vendredi 6 avril 2018

La découverte des îles Loyauté en 1788 par Lapérouse et son itinéraire ultérieur.

La découverte des îles Loyauté en 1788 par Lapérouse et son itinéraire ultérieur.
  Les Instructions  prescrivaient à Lapérouse , de venir  « en quittant les Tonga, «  se mettre par la latitude de l’île des Pins, située à la pointe du sud –est de la Nouvelle-Calédonie ; et après l’avoir reconnue, de  longer la côte occidentale qui n’a point encore été visitée ; et il s’assurera si cette terre n’est qu’une seule île, ou si elle est formée de plusieurs. »   Lapérouse exécute à la lettre toutes ces instructions. Il embarque deux insulaires à Namouka aux Tonga et les rapatrie à Rotuma ,qu’il pense être l’île de Belle – Nation de Quiros que  les instructions lui avaient demandé également de reconnaître et  dont il est aussi le découvreur. 
C’est de Rotouma qu’il faut suivre son trajet vers la Nouvelle-Calédonie et cela change beaucoup de choses : il passe alors obligatoirement par les Nouvelles-Hébrides  avec Erromango,  dont le nom signifie les deux pirogues, puis Tana (où le maïs préeuropéen vient d’un rescapé de la Bousole, Collignon), enfin   les Loyalty , Lifou d’abord, puis Maré, avant de se rendre à l’île des Pins. Comme l’indiquait Brossard, dans Rendez-vous avec Lapérouse à Vanikoro, p. 248-249, « Lapérouse , ayant ordre de reconnaître le sud de la Nouvelle-Calédonie , a dû faire une route générale vers le sud-ouest, pour prendre vue de l’‘île des Pins. Il pouvait, avec le vent régnant, normalement  y aller d’une seule bordée. Dans ce cas, il ne pouvait manquer la vue d’une des Loyauté ; s’il eut des vents variables, il était aussi inévitable, à moins de refuser la terre avant la latitude  de 22°40’ sud, qu’il vît l’une de ces îles.  Lapérouse n’avait aucune raison, bien au contraire, de ne pas venir vérifier quelques positions de la côte est de la Nouvelle-Calédonie, données par Cook. Dans chacune de ces perspectives, il devait donner sur l’une des Loyauté [Lifou ou Maré]. »
Des Loyauté,  il faut ne retenir que Maré et Lifou.
Le cas d’Ouvéa.
Outre le triangle polynésien classique entre Hawaiï,  la Nouvelle-Zélande et l’île de Pâques,   il existe bien plus de  14 outliers ou exclaves ou outliers polynésiens (les autres ayant été chassés tardivement  parles migrants mélanésiens) recensés pour le moment. Ce   sont l’arrière-garde des Polynésiens, restés le plus proche de leurs lieux originels ; citons aux Salomon les outliers de Taumako, de Vanikoro et   de Ticopia et dans l’archipel calédonien Ouvéa (dit occidental pour le différencier du Ouvea oriental-Wallis  de la même façon qu’on distingue le Futuna dit occidental du Vanuatu du Futuna oriental). Les linguistes rangent dans un même sous-groupe linguistique les outliers   du Vanuatu : Futuna occidental,  Wallis- Ouvéa oriental,   Futuna oriental  et notre île d’Ouvéa occidentale  avec son langage (faga uvea), parlé à Saint-Joseph. On doit y adjoindre la langue parlée en Micronésie à Nukuoro et à Kapingamangi où une émigration eut lieu depuis Vanikoro sous la pression des Mélanésiens vers 1825 ainsi que  les archipels de Rotuma (Iuea, cf. Ouvéa) et de Uiha (cf. Ouvéa) aux Tonga, dans l’archipel Ha’apai.  
  Grâce  au récit de l’expédition de d’Entrecasteaux, on sait qu’en 1793 le naturaliste La Billardière trouva à Balade au nord de la Calédonie, en face d’Ouvéa alors inconnue, une planche de type européen au fond d’une pirogue ,  rabotée et vernissée, et qu’un  jeune officier , de La Motte du Portail, repéra , sur une plage de Balade , un second  morceau de bois peint en rouge. Ces débris avaient été récupérés par des Polynésiens sur le lieu du  naufrage de  l’expédition de Lapérouse en 1788 à Vanikoro ;  certains  restes en bois appartenant aux bâtiments de Lapérouse ont été emportés  à  Ticopia et à Ut-upua (cf.  le nom d’Ouvéa) , une colonie ticopienne voisine avec laquelle les Polynésiens  de  Vanikoro   entretenaient des relations d’intermariage.
 Mais Vanikoro, Ticopia et Utupua étaient exigus pour leur  démographie galopante, si bien que des pirogues quittèrent une première fois  Vanikoro, Ticopia et Utupua,   firent escale à  Santo (Tut-uba, cf.  le nom d’Ouvéa)  et à  Futuna au Vanuatu  et se fixèrent  à  Wallis et Futuna.
Plus tard, mais en tour cas avant 1793, vers 1791 peut-être,  une autre migration quitta Utupua  pour   Ouvéa  avec ces reliques européennes qui avaient  passé de Vanikoro à Utupua.
Les Polynésiens d’Ouvéa sont ainsi  venus, à date historique récente,  de Utupua  aux Salomon, indubitablement entre 1788 et 1793.  Quant au  nom d’Ouvéa, il  est polynésien et reprend l’ancien nom de Ticopia,  Tutupua va Nikoro, qui signifie   l’île en forme de demi-cercle  de la Déesse Serpent (de li guri, l’enroulé devenu nikoro). Le serpent arboricole en question (Pytho engyralis) se retrouve à Lifou, où il a été importé de Nouvelle-Bretagne. Il a la particularité de se lover en entonnoir pour recueillir l’eau de pluie afin d’y piéger les oiseaux assoiffés dans ces îles sans rivière. Son nom a souvent, par métaphore, désigné l’île avec lac central comme l’était Ticopia ou comme l’atoll d’Ouvéa.  Le nom vient ainsi de Utupua, l‘île en forme de demi-cercle.
Ouvéa, la 3e des Loyauté,  avait ainsi  subi un peuplement mélanésien d’abord, puis une migration polynésienne justement  vers  1791,  en provenance de Vanikoro et des îles voisines.  De là la planche rabotée trouvée à Balade par la Billardièrde,  qui venait de Vanikoro, mais n’est pas un indice de passage de Lapérouse à Ouvéa. De là aussi la peur de ces indigènes lorsque La Billardière s’intéressa, de trop près à leurs yeux,  à l’origine de la planche, car, étant polynésiens, ils connaissaient le rôle qu’avait joué Makataï dans l’extermination de l’expédition.

  Lapérouse et Collignon , le « jardinier » de la Boussole,  se sont arrêtés,  et  leur ont appris  à planter le maïs,   à  Lifou , au mouillage de Chépénéhé sur la côte sud –ouest de l’île et, un peu plus à l’est , à Kédeigne (altération , comme le mouillage de la baie de Tadine à Maré, du nom de  Collignon)  ; et à Maré, Tadine , où le maïs pré,européen fut planté pour la première fois par Collignon selon les insulaires sur la côte sud . il semble certain que la navigation ait passé entre les Loyalty et la côte est de la Calédonie.
La découverte de Lifou avant les Britanniques.
A Lifou existent des traditions sur le premier navire aperçu, traditions que le professeur australien  D. Shineberg  a   rapportées à Lapérouse,  sur la base du  rapport du santalier Simpson. Ce santalier, en 1844, fit escale à  Lifou et y recueillit le souvenir du premier navire européen.
Selon les gens de  Lifou, le navire  fut aperçu à Chépénéhé (toponyme signifiant le lieu du mouillage); il était très grand ; il avait deux gaillards d’avant et d’arrière, de grands canots et beaucoup d’hommes portant des chapeaux à cornes, avec  des vestes rouges et bleues (la langue lifoue n’a pas de terme propre  pour désigner le bleu). Ce ne peut  pas être la gabarre britannique,  la Fancy,  qui passa devant Lifou en 1796, sans s’y arrêter. Les hommes avaient des boucles à leurs souliers (comme celles, en argent, découvertes à Vanikoro) et portaient des gants. Le navire resta à l’ancre pendant deux jours à environ un mille à l’intérieur de la pointe sud. L’équipage coupa un cocotier avec un instrument en fer (lifou fao, du français fer,  pour désigner la hache), et les gens de Chépénéhé montraient encore en 1844 la base coupée de ce cocotier qu’ils regardaient comme étant le souvenir des premiers blancs qu’ils aient jamais vus.
On peut supposer que Lapérouse, mis en garde par les incidents de Samoa, décida de n’approcher qu’une frégate à la fois, la seconde restant au large pendant ce temps , prête à venir en aide à la première, ou faisant le tour de l’île. C’est la Boussole, commandée par Lapérouse,  qui mouilla à Chépénéhé, avec à bord Collignon, le botaniste de la Boussole, dont nous retrouvons encore  le nom, à peine altéré,  dans celui du village de Kedegne qui fut fondé à cette époque et nommé ainsi en son  honneur. Dès le départ de l’expédition à Brest, les frégates avaient été chargées de graines  à semer, ainsi que d’une soixantaine d’arbres en pots  à planter dans les terres lointaines et, sur l’île Sainte- Catherine, Lapérouse avait embarqué quelques orangers, citronniers et mandariniers en pots ainsi que des graines et des pépins. L’expédition  en avait planté à l’île de Pâques. Collignon  laissa à Lifou   des orangers et des mandariniers qui prospérèrent, mais il n’y a pas trace de maïs dans cette île, semble-t-il, si bien qu’on peut imaginer que les grains de maïs n’y  poussèrent pas.
La découverte de Maré, par Lapérouse  en 1788, cinq ans  avant le britannique Raven en 1793.
 C’est Lapérouse qui a découvert Maré. En 1887, le Maréen Louis Saiwene déclara que,  peu  avant un navire britannique  (le Britannia de Raven en 1793, navire britannique que les Maréens  appellent Betischo  par altération du mot anglais British),   Lapérouse  et son botaniste, Collignon, de la Boussole,   « laissèrent dans l’île une hache (encore fao dans leur langage, emprunt au français fer), des graines d’orangers et de mandariniers, ainsi que quelques grains de maïs qu’il apprit aux indigènes à mettre en terre», ceci  vers Tadine, de kalign, corruption probable  du nom de Collignon. Le mot signifiant maïs en langue de Maré, kelaï, vient  probablement du nom de Collignon et vient de kelagni. Les gens de Maré font remonter au don de Lapérouse  l’introduction de cette plante si précieuse pour eux. Lapérouse  a aussi  offert aux Maréens une poule plus grosse que leurs poules indigènes  qui venaient de l’île voisine de Tanna.
Puis, Lapérouse  se rend à l’île des Pins, où dans un affrontement il perd son graphomètre à Ouamoeo.

Le graphomètre trouvé par le « voyageur » (c’est ainsi que l’appelle pudiquement la fiche du Musée de la marine ) A. Bonnemaison  à Ouamoeo, île des Pins et remis à un ancien aspirant de Dumont d’Urville qui, en 1885 , en a fait don au Musée de la Marine.
J’ai demandé à ma femme de m’aider, car elle est généalogiste et spécialiste de la déportation des Communards de 1870 .Dans Déportés et forçats de la commune, de Belleville à Nouméa, de Roger Pérennès, p.  454, je trouve : 8e convoi : la Sibylle, puis transbordement sur l’Alceste, départ de Brest le 1er février 1874, arrivée  à Nouméa le 9 août 1874, 2esection, déportation simple (à l’île des Pins), Bonnemaison,Antoine Philippe, matricule 2.628, né le 28 novembre 1831 à Albi (Tarn), demeurant à Paris, marié, sans enfant, concierge et homme de peine. Ses patrons étaient disposés à le reprendre. Peine (de déportation simple] commuée en 6 ans de détention (c’est -à dire de déportation limitée dans le temps cette fois) en 1876 et remise en 1877 : rapatrié par le Navarin. »
Dans le Dictionnaire ouvrier de  Maïtron, je lis : « …ancien voltigeur de la  Garde, il devint, pendant le 1er siège, sergent au 150e bataillon et, après le 18 mars, fut élu capitaine ; dans la nuit du 6 au 7 avril, il prit part à un engagement à Neuilly ; il nia, et dit être rentré chez lui dès le 20 mars  ; son propriétaire  et son patron, imprimeur lithographe, secrétaire de la Chambre syndicale des patrons –imprimeurs –lithographes, qui l’avait employé 10 ans, témoignèrent en sa faveur ; ce dernier  écrivait le 24 août 1877 : « je n’ai jamais pu le remplacer ; c’est le seul homme qui se soit montré digne jusqu’à ce jour de ma confiance  » : il était tout disposé à le reprendre .Le 13e conseil de guerre l’avait condamné, le 29 novembre1871, à la déportation simple et à  la dégradation civique, peine commuée le 15 octobre 1876 en 6 ans de détention et remise le 20 octobre 1877 : il rentra par le Navarin. Sources : Arch. Nat. BB  24732, BB 27 et ANOM, H colonies 72. » Il rentra en France  par le 19e convoi avec le Navarin  qui fit voile du 1er octobre 1877 au  24 janvier 1878. 
 Le nom peu connu de ce 2e district  (ou « commune ») de Ouamoeo sur la côte ouest de l’île des Pins, Pérennès, op .  cit. , p. 486,  a été altéré en Nimbo, proche de Numbo, nom de la presqu’île de Ducos près de Nouméa (sur la côte ouest), où résidaient les condamnés en enceinte fortifiée. Mais Bonnemaison n’y  résida jamais, car il avait été condamné  à la déportation simple (à l’île des  Pins, à Ouaméo) et n’avait  jamais été condamné à la déportation en enceinte fortifiée à la presqu’île  Ducos , ou Numbo. Aussi comprend-on que le lieu de la découverte du graphomètre ait donné lieu à des spéculations sur un éventuel débarquement de Lapérouse  dans la presqu’île de Nouméa. Or, il n’en est rien. Bonnemaison   avait trouvé ce graphomètre à pinnules   avec son étui à fleur de lis,  dans la case canaque abandonnée relevant d’une tribu  aujourd’hui disparue , celle de   Ouaméo, tribu qui avait été chassée pour recevoir les exilés de la Commune de Paris  et où il résidait. Mais Ouaméo est peu connu et l’officier qui était sur le Navarin et qui se chargea de remettre le graphomètre, sur le vœu de Bonnemaison  au Musée de la Marine  le  déchiffra   Oumbo, qui fut altéré en Nimbo, lieu de déportation des condamnés à la déportation en enceinte fortifiée sur la presqu’île Ducos, -où il n’y avait jamais eu ni tribu ni case canaques, mais où l’on pensait que Bonnemaison , parce que communard, avait résidé.  Coïncidence qui n’en est pas une : Bonnemaison était né à Albi, ce qui l’a peut-être amené à accorder de l’intérêt à un indice du  passage de son compatriote dans cette île du Pacifique.
Il était fils d’un garçon menuisier domicilié à Albi, quartier de la Rivière, Jean Bonnemaison  (né à Toulouse et mort le 17 juin 1874, son fils étant à l’île des Pins)  et de Marie Rose Joséphine Anglès, couturière (décédée le 31 mai 1876, acte n°1387,également  pendant que son fils était à l’île des Pins) et il avait 3 sœurs et un frère .
De l’île des Pins viennent, en plus du graphomètre,
l’épée aperçue par Jules Garnier sur la Grande Terre et la médaille en argent avec bélière trouvée à Prony, à l’effigie de Henri IV, le premier des Bourbon.
 Sur la côte ouest, nous avons un premier indice discuté du passage de Lapérouse, ce que Bernard  Brou appelle dans son article Lapérouse découvreur de la Nouvelle-Calédonie, bulletin dela SEHNC n° 89, 1er tr. 1989, p.7,  la pseudo- hache -ostensoir repêchée à Vanikoro, et dont il croyait qu’elle avait disparu, parce qu’il se fiait à ce qu’avait dit le docteur Becker . Mais, dans l’ouvrage de l’Association Salomon, Le mystère Lapérouse ou le rêve inachevé d’un roi, 2008, p .86, figure la  photographie de cette hache de pierre vert sombre, de 12 cm de diamètre, non percée, classée comme « objet amérindien » ( !) et qui se trouve à Nouméa, au Musée de l’histoire maritime de la Nouvelle-Calédonie. Il s’agit d’ une serpentine taillée , probablement ramassée dans le Nord, près de  Pilou ou Lapilou comme disent les Calédoniens  (de lapirou, altération du nom de Lapérouse par les canaques), et c’est cela qui nous importe .Il s’agissait d’une hache d’apparat archaïque appartenant à un chef, même si , aujourd’hui sans son manche (encore que je voie,  sur la photo,  un curieux manche sculpté qui a pu être attaché  et qui est rangé, lui aussi,  comme « objet amérindien ») , elle ne correspond pas à la hache- ostensoir telle que nous la connaissons. Mais il faut songer au fait que, selon moi (voir mon blog sur la flèche faîtière canaque et le Grand Serpent de mer), à l’origine la hache dite ostensoir caractéristique de la Calédonie représentait un  calmar gigantesque de l’existence duquel on a longtemps douté, mais que les Néo-Zélandais et les Japonais ont réussi récemment à capturer.
La seconde  trace du passage de Lapérouse, puisqu’il nous faut éliminer le graphomètre, consiste donc dans plusieurs blocs de pumpeylite (minerai de nickel de couleur verte) repêchés à Vanikoro et étudiés par mon défunt ami  Bernard Brou, président à  l’époque de la Société d’études historiques de la Nouvelle-Calédonie. Après plusieurs analyses effectuées à Orléans et rapportées par Brou dans Lapérouse, découvreur de la Nouvelle-Calédonie, 30 pages, bulletin n°74, 1er trimestre 1989, p . 2,6 et 17,il ne fut malheureusement pas  possible de déterminer le point où avaient été ramassés ces échantillons sur la côte ouest : « entre Bourail (près du cap Goulvain, au centre de la Calédonie) et Gomen –Koumak au nord » selon Brou. Pour ma part, mais sans certitude, je me rallie au point  de vue de Fonteilles du B. R.  G. M. (Bureau de recherches géologiques et minières) à Orléans  en 1985 qui rapprochait «  l’échantillon n°4 » des « roches basiques  de la série Pilou dans le nord de la Nouvelle-Calédonie », Pilou étant une ancienne mine élevée, d’où l’on pouvait dominer la côte.
Le nord
Le père Dubois cité par Brou, op. cit. , p.11,  a écrit : « Il faut ajouter le témoignage de Bernard Dayé,de l’île Yandé : en février 1943, je visitai l’île de Yandé et Hélène Gélémé me rapporta , au nom de son mari, Bernard Dayé, une tradition des anciens : selon les vieux, deux énormes pirogues ont longé la côte (ouest) remontant (vers le nord) ; depuis la terre et les îles (Yandé), les Canaques suivaient leur déplacement… Arrivés à la pointe Nord (sans doute de Paava, Tanlo ), les deux pirogues  tournèrent (vers l’est) et disparurent .  » Brou commente : « En clair, la navigation de ces navires  se faisait dans le lagon (et non à l’extérieur de celui-ci), puis ils contournèrent la Grande Terre , ce que jamais personne d’étranger n’avait encore fait. »Le but de ce contournement difficile , mais qui répondait aux Instructions, était de s’assurer si la Calédonie était bien une seule île ou si elle était composée de plusieurs.
 La côte est
Brou a étudié un conte de Baudoux, où les autochtones évoquent le passage de deux bâtiments et le cadeau fait  au chef de Pouébo d’une médaille qui n’a pas été  retrouvée. Il s’y avitaille en eau et s’approvisionne  en bois sur l’îlot Poudioué, en face de Balade. De plus, on trouve sur  la côte est des pommiers malaques (pommiers dit canaques) à fruits rouges et blancs  (Syzigium malaccense, de 2 variétés) qui ne sont pas indigènes et que les canaques  appellent les pommiers des Popalanguis (blancs, altération depuis Quiros, du mot [His]panioli). Enfin, le nom du grand récif Mangalia (lia  a le sens de  deux) signifie les deux pirogues, ce qui fait penser que Lapérouse a pu longer la côte est jusqu’à Touho (le récif s’étend de Hienghène à Touho ).  De la passe de Touho,  il met le cap sur les îles Duff (Taumako), passant aux Nouvelles –Hébrides
( Vanuatu) en longeant  Spiritu Santo , archipel qu’aucun navigateur européen n’avait  revu depuis Quiros au XVIe siècle, et dont il est ainsi  le redécouvreur,  mais il sera arrêté à Vanikoro.
Le but visé par Lapérouse : Taumako , ou île Duff , près de Vanikoro.
Taumako ne sera (re) découverte qu’en 1797 par  le navire missionnaire Duff, commandé par Wilson. C’est l’île où au XVIe siècle Quiros avait débarqué et où était apparue,  dans la littérature européenne, le nom  de  Vanikoro sous la forme Manikolo, mais personne n’y était jamais allé. On comprend l’intérêt de Lapérouse pour cette île de Vanikoro inconnue, comme pour Taumako jamais revue depuis deux cents ans ,  de même qu’ il avait voulu retrouver l’île de Belle- Nation (Rotouma) , jamais revue depuis Quiros. 



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