  près de Göbekli,  en Turquie actuelle.
A Tell Qaramel (Carmel) existe un beau polissoir gravé d’araignées  venimeuses  dont le nom  était synonyme de sillons , de lignes droites,  comme le grec phalanx qui a aussi les deux significations : araignée venimeuse et  sillon .L e nom de Tell   vient de stela ,la stèle,  et Qaramel, blé,  vient de  khwarament- , à rapprocher de  khorasan ,
 l’ ancêtre de notre blé européen , caractérisé par ses  grains épais et bosselés ,dont le nom est  parent  du latin frumentum et far, du tokharien bhahar, du grec puramidos,  et puros ,La vocation  de ce polissoir millénaire était de protéger les sillons qui devaient accueillir les grains de khorasan.
Le fait de trouver ce « polissoir » à Göbekli Tepe nous donne une date : il fut gravé il y a 12000 ans environ, soit 7000 ans avant les Pyramides et 5000 ans avant les menhirs de Carnac et nous fournit peut-être, pour nos « polissoirs «  d’Eure-et-Loir,  une estimation :ils auraient été sculptés il y a  5500 ans.

Les deux polissoirs » de Civry et le polissoir de Corancez.  Voir photo ci-contre.
Taillés dans un poudingue gréseux datant de l’éocène, ces polissoirs de Civry ont été déplacés au XIXe siècle à partir d’un champ situé au nord-ouest du village dans la rue du Polissoir, l’un  devant la mairie,  l’autre  sur la Place de l’Eglise.
Le mégalithe  de la Place l’Eglise est appelé  Puits saint Martin, de puis, (altération de buxum, peigne de buis,   nom donné aux polissoirs à cause des dents du peigne qui rappellent les stries du polissoir)    et de  Martin (christianisation de mar, qui , en gaulois, désigne la jument , avatar de Perséphone).
Le mégalithe de la place de la Mairie est  appelé  identiquement Puits de saint Martin, ou     pinte de saint Martin ;  pinte est l’altération du latin  (s)spica+suffixe de ressemblance –eida , pierre qui ressemble à un épi, désignant à l’origine un menhir,  confondu avec pincta, peinte, la pierre du « polissoir »  étant réputée peinte de sillons, pourvue de marques de mesure,comme l’était la  pinte , parce que « peinte » de sillons,  
Un autre  polissoir  à Corancez porte les mêmes noms 
Dans les deux mégalithes, les malades buvaient une eau salutaire qu’ils puisaient dans  les cupules  des mégalithes (comparées à des  pintes) et, leur santé revenue, ils  déposaient en offrande des tiges de blé, des fleurs et des rameaux verts.  
Ceux qu’au dix-neuvième siècle on appelait des « antiquaires »  distinguaient les pierres druidiques (qui incluent les pseudo- polissoirs )de deux  autres sortes de  mégalithes,  les dolmens et les menhirs. Le terme de pierre druidique ou celtique a l’inconvénient de présupposer de façon anachronique une intervention des druides ou des Celtes, alors que ces pierres sont bien antérieures à ceux-ci, mais elles avaient l’avantage de ne pas présupposer l’usage du polissage, comme l’implique  le nom inapproprié de « polissoirs ».    Les pierres dites druidiques se présentent généralement en groupements, comme  autour du polissoir de la Pierre cochée à Droué dans le Loir-et-Cher et elles ont des formes qui semblent étranges.  Quelquefois elles ont  des trous, des cupules  qui évoquent les mortiers néolithiques, simples pierres avec un trou où l’on mettait un pilon (les mortiers paléolithiques, eux, avaient  consisté en une pierre plate). Tel est bien le cas  à Droué précisément. On retrouve ces « pierres druidiques » à  Nottonville , où Sidoisne , op . cit. , p .  59 , les localise ainsi :    suivre le sentier qui longe la Conie ; « à 50 m., on rencontrera de volumineux « perrons » , que domine un énorme conglomérat de roches dit le Cheval-de-Bronze et qui demeure assez énigmatique ». Selon moi,  bronze est l’altération populaire  par incompréhension du nom d’une céréale, grec briza ou oruza  , seigle , qui a donné en français le mot sarrasin , de arizan, avec attraction de l’arabe charqiyin, orientaux , noirs : bronze est donc la réfection de  brindze,  , seigle . Cheval de bronze désigne le sanctuaire de Perséphone, la jument de bronze chargée de seigle

Les noms des «  polissoirs ».
Les cannelures imitant les sillons du polissoir ont  inspiré ses divers noms. Citons d’abord  le nom,  pour une fois transparent, de Pierre complissée, du latin  complicata, pierre  avec des plis, nom transféré d’un polissoir à un  dolmen de  Berchères-les- Pierres. Inversement, d’autres dénominations sont obscures , comme ,  en Eure -et- Loir, le nom du   « polissoir »  d’Ymeray, la Mère aux Cailles, qui a gardé son ancien  nom gaulois mar  faisant allusion,à la jument Peséphone et pris le nom latin de l’échelle à cause des échelons analogues aux stries du polissoir, scala, à partir de mara scala ,  Mais les noms des polissoirs   jouent plus souvent  sur l’analogie :
A) grille ou gril à cause des stries du polissoir comme à Courtalain ,  les Grils du Diable,   altérés en Griffes du Diable ;
B)  soufflet de forge, à cause des plis  du soufflet ; à partir du nom   latin du soufflet,   follis, , on a les nombreuses Folies  , aujourd’hui incompréhensibles  :   la Folie de  Maintenon, la Folie- Montchaussée   dans  le bois de la Roche- Bernard à Saint- Denis- les- Ponts, déposés en 1990 au musée de Châteaudun, avec de belles  cupules, , les nombreuses Folies comme celle , peut -être disparues, de Fains-la –Folie (la Folie-Herbault),  la Pierre à folie , nom de polissoir transféré à  un menhir ,  à Berchères- sur- Vesgres, au lieu dit le bois de la Butte..
  Du nom grec des soufflets de forge   physaria, on a Figueiras en Espagne, Figari en Corse (ce dernier  toponyme étant attesté par Ptolémée au II è siècle après J –C  sous la forme  Phisèra).
C) éventail , comme dans Santa- -Maria- Siché en Corse où Marie est la christianisation de mari, la jument Cérès,  et où siché renvoie  au grec psychtèrion   éventail de liège , liitéralement qui donne de  la fraîcheur ;
D)  peigne .Les mots latin   buxum et bas-latin buxidion, peigne  en buis, à cause des dents du peigne rappelant les stries du polissoir,  ont  donné puits ou buis -. Dans le Tarn, le nom du menhir de Boissezon, de buxidion, commune de Murat -sur- Vèbre, encore dit menhir de Candoubre, a été transféré d’un polissoir ou d’un dolmen , car le mot latin pouvait s’appliquer aussi  à un dolmen, signifiant également coffre de buis,  cercueil.  Ainsi  , en  Eure-et-Loir, existe   un dolmen du Buisson  à Vieuvicq , nom venant  de buxidion , au sens de cofffre,  de cercueil.
E)   Un  mot d’origine francique, comme  kroes, friser au fer chaud ,  a donné   les nombreuses  grosses pierre, où grosse  (de kroes ,plissé) pierre  fait allusion aux plis du  polissoir . De même, les Pierres grises, altération de pierres greselies, du même radical francique  croesel. .
F) Le bénitier et la coquille Saint Jacques
Le bénitier du Diable, entre Varize et Corrmainville , au Bal des dames de Bainville, « vaste terrain semé de roches aux formes bizarres » (Sidoisne) parmi lesquelles se trouvent plusieurs autres polissoirs, est un polissoir ainsi nommé à cause des stries du coquillage appelé bénitier, coquillage qui ressemble à la coquille Saint-Jacques. Les Dames de Bainville qui donnent leur nom au champ de « poilssoirs » sont les mêmes que les  fées de Valainville  à Saint-Maur, si redoutables que l’on a altéré le nom de leur sanctuaire : Belena ou Belsena , qui donne son nom à la Beauce et à Bellême, est un nom gaulois de Perséphone ,   la déesse du blé mort.
La coquille Saint Jacques est l’emblème des pèlerins qui se sont  rendus sur le tombeau   de saint Jacques le Mineur en Espagne à Compostelle. .Il s’agit, à cause des stries que porte la coquille,  d’une allusion au  pseudo- polissoir qui avait donné son nom à  Compostelle, dont le nom se décompose en stela, tombeau,   polissoir,   en  korn, grains de blé (anglais corn) et en por, froment (grec puros, latin far, blé), c’est-à-dire   korn-por-stèla, le tombeau du blé,  qui a donné Compostelle  Les stries du polissoir rappelaient la mort provisoire du blé.  D’autre part, dans le  nom  de coquille saint Jacques,  Jacques  est l’altération de basque.
  La mort du blé en vue de  sa renaissance a été aisément assimilée par le christianisme primitif  , en Gaule notamment,   à travers la religion d’Isis,  vers le IIe siècle ap. J. -C : les lampes funéraires retrouvées à côté d’une aiguière et d’une assiette dans les sépultures en Eure-et-Loir portent d’abord l’image  complète des sillons où repose le représentant du blé mort, Osiris, représentés par  une  coquille Saint -Jacques , puis cette image se réduit de façon à ne plus figurer que sur le pourtour de la lampe et à n’être guère identifiable pour des profanes. Les treize sillons de la lampe, héritiers des sillons du «  polissoir » , sont pour les adeptes d’Isis Sochir (Sochir désigne ,  aujourd’hui encore , le champ d’orge en copte) le gage de la vie future après la mort, comme, sur le polissoir,  ils avaient été le gage de la renaissance de l’orge après ce que Frazer appelle  la « mort » du dieu.
 Les Grecs identifiaient Isis à Dèmèter et les Romains à Cérès. Frazer, dans Le Rameau d’or,  Atys et Osiris, Ed. Robert Laffont, collection Bouquins Paris, 1984, 4 vol., vol .2, p. 471, cite Diodore de Sicile (I, 14, I) qui, résumant les travaux aujourd’hui perdus de l’historien égyptien Manéthon, attribuait  à Isis la découverte du blé et de l’orge. « On portait en procession à ses fêtes des tiges de ces céréales pour commémorer le don qu’elle avait fait aux hommes. Les Egyptiens, quand ils coupaient les premières tiges, les posaient sur le sol et se frappaient la poitrine en se lamentant et en invoquant Isis. On a déjà expliqué cet usage, continue Frazer, comme une lamentation en l’honneur de l’esprit [ancien] du blé, tombé sous la faucille » [Osiris, Perséphone]. 
On retrouve le nom de cette « Maîtresse de l’abondance » dans le nom eurélien de Luplanté, les sillons d’abondance, de lup,  sillon,  et de l’ancien français plenté, abondance, resté en anglais (plenty), du latin plenitatem, plénitude, abondance, les sillons d’abondance,


G) Autres  noms de « polissoirs » liés au nom du sillon : le radical lup-, lut-, rut-, sillon.
Le radical lup- signifiant sillon se retrouve dans le nom du polissoir de la Louveterie de Bonneval, de lup, sillon,  et de –ete, orge + suffixe locatif en- ria,  comme dans le nom d’une peuplade anatolienne préhistorique, les Louvites et  dans  les noms christianisés de ces mégalithes, par exemple à  (La Bourdinière-) Saint- Loup.  Lut-, étant parent du  latin ulcus, sillon,  se retrouve avec rhotacisme dans le nom maltais du géoglyphe (carl) rut, sillon (sillon pour orge, carl en maltais ancien). Il faut en  rapprocher  la série eurélienne Louville, Louvilliers, La Loupe, Lutz -en- Dunois, Lucé …  Les nombreux et énigmatiques  toponymes  de Chanteloup, par exemple dans le Loir-et-Cher (commune de Renay, près de Vendôme) donnent le nom complet du mégalithe : «  sillons pour les grains d’orge », de lout, sillons et de kltha,  grains d’orge,     le k devient ch et où le  l voyelle se nasalise, donnant en français chante . Sur Châtillon-en-Dunois, le lieu-dit les Châteaux à Libouville  s’analyse comme venant de cat kltha , grains (Klitha)d’orge (cat) , altéré en catella, confondu avec le latin castella, place forte. .

 H) La confusion des mégalithes, notamment des menhirs et des pseudo-« polissoirs ».
Le nom de pierre au tambour a été transféré d’un « polissoir »   à un dolmen de Conie – Molitard. A l’origine, le « polissoir » était appelé pierre –tambour. L’arabe al- tambour  désignait une sorte de lyre ou de cithare, un instrument  dont les cordes ont été comparées aux rayures du pseudo-« polissoir ».  On songe à la pierre -lyre trouvée en Afrique et  transportée au Musée Branly , et à ces pierres analogues  appelées pierre en H par Klaus  Schmidt et trouvées à Gobekli On trouve aussi une  « pierre- lyre » au nord de l’Ecosse,  dans les Orcades (cercle de Brodgar sur Mainland).Peut-être le mot grec lura , comme le mot luth, vient-il de luda, qui désignait le sillon .
De même, le nom du  « très beau polissoir »  signalé dans la commune de Bonneval, par Sidoisne, op. cit. , p. 50, Lormorice, signifie « les sillons de Perséphone » et vient de lura , sillon, et mor pour mar , qui désigne la jument, avatar de Perséphone   (Cf . le nom christianisé de Saint –Maurmaur est l’altération du gaulois  mar, la jument (voir mon article sur les menhirs).
Le mot  sillon dans les langues indo-européennes provient du radical  *swe/olk, gonfler,  et désigne, non pas la tranchée proprement dite, mais ses crêtes  formées de la terre écartée, les billons .  Le grain passe pour  mourir dans ces billons  avant de pouvoir pousser, ce qui avait excité les railleries de Voltaire quant à l’ignorance botanique du Christ. Celui-ci dit en effet (Evangile de Jean, 12, 24) : « Si le grain de blé qui est tombé à terre  ne meurt, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit», ou, autrement traduit, le grain de blé doit être mis en terre et y mourir pour rapporter plusieurs plants. . L’invention de l’agriculture liée aux semailles procède du fait de mettre en terre,  à une certaine profondeur, des grains de blé ou d’orge.
I)
A Göbekli, Tepe,  il s’agit  d’un « cromlech » où les menhirs en marteau, juxtaposés, sont prêts à se rejoindre comme ils le feront plus tard, vers  -2800,  à Stonehenge. Le second élément de Stone -henge  est, d’après celui qui fait autorité en la matière,  Christopher Chippindale dans son Stonehenge Complete, un mot signifiant en vieil anglais potence, gibet, savoir  hen (c) en, plus tard rapproché à tort,  dans l’a mentalité  populaire,  du nom courant  du dolmen, stone hung, pierre suspendue. Henge  serait en réalité apparenté  à phalang-, qui désigne le fléau de  la balance, le linteau au sommet du menhir.